• & couverte de pallie : c’eif un endroit charmant, on y va
fouvent dîner par partie de piaiiir, ou bien s’y promener
dans l’après-midi. J’y ailois très-fouvent avec le P. Meio ;
un Dimanche, Don Andrès Roxo & Dona Ana Roxo fa
femme, m’engagèrent à y aller dîner avec eux. Don Andrès
Roxo avoit épotifé une des filles du Marquis de Villa-
Mediana, maifon diftinguée d’Elpagne; le Marquis de Villa-
Mediana, mort depuis mon retour en France-, étoit alors
Commandant des Troupes à Manille, il devoiü venir nous
joindre dans l’après-dînée ; comme je me promenois vers les
quatre à cinq heures du loir avec M. & M.me Roxo dans la
campagne fort près du village, nous aperçûmes beaucoup de
monde aflèmblé à l’entrée de ce même village, nous, avançâmes
de ce côté pour favoir ce que ce pouvoit être ; c’étoit
une femme qui, ce jour-là, n’avoit point ouï la Meffe, &
ôn la conduifoit à T ’églile pour avoir le fouet, elle étoii
menée par un exécuteur ; celui-ci avoit un grand martinet
fur fon épaule qui lui defeendoit au milieu du dos ; le Padre,
plus noir que blanc, étoit derrière, fuivoit une fouie d’indiens
, mais d’Indiennes fur-tout, fans doute celles du village,
que 1 on objigeoit d’aifilter à la cérémonie pour leur enfeigner
de ne point manquer à la Meffe : Madame Roxo voyant ce
Ipeélacle, fut touchée de compaffion; elle nous quitta, fendit
la preiiè & parvint facilement jufqu’au Padre, elfe fui demanda
grâce pour cette femme ; elle l’obtint.
Dans cette entrefaite arriva le Marquis de Villa-Mediana,
d’auiîi loin que nous l’aperçûmes nous allâmes au-devant de
lui ; nous ayant demandé d’où nous venions, Madame Roxo
lui raconta ce qui venoit de fe paffer; mais le Marquis','
loin d’approuver la générofiié de fa fille, prit un vifâge
fevère. & la blâma fort en ma prélènce ; il lui dit, en termes
fo rm e ls , quelle avoit eu très-grand tort, qu’elle feroit caufe
d'utt plus grand mal ! que cette femme ne manquant pas de
récidiver, & peut-être plnfieurs fo is , la faute & le péché
retomberaient fur elle qui avoit demandé la grâce.
« Les Indiens font les plus grands ennemis, pou fu it
l’Auteur, qu’aient les Pères qui leur enfeignent la doârine; «
impies envers leurs père & mère, & charitables envers leurs «
hôtes fans les connoître ; iis les gardent chez eux tant que «
cela fait piaifir à ces hôtes. On a remarqué bien d’autres «
contrariétés & contradictions chez ces peuples, de façon «
qu’il femble que les vices & les vertus foient frères & «
foeurs chez eux; on ne lait ni quand ils mentent ni quand «
ils difent vrai, leurs actions paroiffent fou vent fimpleS, pen- «
dant qu’elles font remplies de malice & de duplicité, &c. «
à la nouvelle Elpagne & au Pérou, c’eft la mène chofe «
avec très-peu de différence ». Voyej fur cela l’article de
Manille.
A r t i c i e d i x i è m e .
V u Langagè ¿v des Caraélères en ufage che£ les Naturels
des Philippines.
jjLes Efpagnols, à ce qu’ils difent, ont trouvé fix forte*
de Langues aux Philippines, mais elles .ont tant de reiîèm-
blance entrelles, que, quiconque en fait bien une, apprend
toutes les autres avec beaucoup de facilité ; car, difent
les auteurs Efpagnols, l'artifice de ces Langues fe différentie
peu, & ce f i à peu de ehofie près comme en Italie la langue
Tofcane, la Lombarde, la Sicilienne; ¿Y en Efpagne, la
Gqflillane, la Portugal fe &_ la Valence, qui viennent toutes de