cents lieues du Nord au Sud : de l’Oueft à l’Eft, il à environ
cent quatre-vingt-dix lieues.
Le nombre d’Ifles qu’il renferme eft innombrab'e; (es
Efpagnoïs en comptent plus de quinze principales, dont la
plus confidérable eft celle de Luçon, qui renferme Manille,
capitale de toutes les Mes.
L ’île de Luçon eft au nord de toutes les autres, & termine
l’Archipel de ce côté : Mindanao, qui eftlaplus grande après
Luçon, eft au Sud, & termine l’Archipel de ce côté. C ’eft
pour ainfi dire entre ces deux Mes que réfide le grand
nombre dè petites Mes, qui font avec ces deux là l’Archipel
des Philippines.
11 n’y a guère d’exemple fur le refte du globe, ni de
marques plus évidentes de deftruélion, que ce que préfènte
cet Archipel & celui des Moluques, dont je dirai un mot
ci-après. Quelle étude n’of&iroit pas à un Naturalifte ce petit
coin du globe terreftre? Affligées par des fecouffes continuelles
de tremblemens de terre, il eft impofïïble que le nombre
des Philippines ne varie pas ; ils y font fi violens qu’ils
engioutiffent les plus hautes montagnes : ce phénomène arriva
en 1 6 2 7 , à une des deux plus hautes montagnes nommées
Cary alos, dans la province de 'Cagayan (île de Luçon);
& en 1 6y j dans l'île de Mindoro , proche la Peuplade de
Pola. II y eut en cet endroit un fi violent tremblement de
terre, qu’il s’ouvrit une bouche effroyable à la pente d’une
des montagnes les plus élevées de cette M e , ce qui donna
paflàge à la mer qui envahit tant de terrein, que d’une
belle campagne agréable & fertile qui exiftoit auparavant,
il fe forma une plaine noyée & inhabitable. Le nombre
de pareils exemples, confervés par la tradition des gens du
pays, eft très-confidérable.
Il .y . a aux Philippines une grande quantité de volcans
& une infinité de fources d’eaux chaudes , tant fur le haut
des montagnes qu’à mi-côte; les flammes de ces volcans
s’échappent quelquefois avec beaucoup de violence, & le
bruit qui en provient reflèmbie à celui d’une nombreufe
artillerie fortement chargée ; il fe forme, aux environs, des
crevaflës, de grandes lagunes, des ouvertures, & fouvent
des Mes : la mer fe retire aufli quelquefois.. Enfin, tout ce
qu’on lit dans Pline & d’autres anciens auteurs, au fûjet
des volcans d’Italie, fe trouve. aux Philippines, & on l’a
remarqué très-iouvent aux volcans de Mindoro & de Manille ,
mvoyez ci-après l'article troisième)..
La mer ne forme pas feulement des Philippines un
'Archipel immenfe ; des rivières innombrables les arrofent &
fes. coupent de mille manières différentes; outre cela, les
pluies y font fi abondantes. & fi continuelles, ( ces Mes étant
lbus la Zone torride) qu’il peut, avec le temps, y naître
quantité de changemens, qu’on peut regarder comme autant
de fléaux auxquels ces .Mes font expofees ; un des plus confi-
dérables de ces fléaux eft le baguio ou l’ouragan; jen parlerai
dans le troifième article. Toutes ces caufes réunies peuvent
naturellement faire conjeélurer que le nombre des Mes
Philippines eft plus grand aélueliement qu’il n’étoit dans le
principe, c’eft-à-dire avant le Déluge, ces Mes étant pour la
plus grande partie très-élevées 1 quelques-unes ont pu être
formées par des tremblemens de terre qui les auront féparées
de la maife totale ; celles qui font baffes ont été vifiblement
formées en partie aux dépens des plus élevées, car elles