rallié la terre > & S paroiffoit la prolonger à la faveur d’une brife de
terre; car fes voiles étoient enflées, & nous le voyons avancer,
pendant qu’où nous étions, il farfeit un calmé plat, & que nos
voiles ne faifoient que battre les mats.
A midi, ce vaiffeau vint fur nous, fes voiles étant très-enflées.
Les vents s’étant enfin fait fentir jufqu’à nous, nous fîmes porter
pour lui éviter une partie du chemin; mais nous gouvernions a
peine : n’étant plus qu’à une- lieue & demie de nous , & nous
ayant fans doute fuffifamment examinés & reconnus, ri changea
de route, & fit l’Oueft-fud-oueft, paroiffant par cette manoeuvre
chercher à nous éviter ; il ne craignit pas même de paffer fous le
vent. Dans ce moment nous arrivâmes tout-à-fait, & lorfque nous
fumes à portée, on lui envoya un boulet de douze qui lui fit amener
fes voiles. Nous envoyâmes noue canot à fon bord pour le vifiter.
€ etoit une belle & forte Pale de mois à quatre cents tonneaux
qui fortoit des côtes de Perfe d’un lieu nommé Catcki : ce Vaiffeau
avoit relâché à Socotora, d’où il avoit appareillé à minuit ; il alloit
à Moka faire fon commerce; on lui dit que la faifon d’aller à Moka
étoit bien avancée; il répondit qu’il avoit beaucoup-de temps devant
lui, parce que la mouflon ne changeoit dans ces mers que vers le
i 5 ou le i 8 de Mai : la réponfe ne me donnoit pas bonne efpéFaflce,
je commençai à mal augurer de notre expédition, l’inquiétude commença
par s’emparer de mon efprit ; mais le mal’ etoit fans remede.
Cette Pale n’avoit que quatre canons & fort courts, de fix a huit
livres au plus; du refte elfe étoit très-bien équipée, n’ayant pas
moins de deux cents hommes armés jufqu’aux dents, leurs labres
& leurs fufiis tous*prêts : mais on remarqua que la plus grande
partie de ces fufiis étoient encore à mèche, & que ces gens fi
bien armés avoient prefque tous à côté d’eux de petits tas de
poudre.
Les principaux d’entre ces Maures étoient fùperbement vêtus,
fis firent mille démonftrations de politeffe & cFhonnêteté à nos
Oflïciers. Ils nous- envoyèrent quelques légumes1 qu’ils avoient
pris dans leur relâche à Socotora: cela me prouva que cette Ifl«
produilbit de la .v e r d u r e , d u moins à quelques e n d ro its ; car à la
v o ir , je n ’aurois p u me le figu re r .
J ’oubliois de v o u s dire q u ’o n leur fit b e au co u p de queftions iù r
les affaires .de l ’In d e ; mais fo it p o l it iq u e , foit ig n o r a n c e , on a ’en
put rien tirer.
O n leur demanda f i les trois ro ch e s q u e n ous v o y o n s , étoient
faines ; ils rép on dirent q u ’on en p o u v o it paffer à le s to u che r des
vergues , q u ’il y a tout autour très-grand fo n d fans au cu n d a n g e r ,
& q u ’o n p o u v o it de même ranger S o c o to ra de t r è s - p r è s ; & e n
effet nous le vîmes d o u b le r ces ro ch e s de fo r t près. P r e fq u e toutes
les Ifles ifofées & é le v é e s o n t , comme v o u s la v e z , u n gran d
fond à leu r pied.
L ’île de S o cotora p aro ît a r id e , b rû lé e & d e ffé ch é e par les ardeurs
du So le il : e n f in , toute la partie q u e j ’ai été à p or té e de v o ir m ’a
préfenté l ’im a g e d u-plus aride d é f e r t , fans .arbres n i v e rd u re . L a
partie d e l ’O u e f t e ft b e a u co u p p lu s é le v é e q u e la p artie de l ’E f t ;
ce lle-c i ftm b le d e fcen d re en, amphitéâtre & l e terminer en fin p a t
une e fp è c e de cap : tel; e ft l ’a fp e il q u ’o ffre c e tte I f le lo r lq u ’on y
arrive par le S u d , comme n o u s finies.
L e s d e u x ba y es q u e n o u s avon s v u e s , l ’u n e au S u d - o u e f t ,
l ’autre au N o rd -o u e ft , fon t horriblement e fta rp ées ; ce lle du N o rd -
eu e ft a plufieurs enfoncemens fo r t in é g a u x : le plus- au N o rd
te ffem b le à u n f e r -à - chev al. L a relâche f e fait au N o rd de l'ÎIé
dans u n e atxfa nommée. Tamarin, o ù l ’o n trou v e que lque s ra fraî-
chiflèmens : le mouilla ge y eft. h o n à ce: q u ’on; dit.
L e s D e u x - f r è r e s fo n t d eux île s au S u d - o u e f t de- S o co to ra
q u i fo n t p la te s , & p a ro iflèn t a y a i t environ, d e u x lieues de fo n g u e u t
de. L E ft. a; I O u e f l , fur u n e la rg eu r à. p eu -p rè s m o itié p lus pe tite ;
on n ’y v o i t pas le moindre a rb u fte : je fiiis p affé très-p rès d e la;
pliis o rienta le, & j ’ai; é té à p o r té e d e la- bien v o ir ;- que lque s h e rb e s
Ç a& l a , d e lîeehées p a r les. a rd eu rs ,d u S o le i l ,fà i fo ie ï ï t alors-toute
hi* verdure.
C e t t e I fle p eu t a v o ir fo ix a n te à fo ix a n te -d ix toifes de h au teu r
au-deffus de la mer ; fi. v o u s v o u le z v o u s en rapporter à q u e lq u e s