C H A P I T R E P R E M I E R .
Qui contient une notion générale de Madagafcar, une
Relation de tnes différens voyages de l ’IJle-de-France
à cette IJle, ¿r une defcription détaillée des endroits
que j ’ai vifltés.
P lusieurs Auteurs ont écrit fur Madagalcar, mais
M. de Flacourt eft ie feui Hiftorien fenfé & véridique que
je connoiife, qui en ait parié avec exaélitude; fa Relation
a ete imprimée en i ô'ô i ; il i a dediée à Al. Fouquet,
Surintendant des Finances. |
II y avoit alors en France une eipèce de Compagnie de
commerce Afiatique; cette Compagnie, qui comptoit à là
tête M. le Procureur générai du Parlement de Paris , &
M. ie Duc de la Meilieraye , , avoit pris poflèffion d’une
très-petite portion de Madagafcar. '
M. de Flacourt: y fut envoyé, pour commander. Le chef-
iieu étoit dans une anfe à a 5 degrés de latitude à la côte
de i E f t , ou les-François avoient bâti un fort, qu’iis nommèrent
Je Fort- dauphin ; \ mais enfin cette1 Compagnie fit
très - mai les afiàires & croula. M. de Flacourt repafla en
France:, non chargé, de richeifes, mais de connoifîànces >
précieufes, puifqu’ii étoit en état d’indiquer à fes Compatriotes,
les moyens de faire un commerce avantageux dans
les mers des ¡I Inde. Il fit voir en effet aux Intéreiîes, les
raifons pour lefquelfes leurs afiàires n’avpient point réuffi à
Madagalcar, & pourquoi la Société tomboit. C e qu’il y a.
de très-
<fe très - fingulier, c’eft qu’en lilànt ce Voyageur fenfé <Sc
judicieux, il m’a paru que la Compagnie des Indes, de mon
temps, faifoit les mêmes fautes que M. de Flacourt reprochoit
il y a cent ans & plus, aux Intéreiîès de la Compagnie du
commerce Afiatique.
Le plan detabliiTement de Madagafcar, propofé par M. de
Flacourt , me paroît admirablement bien conçu pour une
Compagnie de commerce ; il comprend toute fâ côte de
l’E ft, depuis la baie SAntongil, au nord de cette côte,
jufqu’à la baie de Saint -¡Auguflin, à la côte de l’Oueft, iôus
le tropique du Capricorne.
L ’établiffement de cette dernière baie & celui du Fort-
dauphin, à 25 degrés de latitude à la côte de i’E f t , auraient
été dans le cas, par leur pofition refpeélive & admirable»
de fe prêter des fecours mutuels, quoiqu’ils foient éloignés
entr’eux de près de quatre-vingts lieues. II ferait peut - être
plus difficile .aujourd hui, qu il ne l’eut été du temps de
M. de Flacourt, de s’établir à la baie de Saint - Auguflin,
parce que nous ne fréquentons point ou prefque point 1*
côte de l’Oueft, ni par confequent la baie de Saint-Auguflin;
& fi nos rivaux nous voyoient quelque apparence d’établife.
fement folide au Fort-dauphin, l’inquiétude qu’il m’a paru
leur avoir toujours reconnue, les porterait iàns doute à s’établir
à la cote de lOueft, &. fur-tout à la baie de Saint-Auguflin
qu’ils fréquentent beaucoup , & dont ils fe regardent en
quelque fcrte les maîtres, comme nous prétendons pouvoir
nous regarder du Fort-dauphin. An furplus ; fi les Angiois
s etabliiîbient a la cote de l’Oueft , notïs ferions féparés
prefquç par-tout par des montagnes d’une-1 jouteur prodfe
gieufe : fes deux feuls en droits fîês’Jplus à portée \de s’infùlteit
Tome II, ' A aa