étoit à la connoiffance de toute ta ville , & par conféquent
authentique.
«< La troupe Britannique, dit la lettre, fe livra fur le champ
»» à un façcagement rigoureux de quarante heures, fans épargner
»» les temples & les images, brifant les portes des maifons
» qu’elles rencontroient fermées. Le coeur de l’Archevêque en
» fut pénétré, & ce Prélat ne put point empêcher ce défordre!
» cependant, il obtint de faire mettre des gardes a la porte du
» couvent de Sainte-Claire, à celles des Collèges & des Béates,
» pour empêcher la foldatefque infolente d’y entrer.
» Le jour fuivant, 6 d’Oftobre, les Oidors étant avec lui
» dans le cabinet de fon palais Archiépifcopai, & conférant
» enfembie fur les malheurs aétuels, il entra un envoyé du
» Général Britannique, qui dit à l’Archevêque que la majeure
» partie des troupes étoient fous les armes ( & en effet cela
» étoit vrai ) , deflinées à palier tous les habitans au fil de
» i’épée, fi on ne rendoit pas le Fort & le Port de Cavité, &
» fi on ne donnoit pas» quatre millions de piafires ; deux
» millions comptans, & les deux autres dans un terme dont
» on conviendroit. Cette propofition, faite vingt-quatre heures
» après l’afla-ut, étoit tyrannique, mais il fallut en paifer par-là;
» on offrit de donner fur le champ" tout l’argent des oeuvres.
7. pies 8c l’argenterie des églifes : les habitans y contribuèrent
» aufiî de ce qu’ils purent, & de ce qui leur étoit refté du
» pillage ; pour les deux autres millions, on convint "qu’on
»> les livreroit à Madrid fur le tréfor de Sa Majefté.
» On marqua un jour pour que tout le monde, de quelque
” % e il1! *! fût, prêtât ferment de fidélité au roi de la Grande-
Bretagne. »
C e fut à cette occafion que l’Archevêque fit une faute
’«font fes ennemis furent tirer beaucoup davantage, & dont;
enfuite il conçut tant de chagrin, qu’elle fut en partie caufe
fie fa mort ; ce fut cette faute qui lui fit écrire au R o i, à
l’article de la mort, qu’il eût été heureux d’avoir vifité la
brèche la veille de i’aflaut, & qu’un boulet de canon eût
alors terminé fes jours.
Les Anglois, maîtres de Manille, voulurent lailfer les
ehofes fur le pied qu’ils les- avoient trouvées; iis dirent donc
à l’Archevêque qu’ils fè chargeraient du Gouvernement
militaire, 8c lui proposèrent de gouverner, comme auparavant,
les- affaires politiques & civiles. L’Archevêque, fans
réfléchir , accepta la propofition :- il eit vrai que la chofe
n’eut pas lieu.
Pendant que ces chofes fe paifoient à Manille, & que
les Anglois étoierq occupés à réparer la brèche du baftion
de la Fondition , à ruiner & détruire les églifes dont ils
i ’étoient fervis avec tant d’avantage pendant le fiége r &e-
le fieur Anda' gagna la Pampangue, province de Luçon,
& y forma une armée. Il avoit toujours été un des plus
grands ennemis de l’Archevêque pendant le fiége ; cette
haine fe ranima & ne fit qu’augmenter encore : loin de
l’aider de fes confeils, il travailla à fè faire déclarer Gouverneur
général des Ifles ; 8c les gens de ig>n parti, & qui
lui faifoient la cour, le regardoient fur ce pied & lui et*
donnoient le titre. Après la prife de la ville , du fort 8c la
capitulation, l’Archevêque lui écrivit à la Pampangue :■
Nous avons perdu Manille, faites ce qui dépendra de vous,
pour conferver à Sa Majejlé les provinces. L’adreflë piqua-
Don Simon de Anda ; il répondit à l’archevêque Roxo,
qu’il n’avoit point d’ordre à recevoir de lui , parce qu’il