des effets du climat, ce n’eft pas fà faute; ils fé fient
ordinairement fur leur jeuneffe, fér la force & ia vigueur
nerveufe avec iefquelies iis paffent d’Europe aux Philippines ;
iis fe livrent en arrivant à toutes fortes d’excès & de folies
que la prudence eft bien éloignée de leur diéler ; avec cela ils
s’expofent au vent, à la pluie, au frais : mais c’eft une expé-
rience faite, que les perfonnes qui paffent jeunes aux Ides, &
qui évitent les excès dont on vient de parler; ces perfonnes,
dis-je, parviennent à une très-grande yieilleffe. Il faut malgré
cela convenir qu’il y a, dans ces Mes, des endroits pius fains
les uns que les autres ; en général lés lieux bas font moins fains
que les lieux élevés, parce que fur ceux-ci on y jouit de
plus de fraîcheur, & que l’air y efl beaucoup plus libre,
• Les terres qui jouiffent du vent de mer font plus laines que
celles qui ont le vent de terre, parce que cette terre eft toute
couverte de bois & de plantes de toutes efpèces ; o r , on a remarqué
que les vents qui paffent par-defîus ces bois, fe chargent
de particules infeéles très-nuifibles à la fànté, & donnent quelquefois
la mort, ce qui n’arrive point avec les vents de mer :
ceux-cL au contraire, purifient l’air & chaffent bien loin les
particules nuifibles dont il pourroit être imprégné.
Gn peut dire que le climat de ces Ifîes eft encore plus
falutaire aux Naturels du pays qu’aux Européens, parce
qu’y étant nés & naturalifés, il leur eft plus propre qu’aux
Européens qui paffent à ùn âge déjà fait dans un climat fi
différent pour y habiter. La façon de vivre des Naturels
contribue aufli beaucoup à les entretenir dans laforte fanté
dont ils jouiffént, & qu’ils confervent jufqu’à leur mort,
qui ne leur vient qu’à un très-grand âge : on voit des vieillards
de quatre-vingts ans travailler avec une force & une vigueur
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e . 13
prefque égale à celles d’un homme de trente à quarante ans;
beaucoup paffent cent ans.
A r t i c l e t r o i s i è m e .
Du S o l & du G e l des îles Philippines, des principaux
Volcans & des Lacs ou Lagunes, ¿Te.
' L e terrein des Philippines eft très-poreux, bourbeux , &
pour ainfi dire fpongieux & de peu de fubftance, c’eft en
général la qualité dès lieux bas; les terreins élevés font meilleurs
, mais le tout eft rempli de marécages, de bourbiers,
de rivières ou de lagunes, formées parla quantité étonnante
d’eaux falées & douces dont elles abondent, de forte qu’il eft
plus ordinaire . comme je l’ai déjà remarqué, de voyager par
eau que par terre, parce qu’on ne peut pas aller à. cheval
d’un lieu à l’autre ; en effet, les chemins royaux deviennent
d’année en année impraticables ; les pluies & les torrens
achèvent chaque année de les détruire.
Dans le temps des féchereffes, les terres, en fe defféchant,
le gerfent, & il s’y forme quelquefois des fentes très-confi-
dérables; mais ce feroit là peu de chofe, fi ces Mes 11’étoient
pas aufli fujettes qu’elles,le font aux tremblemens de terre,
auffi à craindre fur la mer que fur la terre; ils ruinent &
renverfent lès édifices les plus félidés, & ils s ouvrent fouvent
des bouches énormes : la frayeur que caufe ces tremblemens
de terre eft augmentée par les volcans, que malheureulêment
ces Illes renferment dans leur fein.
L’on compte trois grands volcans dans les des Philippines,
le plus apparent & le plus confidérabie de tous, eft celui que
l’pn nomme Mayon, dans ia province d’Albay, île de Luçon:
il a exactement ia figure d’un pain de fucre; il eft dune
hauteur confidérabie & parfaitement conique; fa bafe a