de plume à écrire, quelles font de leurs- cheveux ; elles
forment un noeud de chaque treife, & le tout eft arrangé par
fymétrie & en rond : c’eft entre ces noeuds qu’elles mettent,
en forme de couronnes, les petites verroteries que nous leur
donnons.
Foulpointe & la baie d’Antongil font aifez éloignées du
Fort-dauphin, pour que les peuples ne communiquent point
les uns avec les autres ; d’où il arrive que l’on remarque
quelques nuances de différence entre les moeurs des peuples
des deux endroits ; & par la même raifon, la coiffure des
Femmes de Foulpointe & de la baie d’Antongil, diffère de
celle du Fort-dauphin : il y a beaucoup plus d’art dans celfe
de Foulpointe & de la baie d’Antongil ; le; goût en eft très-
varié & même bon : les femmes ont en effet différentes façons
d’arranger leurs cheveux, qui font toutes un aifez bon effet;
elles en forment des pyramides ou de grandes ailes; de longues
épingles de bois d’ébène noir, leur fervent àfoutenir tout cet
édifice : elles préparent, avant tout, leurs cheveux avec de
l’huile que je crois être l’huile de palma Ckrijli, J’en ai vu
qui, comme en France, le paroient de cheveux empruntés,
& bâtiffoient avec ces cheveux, le plus élégant édifice qifon
puiffe voir pour un pays fauvage :: elles n’y emploient point
Ja forme des boucles.
On aura fans doute peine à croire, quoique ce foit une
choie de fait, qu’à Foulpointe les femmes emploient près d’un
jour entier à fe coiffer, & qu’il y ait, comme en France, des
femmes qui font le métier de coiffèufes : leur coiffure tient
près d’un mois fans qu’il fbit befoin d’y toucher ; leurs cheveux,
naturellement crépus, contribuent à faire durer la coiffure. Au
Fort-dauphin., le Roi & ceux de fa fuite, tant hommes que
femmes, étoient en deuil lorfque j’arrivai; je Roi, père de
celui qui régnoit, venoit de mourir.
Ils avoient tous coupé leurs cheveux , & le deuil devoit-
durer jufqu’à ce qu’ils fuifent revenus , c’eft-à-dire, aifez longs
pour les remettre en trefîè ; car les hommes, au Fort-dauphin,
fe coiffent comme les femmes : du refte, les hommes n’ont
pas même, pour l’ordinaire, une toile pour s’envelopper le
corps. Us vont tout nus., 'à l’exception d’une bande aifez étroite
avec laquelle ils fe font une ceinture, comme feroit celle d’une
culotte; avec une autre bande de toile, plus ou moins large,
qu’ils attachent par-derrière à leur ceinture , Si qu’ils font
revenir enfuite par-devant, en la faifant paifer entre les cuiffes,.
& dont iis attachent le bout à cette même ceinture, ils achèvent
de Ce vêtir. Cet habillement eft très-iefte ; il fuffît à ces peuples
pour couvrir leur principale nudité ; à ces peuples, dis-je, qui,
femblables aux Hébreux, n’ont aucun terme obfcène dans
leur langue : dans la faifon la plus fraîche, ils s’enveloppent
avec un morceau de pagne.
A Foulpointe, comme l’on vo it, il y a , fur l’article de la
coiffure,, plus de coquetterie qu’au Fort - dauphin ; c’eft que
Foulpointe étant plus, fréquenté par les François que ne l’eft
le Fon-dauphin, il y aiaufli plus de commerce, & par confé-
quent plus de luxe ; car les femmes y portent, comme je l’ai
dit, au lieu d’étoffes du pays, des fchittes fort belles, de la
côte de Coromandel.
Ces femmes mâchent d’une certaine plante fort,puante,
qui noircit les lèvres, les gencives & les. dents, mais qui a
la propriété de les confèrver; aufli toutes ces femmes ont les
plus belles dents du monde & les plus blanches : en revanche ,
leur haleine eft infupportable quand elles ont cette herbe dans