& íombre ; Ies mntmées preíque toutes très-belles Se fraîches; Ies
nuits fur-tout je font aiîèz pour obliger à, iè couvrir avec une
couverture de laine.
Pendant ce mois le thermomètre a marqué, au lever du Soleil.. 1 à 16£.
Au moment le plus chaud du jour, de................. .. 23 £.
| g - i 1 J a n v ie r .
W r F é v r i e r .
■
A r t i c l e q u a t r i è m e .
Détails fu r les Tremblemens de terre , que j ’ai efjuyés
à Manille.
M a n i l l e a beaucoup fouffert par les tremblemens de
terre depuis que ies Efpagnols en font en poffeifion ; car
avant eux, cette Ville , fi ç’en étoit une, n’étoit bâtie que
de cafes faites de rofeaux ou de bambous, comme le font
encore aujourd’hui tous ies villages des Indiens, ce qui
faifoit qu'elle bravoit les tremblemens de terre. En 1 64.5,
Manille fut prefque totalement détruite, il y périt beaucoup
de monde ; en 1 le même événement arriva, ainfi
qu'en 1700. Je n’entre ici dans aucun détail au lùjet de ces
évènemens tragiques : ce que j’en rapporterons ne feroit,
en quelque forte, qu’une, répétition ennuyeufe de ce que
tout le monde connoît des effets des tremblemens de terre
arrivés de nos jours dans différens endroits du monde, &
principalement en Portugal, à Cadiz & au Pérou ; je me
contenterai donc, de rapporter ¡ci les tremblemens de terre
que j’ai reffentis à Manille, parce qu’il m’a paru y avoir
difiingué des jnfians & des circonftances qu’on ne trouve
point dans ies relations des Voyageurs qui parfont de çes
terribles phénomènes,
Depuis
Je me fuis embarqué
#
Depuis 1700 jufqu’en 174 9 , on n’a ceffé de reifentir
des tremblemens de terre à Manille : on fe familiarifa fi
fort avec eu x, pendant ce temps, qu’on ne fit aucun état
des premiers qu’on eiîuya en 174«? ; mais ils furent fi
fréqueiis, que pendant fix femaines à peine fe paffa-t-il un
jour làns qu’on en relîentît; le monde fe trouva pour lors fi
effrayé, qu’une grande partie fe feuva dans la campagne, & eut
bien de la peine à revenir de là frayeur ; mais enfin aujourd’hui
on vit à Manille dans une parfaite fecurité : j’y ai vu cependant
des tremblemens de terre affez forts, & même trop forts, pour
que je regrette aujourd’hui cette V ille , où, d’ailleurs, j’ai
joui de quelques agrémens, & fur-tout de celui d’y avoir
fait de vrais amis ; mais lorique je me repréfente une habitation
dans laquelle on peut fe réveiller pendant la nuit
avec toute l’horreur d’une mort inilante , inévitable &•
cruelle; une telle habitation , quelqu’avantage qu’elle pût
m’ofirir d’ailleurs, ne me.fera jamais foupirer après elle: or,
c’eft ce qui peut arriver à Manille.
Un Dimanche matin, vers .1 es fix heures, j’envoyai, felon
ma coutume, mon nègre à mon obfervatoire, pour monter
ma Pendule ; il revint me dire qu’elle étoit arrêtée, & qu’il
n avoit pas voulu y toucher, ne lâchant d’où pouVoit être
venu cet événement; je fus moi-même, vers les dix heures;
à mon obfervatoire, & je fus témoin du fait fans pouvoir
en deviner la caufe. J’allai de-là chez Don Andrés Ro xo,
felon 1 habitude que j’avois contractée d’y entrer tous les
matins vers les onze heures. Madame Roxo me demanda,
d un air encore tout effrayée, des nouvelles du tremblement
de terre qui étoit palîe vers une heure dit matin, & qui
avoit été des plus violens ; elle fut, on ne peut pas plus
Tome II. Z z