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Nous ajouterons à la fin de la fe&ion fuîvante 1
un morceau tiré des voyages en Allemagne du j
baron de Risbeck, qui confirme l'obfervation
de M. le Marquis d’Argenfon.
S E C T I O N V I .
Des impôts , des revenus & des dettes de la Saxe J
& tableau inftruftif de recette 6’ de dépenfe ,
formé pour l'électorat de Saxe.
% Les impôts font en partie ordinaires & en partie
extraordinaires. Les premiers font ceux que
les états accordent pour l’efpace de fix ans. Ces
impôts 3 font i° . des droits impofés fur les biens
de campagne , droits qui fe payent en deux termes.
L’éle&eur touche une partie des fammes
qui proviennent de ce fublîde : l’autre eft employée
au payement des intérêts des dettes, à
leur remboursement , & à quelques oeuvres
pies. 2°. Le cambage , ou droit fur la bière
brune & blanche : on paye deux rixdales par
tonneau de bière brune , & un & demi rixd. de la
blanche. L'emploi du produit eft le même-que le
précédent. Les gentilhommes & ceuji qui p of
sèdent des biens nobles , les eccléfiaftiques mêmes
jouiifent de l'immunité de ce droit , ainfi
que tous ceux qui appartiennent à leurs maifons.
L ’évêché de Wurzen, les villes ficuées dans les
montagnes, celles de Wittenberg & de Weif-
fenfée, n’en payent que la moitié. L'impôt
fur la viande , qui eft de deux deniers par livre
fur les bêtes tuées à la boucherie, & un denier
par livre fur celle qu'on tue chez foi. La
noblefle & les gens d'ëglife font exempts de ce
d ro it, & l’évêché de Wurfen n’en paye que la
moitié. C e produit fert à payer les appointemens
des émployés dans les divers lièges de juftice
éle&oraux, autrement nommés collèges } le fur-
plus fe verfe dans les coffres du prince. Les impôts
extraordinaires font communément, i° . le
pfenning-ftever, dont le produit eft plus ou moins
confidérable , félon le plus ou moins de dommages
qu’ont caufé pendant l’année les grêlés &
les incendies : il rapporte ordinairement treize
mille florins. 2°. L^ quatember-ftever , qui prend
fa dénomination des quatre faifons , dont le produit
n’eft pas fixé non plus, mais qui doit rapporter
annuellement vingt-quatre mille florins.
C e t impôt eft perfonnel : il fe lève fur les gens
de profeflion , qu’ils foient domiciliés ou non
dans le lieu ou ils demeurent. Chaque ville &
chaque village de l’éle&orat eft impofé à une
fomme certaine , que les prépofés du lieu répar-
tiffent fur les bourgeois & habitans , félon leur
négoce ou profeflion. Quelquefois la quotité afll-
gnée à un lieu eft augmentée par le collège fu-
périeur , fi les facultés des habitans le comportent.
Ces deux fortes de contributions extraor-
raires fervent au payement des troupes , aux frais
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des légations, au rembourfement de dettes contractées
, à leurs, intérêts , ou à d’autres befoins
de cette efpèce. $°. Le droit d’aecifes, qui eft
de deux fortes, l’un qui fe perçoit à la campagne
, à raifon de trois deniers par rixdaler , du
prix auquel fe vendent certaines marchandifes.
C e t argent fe verfe dans le tréfor de l'épargne.
L’autre appelléaccife générale de confommations ,
a lieu dans les villes & villages où fe trouvent
des marchands & gens de métiers. On lève dans
l’éleCtorat d’autres impôts , te ls . que la capitation
, la fubvention , qui l’un St l’autre fe proportionnent
aux facultés des particuliers : celui
du papier timbré , St celui fur les cartes , & c .
Quand l'électeur fe marie , les états lui payent urt
don gratuit. Les états obtinrent en 1666 la per-?
million de faire eux-mêmes la levée de tous ces
fubfides eu- général. Les offices St les biens do.?
maniaux qu’on afferme , & les droits fur les mines
& fur les .flottages rapportent des fommes
très-confidérables. Bufching eftime les revenus de
l’êleâeur de fix à fept millions de rixdales. Le
baron de Risbeck adopte à-peu près la même
évaluation , dans fes voyages en Allemagne.
Nous pourrions citer beaucoup d’autres évaluations
qui ne s’accordent point, & dont la différence
eft très-confidérable : nous ne cefferons ds
répéter, que nous ne garantifïbns pas les calculs
de cette efpèce qùe nous avons inférés dans notre
ouvrage.
Un journalifte d’Allemagne qui raflèmble des
faits aflez exaCts fur ces fortes de matières, di>
foit il y a quelques années : » Les impofitions
réelles ou foncières , dans 1 éleCtorat de Saxe ,
montent par an a dix millions de liv. tournois,
lai capitation &Tinduftrie à trois millions, l’ac-
cife , le timbre, Stc. à fept millions neuf cents
mille liv. St les domaines produifent cinq millions
neuf cents mille l iv ., ce qui fait en tout un revenu
de vingt- fept millions fix cents trente-fept
mille fix cents douze livres ; la dépenfe monte à
vingt-fept millions quatre cents trente neuf mille
cinq cents quatre-vingt-trois livres', par confèr
e n t le revenu excède la dépenfe de cent quatre-
vingts dix huit mille vingt-neuf liv. »
Un autre obferve qu’en 1770 les revenus de la
§axe étoient de cinq millions neuf c-ents quinze
mille deux cents vingt deux écus ou rixdalers ,
St les dépenfes de fix millions quatre cents quatorze
mille.fept cents foixante onze écus 3 qu’ ainfi
les dernières excédoient les premières d’une fomme
de quatre cents quatre-vingts dix-neuf mille
cinq cents quarante neuf rixdales.
Il ajoute les dettes garanties par les états de
l’éle&orat de Saxe étoient en 1774 de 25 millions
huit cents trente - fept mille deux cents quatre-
vingts une rixdales de capital. La guerre , depuis
S A X
j j e 6 jufqu’en M m , a coûté à la Saxe feiiîe
foixante onze millions , non-compris les pertes
de l’éle&eur } ce pays a beaucoup fouffert par la
difette St la cherté des vivres en 1771 St g p p |
St malgré ces pertes énormes , il fe relève a
vue d’oeil par l'indiiftrie de fes habitans. Les
revenus étoient eh 178*5- de fix. millions deux
cents mille rixdales : la mafle de toutes les
dettes fe trouvoit d’environ vingt-fix millions de
rixdales , & tous les ans on en éteignoit un million
deux cens mille.
Enfin un autre fournalifte dit , qne depuis
I764 jufqu’à la fin de 1786 , on a amorti, des
dettes de l’état de l’éleélorat de Saxe , la fomme
de fept millions fix cents quarante - deux mille
trois cents trois rixdalers cinq grofchen St onze
un quart pfennings.
M. le baron de Risbeck dit : » la liquidation
des dettes eft ce qui occupe le plus ^ les états 5
le total morïte à vingt fix millions d’écus mon
noie de Saxe. On a amorti par an environ douze
cents mille écus. »
Le tréfor de l’état jouit de beaucoup de crédit
, parce qu’ il eft à l’abri des manoeuvres de
la cou-r, St confié à des perfonnes de l ’intégrité
1a plus fcrupuleufe. Le pays fe trouva epuife
par les malheurs de la guerre de 175^ > les effets
publics baiffèrent confidéràblement i les corruncr-
çans nationaux & étrangers firent, des fpécufa-
tien s , & ils achetèrent ce papier a tres-bas prix.
Trois ans après on vit que la Saxe avoit des
reffources fuffifantes , & le papier remonta a fa
première valeur. Plusieurs des fpéculateurs gagnèrent
cinquante St foixante pour cent. Cette
révolution frappa fur-tout les négocians de Hambourg
, de Lubek , de Brême & de Hollande.
Les taxes font toutes perçues fur des objets une
fois déterminés , & l’éle&eur ne peut y rien
changer, fans- le confentement des etatsV II a
fon revenu particulier. Les états ont arrête que
l'armée feroit augmentée à mefure que les dettes
diminueroient. Chaque prince du fang a cinquante
mille rixdalers de revenu , ce qui fait un
article confidérable , aujourd hui que la idmille
cle&orale eft très-nombreufe.
Il y a peu de pays d ’Allemagne , q u i, en proportion
de leur étendue, rapportent autant Que
la Saxe ; il eft vrai que les impôts v font très-
confidérables j mais lorfque les peuples ont quelque
part à l’adminiftration , ils payent volon
tiers de plus gros impôts. De vrais patriotes ont
en Saxe la direêtion du tréfor , qui - fe trouve
à l’ abri des atteintes de la c o u r , St les fujets
font fûrs que les contributions font employées
au bien de l’état.
I l n ’y a p e u t - ê t r e r i e n d e p lu s f r a p p a n t d a n s
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le monde politique, que la différence qui fe trouve
entre la Bavière & la Saxe proprement dite.
Les deux pays font de la même grandeur, également
favorifés de la nature ; ils font tous deux
cercles de l'Empire , tous deux ont leurs conftb
tutions ; cependant la fécondé contient dix-huit
grandes villes St deux cehts fix petites : la première
n’en a que quarante grandes ou petites j &
excepté Munich, aucune d’elles ne peut être
comparée, je ne dis pas en richeffes, mais en population
, à la plus petite des dix huit grandes
villes de Saxe ; il y en a ail moins cinquante
parmi les deux cents fix petites de la S a x e , qui
font plus riches que les plus aifées des villes de
la Bavière. La Saxe contient près d’un million
neuf cents mille habitans, & la Bavière un million
cent quatre-vingt mille : la différence de revenu
eft énorme. La Saxe a plus de dettes, mais elles
feront bientôt payées : elle a fourni vingt mille
hommes à l’armée pruflienne, dans la petite guerre
de Bavière , contre la maifon d’Autriche , tandis
que la Bavière ne put lever que fix mille hommes ,
quoiqu’il s’agît pour elle d’ un démembrement,
ou d ’un changement de domination.
Un homme d’état a rédigé un tableau inftruc-
tif de recette St de dépenfe pour l’éle&orat de
Saxe. C e tableau n’offre pas le bilan particulier
du tréfor de l’état, mais bien celui de la nation
en général j il détermin» la valeur St le rapport
de chaque article *, enforte qu’on peut juger fi la
richeffe nationale augmente ou diminue. C e tableau
n’ eft pas e x a , nous le croyons du moins :
il s’y eft gliffé des fautes de comptes ou d’imprimeurs
: il eft obfcnr & vague : on ne nous dit
pas fur quel principe on l’a rédigé j & cependant
il eft bon de le donner i c i , il peut fervir
d’exemple pour en drelfer de pareils en d’autres
pays-
Recette en argent comptant.
rixdalers.
Rentes des capitaux placés dans l’étranger,
8c autres revenus venant de l’étranger
............................................................... 150,760
Dépenfes des miniftres étrangers & des
voyageurs . . . - ^ ............................. 148,060
Bénéfice des négocians . commiflion-
naires , courtiers, banquiers, voituriers. 490,706
Droits for l’-achat de 166,141 onces
d'argent, tirées-des monnoies étrangères. 8,512
Contingent annuel dés étrangers affo-
ciés dans l’exploitation des mines. . . 102,109
Dépenfes des étrangers aux unive^fîtés
St autres inftitutions .publiques dans l’ele&
o ra t....................... - ............................61,701
Emprunts faits chez l’étranger fur des
b ie n s - fo n d s .................................. •
Z 2
300,000