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& au-de-hors, îl peut avoir quelquefois la force
des grandes monarchies.
Mais rien n’eft fi difficile que la rédaction de la
loi fédérale , & pour en tracer la théorie , il fau-
droit avoir égard à un fi grand nombre de circonstances
locales j il faudroit lire dans l'avenir avec
tant d'habileté , que nous ne nous aviferons pas
d'entreprendre ce travail. Les confédérations mal
ordonnées , ne produifent pas les effets que
nous venons de décrire j & rien n’eft fi difficile
que de bien ordonner ces confédérations. Nous
l'avons déjà d i t , on connoît peu l’organifation des
républiques fédératives de la Grèce 5 & il y a lieu
de croire que la politique peu avancée à cette
époque de i’hiftoire, n’atteignit pas le but fur ce
point : nous avons fait voir à l’article C o r p s
H e l v é t i q u Ej tous les vices de la confédération
des Suifles, & comment elle fe maintient par
l'heureux caractère des peuples , & leur pofîtion
locale : nous avons montré également à l’article
P r o yiNCES-UNiESjl’imperfeélion & le s vices très-
multipliés de l’union Belgique : nous avons expliqué
très en détail à l ’article Et a t s -U nis ,1a confédération
des treize républiques du nouveau monde
; nous l’avons préfentée comme la moins imparfaite
de toutes celles qu’on connoit j mais comme
elle a été rédigée à la hâte, au milieu de la guerre, \
& lorfque les combinaifons des hommes d’Etat,
ne pouvoient fuppléer à l’expérience , nous avons
dit de quels nouveaux pouvoirs il faut revêtir le
congrès , & les corrections & les réformes 3
dont eft fufceptible d’ailleurs l’adte fédéral ; ainfi
nous renvoyons le leéteur aux articles C orps
H el vé tiq u e j Et a t s -U nis & P r o v in c e s -
U nies 5 il y trouvera quelques idées faines fur
cette matière. Nous nous contenterons d’ajouter
3ci un petit nombre de remarques.
Les écrivains , en parlant des républiques fé- J
dératives 3 ont félon leur ufage, mal analyfé les
queftions , & confondu les chofes.
»T ou te s les républiques fédératives , dit l’un
d entre eux, n’ont pas les mêmes ïoix dans leur
forme de conftitution. Dans la république de Hollande
3 une province ne peut faire une alliance
fans le confentement des autres. Cette loi eft
très bonne , & même néceflaire dans la république
fédérative j elle manque dans la conftitution
Germanique , où elle préviendroit les malheurs
qui y peuvent arriver à tous les membres , par
l’imprudence 3 l’ambition ou l’avarice d’un feu!.
Une république qui s’eft unie par une confédération
politique 3 s'eft donnée entière & n’a plus
lien à donner. «
Il eft clair que fi on ne diftingue pas les confédérations
des républiques fédératives , on ne dira
que des chofes^ vagues & inexactes.
Les Etats qui s’aflocient ne peuvent être de même
grandeur ou avoir une puiflance égale. La république
R Ê P R ê s
desLyciens 3 qui cependant ne formoit peut-être
pas une république fédérative 3 ainfi que nous l’avons
remarqué 3 étoit une afîbciation de vingt - trois
villes 5 les grandes avoient trois voix dans le con-
feil commun, les médiocres deux, les petites
une. L’union Belgique eft compofée de fept provinces
3 grandes ou petites , qui ont chacune
une voix. Les villes de Lycie payoient les charges
3 félon la proportion des fuffrages. Les provinces
Hollanaoifes ne peuvent fuivre cette proportion
j il faut qu’ elles fuivent celles de leur
puiflance.
En Lycie les juges & les magiftrats des villes
étoient élus par le confeil commun, & félon la
proportion que nous avons dite 5 dans la république
de Hollande 3 ils ne font point élus par le
confeil commun, & les magiftrats font nommés
par les villes ou par le Stathouder.
La concorde eft le grand foutien des républiques
fédératives 5 c’eft auffi la devife des provinces
unies confédérées : concordia res parv& cref-
cutit , difeordiâ dilabuntur,
La conftitution fédérative, doit être compofée
d’Etats de même nature, fur-tout d’Etats républicains.
Les Cananéens furent détruits , parce que c’é-
toient de petites monarchies qui ne s’étoient
point confédérées 3 & qui ne fe défendirent pas
en commun. C ’eft que la nature des petites monarchies
n’eft pas la confédération.
La confédération d’Allemagne eft compofée dç
villes libres & de petits Etats fournis à des princes.
L ’expérience fait voir quelle eft plus imparfaite
que celle' de Hollande & de Suifle.
L ’efprit de la monarchie eft la guerre & l’a-
grandiflement > l’efprit de la république eft la paix
& la modération. Ces deux fortes de gouverne-
rnens ne peuvent, que d’une manière forcée ,
fubfifter dans une république fédérative.
Auffi voyons-nous dans l ’hiftoire Romaine 3 que
lorfque les Véïens eurent choifîs un r o i , toutes
les petites républiques de Tofcane les abandonnèrent.
Tout fut perdu en Grèce , lorfque les rois
de Macédoine obtinrent une place parmi les am-
phiélions.
La confédération d’Allemagne, compofée de
princes & de villes libres, fubfifte> parce qu’elle
a un c h e f, qui eft en quelque façon le magiftrat
de l ’union , & en quelque façon le monarque.
RÉPUBLIQUE DE P L A T O N . Voy. l’article
Platon.
R É PU D IA T IO N . Voye% la fin de l’article
Divorce , & le Dictionnaire de Jurifprudence.
R É S I D E N T . Voye£ l’article Ministres
pub l ic s ,
R E V r e v n
REVEN US DE L ’É T A T . Les revenus de
l’Etat font une portion que chaque citoyen donne
de fon bien , pour avoir la fureté de l’ autre, ou
pour en jouir agréablement.
Pour bien fixer ces revenus 3 il faut avoir égard
& aux n;éceffités de l’E ta t , & aux néceffités des
! citoyens; Il ne faut point prendre au peuple fur
fes befoins réels, pour des befoins de l’Etat ima-
: ginaires.
r Les befoins imaginaires font ce que demandent
|les paffions & les foibleffes de ceux qui gouvern
e n t , le charme d’ un projet extraordinaire, l’enr
vie malade d’une vaine gloire , & une certaine
impuiflance d’efprit contre les fantaifies. Souvent
[ceux qui , avec un efprit inquiet, étoient fous le
prince à la tête des affaires, ont penfé que les
befoins de l’Etat étoient les befoins de leurs pe-
ftites âmes.
: Il n’y a rien que la fagefle & la prudence doivent
plus régler , que cette portion qu’on ôte ,
& cette portion qu’on laiffe aux fujets.
j C e n’eft point à ce que le peuple peut donner
qu’il faut mefurer les revenus publics j mais à ce
‘qu’il doit donner ; & fi on les mefure à ce qu’il
peut donner. il faut que ce foit du moins à ce
qu’il peut toujours donner.
| C ’eft mal raifonner, de dire que la grandeur
■ |des tributs foit bonne par elle-même.
B On a vu dans certaines monarchies, que de
petits pays, exempts de tributs , étoient auffi
miférables que les lieux q u i, tout autour , en
îetoient accablés. La principale raifon eft , que le
[petit Etat entouré ne peut avoir d’induftrie ,
d ’arts , ni de manufactures , parce qu’ à cet égard
il eft gêné de mille manières par le grand Etat
Idans lequel il eft enclavé. Le grand Etat qui l’entoure
, a l’induftrie , les manufactures & les arts 5
& il fait des règlemens qui lui en procurent tous
les avantages. Le petit Etat devient donc néceffai-
rement pauvre, quelque peu d’impôts qu’on y lève.
On a pourtant conclu de la pauvreté de ces
pays , que pour que le peuple fût induftrieux , il
falloit des charges pefantes. On auroit mieux fait
d’en conclure qu’il n’en faut pas. C e font tous
les miférables des environs qui fe retirent dans
;,ces lieux-là 3pour ne rien faire j déjà découragés
par l’accablement du travail , ils font confifter
toute leur félicité dans leur parefle.
* L effet des richefles d’un pays , c ’eft de mettre
de l’ambition dans tous les coeurs. L ’effet de la
pauvreté , eft d’y faire naître le défefpoir. La première
s’irrite par le travail , l’autre, fe confole par
la parefle.
La nature eft jufte envers les hommes j elle
les récompenfe de leurs peines > elle les rend
laborieux , parce qu’à de plus grands travaux,
elle attache de plus grandes récompenfes. Mais
fi un pouvoir arbitraire ôte les récompenfes de
la nature , on reprend le dégoût pour le travail ,
& l’inaCtion paroît être le feul bien.
Quel eft le rapport de la grandeur des tributs
avec la liberté ?
Règle générale : on peut lever des tributs plus
for ts , à proportion de la liberté des fujets j &
l ’on eft forcé de les modérer, à mefure que la
fervitude augmente. Cela a toujours é té , & cela
fera toujours. C ’eft une règle tirée de la nature*
qui ne varie point ; on la trouve par tous les
pays , en Angleterre, en Hollande, & dans tous
les Etats où la liberté va fe dégradant jufqu’en
Turquie. La Suifle femble y déroger, parce qu’on
paye peu de tributs} mais on en fait la raifon
particulière , & même elle confirme ce que je
dis. Dans ces montagnes ftériles , les vivres font
fi chers & le pays eft fi peuplé , qu’un Suifle
paye quatre fois plus à la nature , qu’ un Turc ne
paye au fultan.
Un peuple dominateur j tels qu’étoient les
Athéniens & les Romains, peut s’affranchir de
tout impôt, parce qu’il règne fur des nations fu-
jettes. Il ne paye pas pour lors à proportion de
fa liberté, parce qu’ à cet égard il n’eft pas un
peuple, mais un monarque.
Mais la règle générale refte toujours. Il y a
dans les Etats modérés un dédommagement
pour la pefanteur des tributs } c’eft la liberté. Il y
a dans les Etats (1) defpotiques un foible équivalent
pour la liberté ; c’eft la modicité des tributs.
Dans de certaines monarchies en Europe, on
voit des provinces (2) q u i, par la nature de leur
gouvernement politique, font dans un meilleur
éçat que les autres. On s’imagine toujours qu’elles
ne payent pas aflez, parce quek, par un effet de
la bonté de leur gouvernement, elles pourroient
payer davantage * & il vient toujours dans l ’ef-
prit de leur ôter ce gouvernement même qui
produit ce bien qui fe communique, qui fe répand
au loin , & dont il vaudroit bien mieux
jouir.
Mais de quelles fources un Etat doit-il tirer fes
revenus, ou fur quels objets faut-il afleoir les impôts
? C ’eft ce que nous avons difeuté fort en détail
à l’ article Impôts , & dans le cours de cet Ouvrage,
où nous nous fommes efforcés d’indiquer
tout ce qui peut contribuer à la profpérité publique.
Un foible impôt mal affis, eft fouvent plus
r.TVj-w* c mjwire aes 1 attars, aeuxume partie* (1) Les pays d’Etats# le defpotifme y eft plus modcrê,