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la Tranjylvanie 3 moyennant une penfion de yoooo
rixdales, & les villes d'Oppeln & de Ratibor j
mais-il ne tint pas les promefles, & prit^polTer-
fion de cette principauté , qu'il céda bientôt après
à- Ton coufin , le cardinal André Battori. Comme
celui-ci étoit porté pour les turcs, l'empereur
Rodolphe aida Michel v o iv od e deValaquie,
à fe faire reconnoître prince de Tranfylvanie ; il
fut peu après obligé de céder ce pays au général
Bafta, ce qui donna lieu à dè grands troubles :
Bafta devint fufpeâ: à l'empereur. Les iranfylva-
mens ne voulant ni du woivode Michel, ni du
général Bafta , eflayèrent de fe donner à leur ancien
prince Sigifmond Battori, qui fe vit forcé d'abandonner
à l'empereur la principauté & , de recevoir
en échange quelques terres en Siléfie. Les
tranfy.lvanitns continuèrent de s'oppofer à l'empereur
fous la conduite de Bethlen Gabor :
comme on voulut les contraindre à embrafler la
communion romaine , ils élurent Etienne Botkai,
luthérien , pour leur prince ; & toute la Hongrie
^s'étant déclarée pour lu i, l'empereur fut obligé
de le reconnoître. en-1 6 0 6 prince de Tranfylvanie
& Palatin de la haute Hongrie. Sigifmond Ra~
kotzv qui lui fuccéda , 8c qui abdiqua bientôt
après , eut-pour fuccefleur en 1 6 0 8 , ‘Gabriel Battori
: celui-ci ayant été tu é , la principauté pafia
en 1 61 3 , à Gabriel Betlen qui enleva au roi Fer
dinand II le royaume 'de Hongrie, le lui rendit
en i 6 ü , fe fit déclarer prince du Saint-Empire
romain , & fut obligé de renoncer à ce titre en
16x4. A fa-mort-, arrivée en 1629 , George Ra-
kotz,y , premier du nom., parvint à la principauté
, & eut pour fuccefleur fon fils Rakotzy II.
Celui-ci s'unit aux fuédois, fit la guerre en Hon-
-gvie-j porta enfuite fes armes en Pologne, ce qui
offenfa leS’turcs qui l'obligèrent à abdiquer, & il
quitta le trône en 16:58. Les états élurent en
{a place François Redey , mais Rakotzy voulant
fe remettre en pofleflion de la principauté , les
turcs s'y oppoférent., '& au lieu de Redey, établirent
pour prince Achatins Barskay, qui ne
pouvant tenir contre Rakotzy , abdiqua la principauté
en faveur de Jean Kemeny, . ci - devant
général des troupes de R akotzy} cette abdication
déplut aux turcs , qui retinrent Barskay pri-
fonnier, 8c continuèrent la guerre contre Rnkot-
?.y , lequel, dans le combat de Clauferibourg, fut
blefte mortellement. Les états dépofèrent Barskay
& nommèrent Kemeny pour le remplacer : mais
rélèd ionfu t rejettée, des turcs, qui établirent en
1661 Michel .Apaffi , prince Me Tranfylvanie ;
Kemeny fe tourna alors du côté de l'empereur
d'Allemagne, ce qui n’empêcha pas qu'en 1.66,2,
cherchant fon falut dans la fuite , 8c fon cheval
s'étant abattu , il mourut de cette chute. Apaffi
fut maintenu par la paix de 1644 dans fa .principauté
fous la protection des deux empereurs*
En 1687 , les autrichiens & les hongrois s'é-*
tant emparés de tonte la Tranfylvanie, elle re-
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connut en 1689 la fouveraineté de l'empereur, 8c
en même tems la fucceffion à la principauté
fut aflurée dans la maifon d’Apaffi Ce prince
étant mort en 1690, Tekely fit une irruption
dans la Tranfylvanie , d'où il fut bientôt repouffé
, & Apaffi II fuccéda à fon père. La paix de
Carlowitz en 1699 ayant joint à la couronne de
Hongrie la pofleffionde la Tranfylvanie , & François
Ragotzy qui y formoic quelques prérentions
au commencement de ce fîècle ayant été repouffé
a Paaren, la Tranfylvanie fut entièrement réunie
à la Hongrie en 1713 ; Michel Apaffi étoit
mort fans laifler de poftévité. A la fin de 1765,
l'impératrice reine Marie-Thérèfe, érigea la Tran-
fylvanie en grande principauté, vu quelle ne relève
d’aucune couronne, & que fon étendue ,
fa fituation & fes forces la rendent un état con*
fidérable.
S o l t climat , produBions.
Elle eft: environnée par-tout de montagnes, ce
qui lui procure un air tempéré, & dés eaux de
fource & de rivière faltibres ; il ne lui manque
rien de. ce .qui eft néceflaire à la vie. Malgré les
bois & les montagnes, elle a des têkres labourables
d'un très - bon rapport. La chaîne des montagnes
fe prolonge du nord au midi, 8c pafle vers le levant
& le couchant.} elles fe terminent au milieu
du pays, en colline's qui abondent en minéraux*
8c d’autres , plus au midi, font chargées de vignobles
: én quelques cantons expofés ail vent du
nord, le raifîn, ne mûrit pas bien.
Clajfes d'habit ans , population.
Les diverfes peuplades qui habitent la Tranfylvanie
, font, des hmigrois, dont l'origine,
le Caradlère, les moeurs, la langue, & les occupations
paroiffent être le,s mêmes que celles des
autres hongrois. 20. Des fîcules : le. nom de (ze-
kely, qui lignifie gardien ou garde, a été donné
aux pazinacites , cette branche des huns qui, .en
qualité de gardes ou habitans des frontières , ont
occupé Jes monta.gn.es où coule le Maros, & où
l'Aiuta prend fa fource. Ils jouifloient, par leur
antiquité, de divers privilèges qu'ils ont perdu.
30. Les faxons. Il paroît qu'ils s'y établirent
long-rems avant Geyfa, qui, vers l'an 1.141 ou
1143 , fit venir plufieurs familles allemandes auxquelles
il promettoit de grands avantages, 8c plufieurs
franchifes : ces nouveaux venus fe réunirent
vraifemblablement aux autres, & formèrent peu à-
peu des établiflemens. Le roi André IJ confirma à
toute la nation allemande de Tranfylvanie , les
franchifes que Ton grand-père lui avoit accordées,
& il y ajouta celle de ppfleder en propre le dif-
triCfc méridional de la Tranfylvanie, depuis Brofs
jufqu'au Biuzenland , fous'le nam de comté de Hcr-
manjladt ; il leur permit, de plus, d'y lever les
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dîmes pour leur propre clergé , & il les affranchit •
de la jurifdiCfcion des woivodes. Tous ces privilèges
furent confirmés pat le roi Charles I I , en
j 217 & c'eft de lui qu’ils ont reçu le nom de
faxons, qu'ils portent encore aujourd'hui. Ses
fuccefleurs ont auffi coÉfirmés les mêmes privL
lèges.
Outre ces trois peuplades principales , on
compte au nombre des étrangers, j&j les allemands
qui parlent la langue des différentes provinces
de l'Allemagne , & qui elLautre que celle
des faxons î ^0^ des valaques , qui font un refte
des anciennes colonies romaines } auflî fe qualifient
ils de romunins ou rumuny, & leur langue a
beaucoup d’affinité avec la latine , quoique mêlée
d’efclavon. Ils habitent lés montagnes, 8c ne s'occupent
que d'agriculture. Lorfqu'ils ernbrafsèrent
le chriftianifme, ils fe rangèrent du côté de l'églife
grecque depuis que h Tranfylvanie eft fous
la domination de la maifon d'Autriche, les jéfuites
ont toujours cherché à les ramener à l'églife ro
maipe. Leur clergé borne fa fcience à favoir lire 8c
chanter. Si quelqu’un vent fé diftinguer, il fe
rend à Buchareft, dans la Vatachie , s?y forme un
peu aux belles manières, aux cérémonies du culte,
& à bien parler la langue valaque : il revient
d’ailleurs auffi ignorant qu’il étoit parti j le
peuple eft en outre fi peu inftruic, qu’à. peine
fur vingt habitans, en trouve't-on un en état de
réciter l'oraifon dominicale. 30. Des_ arméniens j
qui ont un idiome particulier, & qui s occupent
fur-tout du négoce, de même que, 40. les raf
ciens, 5°. les bulgares, & 6°. les grecs. On y
trouve encore des juifs & des ilgennes, qui ne
diffèrent point de ceux de Hongrie. Les payfa.nst
de Tranfylvanie devinrent ferfs en 1514, à la fuite !
d'une révolte.
Un dénombrement fait en Tranfylvanie en 1785,:
porte la population de cette province, à un million
quatre cents quarante-trois mille trois cents
foixante - quatre âmes: non compris les régi-
mens des frontières.
Régime eccléfafiique.
L’églife catholique eft compofée de hongrois,
de fiduîes & d'un petit nombre de faxons , qui
iouiflent des mêmes droits & libertés quejes catholiques
de Hongrie. Ils ont à leur tête, l’évêque
de Weifleimbourg, fuffragant de l’archeveque de
Colotza. L'églife réformée ne compte parmi fes
membres, que des hongrois & des ficules : elle
eft fous l'infpe&ion d’un furintendant ; & , félon
les çonftitutions du royaume , elle a le fécond
rang. L'églife luthérienne qui eft la plus nombreufe,
& qui peut compter vingt-cinq luthériens contre
un catholique, n’eft compofée que de faxons &
de quelques hongrois. Son clergé eft partagé en
quatorze diocèfes , que reconnoiflent tous les^
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faxons de Tranjylvanie ? 8c qui ont feance 5e voix
dans les fynodes.
Les fociniens ou unitaires formoient le parti
dominant autrefois i mais leur nombre diminue
confidérablement : ils ont un furintendant à leur
tête. Les quatre églifes font autorifées par les loix
du royaume. En 1766 on comptoit quatre-vingt-
treize mille cent trente-cinq catholiques, cent
quarante mille quarante-trois réformés, cent trente
mille trois cents foixante - cinq luthériens , &
vingt-huit mille fix cents quarante fept fociniens}
mais dans ce nombre, on ne comprenoit pas les
catholiques établis à Hermanftadt & Cronftadt,
non plus que les fociniens qui vivent à quelque
diftance de leur églife. L’églife .grecque orientale,
à laquelle les valaques & les grecs font profeflîon
d'appartenir, n'eft protégée que par un privilège
fpécial du prince, & elle fe divife en égfife grecque
réunie au fiége de Rome, & en celle des diffi-
dens.
Les valaques étoient au nombre de cinq cents
quarante-fept mille deux cents quarante-trois en
117.61, non compris tous ceux qui habitent le
Burzland. Les arméniens diffèrent, en partie,
des grecs, par rapport au culte, & ils font en
partie adhérens à l'églife romaine. Il y a dés ana-
i baptilles dans les lieux que défignent ies traités.
Adminifiration , gouvernement , tribunaux.
Le gouvernement de.la Tranfylvanie diffère de
, celui de la Hongrie. Le confêntement mutuel -du
prince & du peuple, requis dans les conventions
, concordats & diplômes ( ad probata concor-
.data & diplomata ) , le rendent monarchico-arif»
tôcratique , & il eft dévola par droit héréditaire ,
aux princes & aux princefîes de la maifon d'Au*
triche, depuis 1721. Ainfi , un prince de Tranfy
lvan ie , auparavant éleélff, réunit aujourd’hui
le pouvoir qu’il a en cette qualité, à celui de roi
de Hongrie, & d’archiduc d'Autriche} cependant
fes droits & la forme du gouvernement ne fon?
pas les mêmes.
E tats.
Les-états de Tranfylvanie fe partagent, d'après
le nombre des nations qui l'habitent, en hongrois ,
ficules 8c faxons, ou bien félon la différence des
religions, en catholiques, réformés , luthériens,
8c ci-devant en unitaires} comme auffi d’après la
divifion ufitée dans la Hongrie, en prélats., magnats
, nobles 8c bourgeois royaux Dans la claflè
des prélats , font les évêque^, abbés , prévôts,
chanoines réguliers. Les magnats font les grands
officiers, les comtes & les barons. Les nobles,
compofés de hongrois & de ficules, jouifîent de
L'indigénat dans toute la Hongrie, avec le droit
d'habiter où il leur plaît, droit que la nobleife