
nés ; favoir , que je pourrois employer les moyens
que vous m’avez mis entre les mains à ma requifi-
tion , à vous garantir des funeftes effets d’une
mauvaife récolte, dans le cas qu’il plût au tout*
pûiflant de nous vifîter de nouveau par ce fléau.
Vraiment, je porte avec moi un coeur plein de
fenfîbilité pour vous j c’tfft ce que j’ ai déjà prouvé
plus d’uile foisj & cette fenfîbilité, je ne la perdrai
jamais.
A préfent il ne tient qu’ à vous d’ y répondre ,
ainfî qu’ il convient , par votre obéiflance, par
votre refpeCt pour les lo ix , & pour mes ordres,
& par votre confiance envers moi : je crois être
en droit de l’attendre & de l’exiger de votre part.
Animés de ces fentimens, retournez à vos demeures.
Soyez - y utiles à vous - mêmes , à moi, au
bien-être de la patrie : mais avant que vous vous
fépariez, je veux vous donner encore en cette
place une nouvelle preuve de ma follicitude pour
vous. Je vous fais remire de la quatrième année
du fubfide que vous m’aviez, accordé. Mes fujets,
fouffrant de la rigueur des tems, ont befoin de ce
foulagement, afin de pouvoir fe refaire en des années
plus favorables j & ce m’eft un plaifir particu*
lier de pouvoir y contribuer d’une maniéré efficace.
La fituation préfente du royaume me fait efpérer
la continuation du repos & de la paix î elle me
promet une longue fuite d’années , pendant lef-
quelles aucune circonftance n’exigera plus votre
convocation. Puis donc que nous nous féparons
pour long-rems, je vous fouhaite les bénédiâ:ions_
les plus précieufes du très-haut, que chacun de
vous embraffe les fiens avec jo ie , 8c je relierai
conftamment pour vous tous enfemble, & pour
chacun de vous en particulier, votre roi très-
affe&ionné.
La fin de ce difcours annonce , qu’on ne verra
pas de fi-tôt une nouvelle diète en Suède fi la guerre
ou le befoin de nouveaux impôts ne la rendent pas
néceflaiie.
S E C T I O N I I I .
J2e la population 3 du nombre des villes de là no-
blejfe & des ordres de chevalerie.
La/ population de la Suède eft connue avec plus
de certitude peut - être que celle d’aucun autre
Etat de l’Europe. C ’eft une fuite du foin particulier
qu’a pris le gouvernement de fe procurer des
regiftres exaéls des mariages , naiflances & morts.
Pout cet effet on a établi à Stockholm en 1749
une commiflion nommée commiflion des tabelles 9
chargée du foin de ces regiftres , 8c qui eft en
correfpondance avec toutes les villes 8c les pa-
roilfes du royaume. Elle diftribue à tous les ma-
giftrats 8c curés, des modèles de regiftres dans
lefquels ils doivent infcrire les mariages, les naif-
fances & les morts de leurs diftriéls , 8c marquer
le nombre des habitans qui s’y trouvent : on
prend des précautions extraordinaires pour qu’il
ne s ’y glifle point d’erreurs.
C e regiftre eft divifé en plufîeurs. tables. La
première eft une table générale des naiflances ,
morts & mariages. La fécondé eft une table des
morts , la troifièmeüne table du nombre des habitans.
Les deux premières font remplies par les
curés, & envoyés annuellement à la commiflion.
La dernière par les curés dans la campagne & par
les magiftrats dans les villes, & on ne les envoie
que tous les trois ans. (1)
On joint à ces deux premières tables le notrïbre
des enfans légitimes 8c illégitimes , le mois où
ils font nés, les doubles ou triples accouchemens,
l’âge des femmes qui accouchent, l’âge de ceux
qui fe marient , le nombre des divorces , le fexe
& l’âge de ceux qui meurent, les caufes de leur
mort accidentelles & naturelles , le mois où ils
font morts ,* les maladies qui ont le plus régne
dans chaque faifon, le nombre total des morts, 8cc.
Ces tables feroient infiniment utiles dans tous les
Etats.
Le célèbre aftronomeWargentin,qui étoit membre
de cette mile commiffon, a publié dans les
mémoires de l'académie des fciences une relation
claire & exaéfce de la manière dont la commiflion
remplit fon objet 8c fe procure toutes les informations
néceflaires , & il a formé en dépouillant
ces regiftres une eftimation du nombre annuel des
morts.
Sur neuf années confécutives il a calculé qu’à
la campagne la proportion des naiflances aux morts
eft comme d’un à trente-cinq , ou fi l’année eft
extrêmement faine à trente fix & même à trente-
fept > & qu’à Stockholm cette proportion eft d’un
à vingt. Il ajoute que pendant le même période
il y a eu deux mille trente-fix hommes , & trois
mille cinq cents quarante femmes au - deflus de
l’âge de quatre-vingt-dix , defquels deux cents
douze hommes 8c trois cents vingt-huit femmes
étoient âgés de cent à cent cinq , trente-un hommes
8c foixante-feize femmes entre cent fix & cent
( 1 ) Ce qai facilite beaucoup le calcul du nombre des-habitans, c ’ eft la capita tion, & le foin auquel les curés font obligés:
de tenir des regiftres exàfts. Il y a environ trente ans qu’on fit en Suède une loi qui ordbutto.it que tous les en fan s ap-
jfciiTent à lire. Ce réglement eft regardé comme faifant partie de la difeipline eedéfiaftique , Ôc les cu ré s ,, en exaniinanr
les enfans de leurs paroitTYs, font une grande attention à ce qu’i l foie obfetYc.
dix ans, vingt-deux hommes 8c dix-neuf femmes
entre cent onze 8c cent vingt ans , un homme
âgé de cent vingt-deux ans 8c une femme de
cent vingt-fept. A la fuite eft une table des mariages
, naiflances 8c morts depuis 17^5 jufques
en 1763.
Dans l’état de Suède par Cantzler ( ouvrage
excellent par l’exaéritude & le favoir qui y régnent)
on trouve qu’en 1760 la population de la Suède
fe montoit à deux millions trois cens quatre-vingt-
trois mille cent treize habitans ; que fur ce nombre
ij y en avoit cent foixante mille huit cents quatre-
vingt-huit demeurant dans les villes, outre la no-
bleflfe & le clergé, 8c deux millions deux cens vingt
mille deux cents vingt-cinq demeurant dans les
campagnes , Ja noblefle 8c le clergé compris, &
qu’on pouvoit eftimer -} fans beaucoup fe tromper,
que le nombre total des habitans pouvoit être
divifé comme il fuit : dix mille fix cents quarante-
cinq perfonnes nobles j dix - huit mille cent
quatre-vingt-dix-fept eccléfiaftiques avec leurs familles,
les étudians compris j cent, foixante-deux
mille huit cents quatre-vingt-huit habitans des
villes 8c leurs familles j deux millions cent quatre-
vingt-onze mille trois cents quatre-vingt-trois habitans
de la campagne, y compris ceux qui travaillent
aux mines, &c.
Un journal allemand vient d’imprimer que la
dernière diète de Suède , en 1786 , ayant voulu
racheter du roi le droit de brafler des eaux-de-vie»
droit qui peut s’élever par an à un revenu de cinq
cents mille rixdalers de Suède , ( trois millions de
livres de France. ) afin de déterminer l ’équivalent
que l’on pourroit offrir au roi, fi fa majefte
permettoit à chaque père de famille de brafler des
eaux-de-vie, on fit le dénombrement des mâles
dans le royaume ; qu’on compta huit mille fix cens
trente-huit nobles , 8c vingt-fept mille deux cents
foixante - trois perfonnes à leur fervice ; douze
mille cinq cents cinquante-huit eccléfiaftiques, 8c
quinze mille neuf cents quatre-vingt perfonnes à
leur fervice j foixante-trois mille cent vingt-trois
hommes riches , 8c [quarante - un mille huit
cents neuf perfonnes à leur fervice y 8c un million
fept mille trente-fept payfans, y compris leurs
domeftiques , ce qui donne un total de un million
trois cents vingt-deux mille deux cents un hommes
j qu’en ajoutant à ce nombre celui des femmes
& des enfans , le royaume de Suède pour contenir
une population d’environ deux millions huit cents
cinquante mille âmes. C e calcul eft ainfî peu
différent de celui de M. Coxe , 8c il y a lieu de
croire à fon exactitude.
M. Coxe a ajouté à fa Ijfte celle des morts &
des naiflances & du nombre des habitans que lui
a donné M. Wargentin lui même.
Lifte des naijjances & des morts dans tout le royaume.
N 'A I S S A N C E S. M o r t s .
Années. Mâles. Femelles. Total. Mâles. Femelles. Total.
1749 38,647 37.639 76,286 29,869 31,30* 61,171
I75° 41,698 40.241 81,940 18,887 19,938 58,845
1731 44.771 .43,370 88,141 18,131 29,146 37,377
1731 42.91 5 4',433 84,368 30,392 30,273 68,867
I774 47,081
O OO
91,461 37,966 17,149 57,H 5
1773 47,49* 46,030 9M * * 32,234 33,158 65,411
1776 46,180 44,385 90,863 3 i ,98i 32,457 64,419
1777 47, 1*1 43,334 92,436 33,227 35,830 7 ’ ,957
Nombre des habitans en Suède.
I 7 Î *
En 1776
1781
Mâles.
1,184,987
Environ.
Femelles.
1,170,017
1,386,961
Total.
2,213,639
2.671,9+9
2,767,000