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rpouyoit fubfifter. Cependant on n'accufe point
la faifon, encore moins l'ignorance de celui qui
.n'en fait point modérer les effets. Le préjugé
déclare la terre ufée , ruinée. On ne la travaille
plus qu'à regret, & mal par conféquent. On
l ’abandonne. Elle n'attendoit qu'une culture convenable
pour enrichir le propriétaire qui la néglige.
=»
«Quelquesdegrés de friabilité,de moins donnent
ce qu'on appelle une terre forte qui exige une plus
grande quantité de labours, & des labours plus pénibles
: mais une fois préparée , ameublie, humectée,
la terre forte confervebeaucoup plus long-tems
fon humidité, véhicule néceflaire des fels j foit qu’ils:
y foient continuellement portés & fucceflivement
remplacés par l'eau des pluies ou des arrofe-
mens. »
« A quoi fert donc le fumier, dira-1-on ? A
foulever plus aifément, plus généralement la terre
par la fermentation qu'il y excite , & à la tenir
plus long-tems foulevée , ameublie , foit par fes
parties a&ives qui ne peuvent fe développer que
par degrés dans les terres compares , comme
celles de la fécondé efpèce qu'on divife en l'échauffant
; foit par fes parties onétueufes q u i,
en engraiflant la terre de la première efpèce , y
retiennent plus long-tems l'humidité que fa trop
grande porofité & l'incohérence de fes grains laif-
feroient bientôt échapper. »
» Ainfî le fumier, employé à propos & fui-
vant fa qualité , fupplée en partie aux labours.
Les labours peuvent-ils fuppléer au fumier ? Je ne
le crois pas pour les terres légères. Heureufe-
ment il leur en faut peu. Je le crois pour les
terres fortes , & il leur en faudroit beaucoup.
Mais rien ne peut fuppléer à la pluie qui en Amérique
, lorfqu’elle eft abondante , rend toutes les
terres à-peu-près égales. Quelques fruits hâtés parla
faifon pourriffent dans les excellentes : mais
prefque tous acquièrent leur perfection dans
les terres les plus communes- En Amérique,
point d'année pluvieufe qui ne foit fertile. Dans
une année fèche, le revenu diminue quelquefois
de la moitié. »
« L ’unique objet qui mérite l’attention des ha-
bitans de Saint-Vincent, comme de tout poflef-
feur d’une terre légère, dans quelque zone qu'elle,
puiffe être fituée , doit donc être de l’arrêter fur
leurs mornes, d’y préférer la culture des plantes
qui la couvrent le plutôt, & qui la laifîent le moins
expofée au choc immédiat des fortes pluies qui
l ’affaifïent de plus en plus quand ellen’eft pas labourée
, & l’entraînent quand elle eft ameublie j de
chercher fur-tout le fyftême de culture qui, fans
trop contrarier la plante >lui donne le degré d'ac-
croiflement néceflaire pour garantir le fol au moment
du plus grand befoin , dans cette faifon où
des averfes plus fréquentes ne manqueroient pas
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à la longue de le dépouiller jufqu'au tuf. Pendant
qu'il fera couvert d'une terre quelconque ,
ne redoutons point fa ftérilité. Le fol qui fuffit
une fois i la nourriture d’une plante , remis par
les foins du cultivateur à fon premier état, y fuf-
fira jufqu'à la confommation des liècles. »
Il feroit aifé de répondre à chacune de ces remarques
; mais ce n'eft pas ici le lieu de difeuter
une pareille queftion.
V IN G T IÈM E . w Ê t le Dictionnaire des Finances.
VIRG IN IE , l’un des treize Etats-Unis de
l'Amérique. A l ’époque delà révolution , la Virginie
étoit bornée à l'eft par la mer Atlantique,
au nord par une ligne de latitude qui traverfe la
côte orientale de la Baie deChefapeak, fe prolonge
le long de la Patowmack , jufqu’à la fource
la plus haute de fa branche feptentrionale , & delà
jufqu'à l'Ohio. Ses bornes à l'oueft étoiênt
cette même rivière de l'Ohio & le Mifliflipi
jufqu'à la latitude de trente-fix degrés trois minutes
nord j enfin elle etoit bornée au fud par la ligne
de cette même latitude. Mais le traité de paix
avec l'Angleterre ayant reculé beaucoup la ligne
du derrière de la Virginie , & l’aflemblée générale
de cet état ayant cédé au congrès en 1783
tout le territoire fitué au-delà de l'Ohio , & en
1785 tout le territoire de Kentucki qui eft en-deçà ,
les bornes de cette république fe trouvent aujourd'hui
changées ; plufieurs des obfervations &
des calculs qu'on trouvera dans cet article , fup-
poferont cependant qu’on ne les a pas changés.
L'article Et a t s -U nis contient un précis de
l ’hiftoire politique des Etats - Unis jufqu'à Tépo*-
que de la révolution. Nous y avons indiqué
les caufes de la révolution. On y trouve l'a&e
d'indépendance , des remarques générales fur les
conftitutions des treize nouvelles républiques}
l'aCte de confédération, dés remarques fur cet
aCle, & fur les nouveaux pouvoirs qu’il eft à
propos d'accorder au congrès : nous y avons
traité de la dette & des finances des Etats-Unis,
de l’état où fe trouvent aujourd'hui les républiques
américaines , des abus qu'elles doivent éviter
dans la rédaction de leurs codes, de Taflb-
ciation des Cincinnati & des dangers de cette inf-
titution j de la population générale des Etats-
Unis , du commerce, de la marine & de l'armée ,
des nouveaux états qui fe formeront dans le
territoire de l'oueft j des traités qu'ont formé les
américains avec quelques puiflances de l'Europe.
Enfin nous avons terminé ce morceau par des
obfervations politiques & des détails fur les fau-
vages qui fe trouvent dans le voifinage ou dans
l’enceinte des Etats-Unis.
Nous avons fait d'ailleurs aux articles H am p s -
hire (New') , M a s sa ch u se t t , Rhode - Isy
1 r
LÀND , CoNNEfcTÏCUT , YoRCtf (N ew ) , JeR-
.$ey (N ew ) , P en s y l v a n ie , D e l a w a r è ,
M a r y l a n d , C a r o l in e se p ten triona le ,
C a r o l in e m ér id io n a le & G éorgie , une
foule de remarques applicables à la Virginie.
Et nous donnerons ici i ° . un précis de l'hif-
toire politigue de la colonie, aujourd'hui état (
de Virginie. i Q. Nous rapporterons la conftitu-
tion de cette république. 30. Nous ferons des
remarques fur cette conftitution , & nous imprimerons
la conftitution nouvelle propofée par
M. Jefferfon , fur laquelle nous ferons aufli des
remarques. 40. Nous parlerons de la population
des nègres , des comtés , des v illes, des fauva-
ges qui fe trouvent encore dans la Virginie, des
milices, de la marine. 50. Nous expoferons l’état
de la colonie de Virginie au moment de la révolution
: nous traiterons de fon commerce aCtuel,
de fes productions, de fes mines, de fes reflources,
de fon étèndue , & de fa navigation, des poids,
des mefures & des monnoies. 60. De fes revenus
, de fes dépenfes & de fes'dettes. 7°. Des
tribunaux, des collèges, desloix , du code c iv il,
du code pénal & du régime eccléfi^ftique.
8°. Nous ferons des remarques fur la conduite
de la Virginie pendant la guerre & depuis la paix j
des reproches que lui fait l’adminiftration britannique.
90. Nous ferons des remarques générales
fur cette république, & à la fin de l'article nous
donnerons la nouvelle conftitution fédérative propofée
aux républiques américaines.
S E C T I O N P R E M I E R E .
Précis de l'hifioire politique de la colonie , aujour-
dlkui état de Virginie.
L'Angleterre donna, il y a deux fiècles, le nom
de Virginie à tout le pays qu'elle fe propofoit
d'occuper dans le continent de l'Amérique feptentrionale.
C e nom ne défigne plus que l'efpace
borné fur la côte de la mer par le Maryland
& par la Caroline.
C e fut en 1606 que les anglois abordèrent à I
cette plage fauvage. James-Town fut leur premier
établiflement. Un malheureux hafard leur
offrit au voifinage un ruifleau d’eau douce qui,
fortant d’un petit banc de fable, en entraînoit
du talc qu'on voyoit briller au fond d'une eau
courante & limpide. Dans un fiècle qui ne fou-
piroit qu’après les mines , on prit pour de l’argent
cette pouflière méprifable. Le premier , Tunique
foin des nouveaux colons fut d'en ramafîer.
L'illufion fut fi complette , que deux navires
étant venus porter des fecours, on les renvoya
chargés^ de ces richefles imaginaires. A peine
y reftoit - il un peu de place pour quelques
fourrures. Tant que dura ce rêve , les colons dé- 1
daignèrent de défricher les terres. Une famine L
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cruelle fut la punition d'un fi fol orgueil. De
cinq cents hommes envoyés d’Europe, il n'en
échappa que foixante à ce fléau terrible. C e refte
malheureux alloit s’embarquer pour Terre-Neuve,
n'ayant des vivres que pour quinze jours , Iorf-
que Delaware fe préfenta avec trois vaifleaux,
une nouvelle peuplade , & des provifions de toute-
efpèce.
L ’hiftoire peint ce lord comme un génie élevé
au-deflus des préjugés de fon tems. Son définté-
reflement égaloit fes lumières. En acceptant le
gouvernement d'une colonie qui étoit encore au
berceau , il ne s'étoit propofé que cette fatisfàc-
tion intérieure que trouve un honnête homme à
fuivre le penchant qu’il a pour la vertu ; que
Teftime de la poftérité, fécondé récompenfe de
la générofité, qui fe dévoue & s'immole au bien
public. Dès qu'il parut, ce caractère lui donna
l’empire des coeurs. 11 retint des hommes déterminés
à fuir un fol dévorant j il les confola dans
leurs peines 5 il leur en fit efpérer la fin prochaine}
& /oignant à la tendrefîe d’un père toute la fermeté
d’un magiftrat, il dirigea leurs travaux vers
un but utile. Pour le .malheur de la peuplade re-
naiflante, le dépériflement de fa fante obligea
Delaware à retourner dans fa patrie : mais il n'y
perdit jamais de vue fes colons chéris 5 & t )ut ce
qu'il avoit de crédit à la cour , il l ’employa toujours
à leur avantage.
Cependant la colonie ne faifoit que peu de progrès.
On attribuoit cette langueur à la tyrannie
inséparable des privilèges exclufîfs. La compagnie
qui les exerçoit fut proferite à Tavènement de
Charles premier au trône. Avant cette époque,
l'autorité étoit toute entière dans les mains du
monopole. Alors la Virginie reçut le gouvernement
anglois. La couronne ne lui fit a*cheter ce
grand avantage que par une redevance annuelle
de deux livres cinq fols pour chaque centaine
d'acres qu'on cultiveroit.
Jufqu'à ce moment les colons, ; n'avoient pas
connu de véritable propriété. Chacun y erroit
au hafard, ou fe fixoit dans l’endroit qui lui
plaifoit, fans titres ni convention. Enfin des
bornes furent pofées 5 & des vagabonds devenus
citoyens, reçurent des limitesidans leurs plantations.
Cette première loi de la fociété fit tout
changer de face. Les défrichemens fe multiplièrent
de tous les côtés. Cette activité fit accourir
à la Virginie une foule d'hommes courageux
, qui vinrent, y chercher, ou la fortune,
ou ce qui en dédommage , la liberté. Les troubles
mémorables qui changèrent la conftitution
angloife , augmentèrent encore ce concours d'une
foule de monarchiftes, qui allèrent attendre auprès
de Guillaume Berkley , gouverneur de la
colonie , & dévoué comme eux au roi Charles,
la décifiôn du deftin fur ce prince abandonné*
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