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La Saxe eft en général une des meilleures contrées
de toute l'Allemagne.
On y nourrit beaucoup de bétail & de chevaux :
cet article fait la richelfe de plufieurs diltriCts.
Les mines font de la plus grande importance
dans la Mifnie : elles procurent la fubfiftance à la
plupart des habitans de cette province. Les ufa-
ges reçus parmi les ouvriers des mines de la
Bohème , 8c les termes de métier dont ils fe fervent
, ont tous été adoptés par ceux de la Mifnie :
il y a lieu de croire que ce fut des Bohémiens
que les Venedes apprirent la manière d'exploiter
les mines, 8c d'en tirer partie. La terre propre à
faire de la porcelaine y eft excellente * de même
que là cimolie 8c la terre figillée que Ton y trouve
de côté 8c d’autre.
M . Bernouilly , dans le journal qu'il publie
à Berlin, a évalué le produit des mines de là
Saxe électorale à un million cinq cents mille rix-
dalers par an. Ces mines ont rendu depuis 1770
jufqu'en 1783 pour trois millions deux cents mille
rixdallers en argent.
Un fécond auteur évalue le bénéfice annuel que
la cour fait fur les mines à quatre cents mille florins
, 8c cette fomme, dit-il, n'eft que le cinquième
du bénéfice net : nous donnerons a la
fin de là feCtion fixième un troifième calcul fur les
mines, qui paroît rédigé fur des données plus
exaCtes, mais auquel on ne doit peut-être pas
ajouter plus de foi.
La Saxe offre un grand nombre de fabriques
& de manufactures : la laine du pays eft bonne,
& les draps en font recherchés. On y file 8c on
y blanchit une quantité confidérable de f i l } on
y fait aufli des toiles de toutes efpèces , du coutil
, des toiles cirées, des dentelles fines, des
rubans ,*du galon 8c du papier. La porcelaine
qui fe fabrique à Meiffen a de la réputation en
Europe, 8c elle eft connue dans toutes les parties
du monde. Il en fort aufli de beaux verres, de belles
glaces 8c plufieurs ouvrages de pierre ferpentine.
Nous avons déjà parlé de la cimolie, du ko-
balt 8c des autres terres d'où l'on tire des couleurs
j les fabriques en confomment beaucoup.
On y travaille le fer , ( on l'y convertit principalement
en tôle & en fers-blancs ) le cuivre
jaune , l’acier , Sc le tombac. On y trouve des
fabriques en or 8c en argent; on y fait des mouchoirs
, des cannevas, des môuffelines, des pannes
, des velours 8c beaucoup d'autres marchandifes
, ou l’on emploie le coton , la laine ou
la foie ; on y fait des tapifleries recherchées. Le
produit de tant de manufactures 8c de fabriques,
joint aux productions naturelles du pays ali-
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mente le commerce confidérable qu'entretient
la Saxe avec les peuples, étrangers. Leipfic eft
la . ville la plus commerçante de l'éleCtorat, &
c'elt une des principales de l'Allemagne.
L'Elbe eft le premier des fleuves qui traverfent
la Saxe ; le commerce en tire de grands avantages.
Les états qui Semblent les moins propres a»
commercé des États-Unis ont formé des' pians
fur cet objet depuis la révolution.
La cour de Drefde , par exemple, s'eft occupé
dernièrement du projet d’établir un commerce
direCt avec les républiques du nouveau-monde -,
qu'elle devoit confier à une compagnie. Voici
le plan qui lui a été préfenté par un négociant
de Leipfic.
1 11 fera fait un fonds de deux cents cinquante
mille rixdallers , lequel proviendra de cinq cents
àCtions à cinq cents rixdalers chacune. 2.0. Ceux
qui prendront une ou plufieurs aCtions ne payeront
d'abord que la troifième partie de la fomme
totale des aCtions. Deux négociants de Leipfic
feront chargés de l’achat & de l’expédition des
marchandifes. 4°. Ils achèteront de la première
mife des actionnaires , qui fait une fomme de
quatre-vingt-trois mille trois cents trente - trois
rixdalers, des productions 8c des marchandifes
de Saxe convenables à l'Amérique feptentrio-
nale, 8c ils en chargeront un bâtiment, fur lequel
fe trouvera un fuprecargue expérimenté.
5°. Lorfque le bâtiment fera arrivé à fa deftina-
t io n , fa cargaifonifera vendue ou échangée , &
le bâtiment rapportera en retour des productions
& marchandifes de l'Amérique feptentrionale.
6°. La première expédition d'un bâtiment étant
faite, on fera rentrer le fécond tiers des aCtions
8c on expédiera de nouveau un bâtiment avec des
marchandifes de Saxe. 70. Si au retour du premier.
bâtiment la vente des marchandifes Américaines
n'elt pas profitable pour la compagnie,
la troifième expédition n’aura pas lieu , & la
compagnie ceflera. 8P. La cour enverra un
réfident à Philadelphie , "qui fera chargé de
veiller aux intérêts' de la compagnie. Nous
ignorons fi cette compagnie s'eft formée. Mais
fi elle s'eft formée , elle ne doit pas avoir eu du
fuccès ; d'abord les g Américains font encore
dans la détreffe du côté, du numéraire , 8c les
maux fans nombre que leur a fait la guerre,
ne font pas encore réparés ; ils ne peuvent aujourd'hui
que donner en échange des productions
brutes dont la valeur eft trop peu confidérable »
un peuple méditerranéen qui n'a point de navigation
, doit laiffer le commerce des Etats-
Unis aux nations qui ont un grand commerce
maritime. M W H E tT SECTION
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S E C T I O N V.
Des tribunaux & de tadmini/lration de l ’cleSlorat
de Saxe.
Le cabinet fecret eft chargé des affaires de l’Etat
, 8c dirige trois départemens ; ces départe-
mens font : celui des affaires intérieures , celui
de la guerre 8c celui des affaires étrangères. Le
confeil privé connoît des affaires civiles & ecclé-
fiaftiques : il a aufli la direction de tous les autres
collèges, civils 8c militaires. Ceux qui le
compofent font nommés confeillers prives , référendaires
, fecrétaires, régiftrateurs 8c employés
à la chancellerie. Le confeil privé de la guerre
règle les affaires qui y ont rapport , 8c il donne
des ordres aux commiftaires-généraux de la guerre,
aux commiflfaires des vivres & autres de cette
nature. Le collège de la chambre adminiftre la
partie domaniale 8c économique ; il a aufli I'inf-
peCtion des revenus qui proviennent des chaffes
6c des radeaux , des cens 8c rentes 3 8c du tre-
for de l’épargne. Le bureau , nommé infpeCtion
des flottages ou radeaux , pourvoit aux flottages
qui fe font dans toute l’ étendue de l’éleCtorat.
La régence provinciale connoît des affaires féodales
, de celles de juftice 8c de police. Les nobles
immédiats y plaident en première inftance,
8c c'eft à ce fiège que reftortiffent les appels
interjettés des jugemens rendus dans les juftices
fupérieures de Leipfic 8c de Wittenberg, ceux
qui émanent des confiftoires , 8c ceux qui ont
été rendus dans les évêchés de Wutzen , de
Merfebourg 8c de Zeitz. On y appelle aufli des
régences princières de Schwarzbourg , de Son-
dershaufen 8c de Frankenhaufen , de même que
des chancelleries des comtés , 8c de tous les autres
fièges de juftice inférieure en général. Cette
régence eft corapofée d’un chancelier, d’ un vice-
chancelier 8c de confeillers âuliques 8c ordinaires
de juftice. La chambre des appellations prononce
dans les affaires que la régence provinciale
a déjà examinées par appel des fièges de
juftiçe inférieurs : on y porte encore les actions
intentées contre les nobles immédiats , de même
que les matières féodales en cas de conteftations.
Cette chambre a un préfîdent, un vice - préfi-
d en t, des confeillers , 8cc. Le collège fupérieur •
des fubfides eft dirigé par un directeur, 8c par
des receveurs-généraux de l'éleéteur 8c des états.
De ce collège dépendent le bureau fupérieur de
recette des fubfides , les bureaux principaux de
recette du droit de cambage 8c de forage , les
bureaux établis pour la colleCte des deniers def-
tinés à l'entretien des troupes , ceux des fubfides
ordinaires 8c extraordinaires , lès taxateurs
des rôles de la capitation 8c de l'induftrie, les
archives des fubfides , la factorerie du, papier
timbré , les bureaux de recette des fubfides de
QEcon, polit. & diplomatique, Tom, IK .
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chaque cercle, ainfi que celui de l'évêché de
W u rzen , 8cc. Le collège général des accifes a
un directeur , des confeillers, une chancellerie ,
des archives particulières 8c une caifle principale.
La chambre fupérieure des comptes a
un directeur 8c des confeillers tirés du confeil
de la chambre , de la régence des états électoraux
, du collège des fubfides 8c de celui des
accifes : il y a en outre des fecrétaires , des
examinateurs 8c d’autres officiers. On trouve a
Drefde un confiftoire fuprême & une chambre
de juftice eccléfiaftique. La chambre de juftice
des mines étend fa jurifdiCtion fur tout ce qui
a rapport aux mines 8c minières, qui fe trouvent
dans les états de la Saxe. Le bureau fupe-
rieur eft placé à Freyberg; 8c il y a des tribu-
| naux particuliers des mines 8c minières à Alten-
berg , Annaberg , Berggieshubel , Glashutte ,
Ehrenfriederfdorf, Eybenltock, F rey berg, Geyer,
Johann-Georgenftadt, Marienberg, Schneeberg ,
Scheibenberg, Oberwiefenthal, Schwarzenberg ,
Voigtsberg, 8c dans le cercle de Neuftadt. Le
tribunal fupérieur des rmne* > celui des mon-
noies, les atteliers pour la réparation des métaux
à Grunthal, 8c la manufacture de couleur
bleue à Oberfchlemma près de Schneeberg dépendent
pareillement de cette chambre. Le^ bur
reau fupérieur des poftes eft à Leipfic-, ou eft
aufli la juftice fupérieure de la cour. Il y a un
tribunal de la cour à Wittenberg , 8c une intendance
à Eifleben.
» La Saxe, dit M. le marquis d’ Argenfon , eft
peut-être le pays du monde le mieux gouverné
par des états , 8c c'eft-Jà où l’on trouvera verir
tablement un plus heureux mélange de monarchie
8c de démocratie. Les finances des fouve-
rains font en ordre 8c au large ; tout y eft bien
réglé ; elles ont la réputation 8c le crédit né-
ceffaires : le roi Augufte 11, tiroit de fes peuples
des fommes immenfes qu’il dépenfoit comme
il vouloir à fes plaifirs ou à fa politique ;
rien n’épuifoit fon épargne, 8c l’abondance aug-
mentoit toujours dans la Saxe. »
L’empereur tire de fes pays héréditaires plus
que les autres princes 8c électeurs de l'Empire
ne tirent des leurs , car les befoins 8c les def-
feins de l'Empire y font plus importans aux peuples.
Cependant l’affbiblififernent après de grandes
guerres n’y a pas été fi fenfible qu’en France
8c en Êfpagne. C ’eft que les peuples s’y gouvernent
eux - mêmes , leurs intérêts font ménagés
par d’autres fuffrages que par les horribles lumières
de nos traitans : les peuples tirent des
conjonctures le moins mauvais parti qu'ils peuvent.
Ils choififlent les genres d'impofitions les
moins fâcheux pour la campagne, ils les lèvent
eux-mêmes avec le moins de frais 8c de vexations.
»
Z