
Frifoita , le château de Schnappen , les cantons !
d’Embfland & de Hummelinger land , les château
, ville & baillage de Bevergern, &c. qui tous,
à l1 exception de Lingen, ont pafle à l’évêché de
Munfter ( Voyez Munster ). La généalogie des
anciens comtes de Tecklenbourg commence à Cob-
bon qui vivoit au neuvième fiècle, & dont Cranz
fait fouvent mention. Le comté de Tecklenbourg
& celui de Bernheim furent unis par le mariage
d’Anne , fille unique & héritière de Conrad de
Tecklenbourg ; les foeurs de Conrad formèrent des
prétentions fur ces domaines, Anne fur - tout
époufe du comte Philippe de Solms , dont le fils
Conrad intenta en 1577 un procès au comte de
Bentheim. La chambre impériale le décida par arrêt
de 1686, qui, faifant droit fur la demande, adjugea
à la maifon de Solms-Braunfels le s { du comté de
Tecklenbourg & de la feigneurie deRheda, dont elle
prit pofleffion réelle dès 1698 , & en outre
tous les fruits perçus depuis l’ouverture de
l ’aéHon. C e dernier article fut l’objet d’une convention
intervenue en 1699 à Lengerich, entre les
deux parties Jean-Adolphe de Bentheim & Guillaume
Maurice de Solms , qui convinrent qu’en
compenfation des revenus adjugés , ce dernier
auroit tout le château & trois quarts du comté de
Tecklenbourg avec un quart du châreau & feigneurie
de Rheda & que le^premier ne garderoit que
le quart du comté d^.Tecklenbourg & les trois quarts
du château & feigneurie de Rheda : ce qui fut
confirmé la même année à Braunfels , & ratifié
par l’empereur. Mais Jean Augufte , à qui le
grand âge du comte Jean-Adolphe, dont il étoit
Je fils unique , avoir fait remettre fes domaines
depuis 1700 , étant mort l’année fui vante , fon
oncle Frédéric-Maurice de Bentheim-Hohen-Lim-
burg lui fuccéda ; & comme il n’avoit point eu
-de part à la tranfaélion fur le partage'de Tecklenbourg
& Rheda x il recommença le procès devant
le confeil aulique de l’empire : ce qui détermina
la maifon de Solms-Braunfels à vendre en 1707
fes droits au roi de Prufle , qui a enfin terminé la
querelle en s’emparant de tout le conjté. Les
françois l’occupèrent en 1757.
Prérogatives,
Le roi dePruffe, comme comte de Tecklenlourg3
-a voix & féance au collège des comtes de la
Weftphalie & aux diètes du cercle. Sa taxe eft
pour un mois romain de trois cavaliers & dix
fantaflans, ou de foixan-te-feize florins, & de quarante
rixdales cinquante-deux & un quart kr. par
terme pour l’entretien ae la chambre impériale.
AdminiJlratioJts , revenus.
C e comté & celui de Lingen ont une régence
commune, fixée à Lingen , & refTortiffante à la
chambre des guerres & domaines, établie à Min-
den. il y a d’ailleurs un préfidial à Tecklenbourg.
Les revenus des biens domainaux du pays font
eftinaés annuellement à vingt-quatre mille rixdales.
Quant au produit des tailles , accifes & autres
impofitions , 00 le trouve compris dans le total
des rentes de la principauté de Minden. Voye%
les articles Lingen & Prusse.
T E R R E -N E U V E , ifle de l'Amérique fepten-
trionaie.
L ’ifle de Terre-Neuve eft fituée entre les quarante-
fix & cinquante-deux degrés de latitude nord :
elle n’eft féparée de la côte de Labrador que par
un canal de médiocre largeur, connue fous le
nom de détroit de Belleifle. Sa forme triangulaire
-renferme un peu plus de trois cens lieues de circonférence.
Le peu qu’on connoît de fo;i intérieur
eft rempli de rochers efearpés, de montagnes couronnées
de mauvais bois., de vallées étroites & fa-
bloneufes. Ces lieux inacceflîbles font remplis de
bêtes fauves qui s’y multiplient d’autant plus aifé-
menr, qu’on ne fauroit les y pourfuivre. Jamais on
n’y a vu d’autres fauvages que quelques eskimaux
venus du continent dans la faifon des chafles. La
côte eft par-tout remplie d’anfes , de rades & de
ports j quelquefois couverte de moufle , mais
plus communément de petits cailloux qui femblent
deftinés à fécher le poiffon qu’on prend aux
alentours. On a éprouvé des chaleurs fort vives
dans tous les endroits découverts, où des pierres
plattes réfléchirent les rayons du foleil 5 le refte
du pays eft exceffivement froid , moins par fa pofi-
tion que par les hauteurs , les forêts & les vents,
fur-tout par ces monftrueufes glaces q ui, venues
des mers du nord, fe trouvent arrêtées fur fes rivages
& y fejournent. Les quartiers fitués au nord
& à l’oueft jouiifent conftamment du ciel le plus
purs ü eft beaucoup moins ferein a l’eft & au fud,
trop voifîns du grand banc , où il règne un brouillard
perpétuel.
La découverte de Terre-Neuve fut faîte en 1497,
par le vénitien Jean Cabot. C e t évènement n’eut
aucune fuite. Au retour de ce grand navigateur,
l’Angleterre étoit trop occupée de fes démêlés
avec FEcoffe, pour penfer férieufement à des intérêts
fi éloignés.
Trente ans après, Henri VIII envoya deux
vaifiTeaux pour étudier Fille, qu’on n’avoit fait
d’abord qu’appercevoir. L’ un des bâtimens périt
fur ces côtes fauvages, & l’autre regagna l’Europe
fans avoir acquisse lumières.
Un nouveau voyage, entrepris en 15 3 6 , fut
plus utile. Les aventuriers qui l’avoient tenté avec
le fecours du gouvernement, apprirent à leur patrie
qu’on pourroit pêcher à Terre - Neuve une
grande abondance de morue. Cette inftruétion ne
fut pas tout - à - fait perdue. Bientôt après , de
petits bâtimens partis d’Angleterre au printenas ,
y révenoient dans l’automne avec des cargaifons
entières de poiffon féché ou falé*
Dans les premiers tems , le terrein néceffaire
pour préparer la morue appartenoit au premier qui
s’ en emparoit. C e t ufage étoit une femence de
difeordes. Le chevalier Hampshrée, qu’Elifàbeth
-envoya en 1582 dans ces parages avec cinq navires
, fut autorifé à alfurer à perpétuité à chaque
pêcheur la partie de la côte qu'il auroit choifie.
C e nouvel ordre de chofes multiplia tellement
les expéditions pour Terre-Neuve, qu’ on y vit en
161 $ deux cens cinquante navires anglois, dont
la réunion pouvoit former quinze mille tonneaux.
Tous ces bâtimens étoient partis d’Europe. C e ne
fut que quelques années après, qu’ il s’y éleva des
habitations fixes. Peu-à-peu elles occupèrent ,
fur la côte orientale ,_ l’efpace qui s’étend depuis
la Conception jufqu’au cap de Rafe. Les pêcheurs,
placés à quelque diftance les uns des autres par la
nature du fol & de leurs occupations, pratiquèrent
entr’eux des communications faciles par des chemins
coupés dans les bois. Leur point de réunion
étoit à Saint-Jean. C ’eft-là que , dans un excellent
port, ouvert entre deux montagnes très-rap-
prochées , ils trouvoient des armateurs venus de
la métropole, q u i, en échange des produits de la
pêche, fourniffoient à tous leurs befoins.
Les françois n’avoient pas attendu ces progrès
du commercé anglois , pour tourner leurs regards
vers Terre-Neuve. Us prétendent même avoir fréquenté
les côtes de cette ifle dès le cômmence-
ment du feizième fiècle. Cette époque peut être
trop reculée} mais il eft certain qu’elle eft antérieure
à l’année 1634, tems auquel ils obtinrent,
félon leurs rivaux, de Charles I , la liberté de
pêcher dans ces parages, en lui payant un droit
de cinq pour c en t, & bientôt après l’exemption
de ce tribut, également onéreux & humiliant.
Quoi qu’ il en foit de cette particularité, dont
aucun monument n’ a conftaté la certitude , il eft
démontré que, vers le milieu du dix - feptième
fiècle , Terre - Neuve recevoit annuellement les
françois. Us ne s’occupaient pas , à la vérité, de
la côte occidentale de Fille r quoique formant en
partie le golfe Saint-Laurent, elle futeenfée leur \
appartenir: mais ils fréquentoient en affez grand;
nombre la feptentrionale, qu’ils avoient appellée le
Petit-Nord. Quelques-uns s’étoient même fixés
fur la méridionale, où ils avoient formé une efpèce
de bourgade dans la baie de Plaifanee , qui réunifient
toutes les commodités qu’on pouvoit délirer
pour une pêche heureufe.
Entre tous les établififemens dont les Européens
ont couvert le Nouveau-Monde, il ne s’ fen trouve
point de la nature de celui de Terre - Neuve. Les
autres ont généralement fervi de tombeau aux premiers
colons qu’ ils ont reçus, & à un grand nombre
de ceux qui les ont luivis : lui feul n’a pas dévoré
un feul homme j il a même rendu dos forces
à plufieurs de ceux que des climats moins fai is
avoient épuifés. Les autres ont été un théâtre à
jamais odiieux d’injuftices , d’opprefiion , de carnage
: lu feul n’a point offenfé l’humanité , n’a
blefie les droits d'aucun peuple. Les autres n’ont
donné des productions qu’en recevant en échange
des valeurs égales : lui feul a tiré du fein des eaux
une richefle formée par la nature feule , & qui
fert d’aliment à diverfes contrées de l’un & F autre
hémifphère.
Combien il fe pafla de tems avant qu’on fît ce
paralele 1 Qu’é to i t - c e , aux yeux des peuples,
que du poiflon en comparai fon de l’argent qu’on
alloit chercher dans le Nouveau-Monde ? C e n’eft
que tard qu’on a compris, fi même on le comprend
bien encore, que la repréfentation de la
chofe ne vaut pas mieux que la chofe même, &
qu’un navire rempli de morue & un galion, font
des bâtimens également chargés d’or. II y a même
cette différence remarquable, que les mines s’épui-
fent, & que les pêcheries ne s’épuifent pas. L’or
ne fe reproduit pas , & l’ animal ne cefle de fe
reproduire.
La richeflfe des pêcheries de Terre-Neuve avoît
fi peu frappé la cour de Verfailles en particulier ,
qu’elle n’avoit pas fongé à ces parages avant 1660,
& qu’elle ne voulut s’ en occuper alors que pour
y détruire ce que fes fujets y avoient fait 3e bien
fans fon influence. Elle abandonna la propriété de
la baie de Plaifanee à un particulier nommé Gargot :
mais cet homme avide fut repoufie par les pêcheurs
qu’on lui avoit permis de dépouiller. L ’autorité
ne s’opiniâtra point à foutenir l’injuftice
dont elle s’étoit rendue coupable $ & cependant
la colonie n’en fut pas moins opprimée.
Tirés de l’heureux oubli où ils étoient reftés ,
les hommes laborieux que le befoin avoit réunis
fur cette terre ftérile & fauvage, furent vexés fans
relâche par les commandans qui fe fuccédèrent
dans un fort qu’on avoit conftruit. Cette tyrannie,
qui ne permit jamais aux colons d’arriver au degré
d’àifance néceflaire pour pouffer leurs travaux avec
füécès, devoir empêcher auflî qu’ils ne fe multi-
pliaflent. La pêche françoife ne put donc atteindre
le niveau delà pêche angloife.
Cependant la Grande-Bretagne n’ oublia pas , à
Utrecht, que ces voifins entreprenans, foutenus
des canadiens, accoutumés à la chaffe & aux
coups de main , avoient porté durant les deux
dernières guerres la défolation dans fes divers éta-
bliffemens. C ’en étoit affez pour lui faire demander
la pofleftion entière de Terre-Neuve ; & les malheurs
de la France épuifée déterminèrent à ce fa-
crifice. Cette puiffance fe réferva pourtant le droit
de pêcher dans une partie de Fille , & même
fur tout le grand banc qui en étoit une dépendance.
Le poiflon qui rend ces parages fi célèbres, c’eft
la morue. Jamais il n’a plus de trois pieds, & coat?
munétnçnt il en a beaucoup moins.