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tlùe entre les trois Waldftætt & la ville de Zurie,
pendant l’interrègne, ils choifirent Rodolphe
pour chef de leur union défenfive. Il co-ntinua
de leur donner des marques de bienveillance
après fon éleélion , & confirma leurs immunités
& prérogatives. Mais ce prince s’occupoit déjà
de la grandeur de fes fils , qu’il avoit inveftis du
duché d'Autriche il foilicitoit, il engageait la
nobleffe à reconnoître la fuzeraineté de fa maifon,
les riches monaftères à fe mettre fous fa garde-
noble 3 les petits peuples à lui prêter hommage,
& il acquéroit en détail des jurîfdiélions , des
droits , des cenfes & des rentes , dans toute
l’étendue de l’Helvétie feptentrionale.
Albert fon fils , plus altier & plus avide, après
s ’être faifi de la couronne impériale^ la pointe
de l’épée , fuivit avec ardeur ce projet d’a-
grandiffement pour fa famille- Piqué du refus que
îaifoient les Waldftaztt, d’obéir à fa rraifon , il
éluda la confirmation de leurs privilèges , & leur
donna pour juges des hommes chargés de laflër
leur patience, ou de les pouffer à un degré de
réfiftance , qui , fous le nom de révolte 3 fourni-
roit un prétexe de les opprimer. Il n’eft pas.
étonnant, que l’orgueil indifcret de ces officiers
ait révolté des peuples fimples , mais flattés de la
prérogative précieufè d’être membres libres du
corps germanique , & attentifs à tout ce qui les
menaçoit d’un affujettiffement à des maîtres particuliers.
Gyfsler , un des bÿllifs , réfidant à Kuff-
nach , dans le pays ds S c h w ù i , fe fit un ennemi
de Werner de Stauffach , en lui reprochant durement
d’avoir bâti une maifon trop belle pour
un villageois. Stauffach voyant fes compatriotes, j
également foulés par l’injuftice arbitraire de ces
defpotes fubalternes , forma de concert avec
Walter -Furft d’U r i , & Arnold de Melchthal
d’Underwalden , le généreux projet de brifer
le joug commun ; ils affocièrent en fecret d’autres
amis au ferment par lequel ils s’étoient liés.
Sur ces entrefaites, le fameux Tell immola le
baillif Gyfsler à fa jufte vengeance. Mais cet incident
ne déconcerta point le plan des conjurés.
Le premier jour de l’an 1 508 ils fe faifirent, fans
coup férir , des tyrans & de leurs fatellites, &
les bannirent, après leur avoir fait jurer de ne
rentrer jamais fur le territoire des trois pays.
L ’empereur fe propofoit de faire tomber fur
ces peuples tout le poids de fon orgueil offenfé,
lorfque Jean de Suàbe fon neveu, qu’il avoit dépouillé
de fon patrimoine , l’affaffina près de Win-
difch. Tandis que deux concurrens fe difputoient
la couronne , les trois pays prévinrent l’orage &
fe préparèrent à la défenfe. D ’abord les ducs d’Autriche
, fils de l’empereur Albert , s ’occupèrent
à venger fa mort fur un grand nombre de nobles,
ou complices, ou d’une fidélité fufpe&e. Une
querelle ancienne entre ceux de S chw iti & les
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religieux d’Einfidlen, fournit un nouveau prétexte
à leur reffentiment contre les trois pays.
C e monaftère avoit été fondé vers le commencement
du dixième fiècle , dans une efpèce de
défert , habité auparavant par quelques hermites.
Bientôt la vénération pour une image de la Vierge
qu’on difoit miraculeufe, procura des donations
des offrandes. En érendant leurs défrichemens,
les religieux firent naître une conteftation fur des
limites mal déterminées j le peuple de Schwit£
s’opofa aux prétentions des abbés , & à l'exécution
des diverfes fentences obtenues en faveur
du monaftère , foit des empereurs , foit des juges
ou des arbitres j il s’affura même de l ’appui des
peuples d’U ri & d’Underwalden , par un traité
défenfif en u i y . C e différend reftoit indécis,
lorfque les ducs d’Autriche, devenus les protecteurs
du monaftère, interdirent aux trois pays
tout commerce avec les terres voifines , fujettes
de leur maifon. Irrités par cet aéte d’hoftilité, les
citoyens de Schwit^pillèrent le couvent, & emmenèrent
captifs les religieux qu’on accufoir d’avoir
follicité cette défenfe. Auffi-tôt Frédéric d’Autriche
, qui difputoit la couronne impériale à
Louis de Bavière , arma le duc Léopold fon
frère, des foudres du ban, & l'autorifa à punir
les trois pays d’ une violence qu’il traitoit de fa-
crilège*
Léopold affembla une nobleffe nombreufe; &
comme il ne prévoyoit aucune réfiftance, il s’en-r
gagea imprudemment dans un paffage é tro it,
entre un petit lac , appellé Egeri-fee , & une
montagne rapide, dans un lieu appellé Morgarten.
Quatorze cents hommes , fans armes défenfives,
attendoient à l’iffue du paffage ces chevaliers nombreux
& bien cuiraffés. Cinquante hommes , expatriés
pour dettes , ou de petits délits , n’ayant
pu fe faire recevoir dans le bataillon des alliés ,
fe^poftèrent fur une hauteur qui commandoit le
chemin ; d e-là , avec des blocs de bois & des
pierres , qu’ils précipitèrent fur la cavalerie ennemie
, ils causèrent un grand défordre parmi les
autrichiens : les alliés les chargèrent de front,
& les affommèrent à coups d’hallebardes &
de maffues. La viéloire ne coûta que quatorze
hommes, & environ quinze cents cavaliers autrichiens
relièrent fur le champ de bataille.
Un fuccès fi heureux donna aux habitans des
WaldlLm de la confiance dans leurs forces. Les
trois pays fe lièrent par une union perpétuelle
pour leur défenfe , en réfervant l’autorité de
l’empereur & les droits de chacun , les feuls
ennemis publics de la patrie exceptés. Louis de
Bavière, concurrent de Frédéric d'Autriche pour
la couronne impériale , approuva cette union ;
il prit ces pays fous fa proteélion particulière ,
confirma leurs libertés , & déclara- les biens
des ducs d’Autriche dévolus à l’Empire. L ’unioa
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perpétuelle des trois cantons fut l’origine de la ligue
des Suiffes, & fervit de bafe à tous les traités pof-
térieurs de l’ àffociation helvétique. En moins de
quarante ans, cinq autres cantons accédèrent à ce
traité, & cette première confédération de huit
cantons a fubfifté pendant cent quarante ans. Pour
tous les faits communs aux divers alliés , nous
renvoyons le leéteur à l’article C orps helvétique.
L’empereur Louis nomma en 1323 Jean, comte
d’Arbèrg & de Valangin , gouverneur ou juge
impérial des trois Waldllættj mais il fixa les limites
de fon autorité, de manière à mettre leur
liberté entièrement à couvert. Louis vouloit en
tout qu'un gouverneur fût chef de la ligue contre
le parti Autrichien. Depuis cette époque, les
trois pays ont été gouvernés uniquement par des
magiftrats & juges de leur choix ; & leur entière
indépendance, ainfî que celle de tous les Etajrs
du corps helvétique , a été reconnue en 1648
par les principaux fouverains de l'Europe.
Gouvernement , adminifiration%
halter , exercer en même tems une des charges
de l’état major dans la milice.
La police générale , la juftice criminelle , les
détails de l’adminiftration, appartiennent au confeil
permanent, ou landrath , compofé de foixante
membres , dix de chaque quartier , outre les chefs
régnans, & ceux qui viennent de fortir de charge.
On affemble tous les ans le double landrath , au-r
quel chaque confeiller appelle un citoyen de fon
quartier à fon choix > ce confeil juge fommaire-,
ment de toutes les caufes fifcales. Deux fois par
an le confeil eft triplé , en fuivant la même mér
thode j c ’eft pour donner les inftruétions aux députés
qu’on envoie à la diète des cantons , pour
entendre leur rapport, pour traiter d’ affairés qui
n’orit pu être décidées dans l’affemblée générale.
Il y a quelques tribunaux pour les affaires journalières
, civiles & de police. Comme nous avons
parle , dans les articles A p p e n z é l l & G l a r i s
des formes du gouvernement démocratique dans
les petits cantons Suiffes , nous nous bornerons
dans celui c i , à indiquer les modifications les plus
remarquables.
Dans le canton de Schwit^ 3 ainfi que dans les
deux autres , la forme du gouvernement eft démocratique
} le pouvoir fuprême réfide dans l'af-
femblée générale du peuple appellée Landsgemeind,
ou communauté de tout le pays. Mais les habitans
ne font pas aujourd’hui dans toute l’étendue
du canton , d’une condition égale. L’ancien pays
de S chw ù i i félon fes limites à l’époque de la première
confédération, eft divifé en fix quartiers.
Chaque famille eft invariablement attachée au
même quartier , dans quelque lieu qu’elle s’établi
ffe ; cette divifîon reffemble beaucoup à la dif-
tribution en tribus reçue dans les villes impériales
, avec la différence que le droit de citoyen ,
ou colon , dans les quartiers dont nous parlons ,
eft héréditaire & fixe , au lieu que dans ces villes
le choix d’une autre profeflîon peut placer le fils
dans une tribu différente de celle du père.
Tout homme né avec les drôits de membre ou
colon d'un des quartiers, peut, dès l’âge de feize
ans , donner fon fuffrage dans l’affemblée générale
du peuple , convoquée annuellement le dernier
dimanche du mois d’avril. On s’y rend
l’épée au côté. Cette affemblée élit les principaux
magiftrats 5 on y traite aufli des objets les plus
importans pour les intérêts de la patrie Ôd du
peuple.
Les chefs de l’Etat font le landammann, le
lieutenant, ftatthalter, le banneret, pannerherr,
& ceux qui font revêtus des principales charges
militaires. Le peuple difpofe de ces emplois.
En général le landammann eft confirmé pour une
fécondé année; il p eu t, de même que le dateacquis
la juftice fupérieure fur Kuffnachc, dont
1 empereur Sigifmond lui infeodafa haute jurifdic-
tion en 14 1 ; fur quelques villages & hameaux
près du lac de Z u r ie , qui furent cédés aux ci-
toyens de Schw u ç , par le décret des cantons publié
en 144S apres une guerre très-vive contre la
ville de Zurie , dans laquelle ceux de S c kw ir
principaux aâeurs i fur la Marche fl petit
ditttnft fitue près du bord méridional du lac de
Z u n e , dont une; partie a été enlevée à la maifon
d Autriche en i 4oj I & RM H cédée par le
comte de Toggenbourg en 1417 ; enfin f ur Ie
bourg dEinfidlen & le territoire circonvoifin.
Ces petits diftnéts, fujets du canton , jouilTent
cependant de certains privilèges , & d’une milice
inferieures mais 1 appel va au confeil ie S c kw itr '
& les habitans n ont point de part aux emplois
fuffragé^rns k^aff^blées^énéràles. ^°'nt ^eur
Les limites du territoire de l'abbaye de Notre-
Dame-des-Hermites, qui eft très-riche , & celles
de la police & jurifdiâion ,, ont occafionné lone-
tems de vives animofités entre les religieux & Je
peuple de Schwu{. Aujourd'hui ce canton pofsède
1 avocatie ou garde-noble du monaftcie, & il
exerce la haute jurifdiétion fur le diftriâ.
Le canton de Schwîtp polsède d'ailleurs en
commun avec celui de Glaris , les bailliages de
Gafter & Onznadi ; avec Uri & Underwalden
les bailliages de Belinzone , Val - Bregno ic Ri!
viera j & il participe à la co-régence des bail