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pour retenir les laboureurs & les artifans. Ces
,tiêrnfêVs .décidé,s à quitter un fol , fur lequel ils
ne peuvent vivre avec leurs familles , trouvent
toujours le moyen de tromper la vigilance de leurs
gardes ; & torique des motifs de religion les en-
traînent, on ne les contiendra pas ainft. La feule
manière d’ attacher les infortunés au fol qui les a
vu naître, eft de diminuer le poids des impôts
qui les écrafent, de les rendre heureux , de leur
procurer une fubfiftance sûre & aifée, & de ne
pas tourmenter leurs confciences- De tous les
gouvernemens de l’Europe celui de l’Allemagne
eft à bien des égards le plus fâcheux. Les voyageurs
qui parcourent cette vafte contrée voient à
peine une maifon bien bâtie qui n appartienne à
qnelqufe grand feigneur ou à quelque prince fou-
vërain. Ils ont remarqué la différence qui exifte
entre le peuple dé ces petits Etats fi multipliés,
& celui des villes libres & commerçantes. La manie
d’entretenir de grandes armées en tems de paix,
eft la ruine du pauvre Allemand. Ses en fans font
arrachés à la charrue & traînés dans les camps j.
fes Chevaux font retirés des travaux de la camp
a gn e ,: pour'1 être employés au fervice de leur;
feigneur , ce fervice eft toujours gratuit- Le fol
relie en friche ; la partie cultivée eft dévorée par
le gibier-, confervé pour les plaifirs du maître ,
& le malheureux laboureur eft forcé de le_.ref-
peéler , pendant qu’il détruit le produit de fes
fueurs } il feroit perdu s’ il ofort lever Ta main
contre ces animaux privilégiés qui confomment
f i récoke ; 8c dans quelques endroits , il obtien-
droit plutôt grâce pour la mort d’ un homme que
pour celle d’ un cerf: dans les villes l’ ouvrier eft
lubordonné au foldat. Le gouvernèment militaire
eft celui qui prévaut. On citeroit telles villes où
le foldat occupé'le premier appartement des meilleures
nvàifons du peuple, 8c quelquefois le maître
îfofe pas en réclamer le loyer ; dans d'autres , le
premier étage 4®? rues h 5 plus' peuplées appad
tiennent au fôuveràin , ou il a du moins le droit
d’èn difpqfe'r. ^
Manüfiftures , fabriques.
g On fabrique dans l'archevêché , outre les ouvrages
en métaux , de la greffe toile & du lin.
Ces marchandifés & les produirions naturelles du
pays font les feüls objets de commerce.'
Précis de Vhifioire politique. ^
"' Saint Rupert, déclaré évêque en 716 , eft le
fondateur de régiife dç Salttfourg, elle fut conf-
truite d’abord avec rapprobation de Théodore ,
duc de, Bavière , près Je lac de Wallerfée:, 8c
bientôt . ^près à Saltçbourg^, En 798 Arnould ,
lîxi'èipe évêque * félon le témoignage des hifto>
'riens du paysp fut décoré de la dignité archiépiscopale
& métropolitaine. Son diocèfe embraffa
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d’abord la Norique, la Bavière , une partie de la
Rhétie ; la Bohème, la Moravie, la Panonie.
On prétend qu’ il fut même nommé légat du fiège
apoftolique dans tout le diftriét métropolitain.
L ’archevêque Gebhard obtint du pape, à caufe
de fon infidélité envers l’empereur Henri I V , 8c
de fon attachement à la cour de Rome, le titre
de légat en Allemagne , qui devint propre-à tous
fes fucceffeurs. On y ajouta la primatie d’Allemagne
, dont les archevêques de Salnbourg jouif-
fent fans conteftation depuis l’extinélion de l’archevêché
de Magdebourg. Les terres confidérables
de l’archevêché ont été acquifes à titre d’achat,
ou données par les ducs de Bavière , par les rois
francs 8c par beaucoup d’autres perfonnes nobles
8c roturières.
Privilèges , prérogatives.
Le titre de l’archevêque eft : par la grâce de
Dieu , prince du St.-Empire romain , archevêque
de Saltjbourg 3 légat né du faint-fiège , primat
d’Allemagne.
Outre fa qualité de légat né 8c perpétuel du
faint-fiège 8c primat d'Allemagne , il jouit encore
d'autres prérogatives : il porte l’habit de cardinal.
L'appel de fes jugemens va en cour de Rome. Le
St.-Siége lui renouvelle de cinq en cinq ans la per-
miffion de nommer aux canonicats dans les mois
réfervés au pape par les concordat-s. L’empereur
lui accorde le titre de votre dilection , tandis qu’ il
ne donne que celui de révérendiflîme à .tous les
princes eccléfiaftiques , qui ne font pas i(fus de
’ race princière. Il a fept évêques pour fuffragans ,
ceux de Freifingen, de Ratifbonne , de Brixen ,
de Gurck , de Chiemfée, de Seckan 8c de
Lavaut, 8c il nomme les quatre derniers $ il les
facre 8c if leur donne la confirmation , fans que
celle du pape foie requifej aucun autre archevêque
ne jouit de ce droit. Voici fes prérogatives
temporelles : après les archevêques 3 qui font
électeurs , il eft Je feul évêque d’Allemagne qui
ait, voix & féanee à la diète dans le collège des
princes 5 il alterne pour le dire&ôire, 8c il a la première
place fur le banc eccléfiaftique avec la maifon
d’Autriche, 8c conjointement avec celle de
Bavière, il convoque 8c dirige le cercle de ce
nom : quand Toccafion s’en préfente, il eft admis
à la table de l’empereur , en préfence même de
l ’impératrice , (ce qui eft cenfé être une faveur
particulière,.) 8c fes envoyés ont le pas' fur
les princes préfens à la diète , comme ils l’ont
foutenu en 1663 contre le prince abbé de Fulde.
Remarques diverfes.
Sa taxe matriculaire équivaut à celle d’un éleeïo-
ratj car elle eft de foixante cavaliers 8c deux cent
foixante dix-fept fantaffins, ou de dix-huit cents
vingt-huit florins. Son contingent pour l’entres
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tien de la chambre impériale , eft de fiü cents
huit rixdales foixante neuf kr.
T es comtes de Lodron font revêtus de la di-
enité de maréchal héréditaire de l'archeveche i.
L comtes de Toerring de celle de ch;imbelU^.
les comtes de Kuenbourg -depuis 1669 . '“ d
dléchanfon ; & les comtes & P'"’ c«s a -ch,i
Lambert-, depuis x<S8y, de celle de fe •
La première & les deux dermeres charges hère
ditaires font conférées par les archiducs
triche , l ’archevêque Frédéric 111 ayant te
des mêmes archi-offices de fon egllf- es
Albert & Otton. En 1701 Jean Erneft comte
de Thun / archevêque de Saltzbourg , fonda un
ordre en l'honneur de Saint Rupert, compote
de douze chevaliers I qui font les memes voeux
nue ceux de S. Jean : ils doivent prouver plu-
fieurs fiècles'de nobleffe , & ils obeiffent a un
erand-maître. Ils jouiffent d’ une penfion , a: us
obtiennent des retraites de commandons au château
de Saltzbourg , ou dans les places frontières
, après un fervice militaire de dix ans.
Collèges , Adminifiradon.
Les dicaftres archiépifeopaux font : le con-
feil intime ou le confei d’etat, le confifto.re ,
le confeil antique' ou la cour de juftice , a
chambre des domaines ou des finances , oc le
confeil de guerre.
Revenus*
Keyiler n’évalue les revenus de l’archevêque
nu à huit cents mille rixdales; mais , dit Buf IHÜ félon un état dreffé fur les l.eux par
un homme digne de fo i , qui ,omt 1 expérience
Tune probité reconnue I ils font annee cornu»«-
ne de trois à quatre millions de florins. La falme
de Hallein en eft la fource principale.
• D ’ un autre côté le baron de Risbek n’évalue
ces revenus qu’ à un peu plus de dpuze. cens nulle
florins. . Etat militaire,
L ’état militaire n’eft compofé que d’un régiment
d’infanterie de mille hommes. Les cinquante
carabiniers ou archers , & autant de gar-
des-du-corps ou hallebardiers , font moins nutt-
tués pour le fervice , que pqur l'o.rnement de
la cour-. Qn n’entretient pas un plus grand nombre
de troupes , parce que le pays, d ailleurs
affez garanti par fes montagnes & fes gorges, ne
pourroit pas en loger ou en. nourrir davantage ,
8c que les payfans armés fuffilènt à fa défenfe :
chaque pàroifle a fon quartier d ancmblèe , ou
ils fe mettent fous les armes en attendant 1 ordre
pour marcher, dès que le canon, plante fur la
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montagne Sc ies tours, leur en donne le lignai.
On compte parmi eux vingt-cinq mille hommes »
qui font d’excellens tireurs.
SAM O R IN ou Z AM O R IN , voyej l’article
C a l ic u t .
SA R D A IG N E , ifle de la Méditerranée, qui
eft qualifiée de royaume , 8c qui appartient au
duc de Savoye & au marquis de Eiemont auquel
elle donne le titre de roi.
Nous avons parlé en détail des polTeffions ,
des revenus 8c de l’adminillration de ce pnne^
aux articles P iémont & Sa v o i e ;, & nous nous
bornerons ici à ce qui regarde la isaraatgne.
Le détroit de. Saint-Boniface fépare cette ■ ifle
de pelle de Gorfe. Les Grecs l’appel.oient Uhwi-.
ja Sandaiiotis 8c darda. Elle eft très ternie en
vins , en huiles & en oranges. Elle nourrit beaucoup
de belliaux ; mais comme elle eft rempile
de marais , 8c que les montagnes., placées lur Us
côtes feptentrionaies , empèchent le vent, du
nord de la parcourir , fon air eft mal-lam : aufl»
étoie-elle, chez les Romains un lieu dexu.
Précis dé fon Hifioire politique.
Lorfque la Sardaigne étoit foumife aux Romains
, elle ne forinoit avec la Corfe qu une
. feule province. Dans le cinquième fiecle , les
Vandales s’en emparèrent. Mais ces peuples ayant
été vaincus pat Bélifaire , elle repafla fous la domination
de; empereurs d’Oriçnt. Les harralms,
qui en 669 fé rendirent maîtres de la Sicile , le
devinrent bientôt de la Sardaigne i mais on ne penc
fixer att jufte l'année de cette conquête- O«#!*
il feroit vrai , comme fallurent quelques hilfo-
riens attachés à la cour de Rome , que 1 empereur
Louis I. ait fait préfent de cette die aa -
faint-fiège , il eft confiant du moins que les har-
rafins meurent aucun égard à cette donation, 3c
que le pape ne fut pas affez puiffant pour les
1 chaffer de la Sardaigne. Le pape Jean X V I I I ,
par une bulle de l’année 1004 fit don de cette
ifle à quiconque pourroit la leur enlever Les 1 1-
1 fans le tentèrent & parvinrent enfin avec le fe-
Cours lies Génois en 1016 à l’occuper toute entière.
Sous eux , fille fut divifee en quatre provinces
ou principautés , qui poitoient les noms
de Cagliari, d'Oriftagni , de. Torres Sc de Gal-
k ri. Chacune de ces provinces étoit foumife .a
ün juge ou prince , qu’on nommoic. quelquefois
roi » & cette dignité paffoit de tems en tems a
la branche féminine. Gomme le pape voyou de
mauvais oeil la Souveraineté des Pifens , & qu el.e
étoit pour ceux-ci un objet de comeltation avec
les Génois , chaqu’e juge fe trouvoit prefqte
. indépendant dans fa province & y jouoit le i oie
d’un roi. L’empereur Frédéric en décerna le ti-
tre à Bacifon, juge d’Oiiftagni, en I l6 4 i mals
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