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défaftreux qu’un impôt confidérable , aflïs d’une
manière favorable à finduftrie.
La partie de l’économie politique, ou de la fcien-
ce du gouvernement qui regarde les impôts , eft
connue depuis fort peu de tems. L’homme de génie
, qui a montré dans YEfprit des Loix 3 un talent
fi diftingué , &. une fagacité fi merveilleufe, avoit
mai faifi ces points de détail * néceffaires à toute
bonne adminiftration , & il en parloit d’une manière
bien vague & bien imparfaite : après avoir
obfervé que la nature des tributs eft relative au
gouvernement,
Il ajoute : » l’impôt par tête eft plus naturel
à la fervitude i l’impôt fur les marchandifes eft
plus naturel à la liberté , parce qu’il fe rapporte
d’une manière moins directe à la perfonne. »
» Il eft naturel au gouvernement defpotique
que le prince ne donne point d’argent à fa milice
& aux gens de fa co u r , mais qu’il leur dif-
tribue des terres , & par confisquent qu’on y
leve peu de tributs. Que fi le prince donne de
l ’argent, le tribut le plus naturel qu’il puiffe lever
eft un tribut par tête. C e tribut ne peut être que
très-modique i car , comme on n’y peut pas faire
diverfes clafles confidérables, à caufe des abus
qui en réfulteroient, vu l’ injuftice 8c la violence
du gouvernement j il faut néceflairement fe régler
fur le taux de ce que peuvent pay'er les plus mi-
férables. »
» Le tribut naturel au gouvernement modéré ,
eft l’impôt fur les marchandifes. C e t impôt étant
réellement payé par l’acheteur , quoique le marchand
l’avance, eft un prêt que le marchand a
déjà fait à l’acheteur $ ainfi il faut regarder le
négociant * & comme le débiteur général de
l ’E ta t, & comme le créancier de tous les particuliers.
Il avance à l’Etat le droit que-l’acheteur
lui payera quelque jour ; & il a pàyé pour
l’acheteur le droit qu’il a payé pour la marchan-
dife. On fent d onc, que plus le gouvernement
eft modéré, que plus l ’efprit de liberté règne,
que plus les fortunes ont de fûreté, plus il eft
facile au marchand d’avancer à l’E ta t, & de prêter
aux particuliers des droits confidérables. En
Angleterre , un marchand prête réellement à l’Etat
cinquante ou foixante livres fterlings à chaque
tonneau de vin qu’il reçoit. Quel eft le marchand
qui oferoit faire une chofe de cette efpèce dans
un pays gouverne comme la Turquie ? Et quand
il l’oferoit faire, comment le pourroit-il, avec
une fortune fufpeéte , incertaine , ruinée ? «
Vdyei l’article I m p ô t , & les autres parties de
cet Ouvrage qui font relatives aux tributs.
REUSS. (Les feigneuries des comtes de) Petits
Etats fouverains d’Allemagne, dans le cercle de
haute - Saxe.
C e font les feigneuries de Géra, de G re itz , de
Schleitz & deLobenftein, elles forment une^rande
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partie du Vogland, que pofledoient en entier les
ancêtres des comtes de Reufs : le Vogtland faifoit
lui même partie de l’Ofterland. Les feigneuries dont
on vient de parler font bornées d’ un côté par les cercles
deNeuftadt, de l’Erzgeberg, & du Vogtland,
qui dépendent de l’éleétorat de Saxe ; & d’un autre
parla principauté de Culmbach, l’évêché de Bamberg;
le bailliage de Saalfeld qui appartient au prince
de Saxe, le bailliage de Leutenberg qui^ relève
de la principauté d’Altenbourg & du bailliage de
Zeitz. Toutes ces feigneuries font contiguës, fi
on en excepte celle de Géra , qui en eft féparée
par le cercle de Neuftadt.
La campagne & les jardins y font fertiles ; les
vallées favorifent l’entretien d’un nombreux bétail.
Ces feigneuries renferment neuf villes , trois
bourgs, deux cents trente-un villages, trente-huit
cenfes & biens domaniaux , & foixante-quinze
biens nobles. Les comtes de Reufs profeflent, de
même que leurs fujets, la religion luthérienne.
On trouve dans les villes de réfidence des comtes
de Reufs, des furintendans & des écoles latines ;
il y a à Géra un collège, appelle Gymnafium il-
lufire. Les habitans s’ adonnent à diverfes manu-
faétures de draps , d’étoffes , de bas , & ils ont
des forges > îes marchandifes qui s’y fabriquent
font affez variées j on en exporte une quantité
confidérable dans les pays éloignés.
Précis de Vhifoire politique.
Le nom de Vogtland ( terra advocatorum ) défî-
gne le pays que les anciens avoués de l’empire ,
ancêtres des comtes a&uels de Reufs , ont autrefois
pofTédé, & qu’il ne faut pas confondre avec
le pays de Varifica. Ces comtes n’en polfèdent
plus qu’une portion ; l’ autre eft fous la puilfance
de la maifon électorale de Saxe : celle-ci renferme
les bailliages de Weyda, Werda , Plaven, Vogts-
berg, Ziegenrück, Triptis , Auma , avec feurs
dépendances j les Marggraves de Brandebourg ,
Culmbach, poffèdent la feigneurie de H o f , & Tes
princes de Saxe-Gotha celle de Ronnebourg. Les
favans ne font pas d’accord fur le nom & la dignité
de ces anciens avoués de l’empire. Il papît
que cette charge fut un office héréditaire particulier
de l’empire, fubordonné aux comtes Pala- i
tins du Rhin , en qualité d’archi-avoués de l’empire.
On n’eft pas d’accord non plus fur le tems !
auquel ce titre a commencé ; ce qu’il y a de fur,
il exiftoit déjà au onzième fiècle, car les anciens
ftatuts delà ville deWeyda furent donnés en 1027 j
par Henri, avoué alors de cette même ville. Il
ceffa vers le milieu du quatorzième fiècle. La fou-
che des comtes de Reufs fu t, félon le favantGeb-
hardi, Henri I , comte de Glitzberg ou Gleit- j
berg en Suiffe, qui vécut vers l’an 1084, & eut j
pour dot de fa femme, comteffe de Schxyarzeu*
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berg, ta ville de Schwarzenberg dans l’Erzgebirg
& Veitsberg dans le pays d'Ofterland, & qui probablement
obtint auffi de l’empereur. Henri I V ,
une avouerie dans ces diftriéts. Henri II , fon
fils , fit bâtir la ville de Weyda fur l ’emplace-
: ment qu’elle occupe aujourd’h u i, 8c il fut qualifié
de noble avoué de Weyda. Henri U I , fils de
[ce dernier, furnommé le Riche , fut avoué de
[tout le Vogtland, & fonda le couvent de Mil-
denfurt. II partagea ce pays entre fes quatre fils î
d’aîné fut avoué & feigneur de Weyda , le fécond
l'avoué & feigneur de Plaven , le troifième avoué
feigneur de Greitz , & le quatrième avoué &
feigneur de Géra. La troifième de ces branches
s’éteignit en 1236, par la mort du fils de fon fondateur:
la première ceffa en 153y , & la quatrième
,en 1 y 50 5 la fécondé, c’eft-à-dire celle de Plaven,
fie partagea en branche aînée & en branche cadett
e , fous les petits-fils de celui qui en fut l’auteur.
L ’aînée obtint en 1426 le Bourgraviat de Mifnie
8c fut par cette raifon élevée à la dignité de Prince
d’empire j mais elle s’éteignit en 1751. La branche
Cadette, qui fubfifte encore, eut pour fouche
Henri le jeune , qui fut nommé le Reufs, Ru^e ,
Ruiio , &c. comme fon fécond frère , mort fans
poftérité, avoir été appellé le Bohémien- C ’eftde
lui que provient le nom de Reufs. L’un de fes def-
^endants acheta en 14^3 la partie fupérieure de la
feigneurie de Kranichfeld, qu’ un autre revendit
poftérieurement , . & fur laquelle la maifon de
Reufs ne ceffe de faire des réclamations. Henri
Reufs, feigneur de Plaven , de Greitz & de Kra-
fiichfeld , mort en 153 y , laiffa trois fils , qui fondèrent
autant de branches 5 la moyenne s’éteignit
en 1616 , mais les deux autres fubfiftent encore.
La branche aînée de Reufs Plaven fe divife en deux
rameaux , en Greitz fupérieur & Greitz inférieur ;
Je premier eft le feul qui foit encore exiftant; & le
fécond finit en 1768. La branche "cadette de Reufs-
Plaven prqduifit en 1647 celle de Géra, celle
de Saalbourg, celle de Schleitz & celle de Lobenf-
tein : la troifième ayant cefle, celle de Saalbourg
prit le nom de Schleitz , dont celle de Koeftritz
eft une branche collatérale. Celle de Lobehftein i
fie divifa de fon côté en ligne de Lobenftein ,
ligne de Hirchberg & ligne de d’Eberfderf. La fécondé
s’eft éteinte, & celle de Selbitz eft une
branche collatérale de la première. L ’empereur
Léopold confirma en 1673 Ie titre de comte à tous
le s rejettons de la maifon des Reufs-PLaven. Les
mâles de cette famille n’ont porté d’autre nom de
bapteme depuis le onzième fiècle que celui de
IHenri. On les diftinguoit d’abord par leurs âges,
en les nommant l’aîné , le puîné, & le cadet 5
mais cette diftinélion n^fuffifant plus pour les re-
connoître , on leur donna des furnoms , tels que
le riche, le roux, le gros, le long, & c . On finit
par convenir qu’on les diftingueroit par des
nombres , & que les- branches aînée & cadette en
auroient chacune de particuliers 5 mais des comtes
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| de Pune 8c de l’autre branche ont eu quelquefois le
même nombre. Les branches qui dériventde la principale
, ne comptent point leurs fils en particulier j
mais on calcule tous les fils de la branche principale,
félon l’ordre de leur naiffance. Il fut convenu
en 1700 , que l’on compteroit jufqu’à c e n t ,
fi les defcendans ne jugeoient point à propos de
changer cette méthode.
Les qualités communes à tous les membres
de cette famille, font : Henri . . . . Reufs, comte
& feigneur de Plaven , feigneur de G reitz, de
Kranichfeld, de Géra, de Schleitz & de Lobenftein.
L ’aîné de la famille des comtes régnants eft
qualifié d’aîné de toute la famille , & l’aîné des
comtes régnants de la fécondé branche principale
1 eft nommé l ’adjoint.
1 Les feigneuries de cette maifon étoient autrefois
des francs-aleus de l’empire : dans le quatorzième
fiècle , leur fuzeraineté paffa à la couron-
I ne de bohème, aux marggraves xde Mifnie & aux
1 landgraves deThuringe, & elles devinrent par-là
; arrière-fiefs de l’empire. De nos jours l’ inveftiture
n’ en eft donnée que parla couronne de Bohême,
mais pour ce qui concerne les droits régaliens ,
tels que celui de battre monnoie, d’exploiter les
mines, & la fupériorité territoriale , elles dépendent
uniquement de l’empereur & de l’empire.
Privilèges, prérogatives.
Les comtes .de Reufs ont droit d’aflifter aux diètes,
& ils prennent rang dans le collège des comtes
de Wetteravie ; ils ont également féance &
fuffrage aux aftemblées circulaires de la Haute-
Saxe. Leur taxe circulaire eft de quatre-vingt-huit
florins 5 fur cette fommè il faut déduire la contribution
de la feigneurie de Kranichfeld. Ils four-
niffent en tems de guerre , conjointement avec
les princes de Schwarzbourg , un régiment d’infanterie
de mille hommes, partagé en fix compagnies,
& ils contribuent pour un tiers à fon entretien.
C e régiment eft fur.pied même en tems
de paix. Leur contingent pour la chambre eft de
cinquante-neufrixdales cinquante-quatre un tiers k.
Le comte régnant de la branche aînée a une régence
& un confiftoire particulier ; la branche
cadette a dans la ville de Géra une régence & un
confiftoire commun à toute cette branche , & en
outre un bailliage de recette pour les revenus communs.
# La branche aînée principale, polfède la feigneurie
de Greitz , la feigneurie de Bourg-& une partie
de l’adminiftration de Reichenfels , defquelles
dépendent le bailliage d’Obergreitz, & le bailliage
de Doelau.
La brancke éteinte d‘ Unteirgreit% pojfêdoit :
Le bailliage de Untergreitz, auquel a été joins
celui de Rotenthal.