
z 7 $ S U E
que la même quantité d’hommes, de jours de travail
& de capitaux , ne donne , dans cette région,
que le tiers des productions qu'on obtient dans des
contrées plus fortunées.
Les mines doivent corn peu fer ces défavantages
de l'agriculture. La plupart appartenoient autrefois
aux prêtres. Des mains du clergé, elles pafsèrent,
en 1480, dans celles du gouvernement. Une révolution
encore plus heureufe en a fait depuis l'apa- <
nage des particuliers.
Il n'y a que celle d’or , découverte en 1738 , :
qui foit reliée au fife. Comme elle ne rend annuel- :
lement que fept ou huit cents ducats, & que ce !
produit ell infuflifant pour les frais de fon exploitation
, aucun citoyen, aucun étranger n'a offert1
jufqu'iéi de s'en charger.
La mine d'argent de Sala étoit connue dès le
onzième fiècle. Durant le cours du quatorzième ,
elle donna vingt - quatre mille marcs , & feulement
vingt-un mille deux cents quatre-vingt marcs
dans le quinfeième. On la vit tomber de plus en
plus jufqu'au commencement de celui où nous v ivons.
Actuellement, elle rend dix-fept à dix-huit
cents marcs chaque année. C'eft quinze ou feize
fois plus que toutes les autres réunies.
L'alun, le foufire, le cobalt, le vitriol, fontplus
abondans. Cependant ce n’eft rien ou prefque rien
auprès du cuivre & fur-tout du fer. Depuis 1754
jufqu'en 176g , il fut exporté chaque année neuf
cents quatre-vingt quinze mille fïx cents fept quintaux
de ce dernier métal. Alors il commença à être
moins recherché parce que la Ruflie en offroit de
la même qualité à vingt pour cer\£ meilleur marché.'
Les fuédois fe virent réduits à diminuer leur
prix î & il faudra bien qu'ils le baifTent encore ,
pour ne pas perdre entièrement la branche la plus.,
importante de leur commerce. Les plus intelligens
d'entr'eux ont pris le parti de travailler leur fer
eux-mêmes, & de le convertir en acier, en fil--
d'archal, en clous, en canons , en ancres, de
l'employer à d'autres ufages de néceflîté première
pour les autres peuples -, & le gouvernement a fage-
ment excité cette induftrie par des gratifications.
C e s faveurs ont été généralement approuvées.
Des manufactures , du commerce , & des canaux de
navigation.
On ne trouvoit pas une feule manufacture en
Suède j il y a quelques fiècles : les villes anféatiques
exportoient le fer , le cuivre b rut, & le minerai
lui-mçme, & elles rapportoient le métal coulé aux
fuédois. On venoit pêcher près des côtes de la
Suède } & les villes étoient fans ouvriers. C e fut
fous Guftave-Vafa que les habitans commencèrent
,à fabriquer eux-mêmes leurs métaux & à travailler
leurs bois, & vers le milieu du dix-fèptième fiècle
on vit éclore toutes f9rt.es de fabriques & de ma
S U E
nufaétures 5 mais les ouvriers étoient pour la
plupart de l'Allemagne ou des Pays-bas. Ils établirent
en 1641 une verrerie ; en 1643 une fabrique
damidon $ en 1646 une fabrique de laiton j en
1647 des imprimeries i en 1649 des épingleries &
une fabrique de foie > en 1651 une tannerie & une
favonnerie j en 1 633 des feieriesî en 1654 des fabriques
de fer & d’acier j en 1661 une'raffinerie
de lucre. Les fabriques de foie 8e de laine firent
par-tout des progrès 5 mais la plupart de ces établif-
feroens s'anéantirent pendant les guerres de Charles
X II. Les métiers & les manufaéturesTe relevèrent
avec avantage fous le règne de Frédéric I.
On fit de meilleurs règlemens pour les bergeries3
on cultiva du tabac } on accorda aux artiftes &
aux manufacturiers étrangers le libre exercice de
leur religion j enfin on fit d’autres règlemens utiles,
qui durent encore, & que l'on perfectionne
de jour en jour. On y trouve aujourd’hui des fabriques
d'étoffes de fo ie , de coton ? de bafin, de
toile commune , de toiles à voiles , de maroquins,
de toiles peintes, des raffineries defucre & d'alun,
des favonneries, des falines, des verreries, des
r fabriques de tabac , de porcelaine & de foufre,
des papeteries , des moulins à poudre, des foulons
, des moulins à pilon , des moulins à polir ,
des moulins à forer , des fabriques de cuivre ,
dacier, de laiton & de fer. Au refte les fuédois
n'entendent pas encore très-bien l'art de travailler
les métaux. On confirait de plus dans ce royaume
beaucoup de vaifleaux. Ainfi pour réfumer ce qui
rapport aux fabriques de la Suède, il n’y avoit
proprement aucune manufacture dans ce royaume,
à l'époque mémorable qui lui rendit fa liberté.
Deux parties]ne tardèrent pas à divifer l’Etat. Une
faétion montra une pafiion démefurée pour les fabriques
j & fans diftinguer celles qui pouvoient
convenir, à la nation de celles qui pouvoient lui
nuire, on leur prodigua à toutes les encourage-
mens les plus exceflifs. C'étoit un grand défordre.
On n'en fortit que pour tomber dans un excès açffi
révoltant ; la faétion oppofée ayant prévalu , elle
montra autant d’éloignement pour les manufactures
de néceffité, que pour celles qui étoient uniquement
de lu xe, & les priva les unes & les autres
, des privilèges & des récompenfes dont on
les avoit comme accablée. Elles n'avoient pris aucune
confifiance, malgré les prodigalités du fife :
leur chute fuivit la fuppreflion de ces dons énormes.
Les artiftes étrangers, les nationaux mêmç
difparurentl On vit s'évanouir le beau rêve, d'une
grande induftrie, & la nation fe trouva prefque
au même point ou elle étoit avant 172c.
Les pêcheries n'ont pas eu la même deftinée que
les arts. La feule qui mérite d’être envifagée fous
un point de vue politique, eft celle du hareng.
Elle n,e remonte pas au-delà de 1740. Avant cette
époque ce poiflon fuyoit les côtes de Suède , &
nous montrerons bientôt.les progrès de ces pêcherîes.
La nation confomme annuellement quarante
mille barrils de hareng j '& elle en exporte
cent foixante mille, q u i, à raifon de treize livres
quinze fols chacun, donnent à l’Etat un revenu de
deux millions deux cens mille livres.
On ne jouiffoit pas encore de cet avantage ,
lorfque le gouvernement décida que les navigateurs
étrangers né pourroient introduire dans fes
ports que les denrées de leur pays 5 qu’ ils ne
pourroient pa$ même porter ces marchandifes
d’une rade du royaume à l ’autre. Cette loi célèbre
, connue fous le nom de Placard des productions
, qui eft de 17 2 4 , & qui a été confirmé
dans la diète de 17 72 , refîufcita la navigation,
anéantie depuis long-tems par les malheurs des
guerres. Ui) pavillon inconnu par-tout, fe montra
fur toutes les mers. Ceux qui l’arboroient ne tardèrent
pas à acquérir de l’habileté & de l’expérience.
Leurs progrès parurent même à des politiques
éclairés, devenir trop confidérables pour un (
pays dépeuplé. Ils pensèrent qu’il falloit s’ en tenir
à l’exportation des produétions de l’Etat, à J’im- *
portation de celles dont il avoit befoin, & abandonner
le commerce purement de fret. C e fyftême
a été vivement combattu. D ’habiles gens ont cru
que, bien loin de gêner cette branche d’indnftrie,
il convenoit de l ’encourager, en aboliflant tous
les règlemens qui la contrarient. Le droit exclufif
de pafter le Sund fut anciennement attribué à un
petit nombre de villes défig'nées fous le nom- d’étape.
Tous les ports même fitués au nord de Stockholm
& d’A b o , furent affervis à porter leurs denrées
à l’un de ces entrepôts, & à s’y pourvoir des
marchandifes de la Baltique , qu’ils auroient pu
fe procurer de la première main à meilleur marché.
Ces odieufes diftinétions , imaginées dans des
tems barbares & qui tendent à favorifer le monopole
des marchands, exiftent encore. Les fpécu-
lateurs les plusfages en matière d’adminiftration,
défirent qu’elles foient anéanties, afin qu’une concurrence
plus univerfelle produire une plus grande
activité.
A juger du commerce de la Suède par le n©m
bre des navires qu’il occupe, on le croiroit très-
important. Mais on verra to.ut-à-fheure que les
articles qu’elle exporte font en petit nombre, & on
fie fera point étonné que fes exportations annuelles
ne paffent pas quinze millions de livres. Les
retours feroient encore d’ un quart plus foibles,
s’il falloit s’en rapporter à l’autorité des douanes.
Mais il eft connu que, fi elles font trompées de
cinq pour cent fur ce qui fo r t , elles le font de
vingt-cinq pour cent fur ce qui entre. Dans cette
fuppofition, il y auroit un équilibre prefque parfait
entre ce qui eft vendu & ce qui eft acheté $ &
le royaume ne gagneroit ni ne perdroit dans fes
îiaifons extérieures. Des perfonnes infini?nent ver-
fées dans ces matières, prétendent même que la
balance lui eft défavorable , 8c qu'il n'a rempli
jufqu’ici le vuide que cette infériorité devoir met-
H | fon, numéraire- qu'avec k recours des
lublicles qui lui ont ete accordés par des puiffan-
ces étrangères. C ’eft à la nation à redoubler fes
eltorts pour fortir d’ un état fi fâcheux.
La Suède eft très-ayantageufement fituée pour
le commerce, & elle devrait profiter de fa pofi-
tion : elle eft environnée par la mer occidentale
7 f r la„ mer baltique I & elle renferme beaucoup
de lacs & de fleuves, qui fe jettent dans ces lacs
ou dans la mer. On eft étonné de la lenteur des
nations fur .ces objets ou plutôt les fautes de
m n !? r^ ratI0V rrCtelr ' pro«rès qn'mfpire la
nature. Les villes anfeanques approvifionnoienc
jadis la Suède de toute efpèce de marchandifes .
elles obtinrent des.1 3 5 4 Sc , 36i , entr'autres
prérogatives. 1 entière exemption des péages. Le
rot t r ie de Pomeranie engagea le premier fes peuples
au commerce extérieur, & cinq ou fix vaif-
(eaux fuédois allèrent dans les ports étrangers.
Uans les tems jpofterieurs le commerce des villes
anleatiques diminua beaucoup. La feule ville de
Lubeck conferva fes prérogatives , mais elles furent
tres-rettreint es en 1529, & entièrement révo-
quees en 1*99 & 1600.'Les angiois & les hollande
« faifirenc cette occafion , &s'emparèrent du
a? n ^ e aCe dre ° n commença en Suède à
établir des focietes de coj-nmerce. En 1616 fe
forma la compagnie du fud . qui fut révoquée en
1661. Le college de commerce fut érigé en 1S27
On traita avec le Portugal en ié 4 r. f e Ja compagnie
d Afrique bâtit fur les côtes de la Guinée
le fort de Caftdl Corfo. On établit en 1648 la
K f S s f Smidron k qui devoir acheter tour
le goudron des provinces feptentrionales, & le
B i l l 1 etranger. Mais toutes ces comjiagnies
fubfi erent peu de tems. En la même annéi ,°s4s !
la vil e de Halmftadt conftruifit des vaiffeau^
pour la peche i lanobleife fe réunit aux bourgeois
pour foutenir cette entreprife. En 1667 on éfablic
une pechene de harengs près de Gothenbourg.
Quelques angiois avoient, dès 16 6 6, obtenu des
privilèges pour s'établir à Heifingbomg ; &
1.667 un vaiffeau de guerre fuédois alla dans h
m m m ^es longues guerres du roi Charles
X l l firent un tort confidérable aux manufaéfures
, \n cor^merce. L’ un & l’autre fe relevèrent fous
i & fous Ie fùgne du roi
Ado.phe Frédéric on propofii divers projets &
arraitgemens fur la navigation & le commerce
Les états nommèrenten 1761 une députation pari
ticuliere. pour reconnoîtreles différentes manières
de faire la peche. Nous avons déjà parlé des villes
d étape ; celles qin n’ofent point commercer avec
1 etranger , quoiqu'elles foient fituéesau bord delà
mer, & qui n ont que la liberté de traiter avec des
gens du pays, rie prendre part au fret des vaif-
féaux, & de vendre leurs marchandifes en gros
dans les villes d étape, font appelées villes pto-
vincjales. r