
C e ne fera pas un malheur pour ces deux
états : car la culture du tabac appauvrit la terre 5
elle réduit à une miférable fubfiftance les hommes
& les animaux ; elle eft très-pénible 8e très-
fâcheufe; elle a toute forte d’inconvéniens , &
la culture, du bled eft préférable de toutes les
manières ( ï) .
L ’ ufage du tabac n’a pas diminué en Europe.
La paflion pour cette fuperfluité s’eft même
accrue, malgré les gros droits dont tous les
gouvernemens l’ont comme accablée- Si ce.qu’en
rourniffoit l’ Amérique feptentrionale trouve de
jour en jou r, parmi nous, moins.de débouchésL
c ’eft que la Hollande., c’ eft que TAlface , c’eft
que le P a la t in a t c ’eft que principalement la
Ruflîe, en'ont pouffé la culture avec beaucoup
de vivacité.
En Virginie, les vaiffeaux occupés, de l’ex-
tra&ion de cette denrée , ne la trouvent pas
réunie dans un petit nombre d’entrepôts ,
comme dans les autres. états commerçans du
globe. Ils font réduits à former leur chargement
en détail dans les plantations même , placées à
plus ou moins de diftance de l’océan fur des
rivières navigables , depuis cent jufqu’à deux
cents mille. C et ufage fatigue les navigateurs-,
.& ralentit leur marche. La- Grande-Bretagne ,
qui ne perd jamais de. vue la confervation de
fes hommes de mer , & qui compte pour beaucoup
la multiplication de leurs voyages, defira,
ordoraa même qu’à l’embouchure, des Neuves
fuffent bâties des villes où feroienc envoyées les
productions de la province.. Les voies d'infirmation
, la contrainte des- foix , tout fut prëf-
qu’égaleroenf inutile. Ori- ne. vit s’élever que
. quelques foibles bourgades , qui ne remplirent
'jamais que la-moindre parue .du but. que la,
métropole s’ étoit pr-opofé.
Productions*
M. Jefférforr a publié la lifte -des arbresdes-
plantés ou des fruits de b Virginie, qui font
propres à la médecine, ou comeftibles, ou
utiles pour lès fabriques,. & cette lifte eft
confidérable.
Pour donner une idée du climat de la V lr -
nous dirons que le figuier, le grenadier ,
l’artichaut & le noye r, y affrontent communément
les hivers,
P p pas aife de dire quels font les articles
de neceffité , d ’agrément ou de luxe , auxquels
fe refufe le fol de la j Virginie,. & que cet état
fera obligédé faire venir deT’étrarrger ; car toutes
les produâdons atifli robuftes que la figue, &
'plus robuftes que l’olive y in {biffent en plein
air^ Le fuc re , le café & le thé n’y viennent
point, & l’état fera toujours Contraint de les
tirei; de l’étranger. Les; côtes de la mer atlantique
étant ‘ éloignées de fept dents cinquante - huit
mi lies , ou de treize degrés 38 en longitude de
' la ’ partie du MiÏÏiffipi qui bot’ne' la Virginie,
cet état renferme uni efpaçe de cent vingt-un
mille cinq cents vingt-cinq- milles quarrés, dont
foixante-d-iX-nèuf' mille fix cents cinquante fe
trouvent à l’oueft des Alleghani, & cinqante-
fept mille- trente - quatre à Toueft du méridien
de l’embouchure de la grande Kanhaway. Ainft
vil eft un tiers plus grand que les ifies- de la-
Grande-Bretagne & de l’Irlartde', dont la furface
n’eft que de quatre vingt-huit mille trois cents
cinquante-fept milles quafrés'.
La Virginie renferme plus de trente rivières
plus- ou moins navigables-; & - on fenr quelles
prodigieufes reffources elles offriroht un jou r
au commerce & à la navigation du pays. Le
Mifliflîpi deviendra- un des principaux canaux
du commerce qui s’établira dans les cantons
fixués à l ’oueft dés AHegbani. • i
Des. 'détails fur la. communication que les
eaux des lacs ou des. rivières fitués à l’oueft des
Etats-Unis pourront établir avec I-’Océan atlantique
, achèveront d’indiquer à quel point le commerce
peut être porté dans cette partie du-
monde. La rivière de Hudfpn ,. le Patowmac
& le Mifliflipi communiquent avec l’Océan atlantique.
Toutes les grqffes rparçhandifes- def-
cendront ce dernier fleuve. Mais la navigation
par le golfe du. Mexique eft fi dangereufe, &
.il eft fi difficile & fi long de remonter le Miffi-
-'jfip ii que vraifemblablement.les cargaifons d’Eu(
j), Les naagafins de tabac, dont on a conftruic une grande quantité en Virginie ,. mais dont nralheurcuféraent une
grande partie a- été brûlée par lès anglois r font fous la direéHon de l’autorité- publique. U y. a des infpefteurs nommés pour
vérifier la qualité du tabac que les planteurs y font porter; &c s’ils la trouvent bonne,., ils donnent un. reçu de. la quanti sé.
Alors le tabac peut être conluiéré comme vendu ; car les récépiffés font monnoie dans le pays. Je fuppofe , par exemple *
que j’aie cfépofé à.Péteisbourg vingt bogsbeads ou boucaux de tabac , je puis m’en aller à cinquante lieues de - là comme
a Alexandrie ou à Frédéricksburg ; & lî j’ai befoin d’acheter des chevaux, de» draps ou toute autre chofè, je les paie avec
mes reçus, lèfquels circuleront peur-être encore dans nombre ds mains avant de parvenir dans celles des négocions qui viennent
enlever les tabacs pour les exporter.^ Il réfulte de-là-que le tabac eil non-feulement valeur- de. banque.-, mais-monnaie
de commerce; On entend dire fouvent : j ’ai payé ma montre dix hogsheads de tabac ; ce cheval m’a coûté quinte hogsheads
on m’en offre vingt , 8cc. Il eft.vrai que le prix de cette denrée, qui eft prefque toujours lié même en rems de paix peut
varier en rems de guerre ; mais alors celui qui le reçoit en paiement, fai faut un marché' libre, calcule fes rifquesôc ftrs
cfpérances. Enfin on doit regarder cet établiflcment comme très-utile , puifqu’il mec-les denrée* en valeur & en circula*-
ûon , des quelles font recueillies, & qu’il rend en quelque forte- le.cultivateur indépendant du marchand.
rope ne prendront pas cette route; II eft probable
que la fleur, d,é farine . les bois ou . les
autres articles d’un gros voluine , feront flottés fur
des radeaux qu’on vendra .avec leurs charges
dans un des ports de m e r , & que, ceux qui le s
y auront conduits,, s’ep retoiprneront par. terre,,
ou fu.r de légers batpaux. La rjvière de Hudfon
& celle de Patoyrnaç <fe difjputeroçt le telle
du commerce de tout le pays, fiuie a 1 o.ueft du
lac Erie. Pour aller à la nouvelle-York, les S »
gaifons qui .viennent des-lacs,ou-de. leurs emtX',
doivent d’abord être amenés" dans' le lac. -Erie.
Entre le lac fupêrieur & fes eaux , & le lac du
Huron , on trouve: les fauts ÿe- §te. - Marie.,
qui permettront à des bateaux de palier, mais
qui arrêteront de grands bâti mens. .On p.eut.eom-
muniquer dés lacs Hüro.n;dé Mich'igas, avec le
lac Erie , fur des emdafquations .qui prennent
huit pieds d’eau-Les- cargaifons.qui viennent des
eaux;de Miffi(fi.pi ont bêfoiri de ..quelques .'portages
pour gagper, les eaux des,.lacs. Celui de
la rivière des Illinois dans , line des eaux du !
.Michigan n’ eft que d’un .mille. Pour aller de lai
.Wabash., de la Miami, du.Muskingbum ouj
de l’ Àilégbapi dans’ les eaux du Iaq.Erie, il y!
a d’autres portages, d,ontda'lon,g.ù.qur-yarie d’uni
à quinze milles- Lorfqùe les carg-iifons. qnt gagné
le lac Erie, de' qu’elles: l’ont traverfe,..jl);y. g;
entre ce lac St .celiii d’Ontario , une interruption1
que produifént les chûtes du Niagara HjffijrffijW
tage eft ici de huit milles ; Se entré l’Ontario
'8e la rivière de -Hudfon q il ÿ a des portages,
d'un quart de mille aux chûtes un peu-au-defliisi
d’Oférego; un autre de..deux milles, depuis lai
petite rivière dü Bois jufqu a la rivière des
Mohawks , un troifteme d’un demi-milié aux
petites chutes de la rivière des MohaWks , &
un quatrième de. feize millesi.de Scheneétady;
à Albany. ; Qutre l’augmentapion de frais que^
produiroient cès différents portages , les marcnan-i
difes livrées fucceffivement à un plus grand,
nombre de mains, courroient plus de dangers.:
La navigation par le Patowmac fe. feroit arnfi
les cargaifons venantt des lacs ou depleurs^eaux,j
fitués à l’oueft dii lac Erie , gagneroieht d abordj
ce dernier la c ; elles en. longeroient la côterné-î
ridionale:,' qui offre une multitude de havresj
excellents j la côte fepcentrionale eft moins lon-j
g u e , maïs elle a peu de havres, & ils ne font!
pas sûrs : lorsqu'elles auroient atteint Cayhoga,!
il leur refterpit huit cents vingt-cinq milles., &'
elles auroient cinq 'partages a ’effiiyer jufqU’ à la,
nouvelle-York; mais en énttant dans le Cayaho-,
g a , 8e en foivant le Bigbeawer , l’O h io,.LY o-
Kogania ( ou le Monongalia ou Cheat ) 8e le
Patowmac V i l n’ÿ auroit que deux portages &
quatre cents vingt-cinq milles pour: arriver à
Alexandrie', ville, fituée fur le Patowmac. ,On
peut empêcfcer le premier de ces portages entre
G^yahoga & Beaver , en réunifiant les fources ci
ces,d.eu,x; jçiyïèrgs q.u(^, communiquent à fies lac5
fitués à peu fie iliftance l’un fie l ’autre , & dan3
un pays pl-aki y .l’autre portage fera depuis les
ejauX .fie l’Unip, juiqu’au Patowmac, & il fera
ap quinze à quarante, milles.,, félon les foins qu’on
fe donnera pq'urJrappj'ocheç)les fieux navigations.
Quint, aux” mâfchanfiifes .qui viendront fie
rO li iô , ou fie celles qui .entreront dans cette
rivière eh venant dés eaux de" ce’ fleuve ou.du
Mifliflipi, en fuivant le P a towm ac , elles ’ "au-
rdfot11 cinq fcents quatre-vingt milles de moins à
fâitê' poqr -gagner Alexandrie , que pour atteindre
h- ■ nouvelle-York, -8ê elles 'n’auront à effuyer
qü’un portage cette route préfente un autre
avantage. Les lacs- ne gèlent 'jamais ; mais les
eaux qui nformentf- la communication entre les
lacs, gèlent, & la rivière de Hudfon eft fermée
par,de$ places-. durant trois mois de l’année :
au lieu que la,route de ,1a Chefapeak meneroic
directement à un climat^ plus chaud. Les parties
méridionales de la Chefapeak gèlent rarement
, & lôrfqùe les parties feptentrionales font
prifes, c’eft fi près dés 'fources des rivières1,
que les fréquentes inondatio,ns;quelles éprouvent
en, rompent tout de fuite les, glaces : les bâ-
timens peuvent traverfer cette baye tout l’hiver;
les. délais -qu’ ils y- éprouvent,( -font accidentels
8e de peu de durée. 11 faut ajouter, que fi lés
Etats?ynis étaient en guerre avec Je Canada.,
là nonvelle-Ecofie, . ou les -fauvages , le comté
de la nouvelle-York, deviendroit une frontière
dans prefque. toute fa longueur, 8e que’ dès ce
.moment-la tout commerce feroit interrompu.
Aii ,refte .la route de. la nouvelle-York eft déjà
pratiquée,, au, lieu que celle, des eaux Xupérieures
de POhi.0 .& de. la Patowmac & les grandes
chutes de la fécondé, de ces rivières,, exigeroient
bien .‘fies travaux“ pour applani’r Je chemin.
Indépendamment des trois canaux de communication
dont.on vient de parler, il y en a deux
autres dont, s’occupent les habitans de la Pen-
;fy.lvanie.. L’un iroit de prefque-ifle fur le lac
Érièî, à le Boeuf, en defcéndant l’Alleghany
jüfqû’au Kiskiminitas qu’on remonteroit, & dç-là
par un petit portage, jufqu’à la- Juniara qui tombe
dans la Sufqueharinâ. L’autre viendroit du lac
Ontario jufqu’à la branche orientale de la Dela-
ware , qu’on redefeendroit jufqu’ à Philadelphie.
On dit que ces deux routes font très -pratiquâmes
, & M. Thomfoh , fecrétaire du congrès,,
croit que Taélivité des penfylvaniens , & fur-touc
; des négociant de Philadelphie, ne tardera pas
à lès ouvrir.
Nous avons indiqué à la feétion feptième de
l’article Et a t s -Unis ; les travaux entrepris par la
Virginie.& le Maryland, pour faciliter la navigation
intérieure, 8c nous y renvoyons le lecteur
»