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plus bas. Il fuffit d’obferver i c i , que chacun de
ces ducs appanagés donna à fa principauté le nom
de la ville principale , qui lui fer voit de réfidence.
Jean , duc de Bohème , chercha à fubjuguer là
Siléfie 3 affoiblie par ces nombreux partages & par
d'autres vices politiques, Son entreprife eut tout
le fuccès qu'il pouvoit en attendre. Dès l’an
■ 1327 les ducs de Siléfie , à l’exception de deux ,
lui offrirent la directe de leurs terres , en fe ré-
fervant. toutefois les principaux droits régaliens.
L ’empereur Charles IV , fon fils & fon fucceffeur 3
acquit par la princeffe Anné fon époufe, le droit
de fucceflion pour les principautés de: Schwed-
nitz & de Javer , qui étoient demeurées indépendantes}
& il réunit en 1357 toute Ja Siléfie à
la couronne de Bohème. Gafirnir-le-grand, roi
de Pôlogne:, & fon fucceffeur Louis, renoncèrent
à- toutes leurs prétentions fur cette province j le
premier en 1335 & 1338, l’autre en r 3y6 &
1372. Sous la directe des rois de Bohème la Sz-
léfie effuya de longs troubles. Les dogmes de
H u f f, de Luther, de Schwenkfeld & de Calvin
y trouvèrent des adhérens , & quelques-unes de
ces feétes; obtinrent un culte public 3 ftipulé par
des traités fôlemncls. La rcour fouveraine des
princes , \fupremum tribunal principum atque ordi-
num 3 que le roi Wladiflas établit en 1498 pour
les ducs & états de la Siléfie ,• forma une liaifon
plus étroite entre les duchés particuliers } mais
le pouvoir de ces ducs diminua de jour en jour,
à proportion que l’autorité; des fuzerains aug-
mentoit. Infenfiblement les ducs de la famille de
Piafte ^éteignirent , & leurs .domaines tombèrent
en partie fous la;puiffance immédiate des'rois de
Bohème } les autres furent, il ell vrai * conférés
à d’autres ducs & princes -3 mais à des conditions
beaucoup plus onéreufes que celles fous lefquélles
les Piaffes avoient tenus leurs fiefs. Pemà-peu
toute l’adminiftration de la Siléfie fut mife fur le
pied allemand , & un grand nombre de femilles
de cette nation , nobles ou roturières, furent atti-.
rées dans le pays , où elles, perfectionnèrent l’économie
rurale , établirent des manufactures, &
firent fleurir le commerce- < La Siléfie eût été plus
floriffante encore-fans les vexations exercées contre
les proteftans 3 & fi le fouverain eût voulu admettre
à fa cour un plus grand nombre de fujets,
de cette province.-Après la mort de l’empereur
Charles V I e n 1740 , Frédéric I I , roi de Pruffe,
forma des prétentions fur plufieurs terres de la
Siléfie. i° . Sur la principauté de Joegerndorf,
achetée en 1 j 24 par Je marggrave George de Bran-,
debourg, de la maifonde Schellenberg, avec l’agrément
de Louis , roi de Bohème & de Hongrie.
Le marggrave l’avoit laiffée à fon fils George-
Frédéric j qui la céda par un traité à Joachim-
Frédéric, électeur de Brandebourg. Celui - ci la
donna, à fon fécond fils; Jean-George qui ayant
été mis au ban de l’empire par Ferdinand I I ,
peicfit çn 1623.1a principauté de Jeegerndprf, qui
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fut inféodée par l’empereur à la famille des princes
de Lichtinften , malgré les proteftations de toute,
la maifon électorale & des divers, branches
des marggraves de Brandebourg. En i f â l’électeur
Fréderic-.Guillaume renonça à fës prétentions,
moyennant la cefïion qu’on lui fit du cercle de
Schwiebus, que F éleveur' Frédéric fon fils rendit
à la maifon d’Autriche en 16^5 , pour la fomme
de deux cents cinquante mille florins. 2«. Il forma
des prétentions fur les principautés de Briëg , de’
Lignitz'& de Wohlau. 11 allégua un pa&ë de fucceflion
fait en 1537 entre Frédéric', duc dè Lignitz
& de B rieg, & Joachim I I , électeur de Brandebourg
, & les privilèges accordés par les rois de
Bohème à lui-même & à fes ancêtres dans les
années 1329, i y o j , 15 1 1 ,15 2 .2 , 1*24 & 1529,
mais ce paCte avoit été annullé en 1546 par l’empereur
Ferdinand I. Le roi de PruflTé foutint cependant
qu’après la mort des ducs de Lignitz, ces
principautés avoient été ufurpées fur la maifon
électorale de Brandebourg. Frédéric I I , lofs de
fa déclaration de guerre en 1740, ne manqua
pas de donner différentes raifons pour prouver
l’invalidité de ces ceflions , & des traités fur lef-
quels'on les avait fondées 5 car les manifeftes dés
princes renferment fouvent plus d’ aftuce que de
vérité. C e prince convient lui-même dans une préface
| deftinée à fes mémoires , qu’il* n’avoit
d’autre droit fur la Siléfie que celui de la force ,
que fes aïeux y avoient renoncé , & qu’ il Fatta-
quoit, parce qu'il vouloit faire la guerre, & que
la Siléfie étoit à fa bienféance.
Au relie, il faut avôuer que ;; ces traités & ces
renonciations à part, la maifon d’Autriche a'voic
• envahie la foiiveraineté de la Siléfie en abufânt de
fa force-
L’armée que Frédéric conduifît en Siléfie eut de tels
fuccès , què Marie-Thérèfe , reine de Hongrie &
de Bohème , fille aînée & héritière de l'empereur
Charles V I , pour elle & fes fucceffenrs de Fun &
de l’autre fexe , céda au roi de Pruffe & à fes
héritiers & fuccefféùrs mâles & femelles, à perpétuité,
& en toute foiiveraineté & indépendance de
la couronne de Bohème, la baffe & haute Siléfie
ayec le diftriCt de Katscher , autrefois annexé à
la Moravie , alnfi que le comté dé Glatz ; elle fe
réferva quelques portions de la haute Siléfie , qui
1 contiennent environ quatre-vingt dixou eentlieues
géographiques quârrées : on y trouve la principauté
de Tefehen avec les feigneuries qui en dépendent,
la partie des principautés de Troppau
de Joegerndorf, fituées au - delà de la rivière
d’Oppa , celle delà principauté de Ne iffe , limitrophe
de la moravie , enfin un diflriCl enclavé
dans la haute Siléfie 3 mais qui dépend de l'a Moravie
, & où Fon voit les feigneuries de Henner-
dorf , les villages -de Hozenploz , Gohannefthçd
& autres. Nous dirons plus en détail dans la feClitm
fuivantç
s IL
fuivante ce que la maifon d’ Autriche a conferve
en Siléfie. Cette importante ceflion fut d abord
arrêtée à Breflau, par les préliminaires de la paix de
1742 , & bientôt après confirmée par le traite definitif
de Berlin. Le roi de Pruffe renonça pour lui &
fes fuccéffeurs à toutes fes prétentions à la charge
de la reine de Hongrie} il fe chargea en outre d’acquitter
les dettes contractées fur la Siléfie , nommément
les fommes fournies par les fujets du
roi de la grande - Bretagne & de la république
d’Hollande , ainfi que par les Etats du Brabant-
Dans la même année les limites de la Silefie pruf-
fierine & autrichienne furenr fixées par cent trënte-
huit poteaux munis de plaques , portant les armes
de ces deux puiffances Cette paix ne dura pas
long-tems } elle fut interrompue en 1744 Par une
nouvelle guerre que termina le traité de paix , de
réconciliation & d’amitié, conclu à Drefde le
vingt-cinq décembre 1743"' C e traité renouvelle
& confirme les préliminaires de Breflau , le traité
de Berlin , ainfi que le réglement des limites de
1742.. L’envahiffement de la Siléfie a produit une
troifième guerre en 1756. Elle fut beaucoup plus
ruineufë pour cette province que les deux précédentes
, & elle fe termina par la paix de Huberts-
bourg du quinze février 1763 * mais elle n apporta
aucun changement aux limites refpeétives , ni à
la conftitution politique du pays.
Le roi de Pruffe fe qualifie de duc fouverain de
Siléfie , & dans les aétes publics il place ce
titre immédiatement après celui d’éleéieur. Par
la paix de Berlin, ia reine d’Hongrie & de
Bohême, s’eft également réfervée pour elle &
fes fucceffeurs , le titre de duc fouverain de Siléfie
} cette princeffe prenoit la qualitée de du-
cheffe de la haute & bafit-Siléfie , & ce titre
fuivoit immédiatement celui de ducheffe de
Bourgogne.
La Siléfie ne fut jamais dans une liaifon immédiate
avec l’ Empire , puifqu’ elle n’en a jamais
relevée ; jamais elle n’a eu voix feance
aux diètes, & elle n’ a jamais été -foumife a la
direction des tribunaux fuprêmes de l’Empire.
Les loix germaniques n’y font en aucune vigueur,
& quoique dans les anciennes matricules de 1 Emp
ire, des années 1431 , 4 7 , 71 & 81 , on ait
impofé à cette province conjointement avec la
Bohème, la Moravie & la Luface, cette pratique
n’a pas eu lieu dans les temps poftérieurs j
mais par. fa réunion à la couronne de Bohème,
elle a eu une relation indirecte, avec l’Empire
Germanique & lorfqu’cn 1708, l’empereur Jofeph
reprit voix & féance dans la chambre des électeurs
, au fujet de la Bohème, il promit à caufe
de ce royaume , ainfi que de fes dépendances,
( dans lefquelles la Siléfie étoit comprife, ) de
fe. charger d’une taxe éle&orale , dans toutes les
oantributions ordinaires & extraordinaires de
l ’Empire , & de fournir annuellement trois cens
(Scan, polit 6* diplomatique. Tom% 1Y*
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florins pour l’entretien de la chambre
riale. L ’empire de fon côté promit de defendre
& de protéger le royaume de Bohème, avec
toutes les terres qui lui font annexées, ce qui
)ouvoit auflî s’entendre de la WMm > ,cetn7
iaifon indire&e avec l ’empire , fubfifte a 1 egard
de la portion de la Siléfie , qui eft demeuree
unie à la Bohème. Le roi de I ruffe ayant acquis
la majeure partie de la Silefie,, en pleine
fouvërâineté & indépendance, la poffede & la
gouverne comme un Etat indépendant , &
féparé de l ’Empire Germanique. Au reffe 1 empire
en garantiffant au r o i , la pofleflion de ce
duché en 17 p , s’eft réfeivé expreffément fes
droits fur cette province.
S E C T I O N I I .
De la partie de la Siléfie que pofséde le roi de Prüfe
& de celle que pojséde la maifioti d Autriche*
Nous avons dit qu’au milieu du douzième
fiècle , cette province fut divifée en haute &
baffe Siléfie , & que cette divifion fubfifte encore.
Elle renfermoit outre le duché de Croffen ,> incorporé
depuis long-tems à la Marche de
Brandebourg, feize principautés & fix grandes
baronnies. Onze principautés & quatre
baronnies appartenoient à la bafie-Siléfie , cinq
| principautés & deux baronnies, étoient cornprifes
dans la haute. Le roi de Pruffe ayant érige en
principautés deux baronnies & une feigneurie en
baronniej labaÇ[c-Siléfie offre aujourd hui : Ie treize
principautés, fav.oir } Breflau , Brieg
gau , Javer , Lignitz , Munfterberg , Neifle ,
(È l s , Sagan, Schweidnitz, Wohlau, Trachem-
berg, & Carolath. 2°. Les baronnies de Wartenberg
M ilitch , & G ôfch iitz } 30. Plufieurs
feigneuries de fécond rang.
La haute - Siléfie renferme} 1*. fix principautés
, favoir : Tefehen, Troppau, Joegerndorf,
Oppeln , Ratibor & Bilitz } 2°. les deux baronnies
de Pleffe & Beuthen ; enfin quelques feigneuries
du fécond rang- C e duché ayant aujourd’hui
deux fouverains, il faut nëcffflairement
adopter fa divifion générale , en Siléfie Pruflîen-
ne & ,en Siléfie Autrichienne annexée à la
Bohème.
On trouve dans la Siléfie Prulfienne, qui
renferme la plus grande partie de la ttailc-otlefie.
I. Sept principautés immédiates , / avoir :
A- La principauté de Breflau.
Cette principauté eft bornée au nord par celle
d’OEls & de Wohlau v au couchant par celles
de Lignitz & de Schweidnitz , au midi par celles
de Schweidnitz & de Brieg, & à 1 orient par
celles de Brieg & d’CEls.
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