
de Nordkæping, une navigation pour de grands
vaiflfeaux. CharlesXII approuva ces plans, & ordonna
qu’on travaillât à leur exécution ; mais fa
mort interrompit ces travaux , qui ne furent repris
que fous Adolphe - Frédéric , père du roi
régnant.
C e plan renfermoit trois grands objets. i° . La
jonélion des lacs Mæler & Hieîmer. i ° . Celle
du lac Hielmer avec le lac.Venner. 30. Celle du
lac Venner avec l’Océan.
Le premier objet a été rempli au moyen du
canal d’Arboga- Il appartient à une compagnie
dè marchands d ’CErebro, qui font chargés de fon
entretien ; il eft large., & a huit pieds de profondeur.
On y compte huit éclufes, & il eft accef-
fible aux“navires qui naviguent fur les lacs. Ils
font du port de quarante - trois tonneaux couverts,
& à un feul mât j ils ont Ibixante-feize pieds
de longueur , & ils tirent fix à fept pieds d’eau.
Le fécond o b je t, c’ eft-à-dire , la jonétion des
lacs »Hielmer & Venner , a rencontré jufqu’ ici
des difficultés infurmontables qui laiffent peu
d’efpérance de fuccès. '
Le troifième objet feroit, comme on l’a d it ,
de joindre le lac Venner avec l’Océan germanique
par le moyen du fleuve Gotha qui fort de
ce la c , & fe jette dans l’océan près de Go-
thembourg. Mais le cours de ce fleuve étant
embarralfé par des bas - fonds & des cataractes.,
on a tenté de faciliter la communication par le
moyen du canal de Carlsgraf, du canal de Trol-
hartta, des éclufes d’Ackerftroem & de Edit.
Les travaux entrepris dans cette vue ont fouf-
fert plufieurs accideus. Sous Charles XII une
éclufe conftruite par Polheim avec trop peu de
foin fut e.ntraîné_e par les eaux au moment où
elle venoit d’être achevée. En 17541e roi Adolphe-
Frédéric en fit faire une nouvelle à grands frais ,
qui ne répondit pas mieux au but qu’on.s’étoit
propofé. Pour y remédier on en a conftruit une
troifième par ordre du roi régnant, & qui porte
le nom de Guftave. C ’eft un canal magnifique
de quatre cents pieds de longueur, dont la moitié
eft taillée dans le roc’, & où des barques de
quatre-vingt tonneaux & plus peuvent palfer
aifément.
, De l’extrémité de ce canal au village de Trol-
hætta , le cours de la rivière eft libre dans un
efpace d’environ cinq milles , & la navigation en
eft auffi sûre qu’agréable.
Près de Trolhætta de nouveaux obftacles l’interrompent.
La rivière relferrée entre deux montagnes
fe précipite tout-à-coup dans .un endroit
nommé le gouffre d'enfer j ce qui rend toute n a-.
vigation ultérieure impraticable. Le lit de la rivière
eft de roc , les bords en font coupés
pic j des ifles de granit la partagent en plufieurs
bras où l’eau fe jette avec une extrême impétuo-
fité , & forme de grandes cataraâes.
Le fer & les autres marchandifes font à préfent
tranfportés par le lac Venner jufqu’à Venners-
bourg, d e-là par le canal de Carlsgraf, & le
fleuve Gotha jufqu’à Trolhætta. Arrivés près des
cataraéles on les décharge , & on les tranfporte
par le chemin dont j’ ai parlé jufqu’au defl’ous de
ces cataraéles. L à , on les embarque de nouveau,
elles paflènt par les éclufes d’Akerftroem & d’Edit,
( fuppofé qu’elles foient achevées actuellement )
& elles defeendent enfuite le fleuve fans obftacle
jufqu’ à Gothembourg- On envoyé de cette ville
de la même manière du fe l, des épiceries , des
grains , du thé & d’autres marchandifes jufqu’au
lac Venner, d’où elles fe verfent dans les provinces
qui le bordent.
S E C T I O N V I.*
De tadminif ration , des tribunaux , du code des
loix & du régime eccléfiaftique.
Depuis la révolution de 1772 l’adtfiiniftrationi
a pris la vivacité & l’énergie des gouvernemens
monarchiques. Le roi a des talens diftingués $ il
connoît les hommes, il connoîc fon pays, &
nous oferons prédite, qu’excepté peut-être quelques
dépenfes inféparables du faite des cours,
la nation n’aura point à regretter fous fon règne
qu’on lui ait oté une partie de fes droits.
La nouvelle conftitution de la Suède laifïe aflez
d’entraves au pouvoir monarchique, &: un feul
règne ne détruiroit pas ces relies de liberté :
mais fl le bonheur de la Suède exigeoit l’abandon
des droits dont on a revêtu le prince en
1 7 7 2 , le bonheur des fuédois exige que leur
monarque fe contente aujourd’hui dç ce qu’il a
obtenu.
La conftitution de la Suède que nous avons inférée
plus haut, détermineles fondions des états*
ou dê la diète, du fénat, des parlemens , du collège
de la guerre , de celui de l’amirauté, de la
chancellerie, de la chambre des finances, du
comptoir, ou de la banque d’Etat, du collège
des mines , du collège du commerce & de la
chambre de révifion elle fixe d’ailleurs ce qui
a rapport au régime de la cour & des provinces 5
& nous renvoyons le le&eur à la feétion fécondé.
Il y a en Suède quatre-cours de juftice Supérieures
, ou parlemens, ( en fuédois Hofroett )
use à Stockholm pour la Suède propre 5 une à
Jonkoeping pour le royaume de Gothie ; une à
Abo pour la Finlande méridionale j une àV a fa ,
pour la Finlande feptentrionale. Aucune fen-
renCe de m or t, prononcée par les cours inférieures
n’ell exécutée , que quand elle a été confirmée
par l’un de ces quatre tribunaux.
Les tribunaux inférieurs s’a Semblent quapd le
befoin l'exige dans les principales v illes, & on
tient des affifes tous les trois ans fous la préfi-
dence des juges provinciaux. Dans ces dernières
on appelle une forte de jurés , qui font douze
payfans choifis par le diftriCt & confirmés par le
gouvernement de la province j iis font à v ie , &
la réunion de fept jurés forme la cour de juftice>
Dans tous les cas criminels le juge leur demande
leur avis , qui prévaut fur le fien lorfqu’ils font
unanimes. Mais cette inftitution dans le fait n\ft
qu’une pure formalité. Ces jurés font fi ignoraos
& fi pauvres, que la plupart fuiyent aveuglément
l ’avis du juge j d’ailleurs leur opinion n’eft
comptée que quand ils font unanimes , & ils
11e font pas obligés de l’être comme en Angleterre.
Leur négligence , leur nullité font fi notoires
que ç’ eft une comparaifon ufitée en Suède
que de dire : endormi comme un juré.
On décapite & l’on pend les criminels en
Suède. Tout homme condamné à mort peut
préfenter requête au roi pour demander que fon
procès foit revu , ou pour foiliciter fa grâce. Les
loix font fi peu févères, que plufieurs crimes con-
fidérés ailleurs comme capitaux , ne font punis
ici .que par la peine du foue t, de la prifon au pain
& à l'eau , de là fimple prifon ou des travaux
publics- On ne donne jamais plus de cent vingt
coups de verge , & on ne condamne à vivre de
pain & d’eau que pour vingt - huit jours au
plus. (1)
Le roi a réformé plufieurs abus très-graves qui
s’étoient gliffiés dans les tribunaux. Dans tous les
cas de haute - trahifon il eft ordonné d’inftruire
le gouvernement avant que de commencer aucune
enquête , ordonnance qui a prévenu plufieurs ac-
eufations frivoles & plufieurs vexations auxquelles
les fujets étoient expofés. Avant l’avènement du
roi régnant, il étoit rrès - ordinaire que des per-
fonnes accufées , & non convaincues , reftaflent
plufieurs années en prifon en attendant leur jugement.
On a aboli fous ce règne plufieurs formalités
fuperflues, & les criminels font jugés dans
un terme beaucoup moins long au grand foulage-
inent de ces malheureux. Le roi a augmenté les fa--
laires des juges, & la part qu’ils avoient dans les
amendes leur a été ôtée , mais elle eft appliquée
à d’autres ufàges* Par cette judicieufe réforme le
roi a confidérablement diminué la corruption &
prévenu les injuftices trop communes auparavant
dans les tribunaux. Le roi a encore vengé &
alluré les droits de l’humanité, en fupprimant en
1773 fufage abfurde & cruel de la queftion , par
laquelle on prétendoit arracher des aveux de leur
crime à des perfonnes Amplement fufpeétes. Un
autre excellent règlement fuivi dans les cours de
juftice en Suède , mériteroit d’être adopté partout
, c’ eft que le procès d’un accufé s’ inftruit
fans -qu’il lui en coûte rien j c’eft à l’officier de
juftice chargé de pouifuivre d’office le criminel
qui lui eft dénoncé, ! faire aux fiais du public
toutes les dépendes néceflaires.
Le nouveau code des loix de Suède a été examiné
aux diètes de 1731 & de 1734 » approuvé
& reçu de tous les états , confirmé par le r o i,
& publié en 1756. L’ordonnance concernant la
forme des procès eft courte & fimple.
_ Régime eccléjiaflique.
Le roi Guftave-Vafa introduit la réformation
dans fes Etats 5 après avoir furmônté des obftacles
fans nombre , elle^efîuya de violentes fecouües
fous-les règnes de Jean & de Sigfmond , mais elle
fut reçue & approuvée à la diète d’Upfal en 1593,
& on a vu plus haut ce qu’en dit l’article premier
de là nouvelle conftitution. La doClrine de
Luther eft ainfi depuis l’union de religion de 1613,
la religion dominante. Les calvinifles & les
anglicans obtinrent , en 1741 , la permiffion
d’exercer librement leur religion dans les places
maritimes, à l ’éxeeption delà ville de Landskron ;
& le roi a&uel a permis aux catholiques d’exercer
lèur culte.
S E C T I O N VI I.
Des revenus & des dettes de la Suède, de la ban-
que d'Etat , de la fnuation des finances , des dernières
opérations du roi fur cet objet | & enfin de
l'état militaire & de la marine, ,
Le didlionnaire de finances a donné de longs
details fur les divers impôts établis en Suide f
mais il n'indique pas le montant des,contributions
; & nous allons ajouter ici des faits & des
remarques dont tout le monde fentira l'utilité.
Les revenus, de la Suide viennent fur - tout des
domaines de la couronne , des dîmes , de la capitation
, des droits d’entrée &. de (ortie fur les
marchandifes, fur les mines & lés, forges. fur les
■ ( 1 ) L'air eft (i v i f dans les pays du nord &: particulièrement en S u ède, & la nourriture y eft fi peu'ftibftamieü- nue rm
pentia" 1 rcroklci o .
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