joui jufqu’au tems où elle s’ eft éteinte dans la
perfonne de Jean Gallon de Médicis , feptième
grand-duc de Tofcane 3 & le dernier de fa mai-
fon. C e prince mourut le neuf juillet 1737, devenu
incapable par fes débauches d'avoir jamais
d'enfans, Ferdinand fon frère , & fils de
Corne III , étoit mort le trente octobre 1713 j
François-Marie fon oncle, fils de Ferdinand I I ,
& qui avoir été cardinal, étoit mort le trois février
17*9 j & Anne-Marie-Louife fille de
Corne I I I , qui avoit époufé l’éleCleur Palatin, eft
morte le dix-huit février 1743 > elle étoit la dernière
du nom de Médicis.
L'empereur Maximilien II accorda enfin en
1577 à la màifon de Médicis, le titre du grand-
duc que Pie V lui avoit donné. Corne I obtint
en i 557 la fouveraineté de Sjenne , acquit le
marquifat de Cafi'glione- délia-pejcaja 3 Fifie de
Giglio, Portoferrajo dans l'ifie d’Elbe & la -Rocca-
Sigillina. François I fit l'acquilîtion de Lufolo
de Rico & de Lifana dans la Lunigiane 5 Corne II
augmenta les États du comté de Scanzano,
& de Terra-Rofta, dans la Lunigiane j & Ferdinand
II de Pontremoli & du comté de St.-Fiora.
Au commencement du dix huitième fiècle l’empereur
accorda le titre d’altefte -royale au grand-
duc Çome III , & fon exemple fut imité par les
cours de Rome & de Verfailles. Le grand duc
Jean Gallon n'ayant point d'enfans, la fucceflîon
de fes Etats fut réglée par les parties contractantes
dans l'article cinq de la quadruple alliance,
conclue en 1718 , avec la cl'aufe que Livourne
coritinueroit à être tin port franc j on y ftïpula
que dom Carlos , fils du roi d'Efpagne Philippe
- V , hériteroit de la Tofcane. Cette convention fut
renouvelles dans le traité de Vienne de l’année
172.5 , & le grand-duc & fa foeur firent en 1731
avec le roi d’Efpagne, un paCte de famille qui
contenoit les mêmes difpofitions. L’infant d’Ef-
pagne dom Carlos fut conduit en Tofcane pour
être élevé dans cette cour. Sur ces entrefaites de
nouveaux démêlés armèrent en 1733 les pui/fances
de l'Europe.: dans cette guerre l’empereur Charles
VI perdit en 1734 les royaumes de Naples & de
Sicile. Dom Carlos s’en fit proclamer roi , & le
traité de paix conclu- à Vienne en 1735 le con,-.
firma dans la pofieflion de ces royaumes , &
aflura à la màifon de Lorraine la fuccelfion au
grand-duché de Tofcane apr;ès la mort de Jean
Gallon , en échange de fes duchés cédés par accord
au roi Staniflas. C e traité eut fon entier
effet en 1737 3U congrès de Pontremoli , où l’on
figna un aCte de ce.lfion & de" garantie le huit janvier
; & le dernier grand-duc mourut Je neuf
juillet de la .même annçe. Peu après François-
Etienne , duc de Lorraine & grand duc de Tofcane
, fit avec la veuve de l’éleCleur palatin
foeur du dernier grand-duc , un accord touchant ,
Ja fuccelfion des biens allodiaux & du mobilier,
en vertu duquel elle lui laifia le tréfor des joyaux
& autres chofes précieufes. Le nouveau grand-duc
fut fait empereur en 1745 , & après avoir laififé
-pour fuccefièur dans fon duché fpn fils l’archiduc
Pierre Léopold, il mourut en 1765. L’empereur
Jofeph , fils aîné de l’empereur défunt, laifia aufii
le grand-duché à fon frère , qui en prit pofieflion
la même année, & qui règne actuellement avec
une fagelTe qui excite . l’admiration de fes fujets
& des étrangers.
S E C T I O N I I .
De Vétendue des domaines du grand-duc aCtuel y d:S
productions & de la population de la Tofcane.
Les Etats du grand - duc de Tofcane compren-
ment environ les deux tiers de l’ancienne Etrurie,
qui fe prolongeoit depuis le Magra , borne de la
Ligurie , jufqu’au Tibre. Dans quelques cantons
ils fe trouvent détachés vers le nord-ouell du côté
des frontières de Gènes, & il pofsede plùlieurs
files dans la mer de Tofcane , qu’il ne faut pas confondre
avec le grand - duché proprement dit.
Quoique ces domaines aient un contour irrégulier
, cependant d’après les géographes modernes
& les mefures qu’on a prifes en quelques endroits
, on peut à peu de chofe près évaluer leur
fur lace à quatre cents quarante milles géographiques
qnarrés. Ils occupent fur les bords de la
mer environ cent milles d’ Italie depuis l’Etat- de
l’églife jufqu’à la république de Liicques , bc ils
s’étendent dans les terres en formant une pointe
à Saffo di Simone entre le levant & le feptentrion
du côté du duché d’Urbin : ce point de la frontière
efl à vingt-quatre milles de la mer, Adriatique,
& à quatre - vingt fept de la Méditerranée
& de. Livourne. Vers le levant ils touchent au
duché de Caftro , aux territoires de Péroufe &
d’Orviette & an duché d’Urbin , & vers le nord
à la Romagne, au Boulonois & ail Modénois.
De ce côté les limites vont jufqu’aux Etats de
Lucques3 & s’avancent dans ceux de l’ églife ;
elles ne font ici qu’à dix-fept milles anglois de la
mer Adriatique au nord-.oueil, & qu’à vingt trois
milles de Bologne du côté du nord. Selon le
mathématicien le Maire , la plus grande longueur
du duché eft la ligne qui va du fud au nord der
puis l’extrémité dé la côte au levant de monte
Argentarc jufqu’à Filigare fur le chemin de Bologne
; & cette ligne eft d’environ:cent vingt
milles anglois. Sur la frontière on trouve quelques
petits fiefs de l’Empire , qui ne relèvent pas
du grand-duché, mais qui reconnoiflent l’autorité
du commiflaire plénipotentiaire de l’empereur
en Italie.
La divifion politique de la Tofcane n’eft pas la
même que fa divifion eccléfiallique. La plupart
des cartes la partagent en trois territoires ou domaines
des trois villes principales , Florence , Pifé
1k Sienne i mais il vaudroit mieux la divifer eu
état ancien en état nouveau. Celui-ci eft corapofé
pofé du feul Etat de Sienne , qui, en apparence r
& dans les titres qu’il prend, a encore un gouvernement
féparé du refte 3 il a confervé fes propres
tribunaux dans la ville de Sienne , & fes
podeftà ou juges dans la campagne 5 il fut donné .
au grand-duc de Florence Corne I , après la conquête
qu’en avoient faite les armes autrichiennes.
C e t Etat occupe vers le midi un peu plus du tiers
du grand - duché. L ’état ancien eft le relie de la
Tofcane vers le nord, en fuivant tout le cours'de
1 Arno & la Cecina. C ’eft ce qui compofoit la
république de Florence lorfqu’en 1531 elle devint
une principauté fous le duc Alexandre de
Médicis. A cette époque commença la fouveraineté
de cette famille , qui jufqu’alors avoit
prefque toujours gouverné , quoique fans prendre
le titre de fouverarns.
Le Pifan fait comme un état féparé du florentin,
qui comprend toutes les autres acquifîtions plus
anciennes & moins confidé râbles de la république.
L ’ancien é ta t, d’après la loi de la nouvelle distribution
dés tribunaux de juftice émanée en 1772,
eft à préfent , y compris le territoire de Pife ,
divifé en quaraute vicariats grands & petits j il
faut y ajouter la banlieue de Florence, qui eft
fubdivifée en fix bailliages ou fîèges de podeftà,
comme les vicariats le font en foixante - cinq.
L’état nouveau ou fiennois, fe divife-en deux
provinces , la fupérieure & l’inférieure : la première
fe partage en fix capitaineries, & l’autre
en huit bailliages ou podefteries , qui ont la jurif-
di&ion criminelle»
, Les ifles de la mer de Tofcane appartenances au
grand - duché de Tofcane font :
! ° . Giglio , anciennement Igilium ou Iginiwn.
S 2°• Les petites ifles de Gianuti, autrefois Dia-
nium ou Artemifia ; de Monte - Crijto , autrefois
Gg^fa ; de Pianofa 3 autrefois Planafia. Cette
dernière eft peu éloignée de l’ifie d’Elbe*
3°. Une partie de l’ifie d’Elbe.
4°* JL’ifle de Gorgona , entre la Corfe & le port
de Livourne.
5? ' Les petites ifles Mehria , autrefois M&naria
& Troja,
L air de la Tofcane eft màl-faiti en quelques
endroits : lavoir, dans la plaine de P ife , dans les
territoires de Volterra , de C h iu fi, de Mafia, &
en général dans toute la partie du fiennois qiîi
avoifine la mer : c’eft une fuite des marais, des
eaux ftagnantes & des plaines incultes que ces
cantons renferment.
y Le fol produit toutes fortes de grains & de
legumes , on j r cultive avec fuccès.le fafran &
(OEcoti, polit, ô* diplomatique. Tom, Ip\
le lin , ftir-tout dans le territoire de Florence. On
peut dire que l’agriculture n’a commencé à fleurir
en Tofcane , que fous le gouvernement de la mai-
fon des Médicis j jufqu’alors le commerce & les
fabriques, fur-tout celles qui ont la laine pour
objet, firent toute la richefie des florentins. Dans
le partage que Corne I fie à fa: mort de fes biens
particuliers , on voit qu’ un grand nombre
avoit été confifqué. Quand il mourut les trois
quarts de la Tofcane étoient encore en bois. A
préfçnt il y en a plus de la moitié de cultivée ,
& cette partie eft divîfée en quatre-vingt mille
portions ou héritages labourés par autant de familles.
Les cantons les plus fertiles & les plus
beaux font : le Val dit Nievolè , le Mugello, la
plaine de Pife , celle de Prato & la vallée de
Chiana. Quoique les deux tiers de la Tofcane
foient montueux , fon terroir eft bon : mais en
plufîeurs endroits, pour augmenter fa fécondité ^
on feme des fèves , des lupins, & c . dans les
champs où l ’on veut l’année fuivante. recueillir
du bled , & c’eft ce qu’on nomme en langue
Tofcane , praticar fovefci.
Le pays a moins de prairies qu’il ne lui en fati*
droit pour augmenter fes beftiaux. L’agriculture
y eft plus fiorfifante que dans le refte de l’Italie,
& . elle fera fans doute portée à fa dernière perfection
par la protection particulière dont l’has*-
nore le fouverain aCtuel. C e prince, en 1771 *
permit l’exportation des grains, exempta les productions
de certaines taxes , & allégea en faveur
des cultivateurs le poids des impôts. Le gros
bétail, les chèvres & les chevaux trouvent d’ex-
cellens pâturages dans la maremma de Sienne, Sc
dans les montagnes de Piftoja.
La Tofcane produit en abondance des vins fa-
voureux & fains qu’on recherche par-tout. Les
meilleurs font ceux de Montepulciano, de Chianti,
de Pomino, d’Artimino , dé Caftello, de la Ver-
d é e , & c .
C ’eft un fpeClacle merveilleux pour un étranger
que de voir la même ferme adonnée à la culture
des grains , de la vigne , de l’olivier , des
fruits , des légumes , du jardinage, & de toutes
les productions néceflaires à la vie.
En l'année 1 7 7 1 , qui fut médiocre, on recueillit
dans la Tofcane cinq millions, quatre cens
cinquante-cinq mille fept cens trente-un boifleaux
de grains, deux millions fept cent rente-huit mille
huit,cens quatre-vingt-deux de gros bleds, fept cens
quatre-vingt-dix mille neuf cens foixante-onze de
petits bleds , & fept cens, quatre - vingt - trois
mille de châtaignes. Ordinairement on feme huit
à neuf cens mille boififeaux de grains , & ou en
recueille jufqu’ à quatre, cinq ou fix millions.
La culture & le trafic de la foie font d’un très-
grand profit pour les habitans, & le travail que
X x.