
a 4 4 ’ S U A
révolte du duc Albert contre fon frère Frédéric
qui eut .lieu en 1460 , & qui le fit mettre au_bande
l’empire. C e t événement rendit la préfecture
à la famille de TruchlefiT de Waldbourg, 8c
nommément à Jean , fik de Jacques , dont nous
avons parlé. A-peu-près à la même époque, le duc
Sigifmond d’Autriche ayant follicité à la cour de
l ’empereur Frédéric, 8c obtenu la ceflion de cet
engagement, il n'y procéda qu’en 1473 , lorfque
le duc Albert de Bavière voulut le prévenir de
l ’aveu de l’Empereur. Mais Sigifmond ne tarda
pas à la réengager pour la mêmefomme à Jean de
Waldbourg, qui ne la lui céda entièrement qu’en
i486 avec le château de Ravensbourg, après avoir
touché de l’archiduc le prix de cet engagement. Il
ne reite prefque plus de la préfecture de la haute
& btâz-Suabe que cette dénomination & l’ufage
O.Ù font les villes impériales d’Ueberîingen, de
Lindau ,-Biberac, Ravensbourg, Wangen & Pful-
dorf, de faire au préfet d’Altdorf un préfent annuel
en argent & en v in , fous le titre de don gratuit
, 8c un* droit de protection qui fe paye encore
par les couvens immédiats de Lindau , Weingar-
ten , Salmannsweiler , Ochfenhaufen , R o th ,
WeifTenau , Baindt de Buxheim. 11 faut donc
fe garder de prendre la préfecture impériale de
Suabej qui porte proprement le nom de préfecture
d ’Altdorf & de Ravensbourg, pour l’ancienne
préfecture. On peut fe tromper d’autant plus aifé
ment , que le préfets impériaux de la haute &
baGe-Suabe font en même tems chargés de l’admi-
niftration de la préfecture d’Aitdorf & de Ravensbourg.
11 ne faut pas non plus confondre avec la préfecture
de Suabe le préfidial libre & impérial de la
haute & baflè-Suabe pour les diltriCts de Leutkir-
cher-Heyde & de Gepurs. C e tribunal a la même
origine que les anciens Placita ou molli pubLici &
provinciales, & on le trouve dès le tems des premiers
ducs de Suabe, qui avoient le droit d’en conférer
les offices au nom de l’empereur 8c de l’empire.
Les anciens juges provinciaux prenoient le
nom de la Heyde, lorfque les affifes fe tenoient à
Leutkirch ou dans fa plaine : & celui de la Gepurs
, lorfque l’on s’aflfembloit dans d’autres
villes du diftriCt de la Purs , comme à Lindau ,
Wangen & Ravenlbourg. C e ne fut qu’en 1415
qu’ un juge provincial , nommé Voe lk -S ifr ied ,
commença à réunir les titres de la Leutkircher-
Heyde &*de-la Purs. Cette formule fut confervçe
chez les juges établis par les maifons deTruchfefs
& d’Autriche jufqu’à ce qu’au commencement du
feizième fiècle Jean T u n ow e r , à l’imitation des
préfets, s’arrogea les qualités de juge provincial
dans la haute 8c baffz-Suabe , de la Leutkircher-
Heyde & de la Gepurs. Le IeCteur remarquera
que ce changement fe fit à l’époque où la maifon
d’Autriche prétendit donner plus d’étendue à la
jurifdiCtion de Leutkircher - Heyde : 8c dès-lors
S U A
cette maifon profitant de la réunion des deux préfectures
, entreprit de changer la face de ce tribunal
, en lui attribuant des caufes réfervées 3 eut
s oppofant aux appellations' portées devant les
cours fouveraines de l’Empire , 8c en étendant
les bornes de fa banlieue. Cette innovation donna
lieu aux plaintes, des princes & états du cercle de
Suabe , ils dirent que le refifort originaire de ce
préfidial, borné à la Leutkircher-Heyde , n’avoic
jamais paffé fes limites 8c celles de la Purs, lis
ajoutèrent que la juftice provinciale n’ayant jamais
eu aucune prérogative fur les autres tribunaux
de cette efpèce, n’avoit pu jouir à leur
exemple que d’une autorité très-limitée, lors dé
la reunion de la préfecture à la maifon d’Autriche.
Ils prouvèrent même que plufieurs états de l’Empire
, princes, comtes & feigneurs, prélats 8c
villes^ libres de la Suabe , avoient .été fouftraits
par 1 empereur à la jurifdi&ion de la~cour provinciale
, fans autre exception que celle du déni 8c
delai de juftice. Quoi qu’il en f o i t , le reffort actuel
de ce tribunal commence à la ville impériale
de Lindau | qui eft véritablement fituédans fa banlieue
, ainfî que le terrein qui règne le long du
lac de Confiance jufqu’ à Moerfbourg ; il fe prolonge
enfuite au-delà du lac 8c de la ville de Confiance
, laquelle toutefois prétend n’être pas dans
fii jurifdiCtion , 8c paffant au - delà de l’jfie de.
Reichenau à Rodalphe-Zell , Tingen 8c Sxallin-
gen, fes bornes fe confondent avec celles de la
Suabe 8c de la Suiffe. On veut comprendre dans
fes limites le comté de Bôndorf, celui de Baar ,
le haut 8c bas comté de Hochberg , & fur - tout
la ville impériale de Rothweil avec celle de Vil-
lingen. Ici les bornes de la banlieue s’ unifient
avec celles du duché de Wurtemberg, 8c s’éten-*
dent jufqu a la ville impériale de Gcmund. On y
compte Üettingen-Baldern & Donawerth , d’où
la ligne frontière s’ étend jufqu’au pont de Reuth.
L’empereur Ferdinand ayant, en 1 y y ƒ 3 exempté
les feigneuries' d’en-deçà de 1’Arlberg de la juiif-
didlion du préfidial , malgré les oppoiîtions des
Etats adjacents , nommément des villes de Lindau
, Rawenfbourg , Wangène, YTni & Leutkirch
, la limite fe replie fur Reuth pour s’ étendre
jufqu’à Taunheim, &. embraflant enfuite le
comté de Koenigfeck-Rothenfels, elle fe rejoint
à Lindau , elle y forme la frontière qui fépare la
feigneurie de Bregenz des territoires adjacents ,
& indépendamment de cette ligne, la feigneurie
de Hohen-Ems, -limée hors de fon enceinte, fait
partie de fon reffort. Le préfidial a une jurifdic-
tion concurrente avec les états de l’Empire compris
dans fa banlieue, à moins qu’ ils ne puifient
prouver une exemption plénière. Il juge en première
inftance toutes les matières civiles & tous
les membres médiats 8c immédiats de l’Empire ,
domiciliés dans fa banlieue. Autrefois, & même
du tems des premiers juges provinciaux établis par
la maifon d’Autriche, les appellations étoient
S U A
portées Amplement aux tribunaux füprêmes de
I*Empire j mais par la fuite des tems , 8c nommément
depuis l’ année 1 ï 30 , elles furent attribuées
à la chambre aulique d’Infpruck , jufqu’à ce
qu’enfin par la capitulation de l’empereur Léopold
les parties obtinrent pleine liberté de pdrter
leurs appellations indifiinélement & fans'trouble
au confeil aulique de l’empereur, ou à la chamb
re . impériale. Le préfidial de la Lutkircher-
Heyde 8c de la Purs a eu depuis un tems immémorial
quatre fièges ou réfidences particulières ,
toutes fituées dans le difiriéü de la Purs, favoir
Leutkirch, Wangen, Lindau,.-Ravenlbourg.
Mais la préfecture ayant paffé à la maifon d’Au-
t-riche , on a fubftitué à- la ville de'Lindau le
bourg impérial d’A lto r f, 8c à la ville de Leutk
irch , celle d’Yfni. Dans chacune des quatre réfidences
, appellées Maalftdec, ce tribunal tient
par an douze affifes , dont les audiences, fe fui-
vent à l’entrée de chaque mois, qui ouvre le
non veau quartier , en commençant par A lto rf 8c
finifiant par Yfni. Le juge provincial de l’empereur
eft à la nomination de l’archiduc régnant
■ d’Autriche, en fa qualité d’adminiftrateur de ce
préfidial. Mais on a coutume d’annoncer le choix
du nouveau titulaire aux quatre réfidences , &
de leur demander leur avis : après quoi l'on procède
à fon inftallation. C e tribunal a quatre affef-
feurs appelles lieutenans , 8ç .chaque réfidence
nomme le fien pour préfider en l’abfence du juge
impérial. Dans les trois villes impériales le choix
tombe ordinairement fur un des bourguemaî-
tres ou fur un membre dujconfeil privé , & à Altorf
on nomme communément le maire du bourg.
Chaque réfidence a de plus fes députés particuliers
, qui forment un corps de douze personnes ,
choifis par les magiftrats des lieux , parmi ce qu’ il
y a de plus diftingué dans le fénat 8c dans le
corps des notables. C e font en partie des perfonnes
lettrées 5 chaque féancè ne rapporte à ces
derniers que fix kr. Les fondions de greffier du
préfidial fe font d’ordinaire par les officiers de
chancellerie des trois villes impériales , auxquels
le bourg d’Altorf fubftitué fon tabellion. Les revenus
du préfidial, fans être confidérables , fuf-
fifent à fon entretien 8c au dédommagement des
titulaires.
Adminift ration ÿ tribunaux.
Outte cette juftic« la Suabe en a eu plufieurs autres,
dont quelques-unes fubfiftent encore, favoir :
les préfidiaux libres impériaux de Rankweil en
Muifine ; celui deTurgovie cédé au corps helvétique
par la paix de Balle à la fin du quinzième fiècle ,
8c dont les affifes fe tiennent tous les mois en fon
nom dans la ville de Fravenfeld > celui .de Nellen-
bourg ; celui de Schackebuch dans le comté de
Heiligenberg j ceux enfin du comté de Kempten
& d’CEttingen, Quant au préfidial de R o thw e il,
S U A j 45
converti dans la fuite en juftice. antique de l’em"
pereur , v ty ^ l’article Rothweil..
Remarques ■ générales.
La Suabe dans le moyen âge .étoit divifée en
plufieurs diftriéts appelles Gau:, dont les noms
font encore en ufage. Tels font : l’ Algatt
l’Alpengau, l’Argau ou Ergau , l ’A r g e n g a u le
Baar, Brenzgau, le Bretfcachau , le Brettigau , le
Brifgau , le Burgau , le C 1er gau , le Craichgau,
( fitué entre la Suabe & le bas-Palatinat, 8c fous-
divifé én Schmiechgau , Enzingau ou Enfgau &
Salzgau, ) le Donogau , le Glemsgau, le Hegau ,
le Jaxtgau, l ’Ilergau , le Kochengau ou Kocher-
gau , le Linzgau , le Murgau ou Murachgau , le
Nagoldgau, ( qui comprenoit aufti le Walgau , )
le Nebelgau , le Niebelgau , l’Ortegau , le Rhin-
gau , le Ries, le Schuflè'ngau , le Sulmgau, le
I h 11 rgau ou la Thurgovie , le Wirmingau ou
Wiringau, Iê'Zabernachau ou, Zabergau , le
Zurichgâu 8c autres.- i
La plus grande partie de la Suàbe eft comprifc
aujourd’hui dans le ' cercle qui en porte le nom.
Une portion dépend de celui Autriche , 8c une
.très-petite portion dç ç e jü j‘du haut-Rhin. Une
bandé’ étroite du .cercle de Ravière , nommér
ment du duché de Neubourg , fe prolonge dans
la Suabe, 8c forme ce qu’on a'ppeile les bailliages
Siiabes de ce duché. La nobleffe immédiate de
l’Empire ppfrède aufti .dans’ \a'Suabe, des terres
8c feigneuries confidérables,.
Du cercle de Suabe en particulier.
Ce^ cércle ne- comprend pas toute la Suabe ,
mais il en embrafië la plus grande partie. II eft
borné par, ceux du haut 8c du bas-Rhin , de Fran-
cpnie , de Bavière 8c d’Auttichè , ainfi que par
la Suiflé. Les terres qui en dépendent offrent environ
fept cents vingt-neuf mille quarrés.
Les états qui le compofent aéluellement font
diftribués en cinq claffes ou bancs , favoir :
I e*. Princes, eccléfiaftiques : favoir , Conf-
tance, Auglbourg, Elwangen 8c Kempten j ces
deux derniers obfervent d’une leance à l ’autre l ’alternative
pour le rang. Voyez ces articles.
' 2°. Princes féculiers favoir : Wurtemberg,
Bade - Bade , Bade - Dourlach , Bade - Hochberg,
Hohenzollern - Hechingen 8c Hai^er-och , Ho-
herizollern - Sigmaringen , les abbayes fécuiières
de Lindau 8c de Buchau , qui d’une diète à l’autre
alternent pour le rang, tandis que h claffe des
prélats.leur difpuce la préféanee ; Averfberg pour
Thengen Fitrftemberg - Heftigenberg , CÉttin-
gen - GSttingen, donc le fuffrage eft fufpendu ;
Schwarzenberg pour. Sulz , Lichtenftein , Furi-
tenberg-Stuhiingen. Voyci ces articles.