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Les principaux articles déclaroient que Tèm-
pereur feroit univerfellement reconnu en fa qualité
de juge fuprême j qu'on établiroit dans l’empire
un tribunal fouverain * dont l’empereur
choifîroit les membres , pour connoître& décider
de tous les différends entre les princes 8c états :
■ que toutes les voies de fa it , défis , repréfailles ,
& c . feroient défendues : que les parties léfées
feroient obligées à fe pourvoir en juftice régulière
pour leur fatisfadion. Elle défendit de plus
( fous peine ^ pour les princes & états immédiats,
d’être mis au ban de l’empire, & fous peine
de mort pour les feudataires médiats ) d’appeller
les étrangers dans l’empire, foit contre le ch e f,
foit contre les membres , & de les favorifer
directement ou indirectement.
Cette conftitution confirmée , augmentée 8c
éclaircie dans la diette d’Augsbourg en 1,500 8c
dans celle de Worms en 15 2 1 , a été inférée
dans les capitulations des empereurs. Tous les
recès des diètes, tous les articles des capitulations
impériales qui la confirment, forment avec elle
ce qu’on nomme la paix profane, qui eft tenue*
pour loi fondamentale de l ’empire.
Les troubles excités dans l’empire par I’into
lérancedes catholiques , & l ’ardeur des proteftans,
ne purent être appaifés que par une fécondé conftitution
fur le régime du gouvernement eccléfiaf-
tique. Le fameuxjinterim de Charles-Quipt, donné
à la diete d’Aügsbourg en 1 5 4 7 , .n étoit qu’un
édit provifionnel. La convention de Paffau qui
Je confirma en 15 5 1 , n’étoit qu’ un aéte particulier
entre quelques princes, & il rie pouvoit paffer
pour une loi générale de l'empire. C e fut à la
diete d’Ausbourg en 1555 , cîue Accord entre les
deux religions, rédigé en dix-fept articles , devint
une conftitution générale j on la nomme paix
de religion , 8c elle eft tenue aufli pour loi fondamentale
de l’empire.
Des traités de Munfter & d‘Qfnabruck.
Le congrès de Weftphalie eft - célèbre, & on
n’avoit pas vu depuis plufieurs fiècles, de négociation
, où tant de monarques, potentats &
princes fuffent intervenus, où il eût fallu vaincre
tant de difficultés, où l’on eût rencontré tant
d ’intérêts divers, enfin où on eût employé un fi
grand nombre d’habiles miniftres. Nous .avons
cru qu'il feroit agréable & utile à ceux qui fç.
deftinent aux négociations, d’en' rapporter les
particularités les plus -effentieHes. L ’empereur ,
auquel s’étoient joints Télêéleur de Bavière , les
princes & états catholiques d ■ Allemagne j le roi
de France, le roi d’Efpagne , la cburorine de*
Suède qui ftipuloit pour les proteftans d’Allemagne,
& les états des Provinces-Uniës , étoient
les chefs des partis. Le Roi de Danemarck avoir
offert fa médiation à l ’empereur & à la cour de
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Stockolm, & elle avoit été agréée. Mais ce
roi étant devenu fufpeél par fes intelligences
fecrettes avec la cour de Vienne , 8c par fes
négociations en Ruflîe, où il n’avoit que trop
témoigné la jaioufie que lui înfpiroient la prospérité
& l’éclat de la Suède, cette dernière
puiffance renonça à la médiation du Danemark,
& elle y renonça , 8c rompit d’ une manière
ouverte en 1644. Par ce moyen toute la mé'-
diatlon demeura au pape , & en quelque façon
à la république de V enife,, qui fe fervirent
des taîens de Fabio Gh'ify & d’AIofio Conta-
rini pour achever un fi glorieux oufrraige. Le
premier avoit entre autres qualités , celle de
f.ivoir couvrir fes défauts avec un artifice fi admirable
, que tout le collège., des caid in aux ne
les reconnut qu après qu’il l’eut fait pape. L’ autre
étoit un homme d’honneur : il étoit forti avec ré:
putation d’un grand nombre d’ambafiades, 8c U
y avoit acquis celle d’un des plus habiles négociateurs
de fon tems. Ils étoient tous deux in-
téreffés à faire réuffir la négociation } d’abord
pour leur gloire, enfuite Chify s’ouvroic le chemin
à de plus grandes dignités , 8c Contarini en
procurant la paix, donnoit à la plupart des princes
chrétiens les moyens de fécourir la république
contre les armes du Turc qui avoit fait une
defeente dans n ile de Candie.
Les rois de France 8c de Suède étoient ennemis
déclarés de l’empereur, & en rupture ouverte
avec lui : le landgrave de H effe -Ca ffel, qui
avoit traité avec la France dès.1630 , avoir aufli
une armée en campagne contre l’empereur. Tous
les princes proteftans, à la réferve de l ’éleéleur
de S a x e , & du landgrave de Hefle-Darmftad
fon gendre, n’étoient point fatisfaitS de la cour
d eV ien n e , & l’éleéleur de Bavière lui-même
beau-frère de l’emperetir, jaloux de la grandeur
de ta mai fon d’Autriche, devenu une ;püiffarice
formidable, après ta conquête des duchés de
Meklenbourg & de Poméranie, non-Teulemeut
rie fujvoit point fes intérêts, mais il prétendoit
les régler. jLa France demandoit pour fatisfaéïïon
-& pour dédommagement, ta ville de Briffac avec
le Brifgaw, l’AIface , Philisbourg & îe s Evêchés
de M e t z , Toul & Verdun: c ’eft à dire ,ï’ tôut
ce quç fes armes âvoient occupés ou conquis fur
l’empire depuis environ cent ans ; tellement qu elle
vouloit : en détacher ainfi une province; très-
confidérable, & ôtoit à 1a maifon d’Autriche
une'de fes 'meilleures places , 8c une partie de
fon domainé. La Suède demandoit les deux Po-
méranies , ta ville de Wifmar au duché de Mé-
klenbourg, l’atchèvêché de Brême & ,l’évêché de
Verden , avec plufieurs millions d'écris pour fes
gens de guerre. L’éleéteur de Brandebdurg, qui
avoit .des prétentions fort légitimes fur ta Poméranie
,- s^ôppofoit à celles^des Suédois, qui demandoit
de plus pour te Landgrave de Hefle
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Pévêché de Paderborn , & quelques autres a van
tages : les miniftres de Suède aimoient mieux le.
voir obtenir cette récompenfe aux dépens de l’é-
glife catholique , que de confentir qu’il ta prît fur
le landgrave de H elfe - Darmftad j celui-ci étant
luthérien, ils vouloient favorifer un prince qui
profeffoit ta même religion qu’eux. Ils infiftoient
aufli fur ce qu’on rétablît Téleéleur palatin
dans le Palatinat , 8c qu’o n . permît l’exercice
libre 8c public de ta religion proteftante,
dans les provinces héréditaires de l’empereur 8c
dans tous les lieux de l’empire où il étoit fouffert
en 1618. Le Duc de Mecklenbourg ne pouvoit
confentir que ta ville de Wifmar fût détachée
de fon domaine , & le roi de Danemark foutenoit
qu’on ne pouvoit refufer à fon fils 1a reftitution
de l ’Archevêche de Brême. Il y eut de longues
difcuflîons pour la Poméranie entre la Suède &
l’éledeur de Brandebourg 3 d’abord pour ta province
entière, 8c enfuite pour le partage, 8c
enfin, pour ta récorn pen fe qu’on donneroit à
l’éledear. Les Suédois vouloient qu’on lui accordât
des évêchés, & qu’ on y joignit les duchés de
Jagerndorf, de Sagan & oe Glogau en Siiéfie.
Les miniftres d’Efpagne exhortoient Téleéleur à
tenir bon, 8c à ne point céder ta Poméranie. Ils
lui faifoient efp.érer les fecours des rois de Pologne
8c de Danemarck, 8c ils lui promettoient
toutes les forces du roi leur maître , qui ne pou-
voient empêcher que les. françois ne fiffent de
grands progrès aux Pays-Bas, plus importans
pour le roi d’Efpagne, que ta Poméranie ne Té-
toit pour Téleéleur.
L ’ Efpagne cherchoit à forcer Téleéleur à fe
déclarer pour 1a maifon d’Autriche j mais telle
étoit ta foibleffe de fon confeil, qu’il ne pouvoit
faire du bien à fes amis, ni du mal à fes ennemis
, mais feulement à lui-même, en donnant
à ta Suède un prétexte plaufible, de s’emparer
de 1a Poméranie.
La France acquéroit un avantage incomparable,
en fe faifant accorder l’Aiface, 8c deux places
importantes fur le Rhin 5 elle s’affuroit par ce
moyen de ta Lorraine } Brifac lui fervoit de
ligne île communication avec Téleéleur de Bav
ière, & Philisbourg contenoit les quatre éleéleurs
du Rhin.
L ’empereur voyant que ces concédions démem-
breroiens 8c affoibliroient l’empire, 8c que la
parfaite union entre les couronnes de France
& de Suedè, lui ôtoit toute efpérance de for-
tir de 1a guerre avec avantage,-tâchoit de fépa-
rer leurs intérêts } il s’efforcoit fur-tout de gagner
la Suède. 11 lui fit çfpérer qu’oq lui donneroit
une plus grande fatisfaélion que celle qu’elle pou-
voit légitimement demander, fi elle vouloit fe
joindre à ceux qui s’oppoferoien^ aux prétentions
de ta France : lès miniftres de l’empereur les dif
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foient fi exorbitantes, qu’elles dévoient même
être fufpeéles aux. Suédois. Le comte de Traut-
manfdorf, qui menoit cette intrigue, y auroic
reulfi , s’il eut fu profiter des conjonélures qui
lui étoient favorables. Oxenftirn, l’un des plénipotentiaires
de Suède, n’avoit pas beaucoup
d’ affeélion pour ta France, non plus que le chancelier
fon pere, & on lui offrit des conditions
fi avantageufes, qu’ il croyoit. ne les pouvoir refufer
, fans nuire à la couronne de Suède, mais
le comte de Trautmanfdorf en perdit Toccafion,
ü .pouffa l’aveuglement, jufqu’à rendre les intérêts
& les confeils des deux couronnes in-
(eparables. Néanmoins toute ta Fermeté des
plénipotentiaires des alliés n’auroit pu arracher
de l’empereur les .énormes concédions qu’ils
demandoient, fi le duc de Bavière ne fut venu,
a ta traverle. Lors des mouvemens de Bohême,
il avoit avancé à l’empereur jufqu’d neuf millions
d’écus , 8c il s’étoit fait engager 1a haute Autriche}
le chef de Tempiie pour payer cette dette
aux dépens d’autrui, 8c dégager en même-temps
une fi importante province, lui donna le haut
Palatinat avec ta dignité éleélorale, qu’ il avoit
confifqués fur Frédéric roi de Bohême. L’électeur
de Bavière étoit ji âgé , & fon fils fi jeune,
qu’ il ne pouvoit prefque efpércr de continuer la
dignité éleélorale dans fa maifon, s ’il ne con-
fommoit cet arrangement pendant, fa vie. L’empereur
étoit devenu un très mauvais’ garant depuis
les progrès que les armes de France & de
Suède, avoient faits en Allemagne : d’abord ta
cour de Vienne n’étoit pas en état de le protéger
contre les armes des alliés, lorfqu’ elles agi-
roient de concert, 8c l’électeur avoit des inquiétudes
continuelles , que l’empereur ne s’accommodât
en fecret avec les couronnes. La Suède faifoit
de vives inftances pour le rérabiiffement de Té—
leéleur Palatin : elle étoit fécondée par le duc de
Neubourg , héritier préfomptif de ta dignité électorale
, faute de mâles dans ta branche de Heidelberg.
L ’éleéleur de Bavière fe fervit du prétexte
de ta religion, qui eft toujours d’ un grand
fecours à ceux qui ont Tadreffe de le bien employer.
Il envoya fon confeffeur à ta cour de
France, où il fit repréfenter combien il impor-
toit à la .religion catholique romaine , que la
dignité éleélorale ne fût point donnée à un prince
hérétique , & que ta religion , introduite dans le
haut Palatinat, y fût confervée. La cour de
France eft celle de toutes où la religion trouve
moins de dupes} mais ta reine-mère éroit fi dévo
te , qu’avec le prétexte de ta religion on lui
donnoit toutes les impreffions qu’on vouloit j
& quoique le cardinal. Mazarin ne fut ni fu-
perftitièux , ni dévot, il n’eut point de peine à entrer
dans les mêmes fentimens, parce qu’il fal-
loi t donner quelque chofe à fon état, à la religion
du prince ,& à la dévotion de la reine, &
fur-tout parce que ta déclaration de la Bavière
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