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viïices font pafler l'ordre d'élire aux maires & aux
aldermans de chaque ville de leur province qui a
droit de députer à la diète. Le maire aflemble les.
éle&eurs dans la maifon-de-ville , où l'éle&ron fe
fait à la pluralité. Les députés reçoivent pour
leur dépenfe une petite contribution , qui varie
fuivant la faculté des conftituans.
Le nombre 'des députés de cet ordre a toujours
varié. Chaque ville de commerce a droit d’envoyer
deux députés. Les plus grandes , comme
Gothembourg, Nordkæping , Geffle , &c. en envoient
trois, & Stockholm d ix ; mais quelquefois
deux petites villes nomment le même député
pour éviter la dépenfe. En général cet ordre n'a
pas moins de cent députés , ni plus de deux
cents.
Le quatrième ordre eft celui des payfans ou
cultivateurs. C e qui caraétérife les perfonnes de
cet ordre , c'eft d'être employées à l'agriculture ,
de polféder une certaine étendue de terre, de
n'avoir jamais fait aucun commerce 3 ni exercé
aucun emploi civil. On n'y comprend que ceux
dont les ancêtres ont vécu dans le même état, &
ne prennent aucun titre de nobles, ou de bourgeois
} on n'y admet pas même des hommes aifés3
vivant noblement dans des terres qu'ils auroient
achetées d'un payfan.- -
Les payfans qui ont droit d’élire & d’être élus 3 \
peuvent être partagés en trois claflfes. i ° . Ceux !|
qui ont en ferme des terres de la couronne pour
leur vie 3 & à qui on ne preut les ôter fans les
avoir juridiquement convaincus d’en négliger la
culture. A leur mort elles’font prefque toujours
lardées au fils aîné. 2°.. & 3°. Les payfans qui ont
acheté , foit de la-couronne 3 foit de la noblefle,
la perpétuité de leurs fermes fous la redevance
d’une cenfe.
Le gouverneur de la province ayant reçu l'ordre
d'élire, l'adreffe aux juges des divers diftridts, qui
les notifient aux payfans de léur jurifdiélion , &
Je alfemblent à un jour fixé. L ’éle&ion fe fait à
la pluralité des voix , & les électeurs fe cottifent
pour défrayer ceux qu'ils ont élus députés. Rarement
y a - t - i l dans chaque diftriôfc plus de cent
électeurs & moins de trente. Quant au nombre
des députés il varie beaucoup , parce que quelquefois
deux diftri&s fe réunifient pour élire le
même , mais le nombre ordinaire peut fe monter
à environ cent.
Les polfelfeurs des terres vivans noblement,
mais qui ne font ni nobles ni payfans , ne font
point repréfentés aux diètes , & cela eft lïngulier
dans une conftitution aufiî libre que celle de
Suede; mais quand elle fut formée , cet ordre de
perfonnes n'exiftoit pas en Suède 3 & comme
dans la plupart des autres états de l'Europe , on
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n'y connoîfloît que des nobles , des bourgeois &
des payfans. Iln’enjdoit pas moins paroître extraordinaire
aujourd’hui que cette partie la plus faine,
peut-être, & la plus refpeétable du corps politique
, n'ait pas la moindre parc à la légiflation, pendant
que des artifans & des fermiers ignorans &
corruptibles jouiflent de cet important privilège.
En 1720, lorfqu'on établit une nouvelle forme de
gouvernement, les perfonnes de cette clafîe s'a-
drefsèrenc à la diète pour demander d'y avoir entrée
, mais la légiflation nouvelle venoit d'être
confommée, & on fe contenta d’accorder à un
certain nombre les privilèges de la noblelfe.
Les états du rôyaume , compofes comme on
vient de le voir , s'alTemblent à Stockholm dans
. ditférens lieux. Les nobles dans leur h ô te l, le
clergé dans la cathédrale , les bourgeois à l'hôtel-
de - ville , les payfans dans une falle particulière
de ce même hôtel.
Quand ils ont ouvert leurs féances & choifï
leurs orateurs refpeétifs, les quatre ordres fe rendent
à la falle du palais où le roi dans fes habits
royaux, affis fur fon trône, leur communique par
une courte harangue les motifs de leur convocation
, en les invitant à l'aider de leurs confeils
& à s’occuper du bien du royaume. En réponfe
à ce difeours les quatre orateurs complimentent
fa majefté au nom de leurs ordres lefpe&ifs,
après quoi tous les députés fê retirent.
Voici de quelle manière fe font les loix. Pendant
des féances de la diète chaque député a le
droit de faire à l’ordre dont il eft membre Une
propofition dont il délibère. Cette propofition eft
acceptée ou rejettée à la pluralité. Si elle eft agréée,
l'ordie envoie une députation aux trois autres
pour la leur préfenter, & fi trois ordres l’approuvent
, les quatres orateurs vont la préfenter au roi.
Sa majefté après cela appelle les quatre ordres au
palais, & leur communique fa réfolution fur cette
propofition. Si elle eft négative , la propofition..
tombe y fi le roi l'approuve , elle devient une loi
de l'Etat.
Si la propofition vient du ro i, fa majefté commence
par l'adrefler aux fénateurs, qui donnent
leur avis par écrit. Du fénatelle eft portée à la délibération
des états. S'ils i'approuvent, les quatre
ordres fe rendent au palais pour l'annoncer au roi.
S'ils la rejettent, ils chargent leurs orateurs de lui
remettre un mémoire, dans lequel ils expofent
les motifs de leur diflentiment.
Lorfque le roi juge à propos de mettre fin à la
diète, il appelle les états au palais & il les congédie
par un difeours.
Nous avons parlé plus haut du peu de fuccès
de la diète de 1778, du mécontentement des états,
& de la précipitation avec laquelle le roi le congédia.
C e prince a voulu convoquer une fécondé
diète, l’année dernière : après un très-beau dif-
coiirs, Guftave III propofa d’abord aux états,
1®. De convertir la punition de mort pour l'infanticide
en une prifon perpétuelle, avec la peine
du fouet, line fois par an, le jour que le crime au-
roit été commis.
2°. De prévenir le partage des grandes terres ,
a caufe des nombreux inconvéniens qui en réful-
tent, de les léguer au fils aîné, & donner aux autres
enfans foit une .penfion annuelle, foit une autre
rétribution à fixer en argent.
3°. D ’autorifer le roi à retirer de la banque un
fonds propre à ériger un magafîn à bled dans l'endroit
qui feroit jugé le plus convenable.
4°- D’autorifer également le roi à retirer de la
banque un fonds nécelfaire pour les frais de diver-
fes mines, notamment celles de cuivre de Falun , :
qu'il s’agit de dé bar rafler des eaux qui les obflruent
de jour en jour, & les préferver par-là d’une ruine
inévitable, en dépofant toutefois à la banque une
valeur égale en cuivre.
Ces quatre projets ne paroiflant pas affe&er
d'une manière immédiate & perfonnelle les intérêts
du roi ; on penferoit que Guftave III convoqua
cette fécondé diète, pour voir fi les états &
la.nation s'accoutumoient à la forme du gouvernement
> mais il fut bientôt queftion des dettes de la
couronne 3 &c on s'apperçut que la nation, ou du
moins les états, n'étoient pas encore façonnés à
la foumiflion qu'on voit dans les gouvernemens
monarchiques.
La diète de 1786 n'a adopté définitivement aucune
des réfolutions propofées par le monarque ;
elle a refufé de prendre connoiflance des dettes de
la couronne, qu'elle n’a point confidérées comme
dettes de,l'Etat, en annonçant aflez fes difpofitions
futures fur cet objet. On pourra juger du mécontentement
qu’a reflenti le ro i, en éprouvant une pa- '
reille réfiftance ; lî on lit le difeours de fa majefté
à la clôture de la diète. En voici la tradu&ion.
N o b le s , vénérables, ftec. L’avantage du royaume
& les foins de votre propre bien-être ont été
les uniques motifs de la convocation de la diète ,
à laquelle je vais mettre fin aujourd’hui j la conduite
que j’ai tenue devant cette aflemblée, a pu
vous fervir pareillement de preuve convaincante
de l’amour lincère qui m'anime envers la patrie.
Puifqu'une défiance mal-fondée en elle-même, peu
méritée à l'égard de celui qui vous a rendus libres,
& q u i vous a ràfiemblés uniquement pour avancer
votre bonheur; — puifque, dis-je, une crainte
imaginaire s'eft élevee , comme une lueur trom-
peufe ou un feu follet, & a menacé de troubler
(Econ, polit. & diplomatique, Tom. IV ,
1 union & la concorde, que j’ ai tâché depuis quatorze
ans de maintenir de toutes les manières &
avec tant de peine, même en oubliant mes propres
intérêts, je ne faurois regarder cette méfiance que
, comme un nuage qui s’élève après une longue &
douce rérénité , mais qu’une confiante patience
voit bientôt s’évanouir- lÿi-effet la vérité doit toujours
triompher, & même à mefure qu’on fait de
plus grands efforts pour l’obfcurcir, elle brille
avec d’autant plus d’é c la t, & fes rayons percent
le voile dont on vouloit les couvrir.
Nos annales confirment'ce que je viens de dire.
Un de mes plus.grands prédécefleurs, le roi dont
j’ai l'honneur de porter le nom, Guftave Erichfon,
le fauveurde fa patrie , éprouva plus d'une fois ,
durant fon glorieux règne, cette efpèce de fatalité
: cependant il vit la vérité triompherai la fin ;
& fon illuftre norn eft encore l’objet dé l'admiration
de la poftérité , quoique h jaloufîe , l’intérêt
particulier, une ambition mal placée, la légèreté,
& l’envie de dominer s'efforça fient de flétrir fon
règne, fi digne d'éloges, & même de lui ravir le
feeptre qu'il avoit arraché aux mains d’un tyran.
C ’eft au tribunal de là poftérité que doivent
être jugés les fouverains : la poftérité feule peut
prononcer avec impartialité. Le jugement des contemporains,
leur blâme ou leurs louanges, font
pour la plupart également injuftes ou peu mérités :
ils fe fondent fur des préjugés ; mais le jugement
de la poftérité repofe fur une bafe beaucoup plus
folide. L ’âge préfent regarde fouvent un bon roi
comme foible , un roi jufte comme trop févère f
la tolérance à fes yeux eft une trop grande foi-
blefle ; & un roi ferme & confiant, il le peint des
couleurs d’un monarque ambitieux : mais la poftérité
, fans haine & fans envie ; prononce une fen.
tence plus jufte: 'c’eft elle qui portera un jour fon’
arrêt fur les diverfes diflenfions qui ont agité la
préfente diète , & fu r les vues de ceux qui s’y font
le plus fait remarquer : c’eft elle auflî qui me fera
jullice, & qui rendra témoignage à ma condefcen-
dance exemplaire, à ma douceur; & la confiance
que j‘ù tâché de vous infpirer, tandis que je me
fuis montré prêt à tout ce qui pouvoit fervir à
votre liberté & à votre sûreté, & que j’ai foigneu-
fement écarté tout ce qui pouvoit tendre en quelque
façon à échauffer les efprirs ou à troubler vos
délibérations ; car tout ce qui me concerne per-
fonnellemenc, je le facrifie volontiers & de bon
coeur à l’amour qui m’anime pour mon royaume ,
& notre commune patrie. C e font ces fentimens
qui règlent conftamment ma conduite, & que j’at
fuivis dès le commencement de mon règne. Il eli
vrai , que mes pas dans ce chemin ont fréquemment
été femé d’épines, & que ma foliieirude
pour votre^ bien-être, ainfi que l’exemple de mes
illuftres prédécefleurs, ont pu feuls m’y raffermir:
mais je regarde l'efpoir, que je nourris, comme
une récompenfe aflez précieufe de toutes mes pei-
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