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Nous n'indiquerons ici que les deux bailliages
qu'il a fur le territoire de l'empiré, tous deux enclavés
dans la Suabe. C e font :
i 9. Le bailliage d’Oberkirch , fitué dans l’Ofte-
«au, 8f dont l’acquifitiqn fut faite en grande partie
dès le commencement du quatorzième lïècle.
Il portoit jadis le nom de château d'Ullembourg.
i Q. Le bailliage d'Ettenheim, fitué dans le Brif-
gau | & dont le nom vient de la petite ville d’Et-
tenheim fon chef-lieu. Il comprend quatre v illages.
SUABE. Nom qu’on donne à une partie de
T Allemagne r nous parlerons d’abord de la Suabe
en général, enfuite du cercle de Suabe , & enfin
de la Suabe autrichienne.-1
D e la Suabe en général.
JLa Suabe 3 félon les géographes modernes , fe
prolonge du couchant au levant entre les rivières
du Rhin & du Lech. Elle touche vers le midi
à la Suilfe , au lac de Confiance & aux poffeflions
autrichiennes en deçà de l’Arlberg ; au nord elle
efi bornée par la Franconie & le Palatinat. La
Suabe proprement dite , ou l'ancienne Almannia,
s’étend vers le Rhin fans pafîer la forêt noire ; car
félon la géographie du moyen âge , le haut 8c le
bas marquisat de Bade efi placé en Auftrafîe ; &
les habitans d'entre la contrée de la forêt noire 8c
le Rhfri, loin de prendre le nom de S u a b e s le donnent
à ceux qui demeurent de l'autre côté de cette
forêt. Les habitans duBrifgau né prennent pas non
plus cette dénomination. Voye% l’hifioire de la
Suabe par Kremer, p. 10 & 11 . Les deux bandes
qui bordent le rivage de n ie r entre le lac-de Conf-
tarice, le Lech & le Danube, font appelles par les
habitans du duché de Wurtemberg, Suabe proprement
dite ; d'autres les appellent haute-Suabe ou
Allemagne. Quelques-uns donnent le nom de haute-
Suabe au diftriél fitué entre Filer , le Danube &
le lac de Confiance, 8c celui de baffe-Suabe, à la
partie fituée autour du Lech & du Danube.
Les montagnes les plus élevées de la Suabe font
l'Aib ou Alp &,la forêt noire : celle-ci efi moins
haute que la première : elles forment une chaîne
qui traverfe la plus grande partie de ce pays , de
l'oueft à l ’eft.
Précis de l'hiftoire politique de la Suabe.
La Suabe tire fon nom des anciens Sueves, ainfi
appeîlés de leur longue chevelure , dont ils avoient
coutume de former une trefte nouée, en allemand
fchw e if: c ’eft par-là que Tacite caraârérife les
Sueves. Ces peuples ont d’abord habité le pays
fitué entre la Viftule & l’Oder; puis pafîant l'Elbe,
ils vinrent s’établir le long du Mein Se du Danube.
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C e n’eft qne du tems de Jnles-Céfar qu'ils fe fixé-
rent fur le Neker 8e le Rhin. Ils occupoient la
plus grande partie de l ’Allemagne, & on com-
prenoit fous leur nom d’autres nations r telles que
les Semnons, les Hermondures, les Quades, les
Marcomans , dont une partie pafTa dans les Gaules
& dans i’Efpagne. Au cinquième fiècle les Suabes
prirent la dénomination d’allemands ; mais ces
peuples ayant été battus par les Francs en 496
près de Zulbich, petite ville qui fait aujourd’hui
partie de Féle&orat de Colo gne, ils tombèrent
fous la domination de leurs vainqueurs, & ils re'pri-
■ rent le nom des Suabes, qu'ils ont gardé jufqu'à
ce jour. Les rois des francs y établirent des ducs ,
que Charlemagne ab o lit, pour leur fubftituer des
intendans appeîlés nonces, qui furent maintenus
fous fes fucceneurs. Le roi Conrad 1 , pour contenter
les Suabes , rétablit le duché, 8c créa le
comte Bourcard un de leurs compatriotes, duc de
Suabe & d'Àlfaçe. Le duché n'étoit d’abord attaché
à aucune famille 5 mais ayant pafie fous l’empereur
Henri IV à fon gendre Frédéric de Hohenf-
taufen , qui en prit poffeffion en 1094 ce prince
le tranfmit à fes defeendans à titre d'héritage. Ces
nouveaux ducs étoient en même tems ducs de
Franconie: & en leur qualité de feigneurs territoriaux
, ils exerçoient le pouvôir fouverain en matière
fpirituelle 8c temporelle. Ou les voyoit fou-
vent dans les affemblées delà nation germanique,
revêtus des dignités le plus éminentes , même des
archi-offices de l’empire ; ils avoient une cour avec
des dignitaires , qu’ils tiroient des plus illufires familles
de la Suabe. Tels étoient les comtes Palatins
de Tubinge, les grands-maîtres dé Waldbourg ,
fucceffeurs des comtes de Maurftetten & de Weifi*
fenhorn , les grands échanfons de Winterftetten ,
le chambellans de Kemnat, les maréchaux comtes
deDiilingen, 8c après eux les comtes de W u r temberg
, les grands-veneurs d’Aurach & autres.
Dans les guerres de l ’empire ils formoient avec
leurs fujets l'avant - garde de l'arrhée germanique
& combattaient à fa tête, ainfi que nous l’apprend
la chronique de Lambert Schafnab dePannée 1075.
Mais comme dès la création & pendant la durée
du gouvernement ducal, il y avoit en Suabe un
certain nombre de princes, comtes & feigneurs
puiftans, dont le confentemnt fut requis à l'inauguration
du premier duc Bourcard 8c de fes fuc-
ceffeurs jufqu’à Frédéric de Hohenftaufen, il n'efi:
pas à préfumer que renonçant à leur immédiate té,
ils fe foient fournis à la fouveraineté des ducs ; il y
à lieu de croire au contraire, que quoiqu'ils aient
refpeété les ducs 8c grofli leur cour, quoiqu’ils
aient été fous leurs ordres en tems de paix & durant
la guerre, quoiqu'enfin les abbayes & couvents euf-
fent été fous la protection générale dés ducs, 8c
que relativement à tous ces objets les ducs en re-
çuffent le ferment de fidélité, ces feigneurs demeurant
avec leurs terres dans la dépendance in>*
médiate de l'empire, n'en étoient pas moins libres
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d'origine. Ainfi les ducs de Suabe ne pouvoient
s'arroger fur eux aucune fupêriorité territoriale ,
ni en exiger des contributions, fans l’ordre 8c la
permifiîon exprefle de l’empereur : ils étoient de
plus obligés de juger les procès conjointement avec
les princes, comtes 8c feigneurs , dans un tribunal
appellé trône royal. Les empereurs & rois de Germanie
pofîedèrent encore long-tems dans les terres
des princes, comtes 8c feigneurs de la Suabe
les droits régaliens, qu’ils firent exercer 8c admïnif-
trer par des préfets 8c par les lieutenans de ces.
derniers. Mais infenfiblement les feigneurs les acquirent
dans leurs territoires à titre de donation,
d'engagement, d’achat ou de prefeription. Les
abbayes 8c couvents immédiats avoient leurs vidâmes
, nommés par les empereurs ; les villes libres
& impériales étoient gouvernées par des prévôts
impériaux, des maires , des avoyers , ou des juges
receveurs ; les villages immédiats enfin , ainfi que
les communautés libres , avoient à leur tête des
adminiftrateurs appeîlés procuratores pr&diorum re-
galium.
Sept des ducs de Suabe de la mai fon de Hohenftaufen
, font parvenus à la dignité de rois de Germanie
8c d’empereurs des Romains. Conrad III
fut le premier 8c Conrad IV le dernier. Ils ont
ainfi poftedé les domaines des Guelphesen Suabe,
Iefquels comprenoient fur- tout le comté héréditaire
d’Altorf, légué d’abord par Guelphe VI, dernier
réjetton de la branche cadette de cette famille
à Henri le lion, duc de Bavière & deSaxe, Se fils
de fon frère, duquel il pafta à l'empereur Frédéric
de Hohenftaufen, comme duc de Suabe 8c fon
neveu du chef de fa foeur. Après la mort tragique
de Frédéric, arrivée en 119p., cette fiicceflion
échut à fon fils, qui fut l’empereur Henri VI. Ces
ducs de la maifon de Hohenftaufen , parvenus rapidement
au plus haut degré de puiffance, dont
leurs grandes pofteflions au dehors & au-dedans
de l’Allemagne dévoient affurer la durée , en déchurent
néanmoins avec la même rapidité, de forte
que leur ruine fuivit de près leur élévation. Le
duc Philippe de Sarf^s’épuifa par les fommesim-
menfes qu'il employa pour obtenir la couronne
impériale. L’empereur Frédéric II fut obligé de fa-
crifier de même un grand nombre de fes domaines
, & fon fils Conrad IV mis au ban de l’empire
par fon compétiteur Guillaume comte de Hollande
, fut déclaré déchu du duché de Suabe 8c de
toutes les terres qui lui reftoient en Allemagne;
envain fon fils Conrad , que les Italiens appellent
Çonradin, s'efforça-1 il de recouvrer fon duché
héréditaire; plus malheureux encore que fon père,
il perdit la tête fur un échaffaut ; 8c cette cataftro-
phe arrivée à Naples en 1168 mit fin à l’illufite
maifon de Hohenftaufen. Ses biens héréditaires'
avoient été aliénés avant cette époque ; 8c le duch
é ’retourna à l'empire. Plufieurs princes , comtes
ou feigneurs profilèrent de ces troubles, pour
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ufurpér des terres de l’empire fituéeS en Suabe j
mais le roi Rodolphe les força à les reftituer.
Après Fextinâiôn des ducs, les préfets impériaux
de la haute & baffe-Suabe , exercèrent les anciens
droits relatifs aux revenus , rentes & émolumens
provenant des bourgs & domaines impériaux fitué s
dans ce pays , & par une commiflion particulière
des empereurs, ils y adminiftrèrent les réferves 8c
droits régaliens , qui étoient autrefois de la compétence
des ducs, 8c qui après leur extinction
pafsèrent à l’empereur & à l’empire.
Pour expliquer ce que nous venons de dire , il
faut obferver qu'à l'exemple des autres provinces
de la Germanie , la Suabe avoit à fa tête des pré-/
fets impériaux & royaux, qui portent dans les
chartes les noms de advocati provincie, generales ,
procuratores regni feu imperii, prsfeéli provinciales.
Leurs fondions étoient d’abord de veiller aux intérêts
de l'empereur & de l'empire dans les terres
qui ne faifoient point partie du domaine des ducs
de Suabe, enfuite ils y adminiftroient par leurs
lieutenans les droits régaliens de la compétence
des chefs de la nation germanique , ils y perce-
; voient les rentes 8c les fubfides, que les princes ,
comtes, feigneurs , abbayes , couveras'& villes-
dévoient fournir. On trouve dès le dixième fiècle
des préfets de Suabe cités dans Fhiftojre jufqu’au
commencement du quinzième ; il y en eut même
quelquefois deux, l’un dans la haute, l’autre dans
la bafÏz-Suabe. Eli 1379 l’empereur Wenceflas engagea
cette préfedure à Léopold III duc d’Autriche
, pour une fortune de quarante mille florins
qu*il lui devoit. Après de longs débats Léopold
en prit énfin pofteflion, 8c il la garda quelques années
: mais après fa mort arrivée en 1386 les ducs
d’Autriche en furent dépofledés. Plufieurs années
s’étant écoulées fans que la préfedurè fut grévée
d’ une nouvelle hypothèque, les empereurs la gouvernèrent
par des préfets ; mais en 1415 l’empereur
Sigifmond , du confentement des princes de
l’empire, aftemblés au concile de Confiance, l’engagea
de nouveau à Jean Truchfeffde Waldbourg
pour la fomme de fix mille florins du Rhin , que
les engagiftes ont été obligés de porter fucceflive-
ment jufqutà la concurrence de treize mille deux
cens florins. L ’empereur Frédéric III à peine monté
fur le trône accorda à fon frère , le duc Albert
^ d’Autriche, la permiflion de. fe fubroger aux
Truchfeff de Waldebourg pour la pofteflion hypothécaire
de la préfecture , 8c il lui en fit expédier
un titre formel , qui confirmoit cet engagement.
Les Truchfeff fe voyant obligés de cédfcr
au plus fo r t , l’ un d’entr’eux, nommé Jacques ,
figna en 1452 8c 53 un accommodement : on fti-
pula qu'il ne régi.roit plus la préfeôhire en fon
nom, ni au nom de l’empire , mais par corïunif-
fion du duc Albert. Les chofes relièrent fur ce
pied pendant plufieurs années, parce que le. payement
du prêt ne fe faifoit point ,■ & à caufe de la
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