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machinale : ort a vû'le fon des clofchés précipiter
les émotions' 8c en -augmenter l'ardeur. Tout ce
qui porte l'alarme avec rapidité, & fans en^ apprendre
le fujet, trouble les cerveaux & les anime.
Les rues fe. rempliffent d’un peuple qui ne for-
tiroit pas de chez lu i, s’il fayoit la raifon pour
laquelle on l ’appelle : mis en mouvement, il
marche, il s’agité , fans examiner de quel côté on
le poufîe.
Pour étouffer les /éditions , on emploie mat-à-
propos l’autorité & la force , lorfqii’ellës font
înfuffifantes pour, abattre.''Si quelquefois la hau
teur & l’audace ont réuflV, c’ eft contre un peuple
accoutumé à la fervitudé & à la terreur.
L’opiniâtreté qui refufe les demandes d’ une
ville mutinée èft encore un mauvais moyen. Les
confeils inflexibles d’Appius ne furent jamais goûtés
du Sénat romain ; il fe repentit d’avoir écouté
ceux de Coriolan.
La condefcendance trop précipitée eft mauv
a is aufli elle peut enorgueillir & infpirer de
nouvelles prétentions.
Entre les moyens, que là faine politique fournit
contré Xts /éditions , le plus reçomrnàndable
èft celui d’agir avec aflfez d’équité pour n’en
point donner des prétextes.
En général, la politique demande que la monarchie
& l ’ariftocratie fe montrent aux féditieux
fur*tout aux révoltés , avec^ ,(’autorité armée
& menaçante , mais c eft prefque toujours par
l'adrelfe qu’on triomphe àts/éditions. Il faut chercher
à adoucir , le peuple s on Je peut en accorr.
dant comme une grâce ce qu’ il demande: avec
juftice , mais il feroit mal-adroit d.e l’annoncer
comme une gtaçe. Si les circonftances s’ y: op-
pofent on doit tourner l'imagination des féditieux
vers un autre objet capable, de les frapper : c’eft
aïntt que‘les confias propofoiént unf expédition
à un peuple guerrier. On doit connoitre fon coté
foible"s lui prodiguer les efpërances F tâcher de
rappeller’ fà raifon fans parottre défapprouver fa
manie; Si on cherche trop vifiblement à le convaincre
de fes torts , on reflemble à celui qui
s’obftînéroit à parler raifon à un homme dont le
cerveau eft troublé* On doit flatter les pàflions
fortes 5 ceux dont ellès s’emparent né doivent pas
exciter-l’indignatibn , mais; la pitié.
Nous, mettrons, au rang des caufes de /édition
les harangues adreffées au peuple. Des exemples
fans nombre fuffifent à peine pour montrer combien
l’éloquence a d’empire fur la multitude. Les
Gaulois repréfentoient Hercule le-Çeltique fous
la figure d’un vieillard , qui traînoit’ après lui les
peuples enchaînés.' Les-chaînes paroinoierit fortir
de fa bouche , & attachées aux oreilles de Ceux
qu’il qpntraignoit à ie luivre. . >.. , :
S E l S ï N
Mais fi l’éloquence eft une. des caufes des
émotions populaires, elle eft aufli un de fes
remèdes. On a vu les peuples fe rendre à la per**
fuafion } elle tempère la férocité , elle polit les
moeurs , ramène à l’humanité. Efope avoit raifon
de dire que la langue eft la meilleure & là plus
pernicieufe de toutes les chofes.
Là confpiratfon ou conjuration , dont nous
avons parlé dans Un article particulier, tient un
milieu entre la fanion & la /édition; elle a
toutes les fureurs de l’une 8c de l’autre , & plus
de noirceur. Elle n’eft pas fi nombreufe;: la trahi-
fon la nourrit dans les ténèbres, elle fe manifefte
avec autant d ’éclat que la /édition j mais fes coups
mefurés, portent avec plus de certitude > lorlque
iè filence l’a favorifée.
Dans les républiques la conjuration menace la
conftitution, dans la monarchie la vie du prince,
dans la tyrannie elle étend fes vues fur i’uu 8c
fur l’autre.
On n’ écoute guères la cotnpaflion dans le châtiment
de ce crime , s’ il entreprend de changer
la forme de là république.
Je rapporterai cependant un trait politique du
conquérant du Mexique.
Un foldat ayant confpiré contre fa v ie , avoic
féduit plufieurs de fes camarades, qui tous s’é-
toîent engagés par leur fignature. Le foldat découvert
fut faifi en préfence de Cortès. Inftruit
qu’une lifte contenoit les feings des conjurés -, il
s’en empara'j il ne punit que le premier coupable,
& fit courir le bruit'qu’au moment où on l’avoir
arrêté , il avoit déchiré & ’ avalé un papier.
Aucun des conjurés-ne crut être découvert} tous
s’efforcèrent , par leur zèle & par leurs fervices,
à écarter le foupçon qui poiivoit tomber fur eux.
De pareils traits réuffiront toujours.
SEINSHEIM-, feigneùrie fouveraine d’Allemagne
au cercle de Franconie : elle eft fituée
entre celle de Spèckfeîd & le bailliage d’Uffen-
heim , appartenant à Onolzbach. Le prince régnant
de Schwarzenberg eft propriétaire de cette
feigneùrie , & il a en cette qualité féance à la
diète fur le banc des comtés de Franconie f mais
il s’en eft fépâré : il a aufli un fuffrage aux‘ affem-
bléçs circulaires. La taxe matriculaire de, cette
feigneùrie eft cqmprife dans celle de Schwarzenr
berg, dont nous avons parlé. Elle paie pour l’entretien
de la chambre impériale trente-cinq rix-
dales par terme. Voyez l ’article Scuwarzeîj*
betrg.
S E N E G A L , voyez Guinée.
SÉPULTUR E > voye^ C imetière.
SERÀSK1ER , voyez Ottoman empire,
SERF
S E R S E V iO I
-SERF SER V ITUD E. V o y 'i le diTHotinaire
de jurifprudence : voyez aufli notre article Guinée.
SEVARAMBES. République, ouhiftoire-de
Sevarambes : c’eft le titre d’un roman politique
qui a paru en Hollande au commencement de ce
fiècle.
Le lieu de la fcène eft dans ce qu’on appelloit
là terre auftrale.
1 On fuppofe que cet ouvrage a été rédigé par
le capitaine Siden, qui après avoir demeuré quinze
ou feize ans dans le pays AtsSavarambcs » vint enfin
à Smyrne , ville de la Natolie , où il s’embarqua
fur un navire de.la flotte Hqllandoife.
L ’auteur s’ëft amufé à décrire le gouvernement
& les amours d’un peuple qui avoit le foleil pour
jo i j & malgré l’id é e . bifarre d’aflujettir cette
nation à un gouvernement héliocratique , on y
trouve quelques vues politiques, qui font aflez
faines, mais qui n’ont pas le mérite de la nouveauté.
Sevarias, l’inftituteur de cette- nation , avoit
’ expïeffément ordonné de conferver fur-tout le
gouvernement héliocratique, c’eft-à-dire de ne pas
reconnoître d’autre fouverain -que le foleil : la
belle idée que nul mortel n’eft digne de commander
à un peuple d’ une .manière fouveraine,
lui avoit infpiré ce fyftême , qui fe rapproche en
ce point du gouvernement théocratique de Moyfe:
Sevarias avoit établi de plus qu’on ne recevroit
d’autres loix -que celles que le foleil aurait infpiré
à fon lieutenant & à ion confeil.
Il avoit ordonné de n’ admettre â la vice royauté
que ceux que le foleil auroit: choifi entre les principaux
miniftres de l’Etat : ( & ce choix fé faifoit
^>ar le fort. )
.De ne pas fouffrir que la propriété' des biens
tombât en aucune manière dans les mains des
particuliers, mais d’en conferver l’entière pofleR
fiôn à l’Etat.
De ne pas fouffrir qu’il y eut des rangs ou
des dignités héréditaires , mais de conferver avec
foin l’égalité de la naiflance , afin que le feul
mérite pût élever aux charges publiques.
De faire refpe&er la vieillefle, & d’accoutumer
de bonne-heure les jeunes gens à refpe&er
ceux qui font plus âgés & qui ont le plus d’expérience
Dè^ bannir l’oifîveté de toute la nation , parce
que c’eft l’ origine des vices & la fource des querelles
, des rebellions i & d’habituer les enfans au
travail & à l’indu(lrk. t
Qicon. polit. & diplomatique, Tom. IV ,
S C H S I A
De ne point les^ occuper à des arts inutiles
& vains , qui ne fervent qu^èjiourrir le luxe &
l’orgueil , & qui produifant l’envie & la dif-
corde, détournent les efprits de l'amour & de la
vertu. |
De punir rintem{5éranee en toutes chofes,
j parce qu’elle corrompt le corps & l’ame, & que'
; la tempéranceJks cohferve dans un état tranquille
& modéré.
De faire obferver les loix du mariage, tant
pour la multiplication de l’efpcce , que pour
éviter la fornication, Tadultère, Tincefte , 8c'
[d’autres crimes qui détruifent,la juftice & trou-,
: blent la tranquillité pùblirjtie;
De prendre um foin parciculièr dè l’éducation
des enfans, & de les faire adopter par l’Etat dès
qu’ils ont atteint la feptième année.
D ’ inftruire la jeunefle,, de l'un & de L'autre /exe ,
dans l'exercice,des armes.
De faire valoir la religion, afin de lier les hommes
par la confcience , & de leur, perfuader que
rien n’eft caché à la divinité, qui dès ce monde,
récompenfe les bons 8c punit les méchans.
Sevarias fe refufa conftamment aux defîrs du
peuple, qui vouloit rendre fa dignité héréditaire.;
' Les détails fur l’adminiftratiôn , fur la diftjibu-
tion des. pouvoirs', & les occupations des fujets
font intéreflans ; & oh peut lire ce roman poîiti-
tique avec plaifir & avec fruit.
Le ledeur curieux de favoir ce que contien--
nént les romans politiques les plus eftimes, peut
^recourir aux articles: P l a t o n , U t o p ie , À l-
,fr e d . Fab ius , isle in co n n u e , & c. & c. 8c,c.
S CH E T L A N D . Voyez Ecosse & D an ne-
MARCIC.
SI AM . Royaume d’Afie qui a des Iiaifons de
commerce avec quelques nations de l’Europe.
Produélions.
C e royaume , quoique coupé par une chaîne
ide montagnes qui va fe réunir aux rochers de la
Tartarie , eft d’une fertilité fi prodigieufe, qu’une
grande partie ûes terres cultivéesy rend deux cents
pour uu. Il y en a même q u i, fans les travaux du
laboureur , fans le focours de la femence, pro-.
diguent d’ abondantes récoltes de riz. Moiflonné’
'comme il eft venu , fans foin & fans attention ,
;c.e grain' abandonné pour aiiîifi dire à la nature,
tombe & meurt dans le-champ où il eft né , pour
i fe reproduire dans les eaux du fleuve qui traverfe
,! le royaume.! 9
C e