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L’abbaye immédiate de Buchau eft fituée dans
la ville impériale du même nom. Elle fut, dit-on
fondée au commencement du dixième iiecle par
Adélinde, veuve du comte Otton de Kelfelberg y
pour le repos de l’ame de fon epoux & de trois
de fes fils , qui avoient été tués dans une bataille
contre les hongrois. L'abbelïe eft princefle de
l’empire j elle a , de même que les chanoineffes j
la permifïion de fe marier, fon titre eft : princefle
du St.-Empire , abbeffe du chapitre immédiat
& féculier de Buckau , dame de Strasberg.
Le repréfentant de l’abbeffe fiège aux états du
cercle de Suabe , entre Lindau & Thenge , dans
le collège des princes féculiers. C e droit lui eft
difputé comme à celle de Lindau par les prélats
de Salmansweiler, qui fe fondent fur le recès de
la diète du cercle tenu en i6r6 , où la fignature
de Buchau fe trouve après celle de Salmanfweiler j
l’abbaye n’ a point de voix dans le collège des
prélats de l’Empire à l’aflemblée du corps germanique.
Sa taxe matriculaire et de deux cavaliers
& fix fantaffms , évalués à quarante-huitflo
tins j outre la fomme de quarante rixdales quarante
■ cinq kr. qu’elle paye pour 1 entretien de la
chambre impériale.
En 1 576 l'empereur Charles IV affranchit cette
abbaye de jurifdiûion de la préfefture, & la reçut
fous la proteftion immédiate & fpéciale de l’empire.
L evêque de Confiance, le prélat de Kemp-
ten 8c les comtes de Furftenberg » font charges de
veiller à la confervation des biens du chapitre,
B U C C H O R N , ville i mpériale d’Allemagne au
cercle de Suabe : nous avons renvoyé au dictionnaire
de géographie qui n’en dit qu’un m o t, &
nous ajouterons ici que la petite ville impériale
de Buchhorn ou Bucchorn eft fituée fur le lac de
Conftance , & profefle la religion luthérienne.
Elle avoit anciennement des comtes particuliers,
qui s’ éteignirent dans la perfonne du comte Otton.
Elle fut enfuite incorporée au comté d ’A lto rf;
mais elle devint ville impériale dès le tems des
empereurs de Suabe. Le roi Rodolphe I la reconnut
dans cette qualité en 1.175} 8c les empereurs
Charles IV & Wenceflaslui aflurèrent fon
immédiateté. Elle prend à la diète la trente - quatrième
place parmi les villes impériales de Suabe ,
& la vingt-cinquième dans les aflemblées du cercle.
Sa taxe matriculaire , autrefois de vingt florins
, & réduite à quatorze en 1685 , a été fixée
à treize florins en 1728 , outre vingt rixdales
vingt-fept kreutzers qu’elle paye par quartier pour
l’entretien de la chambre impériale. Elle paye au
fife de la préfecture une redevance annuelle de
dix lb. deux fehillings pfennings pour fa prévôté.
Elle eft fous la protection de la ville impériale de
Ueberlingem Cette ville fert d’entrepôt aux mar-
chandifes qui viennent de St. • Gall & deSteinach ,
& qui partent ou repartent le lac de Conftance.
Elle efïuya un incendie total en 1369.
La ville pofsede la feigneurie de Baumgartèn ,
& Je bourg d’Eriskirch , fitués fous la haute-
jultice de la préfecture.
C A R IN TH IE
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C A R C A R
C a RINTHIE . (duché de) L’article Carinthic
que nous avons placé à la lettre C . eft fi imparfait,
& fi'peu étendu, que nous croyons devoir
le refaîrç ici.
! Les anciens Carni, qui étoient une colonie cel- '
tique , 8c qui dans la fuite des tems ont été ap-
pellés Caranthani & Carinthi, ont donne leur nom
a ce pays, qui faifoit jadis partie" de la Carnia
& dq Noriçum. Il eft borné au levant par la
Stîrie , au nord par le meme duché 8c l’archevêché
de Salzbourg ,. au-couchant p a r leT y ro l,
& au midi par le territoire de la république
de Venife 8c la Carniole.
La Carintkie eft remplie de bois 8c de montagnes.
Celles qu’on trouve vers le Tyro! , 1
font très-élevées. Elles fourniflent pour la plupart
de très-bons fers, & les mines de Friefach
8c celles des environs des fources du Ly fer, font
fu r -to u t renommées. Les environs de Villach
prôduifent un plomb d’une bonne qualité. Les
vallées qui y font en grand nombre 8c très-fertiles
, donnent du froment 8c d’autres grains ,
mais dans une quantité qui ne fufiit pas à la con-
fommation -des 'habitans. Le peu de vin que ce
pays produit , eft très-médiocre : mais on y
brafle deux fortes de bierre.
. Le duché de Carinthie renferme onze villes
8c vingt un bourgs. Les habitans defeendent en ’
partie des Germains, & en partie des Venedes.
La plupart des nobles font originaires de la Fran-
conie, de la Bavière, delà Suabe, de la Suifle,
de la Boheme 8c de l’Autriche. Les états de la
province font compofés à-peu-près de la même
manière que ceux d’Autriche j leurs aflemblées
fe tiennent à Clagenfurt. L’archevêque de Salz-
bourg a des biens confidérables dans la Carinthie.
Ceux qui appartenoient à l’évêché de Bamberg
en vertu d’une donation de l’empereur
Henri I I , fon fondateur , ont occafionné de longues
conteftations entre l’évêché 8c la maifon
d’Autriche, parce que cette derniere les avoit fournis
à fa fupériorité territoriale & chargés d'im-
pofitions ; mais en 17 59 , l’évêché les lui vendit
en toute propriété.
La religion chrétienne y fut annoncée dès le
feptième fiècle, 8c elle s'y eft répandue infenfi-
blement. Toute la province profdTe la religion
catholique romaine ,, quoiqu'autrefois il y eut
beaucoup d’adhérensa laconfeflïon d’Augsbourg.
Les évêques de Gurk 8c de levant de Saint-
André font fuffragants de l’archevêque de Salz-
GEcon, polit. & diplomatique. Tome IV.
bourg, & quoiqu’ils aient le titre de princes du
St.-Empire, ils ne font pas immédiats^
Les principales fabriques de ce pays , font celles
d'acier 8c de fer ; les ouvrages de toute efpéce
fqui en f o r in t , pafTent chez l’étranger, & les An-
glois même employent l’acier de la Carinthie lorf-
qu’ils veulent faire quelque chofe de très fin. Le
commerce du levant fe fait dans l’empire 8c principalement
dans les pays de la maifon d’Aurri-
' che par Venife 8c Triefte. Le commerce du pays
eft maintenu par la chambre de commerce.
II paroît que les anciens Carniens, qui habî-
toient d’abord les Alpes Garniennes, ou ce qui eft
aujourd’hui la haute Carniole, s’étendirent vers
, la chute de l’empire occidental dans le No -
ricum voifin, & qu’ils ont pris depuis le nom
de Carinthiens. Dans la fuite une colonie efcla-
vonne s’établit parmi eux,-8c. ils eurent leurs
princes particuliers. Sous le règne des defeen-
dans de Charlemagne , ce pays eut, comme les
autres, fes marquis ou marggraves. En 1073 ,
l’empereur Henri IV créa duc de Carinthie un
marggrave , appelle MarqUard , qui defeendoit
des comtes de Moerthal 8c d’Avelanz , auquel
fuccéda Henri III. Celui-ci étant mort fans héritiers
en 1 1 * 7 , l ’empereur Lothaire , donna le
duché à Erbon , comte Palatin, après le décès
duquel l’empereur Conrad III le conféra en 1140
à Àngilbert, comte de Sponheim 8c d’Orten-
berg, dont la race s’éteignit en 1269 lors de la
mort du duc Ulric. C e t évènement engagea
Przemyfl-Ottocar I I , roi de Bohème , à ufurper
le duché, fous, prétexte d’un paéte de fuceeflion
conclu avec le dernier duc en 12.68 ; mais Rodolphe
I , l’en dépouilla en 1286 , 8c au nom de
l’empire , il l’accorda à titre de fief au comte
Ménard de Tyrol & de Goerz , qui fit avec A lbert
d’Autriche fon gendre une tranfaétion , d’après
laquelle la Carintkie , après l’extin&ion de-
fa race mafeuline , devoit tomber aux héritiers
d’Albert. C e cas étant arrivé en 1335, l’empereur
Louis de Bavière , adjugea le duché aux ducs
d’Autriche, Albert 8c O tton , qui en reçurent
l’inveftittire.
Les charges héréditaires de ce duché , font
celles de grand-maître, pofledées par les comtes
de Rofenbergj celle de grand-chambellan, depuis
1566, par les comtes de Herberltein ; celle de
grand-maréchal, par les comtes de Wagenfperg;
celle de grand-écuyer, par les comtes de Ker-
venhüller j celle de grand-échanfon, par les comtes
de Dietrichfteinj celle de grand-fénéchal, par les
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