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florins, & elle paye quatre - vingt-une rixdales
dix-nuit kr. pour l'entretien de la chambre. La
mai Ton d^ Albanie ou dAnhalt poftedoit anciennement
à titre de f ie f , relevant de l’abbaye, la
charge de prévôt de Qucdlinbourg mais à i’ex-
tinétion des éleéteurs de cette maifdn , arrivée
en 14 10 , la ville fe mit de Ion autorité privée
fous la proteérion de l'évêque de Halber-
ftad t; l’abbefle Edwige força la ville en 1477
a rentrer fous fon obéiflance , par l'entremife
de l’éleéteur Ernefte & du duc Albert de
j 0 ^es ^"re*.es r elle leur donna alors , à titre
de nef mafculin, le droit de protection & celui
de la haute - juftice. La prévôté héréditaire de
cette abbaye demeura à la maifon éleéforale de
Saxe jufqu en 1697, qu’elle fut abandonnée à celle
de Brandebourg, pour une fomme de trois cents
mille rixdales , & le droit de bafte-juftice ert
le feul qui refta a 1 abbeffe. Un traité conclu en
Ï f 74 > entre l'éleéteur Augufte & I'abbelfe Eli-
fabeth, ltipula qu’aucune abbeffe , ni autre personne
de l'abbaye , ne pourroit être élue fans
la participation, & même fans le confentement
du proteéteur. La prévôté , telle qu’elle eft établie
aétuellement par le roi de Pruffe & l ’électeur
de Brandebourg, eft compofée d’un prévôt
d un fecrétaire & d'un greffier; leurs fondrions
fe reduifent 4 veiller fur les droits du proteâeur
& fur ceux de 1 abbaye. Le roi nomme égale
ment aux offices qui forment la juftice prévôtale
& le direétoire fupérieur des fubfîdcs ; l’abbefle
de fon coté pourvoit aux charges de fa chancellerie
& de fon cpnfiiioire , & de la juftice
municipale de la ville.
. Q U E S T IO N ou T O R TU R E . r 0yer le Dictionnaire
de Jurifprüdence.
Q U I T O , l’une des provinces de l’Amérique
fcfpagnole.
Cette province a une étendue immenfe ; mais j
la plus grande partie de ce valle efpace eft remplie
de forêts , de marais, de déferts , où f’on
ne rencontre que de loin en loin quelques fau-
vages erjans. Il n’y a proprement d’occupé, de
gouverné pat les Efpagnols , qu’une vallée de
quatre-vingt lieues de long & de quinze de large
formée par deux branches des Cordelières.
C ’eft un des plus beaux pays du monde. Même
au centre de la zone torride, Je printems
eft perpétuel. La nature a réuni fous la ligne,
qui couvre tant de mers & fi peu de terres
tout ce qui pouvoit tempérer les ardeurs de
1 altre bienfaifant qui féconde tout ; l’élévation
du globe dans cette fommité de fa fphère ; le
voifinage des montagnes d’une hauteur, d’une
«tendue prodigieufe & toujours couvertes de
neige ; des vents continuels qui rafraîchiffent les.
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catnpagnes toute Tannée , en interrompant Ta&r-»
vite des rayons perpendiculaires de la chaleur.
Cependant, après une matinée généralement dé-
Iicieufe, des vapeurs commencent à s'élever vers
une heure ou deux. L'air fe couvre de fombres
nuees qui fe convertiflent en orages. Tout luit
alors, tout paroît embrâfé du feu des éclairs. Le
tonnerre fait retentir les monts avec un fracas
horrible. De tems en tems d'affreux tremblemens
s y joignent. Quelquefois la pluie ou le foleil font
conltans quinze jours de fuite} à cette épo-
9ue 3 la confternation eft univerfelle. L'excès de
l’humidité ruine les femences , & la fécherefle
enfante des maladies dangereufes.
Mais fi l'on excepte ces contre-tetris'infiniment
rares , le climat eft un des plus fains. L'air y eft
fi pur, qu on n'y.connoît pas ces infeéles dégou-
tans qui affligent l'Amérique prefque entière.
Quoique le libertinage & la négligence y rendent^
les maladies vénériennes prefque générales ,
on s en reffent très-peu. Ceux qui ont hérité de
cette contagion, ou qui l’ont contractée eux - mêmes
, vieilliflent également fans danger & fans
incommodité.
L humidité & I aCïion du foleil étant continuelles
& toujours fuffifantes pour développer & pour
fortifier les germes, l'habitant a fans cefle fous
les yeux l'agréable tableau des trois belles faifons
de 1 année. A mefure que l'herbe fe deffèche, il
en revient d autre} & l'émail des prairies eft à
peine tombé, qu'on le voit renaître. Les arbres
font fans cefle couverts de feuilles vertes & ornés
de fleurs odoriférantes , fans cefle chargés dé
fruits , dont la couleur , la forme & la beauté
varient par tous- les degrés de développement qui
vont de la nailfance à la maturité. Les grains
s elevent dans les mêmes progreffions d'une fécondité
toujours renaiflante. On voit d'un coup^
doe il germer les. femences nouvelles-}! d'autres
grandir & fe hérifîer dî’épis} d'autres jaunir j d'autres
enfin tomber fous la faucille du moiflonneur.
1 oute Tannée fe pafîe à femer & à recueillir dans
1 enceinte du même horifon. Cette variété constante
tient uniquement à la diverfité des expofî-
tions. ; r
Audi eft-ce^ la partie du continent Américain
la plus peuplée* On voit dix ou douze mille ha-
bitans à Saint-Michel d’ Ibarra. Dix huit ou vingt
mille à Otabalo. Dix à douze mille à Latacunga.
Dix-huit a vingt mille à Riobamba. Huit à dix
mille à Hambato. Vingt-cinq à trente mille à
Cuenca. Dix mille à Loxa & fix mille à Zaruma.
Les campagnes n'offrent pas moins d'hommes que
les villes.
La population feroit certainement moins confi-
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dérable, f i , comme en tant d'autres lieux, elle
avoit été enterrée dans les mines. Des écrits fans
nombre ont blâmé les habitans de cette contrée
d’avoir laiffe tomber celles qui. furent ouvertes au
tems de la conquête, & d'avoir négligé celles qui
ont été découvertes fucceflivement. Le reproche
îaroît mal fondé à des gens éclairés qui ont vu
es chofes de très-près. Us penfent généralement
que les mines de ce diftriét ne font pas affez abondantes
pour foutenir les frais qu'il faudroit faire
pour les exploiter. Nous ne nous permettrons pas
de prononcer fur cette conteftation. Cependant,
pour peu qu'on réfléchifle fur la paflion que les Ef-
pagnoîs montrèrent dans tous les tems pour un
genre de richefîe q u i, fans aucun travail de leur
part , ne coûtoit que le fang de leurs efclaves,
on préfumera qu'il n’y a qu'une entière impof-
fibilité fonaée fur des expériences répétées, qui
ait pu les déterminer à fe refufer à leur penchant
naturel & aux preflantes follicitations de
leur métropole.
Dans le pays de Quito , les manufactures exercent
les bras qu'énervent ailleurs les mines.
On y fabrique beaucoup de chapeaux , beaucoup
de toiles de coton , beaucoup de draps
grofliers. .Avec le produit de ce qu'en confom-
moient les différentes contrées de l'Amérique
méridionale , il payoit les v in s , les eaux-de-
vie , les huiles , qu'il ne lui fut jamais permis
de demander à fon fol} le poiffon fec &
falé qui lui venoit des côtes } le favon fait
avec de la graifle de chèvre, que lui four-
nifloient Piura & Truxillo } le fer en nature
ou travaillé, qu'exigeoient fa culture & fes
atteliers } le peu qu'il lui étoit poflible de
confommer des marchandifes de notre hémif-
phère. Ces reflources ont bien diminué depuis :
qu’il s'eft établi des fabriques du même genre
dans les provinces voifînes , fur-tout depuis que
!e meilleur marché des toileries & des lainages de
l'Europe en a fingulièrement étendu l'ufage. Audi
le pays eft-il tombé dans la plus extrême mifère.
Jamais il n'en fortira par fes denrées. C e
n'eft “pas que fes-campagnes ne foient généralement
couvertes de cannes à fucre, de toutes
fortes de grains , de fruits délicieux , de ,
nombreux troupeaux. Difficilement nommeroit- j
©n un ^ au^ fertile & dont l'exploitation ne
fût pas plus chère , mais rien de ce qu'il fournit !
ne peut alimenter les marchés étrangers. 11 faut i
que ces richeffes naturelles foient confommées
fur le meme terrein qui les a produites. Le quinquina
eft la feule production qui jufqu’ici ait pu
etre exportée.
Les habitans diftinguent trois efpèces , ou
plutôt trois variétés de quinquina} le jaune &
le rouge qui font également eftimés & ne difq
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fèrent' que par l’intenfité de leur couleur ; le
blanc qui eft peu recherché, à caufe de fa vertu
très - inférieure. On le reconnoît à fa feuille
moins lifte & plus ronde , à fa fleur plus blanche
i l'extérieur. L’ écorce de la bonne efpèce
eft ordinairement brune , caftante & rude à fa
furfaceV avec des brifnrès.
Sur les bords du Maragnon , le pays de Jaën
fournit beaucoup de quinquina blanc ; mais on
crut long-tems que le jaune & le rouge ne fe
trouvoient que fur le territoire de Loxa , ville
fondée en 1546 , par le capitaine Aîonzo de
Mercadillo. Le plus eftimé étoit celui qui croif-
foit à deux lieues de cette place , fur la montagne
de Cajanuma ; & il n’y a pas plus de cinquante
ans que les négocians cherchoient à prouver
par des certificats, que l’écorce qu’ils ven-
doient venoit de ce lieu renommé. En voulant
multiplier les récoltes , on' détruifit les arbres
anciens , & on ne laitfa pas aux nouveaux le
tems de prendre toute leur croifiance ; de forte
que les plus forts ont maintenant à peine trois
toifes de hauteur. Cette difette fit multiplier les
recherches. Enfin l’on retrouva le même arbre
a Riobamba , à Cuenca , dans le voifinage de
Loxa , & plus récemment à Bogota dans le nou-
. veau royaume.
Le quinquina fut connu à Rome en 1 fî; 9. Les
Jéfuites qui: l’y avoient p orté, le diftribuèrent
gratuitement aux pauvres & le vendirent très-
cher aux riches. L’année fuivante , jean de V ég a ,
médecin d’une vice-reine du P érou, l’établit en
Efpagne à cent écus la livre. C e remède eut
' bientôt une grande réputation qui fe foutint
jufqu’i ce que les habitans de Loxa , ne pouvant
fournir aux demandes qu’on leur faifoit,
s'avifèrent de mêler d'autres écorces à celle qui
étoit fi recherchée. Cette infidélité diminua la
confiance qu'on avoit au quinquina. Les mefures
que prit la cour de Madrid pour remédier à un
défordre fi dangereux, n’ eurent pas un fuccês
complet. Les nouvelles découvertes ont été plus
efficaces que l'autorité pour empêcher la falfifica-
tion. Auffi l’ ufage du remède eft-il devenu de
plus en plus général, fur-tout en Angleterre.
M. Jofeph de Juffieu , qui avoit trouvé les
peuples dociles aux inftruétions qu'il leur don-
noit fur le quinquina , voulut leur perfuader encore
de perfeétionner , par des foins fuivis &
la cochenille fylveftre que le pays même four-
nilfoit à leurs manufaélures, & la canelle grof-
fière qu’ ils tiroient de Quixos & de Macas ;
mais fes confeils n’ont rien produit jufqu’ici ,
foit que ces produirions fe foient refufées I
toute amélioration , foit qu’on n'ait fait aucun
effort pour les y amener.