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cacao que .leurs habjtans confomifloient. Ces
colonies continuèrent à jouir, de leur droitTans
gêqe» Ellesl'exercèrent même plus utilement ,
parce que la produdion quelles cherchoient à fe
procurer devint plus abondante , & fut obtenue à
meilleur marché.
Autrefois Vzneiuela ne' fourniflbit rien au commerce'de
la métropole. Depuis fon origine , -la
compaghie lui a toujours divré des produirions
dont l^.fn^fle s’eft accrue fycc'bESvement. Depuis
1748 .jufqû’en 1753 * la compagnie porta tous les
ans ,dans la colonie pour trois millions cent quatré-
ylHgtrdix-fept mille .trois cents vingt-fept livres
en marchandifes. Tous les ans elle en retira deux
cents trente-neuf mille cent quarante-quatre liv.
en argent,, treriteTept mille1 quintaux de cacao
qu elle v en d it, binq millions trdis cents trente-
deuxitnille livres ; deux, mille cinq- cents ‘quintaux*
d.e tabac q.if elle vendit cent, foixante - dix-
. ,ll c. 171 deiix’ centsTîvres ; cent cinquante-fept
quintaux d'indigo qu'elle vendit cènt quatréviagt-
dix-huit mille neuf cents qüatrevingt - dix livres >
vingt-deux millé cuirs en poil qu'elle vendit trois
cents cinquante-fix mille quatre cents livres ; du
diviài quelle vendit, vingtrfeptrmlîe .livres ; de
forte, que Tes. retours montèrent a fix. millions
huit cents trente-un mille fept cent trente-quatre
livres. Le bénéfice apparent fut donc de trois
millions fix cents trente-quatre mille quatre cents
fept livre's. Nous' difôns apparent, parce que
fûr cçtte ^omme , les frais & les droits confom-
mèfeftt un million neuf cents trente-deux mille
cinq cents livrés;; La compagnie n'étit de gain réel
•qti un million fept cënts un mille huit cents quatre-
Vrngi-drx-fept livres.
Toutes ces branches dé commence ont reçu
de l’augmentation, excepté celle du dividi, qu'il
a fallu abandonner depuis qu'on a reconnu qu'il
n’étoit pas propre à remplacer dans les teintures
h galle. d’A le p , comme on l'a-vioit cru jun
peu légèrement. L'extenfion auroit été plus con-
fidé râble. , fi J'on eût réuflî à interrompre les
Jiaifoitre interlopes. Mais malgré la vigilance de
dix bâtimens qr.oifeurs; avec qüatrevingt- fix canons
•> cent quatr.evingt - douze pierriers , cinq
cents dix - huit hommes d'équipage ; malgré
douze poftës de dix ou douze foldats chacun
établis •fift la côte-5 malgré la dépenfe annuelle
d'un million qua'ti'e cents; mille= livres , la fcontrc
bandé n'a pas été entièrement-extirpée , c'efi
* Coro qu'elle fe fait principalement.
Là nation S élf également1 bien trouvée dé l'ë*ta-
bliflementde Ja compagnie. Elle rie lui paybit le
cacao qUe la jnoitie de cé que lès hollandois-fe
lui vendoiënt. Le quintal , qu'elle • don noir en
Efpàgne pour cent,, foixante livres,, ,.en. cofkoic
autrefois trois cents vingt.;
; Lés avanf%es que B gouvernement a . r e t ir é e ,
la création de fa compagnie ne font pas moins
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fenfibles. Antérieurement à cette époque , les
revenus de la couronne à, Venezuela n'y étoienr
jamais fufEfans pour les dépenfeSide fouVeraineté.
Depuis. elles ont beaucoup augmenté , St parce
qu'on a conftruic la citadelle de Puerto-Cabello ,
qui a coûté un million fix cents vingt mille liv- ,
.& parce qu'on entretient, dans le pays- -un plus
■ grand nombre de .troupes régulières. Cependant
le fife a un fnperfiu qu'il fait refluer à C uni an a ,
à la Marguerite, à la.Trinité, & fur l’.Orénoque,
Ç e n eft pas tout..En Europe. les denrées, de la
éôrdi)ie paient annuellement à ’ l'état plus d’ un
’million fix cents mille livrés j & la navigation
qu'elles occafionnent lui forme quinze cents matelots
, ou les lui tient toujours en activité.
Cette compagnie de Caraqtfe a été fupprimée lors
de 1 établi (Tentent de la nouvelle compagnie dés
Philippines , ainfi'que nous l'avons dit à l'article
Espagne. il]
Quoique cette compagnie n’extfte plus , voici
des détails que’ nous1 croyons intéreflans. T o u t ,
dans les premiers tems , portoit à douter fi elle
auroit jamais une exiftence heureufe. Quoique
les colons euflent le droit d'eii.être membres,
ils refusèrent d'abord de lui livrer leurs productions.
En Elpagne', où une affociatio.n commerçante
étoit une nouveauté , on ne s'emprefli
guère de s'y-faire tnferire , malgré l’exemple qu’en
avoient donné' le foliverain , la reine , l’infant
Don Louis-, & la province deGuipufcoà. Il fallut
réduire à. quinze cents le nombre de^aâions qu'il
.avoir été réfolu de porter à trois mille -, & le capital
qui devoit ;êfte de fix millions fut réduit à
.trois. Ces contrariétés n’empêchèrent, pas qu’on-
ne fît aux intéreffés 4es répartitions confujérables
même dans les premières années. Les Tommes-
en réferve fe trouvèrent pourtant fuififantes en
pour doubler les fonds primitifs , & podr
les triplet en 1766 , avec un intérêt régulier de-
cinq.pour cent, fans compter lés dividendes-extraordinaires.
Au premier janvier 177.1, la compagnie
,,mêmeèn y comprenant là valeur des aâ ion s , ’
qui s'étoit élevée à neuf millions de livres, nè-
dévoit que quinze millions cent quatrevingt-dijç-
huit mille fix cents dix-huit livres douze” fols*
& elle avoit vingt - un millions. cent cinquante-
trois.mille fept cents foixante livres quatre fols.
C ’efoit donc cinq’millions neuf cents cinquante-
cinq mille cent quarante-une livres, d/ouze. fols-
quièlle avoit de plus qu'elle ne devoit.
Lé mauvais efprîtp qùi règne généralement dans
Ies> fociétés exçlufives, n'avoit pas autant infeélé
celle de Caraque que les" autres. Des.éhtreprifes-
folles ne l ’avoiênt, jamais jette hors de fes niefures.-
.S.a bonne' foi l’avoir.préfervée de tout procès, de
la cdnicilatiog meme la plus légère. Polir ne pas
:expofer,.fon,fçïC au caprice de l'océan , au inal-
.heur d é s ig n a s - , elle a fait çfltiftan jmeii t aifu 1 et
fes cargaisons. Une fidélité inviolable a fuivi les-
HrEI
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engagemens. Enfin , dans une région où la plupart
des terres font fubftituées , & où il y a peu
de bons débouchés pour l'argent, elle a obtenu
à deux Sr demi pour cent tout celui que fes be-
foins demandoient.
Pour fe ménager la bienveillance de la nation,
généralement refufée par - tout au monopole, la
compagnie a toujours voulu paroître animée d'un
efprit public. Dès 173 y , elle fe chargea des at-
teliers de Placentia, qui fourniflbient à peine huit
mille fufils chaque année , & q u i, fans compter
quelques autres armes qu'on a commencé à y
fabriquer, en donnent actuellement quatorze mille
quatre cents avec leurs platines , qu'auparavant
il falloir tirer de Liège. Quoique durant la courte
guerre de 1762 , la compagnie eût vu tomber
dans les mains des anglois fix de fes navires richement
chargés, elle ne laifla pas de confacrer au
gouvernement tout ce qu’elle pouvoit avoir de
crédit & de puiflance. Les bois de conftruCtion
périlfoient dans la Navarre. Il falloit les couper.
Il falloit pratiquer des routes pour Jes traîner fur
les bords de la Vidafloa. Il falloit rendre cette
rivière capricieufe propre à les porter à fon, embouchure.
U falloit les conduire enfuite à l'important
port de Ferrol. Depuis 176 6 , la compagnie
exécutoit toutes ces chofes avec un grand
avantage; pour la marine militaire.
. C e corps ne* cefioit d'annoncer d'autres entre-
prîfes utiles à la monarchie. La diffolution dé la
compagnie eft-elle un bien-., eft elle un mal ? Les
bonnes ou mauvaifes combinaifons que feront le
miniftère efpagnol & la nouvelle compagnie des
Philippines, réfoudront le problème.
V&NISE. (E ta td e ) La partie de cet Etat,
fitué en Italie , fe prolonge , fans interruption, du
levant au couchant, depuis l ’Adda, qui fort du
lac de Corne, jufqmau duché de Carniole. La
ligne courbe, qui fait enfuite le tour de la mer
adriatique , eft quelquefois coupée par les domaines
autrichiens , & elle va fe terminer à l'Iftrie-
On peut évaluer cette étendue de pays à fix
cens vingt-cinq milles géographiques quarrés.
Nous donnerons i° . un précis de l'hiftoire po- ;
litique de la république de Venife; 20. nous ferons
i'analyfe de fon gouvernement, & nous
parlerons des loix & des règlemens qui ont rapport
au maintien de ce gouvernement} 3®. nous
ferons des remarques fur l'état aéhiel de cette république,
& fur fa décadence , 4°. nous indiquerons
les provinces les domaines de l'état de
Venifet avec leurs produétions ; f°. nous traiterons
du régime eccléfiaftique j 6°. des revenus &
des dettes, des troupes & de la marine.
S E C T I O N PREMIERE.
Precis de l'hiftoire politique de La république de V enife.
II paroît que les anciens vénitiens > après avoir
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été long-tems indépendans, fe fournirent aux romains
probablement de leur propre volonté , &
qu'ils relièrent fous leur domination jufqu'à la
chute de l’empire. Une partie de ce peuple, inquiétée
par les incurfions des goths & des huns
en Italie, fe décida à abandonner la terre ferme,
& à fe retirer dans les ifles du golfe adriatique,
qui en étoient voifines, où les padouans avoient
formé des habitations pour leur commerce ; ils fe
réfugièrent fur-tout dans celle de Rialto. Ils y
fixèrent leur féjour ; leurs bourgades furent gouvernées
d’abord par des confuls, enfuite par des
tribuns, enforte qu'ils formoient une efpèce de
république, compofée des magiftrats que nous
venons de nommer. La population de ces ifies
s'augmenta Iorfqtie les vandales, leshérules & les
lombards vinrent en Italie & s'y répandirent j car
les habitans de Rome 8c des autres grandes villes
d’ Italie s'y réfugièrent en foule , 8c le nouvel
Etat devint bientôt allez confidérable pour donner
des fecours importans contre l'invafion des peuples
barbares. Les magiftrats de ces ifles firent enfin un
accord avec les lombards, qui s’engagèrent à ne
point les troubler. Telle eft l'origine de la ville
de Venife 8c de fon érat républicain. Vers l’an
697 , Paulucius Anafeftus , citoyen d'Eraclée,
fut élu duc de la république. Le peuple conferva
fes droits j les tribuns des différentes ifles repré-
fentoient la nobleffe, 8c le duc étoit chef de la
république. Les états de la nation confervèrent le
pouvoir légiflatif, les tribuns l’autorité de juges,
& on laifla au duc le pouvoir exécutif. Les ducs
cherchant à accroître leur autorité, s'exposèrent
à fia fureur du peuple , qui fiit néanmoins forcé
de leur prêter hommage. Sous le gouvernement
des ducs, l'Etat s’accrut beaucoup-; mais les violences
auxquelles s'abandonna le peuple en 1172
contre le doge Vital Michel I I , changea la même
année la conftitution du gouvernement. On mit
un frein à l'audace du peuple ; mais la puiflince
arbitraire du prince fut limitée, 8c on revêtit de
l’autorité fuprême la nombreufe aflemblée des
nobles, q u i, de fon c ô té , fut aufli reftreinte par
des loix fondamentales. Le doge Ziani prit le
parti du pape Alexandre III. contre l’empereur
Frédéric I . , 8c gagna fur lui une bataille navale.
On dit qu'à cette occafîon le pape lui fit préfent
d’un anneau, pour le jetter dans la mer adriatique
, fe marier ainfi avec e lle , & en acquérir
par-là la fouveraineté. La cérémonie puérile de
s'approprier le domaine du golfe adriatique , au
moyen de cet anneau fymbolique , femble venir
de la première conquête de 1’Iftrie 8c de la Dal-
matie, 8c eft bien antérieure à la bulle du pape
Alexandre ; au refte ce pontife honora la fête de
fa préfence, donna l'anneau fymbolique, 8c le
bénît. Les vénitiens ont toujours réfifté aux papes,
quand c e u x - c f ont prétendu que la république
tenoit d'eux le domaine de la mer adriatique. Les
Viéniüsns, qui avoient déjà étendu leur puiflance