
o JO y i r y i r
Sauvages,
En 1607, époque où les anglois s’établirent
dans la Virginie 3 ce pays, depuis la côte de
la mer jufqu’aux montagnes, & depuis la rivière
de Patowmac h jufqu’aux branches les
plus méridionales de la rivière James , étoit
occupé par plus de quarante tribus différentes
de fauvages , dont chacune comptoit de vingt
à trois cents guerriers.
En 1669 j c’eft à - dire , foixante - deux ans
après , la population de ces fauvages fe trouva
réduite au tiers. Les liqueurs fpiritueufes, la
petite vérole , la guerre & le peu d’étendue
du territoire dans lequel on avoit refferré des
peuplades, qui fubfîfloient fur-tout des productions
fpontanées de la nature , produifirent cette
diminution. On eut l’air d’acheter leurs terreins ;
mais ces achats, dans lefquels l’européen abufoit
de fa force, & payoit avec des bagatelles, furent,
quoiqu’on en d ife , une efpèce d’ ufurpation.
On juge bien que la race de ces malheureux
fauvages a dû s’éloigner ou s’anéantir fous la
force puiffante des européens : auffi ne refte-t-
.il plus dans la Virginie que trois ou quatre
hommes de la tribu des Mattaponies, dix ou
douze de celle des Pamurkies & quelques
femmes fans un feul homme de celle des Not-
toways. t
Nous avons parlé a l’article Et a t s -U n i s ,
des diverfes tribus des fauvages qui fe trouvent
dans l’enceinte des nouvelles républiques de l'A mérique
5 nous avons indiqué leur population
& le nombre de leurs guerriers , & nous y renvoyons
le le&eur.
Marine.
La Virginie, avant l’invafion faite par les
troupes angloifes , avoit trois bâtimens de feize
canons , un de quatorze, cinq petites galères,
& deux ou trois bâtimens armés : cette foible
marine étoit mal pourvue & mal équipée , &
larement en état de fervir.
S E C T I O N V ,
Etat de la colonie de Virginie au moment de la
révolution: de fon commerce actuel y de fes productions
, de fes rejfoùrces, de fon étendue
& de fa navigation , des poids , des mefures
& des monnoies.
Le commerce intérieur de ht Virginie y non
plus que celui des autres colonies de l’Amérique
feptentrionale, n’a jamais été bien important
: la guerre ayant gêné ou fufpendu le commerce
extérieur, on fabriquoit dans l intérieur
des familles les étoffes les plus néceflaires à
l'habillement : celles de coton approchoient un
peu des étoffes d’Europe , de la même efpèce ;
mais celles de laine, de lin & de chanvre étoienc
groflières & défagréables à la vue. T e l eft ,
dit un homme bien inftruit, [’attachement des
citoyens de la Virginie pour l’agriculture > ils
accordent une telle préférence aux étoffes des
fabriques étrangères , que plutôt que de les travailler
eux-mêmes, ils fe borneront long-tems à
l’exportation des matières premières-, & à l'importation
de ces mêmes matières manufacturées*
On a répété fouvent que chaque état doit
s’efforcer d’établir les manufactures nécef-
faires â la confommatîon : le principe eft vrat
en général; mais la pofition des Etats-Unis n’y
met-elle pas une exception , du moins jufqu’à
la fin du fiècle. I En Europe, les terres font
cultivées, ou quoiqu’elles foient en friche, elles
ne font point abandonnées à l’induftrie du cultivateur.
C ’ eft donc une affaire de néceffité , &
non pas de ch o ix , de recourir aux fabriques,
pour occuper & entretenir ceux qui ne s’adonnent
pas à la culture de la terre. En Amérique
, au contraire , une immenfe étendue de
terrein follicite nnduftrie du cultivateur. Ne vaut-
il pas mieux que tous les citoyens s’occupent
de la culture & des défriebemens, que d’en
donner la moitié aux manufactures & aux arts ?
Les cultivateurs font toujours moins corrompus
que les autres hommes; c ’eft parmi eux que
s’entretient le feu facré de la v ertu, q u i, fans
cette relfource, pourroit bien difparoître à jamais
de deffus la furface de la terre. La corruption
de la morale dans la mafle des agriculteurs ell
un phénomène qu’on n’a encore vu dans aucun
fiècle ni dans aucun pays : ce font les citoyens
les plus propres à conferver les moeurs pures &
fortes néceflaires atix républiques ; & lorfqu’on
veut mefurer le degré de corruption d’un éta t,
la proportion des autres claffes de la fociété.,
relativement aux cultivateurs , eft en général un
affez bon thermomètre. La fanté s’altère, & la
vigueur de refprit St du cara&ère. fe perdent
dans les atteliers & les travaux fédentaires; &
la populace des villes eft toujours une plaie
dangereufe pour le corps politique*.
y 1 r y 1 r
Ayant la guerre , la Virginie exportoit année commune :
Articles. Quantité. Prix en piajtres. Total en piajtres.
Tabac............................. yyooqtonneaux de îoool. à 30 piaftres le tonneau. i,6yo,ooo.
Bled. . . u. , . . 800000 boifleaux. à,7 de piaftre le boifleau. 666,666 f.
Bled d'Inde. . . . • 600000 boifleaux. à j de piaftre le boifleau. 100,000.
N a v ir e s ....................... 100,000.
Mâts, planches, autres
66,666 f.
Goudron , poix, tére
benthine. . . . . . 39900 banques. ! à 1 f piaftre la banque. 40,000.
Pelleteries. . . . . 180 tonneaux de 600 liv. à fa de piaftre la livre. 41,000.
Porc. . . . . . . . 4090 banques. à 10 piaftre la banque. 40,000.
Graine-de-lin, chanvre,
coton..................................
Charbon-de* terre, gros
fer. * * • * * • a 6y666 7.
Pois. . . . . . . 5000 boifleaux. à 7 de piaftre le boifleau. î j 5 î 3 f-
Boe u f............................. 1000 banques. à 3 { piaftres la banque. 3 j 3 3 3 T*
Efturgeon, hareng, &c. ....................... ...... : . 3*333 f*
Eau-de-vie de pêches,
1 y666 7.
Chevaux. . ■ * . . 1,666 f.
T O T A L . . . . È f f i 3. 333} piaftres.
Elle exporta en 8 foixanté-dix-huit mille
tonneaux de tabac ; & c’eft la plus grande quantité
que la colonie en ait jamais produit en un
an. Mais la culture de cette plante diminuoit
au commencement de la guerre, & depuis cetçe
époque on la remplace par les bleds. Le tabac
ayant befoin d’ un degré extraordinaire de chaleur
pour être bon , le climat, devenu plus froid ,
peut avoir contribué à ce changement de culture:
mais comme cette plante exige d’ailleurs un fol
d ’twie fertilité peu commune, le terrein d'Amérique
n’étant plus awflî fertile comme nous l’avons
dit ailleurs, il /ie faut pas chercher une autre
caufe. On le vend à fi bas prix que le planteur
ne fera pas difpofé à employer à cette culture
des marnes & des engrais. Si l’Europe con-
tinuoit à avoir befoin des rabacs de la Virginie
& du Maryland, il faudroit bien qu’elle les
payât plus cher ; mais les cantons fitués à l’oueft
du Mifliflipi, & le milieu de la Géorgie , offrant
des terres neuves en abondance , & un climat
plus chaud , feront en état d’ en fournir à meilleur
marché , & ils obligeront la Virginie & 1e
Maryland à abandonne r cette branche de culture.
N n p n i