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ils s’occupèrent de l'agriculture & de l’cptrerien
du bétail. Lorfque les. Bulgares & leurs voiitns
Oïibrafsqrent le chriftianifme , les vainques adoptèrent
au neuvième fiècle la communion de l’é-
glilc grecque. Vers le commencement du douzième
fiècle , une nombreufe colonie de vblaques-,
fous la conduite de Niger ou Negronot, quitta
le Burzeland & les autres diftiréts de la Tran-
fyi'vanie , cherchant de meilleures pâturages , 8i
pou liée par diflFerens motifs, furtout par des motifs
de religion. Ces vainques s'avancèrent parde-là les
montagnes qui bordent le Burzeland au midi, ju f
ques dans la Valaquie qu'ils occupent aujourd'hui
& où ils bâtirent les villes de Tergovilio, Buc-
kare ll, Logennau & Pitefto F. Georgi. Us élurent
un prince pour les gouverner, fous le nomdewoi-
■ \vode ou defpote- Borique la puifiance des rois de
Hongrie^ augmenta , les vainques turent expofés
de leur part à plus d’une attaque , fur-tout dans
le quatorzième fiècle, qu’ ils devinrent leurs tributaires
; ils furent enfuite fort maltraités des
turcs , l’an 1391 8c 1594 ces derniers mirent
en 141 5 la Valaquie à feu & à fang, & oblige
rent le woiwode à leur payer un tribut annuel-
Les vaiaques ne purent fe fou lirai re à leur domination
qu’en 16S8 , en fe mettant fous la. pro
teelion de l’empereur d’Allemagne j mais par la
paix de Carlowitz , il fut ilipillé qu’ils rentre-
roient fous I’obéiflance du grand-feigneur. Au
(commencement de ce fiècle, ils efiuyèrent la
pelle , une fâc heu fe guerre & beaucoup d’autres
maux par rapport à leurs princes. Lors de
la paix de Pafiarowirz , en 1718 , la partie o c c i dentale
de la Valaquie jufqu’à la rivière d’Aluta ,
fut cédée à l’empereur des romains, qui la perdu
çn 1739.
La Valaquie eft gouvernée par un prince ou
xroiwode , qu’on nomme auffi hofpodar & qui
eft vaflal de la Porte-Ottomane. Il lui paye, à fon
avènement à la régence, un demi-nailiiqjn de piaf-
tres turques, & tousdes ans un tribut dellfeux cens
mille piaftres.
Voyei les articles Ottoman & W aiwodes
V A L A IS , (le) , en allemand Ladfchaft Wallis,
Wullifer- Land. République indépendante.
Le Valais eft finie dans la partie méridionale
de laSuifle , .& alliée du corps helvétique. C ’elt
un vallon d’environ trente-nx lieues d’étendue .
dans fa longueur de l’eft à l’oneft , fa plus grande |
largeur eft de huit à dix lieues 3 il fe rétrécit
confidérablement à mefure qu’il s’élève vers les
hautes Alpes.
L’ intérieur de ces hautes Alpes qui remplif-
fent le Valais , préfente des murs de roches d’une
hauteur prodigieufe & fou vent inacceffibJes , entrecoupés
par des rivières d’une profondeur
proportionnée ; au-deflus de cette bafe de
rocs , fe trouvent en divers endroits des amas
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! cj3 sLces éternelles , impénétrables aux rayons
ou foie il , au de fl us defquels s ’élèvent les fom-
mets des Alpes,, toujours couvers de neige. Cette
barrière élevée par. la nature , ne lailfe qu’un petit
nombre de paftages de communication entre
\e Valais & Jes pays limitrophes. Du côté du
1 îeinofit le paffage du grand faint-Bernard & du
.Simpion font les plus faciles & les plus fréquentes
j le dernier conduit du haut Valais à Domo
d’O fcella, & le premier du bas Valais à la cité
d’Aofle. A peine dans le fort de l’été trouve-
t-on deux autres paftages, où un mulet puiffe marcher
, & quelques fentiers au (Il pénibles que dangereux
, dans lefquels fe halardent les chaffeurs
ou les contrebandiers feuls. Le pas de Kanderf-
teg conduit de la vallée de Froutigen du canton
de Berne aux bains chauds d’Oueche ou Leuk
en Valais ; la defeente de ce dernier côté eil rapide
& le chemin taillé en grande partie 'dans le
lf>c. Au fond du Vliais la Fourche préfente un
paffage dansda vallée d’Ourferen , du canton d’Û-
ri » 8c dans la Lombardie par la communication
avec le faint-Gorhard. De tous ces paftages celui
du grand faint Bernard eft la plus fréquentée
Sol 3 pro du liions & remarques générales*.
La cftreélion de cette vallée de l’eft à l’oueft
procure à une des côtes la jouiftance libre du
f'oleil , tandis que les hautes Alpes la mettent à
couvert des vents du nord. La côte oppofée éprouve
tous les défavamages d’un climat contraire. La
différence dans les degrés d’élévation des terres ,
eft tout au moins aufti grande que celle des fîtes
, &. il ne. faut pas s’étonner de la prodigieufe
, variété dans les productions du pays. C e ' n’ eft
pas J qu’à tout prendre , cette variété produife
1 abondance» Les vin's & les grains qu’on récolte
dans quelques parties de la vallée , ne fuffi-
roient pas a la confommation intérieure fans
la grande frugalité des habitans. C e font les
.pâturages, les troupeaux & les bois , qui font
le principal objet du revenu & de l'exportation.
Dans les diftriéts füpérieurs du pays on ne fè,me ,
tout ail plus, qu’ un petit nombre de graines qui
ne produifent que vers le commencement de l’automne
, tandis que les diftriéts les mieux expofés
produifent du beau froment, & que la moif- ’
fno y eft fort hâtive. Il en eft de même des
fruits des arbres ; dans les lieux élevés, à peine
quelques fruits à noyau peuvent mûrir j aux.environs
de Sion, de Siders 8c de Groundis , ies figues
& les grenades mûrilfent en plein air.
Si vous exceptez quelques diftriéts > le Valais
n’eft point un pays riche. La vafte étendue ’des
monts, des rochers & • des forêts', 8c le grand
nombre de pâturages refïèrrent ' d'ans des bornes
fort étroites le travail & la jouiftance des habitans.
La fimplicité des moeurs & l’ignorance de
beaucoup de befoins, campenfent la pauvreté de
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ces montagnards. Ils font dans leur vie privée &
dans l’économie de leur terre d’une négligence
qui frappe tous les étrangers. Des caufes phyfi-
ques & morales les retiennent depuis des fiècles,
& les retiendront peut-être long tems encore dans
cette pareffe. Cette nonchalance qiii leur fait négliger
d’a!ppuye.r leurs vignes fur des échalats, les
tait vivre dans une malpropreté dont les voyageurs
11e peuvent parler, fans dégoût.
En exceptant les lieux les plus fujets aux goitres
, le refte de ce peuple forme une race d’hommes
forte &■ robufte 3 on voit quelquefois parmi
eux- des vieillards fort âgés. Ils ont les moeurs
de tous les montagnards. On obferve en general,
que plus on s’avance vers l’intérieur des vallons
& des montagnes , en s'éloignant des lieux où l’argent
circule, plus on trouve d’hofpitalite & de
franchife. L'ignorance des befoins de fantaifîe,
donne ce contentement habituel qui rapproche
les hommes ; la plûpart des motifs de_ leurs défiances
& de leurs inimitiés fecrettes naiffent de la
cupidité , & celle-ci s’accroît à proportion des
defirs de l’imagination. Les valaifans font robüftes
par l’effet d’ une vie dure & frugale 9 8c braves ,
parce qu’ ils aiment leur indépendance 3 ce fenti-
ment eft toujours plus aélir chez des hommes
qui ne connoiffent & ne peuvent eftimer les avantages
, que les peuples policés regardent comme
un dédommagement de la privation d une partie
de leur liberté.
Dans la pofition où ces peuples fe trouvent,
il leur eft plus facile de repouftêr dès.invafions,
que de faire des conquêtes. Cependant dès que
le premier voeu des hommes pour la liberté eft
fatisfait, l'ambition de dominer fe gliffe dans leurs
coeurs. Cette contradiction de principe fe recon-
noït dans l’hiftoire de toutes les républiques, &
même dans-eelles des démocraties.
Précis de 1‘hijloire politique.
Les premières peuplades connues dans ce petit
p ay s , les lépontiens, les vibériens , les fédu-
niens & les veragres, vendirent chèrement leur
liberté a Sergius Galba, général de Jules - Cé-
far . qui. les ^fournit par les armes. Ils eurent en-
fuite la deftinée de toute la Sùifle méridionale ;
en paftant de la domination des romains , fuccef-
.fivement fous celle des bourguignons & des francs.
C ’ eft depuis ces révolutions du moyen âge, que
le pays a confervé le nom de Valefm.
C ’ell à Agaunum , qu’on croit être la petite ville
de faint - Maurice dans le bas Valais , que la tradition
place le lieu de fupplice de la célèbre légion
thébenne. On trouve vers la fin du quatrième
fiècle, dans les fignatures des décrets d’es
conciles, des évêques d’Oiïodurum, aujourd’hui
le bourg de Marcigny. Dans le fixième fiècle ils
fe qualiftoient déjà d’epifeopi Sedunenfts , de leur
fiège de Sion , ville & chef-lieu de tout le Valais.
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Ils prétendent avoir reçu de Charlemagne le titre
& l'autorité de préfets & comtes du Valais. Leur
pouvoir s’accrut avec les progrès de la puifiance
du clergé dans toute l’Europe. Encore aujourd’
hui , quoique ce pouvoir art été refierré dans
des bornes beaucoup plu? étroites -, l’évêque tient
une place diftinguée dans la conilitution politique
de la république. C ’eft apparemment comme anciens
préfets des empereuis que les évêques du
Valais prennent encore aujourd’hui le titre
de prince du St.-Empire , quoiqu'ils ne jouifienc
d’aucun des droits attachées à cette prérogative.
Voyei l'article S io n .
Le régime ariftocratique militaire du fyftême
féodal , jetta des racines moins profondes &
moins étendues dans Jes pays pauvres & mon-
tueux , que dans les provinces ouvertes & fertiles.
Il y eut cependant quelques feigneurs 8c
châtelains dans le Valais. Lorfque fe comte Rodolphe
démembra la Bourgogne du royaume de
France, il fe fit'couronner en 888, dans l’abbaye
de St. Maurice en Valais ; dès-lors ce pays fut
compris dans la petite Bourgogne transjurane. Et
lorfque les empereurs d'Allemagne , héritiers de
cette monarchie éphémère * voulurent au onzième
\ fiècle faire reconnoître leur autorité 'les ducs
de Zæringuen leurs vicaires , trouvèrent beaucoup
de réfiftance chez les vafiaux. La nobldTe
& le peuple du Valais fe réunirent pour attaquer
les troupes du duc , & il les vainquirent.
Dans ces tems d’anarchie , les fepr communautés
qui forment la confédération particuliéte
des valaifans prirent delaconfiftance : la défuét-ude
de l’autorité Impériale les rendit libres. Ces peuples
ont rarement pris part aux guerres défen-
. five-s & offenfives des fuiffes. L ’hiftoire des
: valaifans fe borne à des querelles paffage res
avec leurs voilîns , les montagnards du canton
de Berne & les fujets des comtes de Savoie , &
à des brouilleries dans l ’intérieur de l’Etat. Ils
firent quelquefois des defeentes du haut des Alpes
chez leurs ennemis , & fouvent ceux-ci vinrent
les fur prendre dans leurs foyers. La feule conquête
que la ligue des fept communautés du haut
Valais a confervée, c’eft la domination fur le
bas Valais , fujet auparavant de la mai fon de
Savoie*, ils firent.cette acquïfition pendant la guerre
heur-eufe des fui fies contre Charles le téméraire.
LorfqU’en 15 3 6 les deux Etats, de Berne & Fribourg,
enlevèrent à lamaifon de-Savoie , le Pays-
de-Vaud, les valaifans s’emparèrent d’une lifière
fur le bord méridional d 11 lac de Genève , mais la
majeure partie de ce diftrîét fut reftituée en 1 y6&.
Des rivalités entre les communautés , des querelles
des maifons riches, relies de l’ancienne
nobleflè, des difputes entre les prétendans pour
le fiège de Sion , l’ambition, le génie intrigant
de quelques évêques , excitèrent autrefois des
troubles affez ftéquens dans ce pays.