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qu’en fuppofant que les Turcs fe contentaient
de prendre nos draps & nos cafés en payement
de leurs cires & de leurs cuirs, il faudroit que
nous les leur donnaffions à un prix tel , qu’il pût
compenfer le bénéfice de neuf pour cent qu’ils
font fur la monnoie , & les dédommager du
délai qu'entraîne néceffairement le hafard d’une
nouvelle vente ; & que nous-mêmes nous les ache-
taflions fur un pied qui nous fit trouver un profit
de fept à huit pour cent, fans celui des ventes.
On a tenté de découvrir l’alliage des vifelini ,
fans y être encore parvenu ; on fait feulement qu’ il
a été beaucoup plus altéré , que les Ragufains y
gagnoient jufqu’ à vingt pour cent ; mais qu’ayant
effuyé des avanies des Turcs à ce fujet , la république
avoit été obligée de remetrre cette mon-
noie à un meilleur taux ; & l’on eftime fon bénéfice
adtuel de quatre à cinq pour cent ; ce qui eit
confidérable, vu la quantité qui s’en fabrique.
Cette façon de commercer donne aux Ragufains
une aifance qu’on ne leur connoiffoit pas 3
& ce n’eft que depuis la guerre de 1 7 jfS qu’ils
ont commencé à figurer.
Un tremblement de terre, qui avoit bouleverfé
leur ville & leur pays , les réduifoit à une telle
mifère , qu’ il ne leur reftoit aucun efpoir de s’en
relever. Douze ou quinze ans avant l'invafion
des Ruffcs , ils étoient fi pauvres, qu’à peine
avoient-ils de quoi vivre ; on leur comptoit tout
au plus douze à quinze barques, qui faifoient
les voyages du Golfe & la caravane au Levant.
Depuis ce tems, leur navigation s’eft accrue fi
conlidérablement, qu’à l’époque indiquée], ( époque
à laquelle furent faits les calculs qui fervent
de bafe à ce mémoire, & o ù , pillés , ruinés ,
ils furent replongés dans une fituation très baffe,
d’où leur activité & leur induftrie les retirèrent
infénfiblement.)■ ils avoient cent quinze bâtimens,
la plupart de groffe portée , tous deftinés aux
voyages de Lisbonne , Cadix & autres places
d’Efpagne & de la méditerranée , outre feize
barques occupées à la pêche du corail.;
La fûreté de leur pavillon, protégée par le
grand-feigneur, les met dans le cas d’ étendre
leur'commerce , & de faire des profits immen-
fes. Ajoutez à cela que les nobles étant les. principaux
négocians de la place , ils fort t agir les
refforts du gouvernement conformément à leurs
intérêts : l’hiftoire de la monnoie en eft: un
exemple.
R A JAH . Voyez les divers articles des contrées
de l’Inde.
R A ISO N d ’Etat. Voyez l’article Eta t .
R A N Z .A U , comté immédiat d’Allemagne au
cercle de la Baffe- Saxe j appartenant au roi de
Danemarck,
R A N
Le comté de Ranzau eft fitué entre le duché
de Flolftein & la feigneurie de Pinneberg. Il a
deux milles & demi de longueur, fur deux de
largeur, depuis Elmshorn, jufqu’à Langeln. La
moindre partie offre de bonnes terres, qu’on
appelle marfchland ; le refie eft fablonneux, d’une
qualité très-inférieure , & connue fous le nom
de geeftland.
On y trouve deux bourgs & vingt fix villages»
Quelques villages font affez grands ; mais il en
efi d’autres où l’on ne compte qu’un petit nombre
de maifons. Les naiffances dans ce cqmté
furent en 1766 de quatre cents une , & les morts
de trois cents quatre 5 le nombre des naiffances
s’eff monté en 1768 à trois cents foixante-douze,
& celui des morts à trois cents vingt-quatre. Il
n’y-a que trois paroiffes foumifes àTinfpeétion
d'un p révôt, qui ne dépend d’aucun furiuten-
dant général, mais du roi feul.
C e diftriét éroit appellé anciennement bailliage
de Barmfiedc, & fâifoit partie de la feigneurie
de Pinneberg. Il échut à Frédéric III , duc de
Holffein Gottrop , lors du partage qu’il fit en.
1640 de la feigneurie de Pinneberg avec Chriftian
IV , roi de Danemarck. Il le vendit en 1649
à Chriftian Ranzau, gouverneur au fervice de
Danemarck, avec toute fupérioyté territoriale,
droits & prérogatives, tel que l’avoient poffédé
les comtes de Holfiein & de Schavenbourg , renonçant
, pour lui 3c fes fucceffeurs, aux prétentions
qu’il poüvoit avoir. Le prix fut de cent un
mille rixdales en deniers çomp.tans , outre les
biens de Ranzau & de Ko xb ull, eftimés çent
mille autres rixdales. La vente fut confirmée en
16jo par l’empereur Ferdinand III , qui créa
comte en même tems Chriftian Ranzau, ainfi
que toute la poftérité , & érigea en comté immédiat
d’empire ce même bailliage de Barmftedt.
La maifon de Ranzau n’étoit redevable de fon
élévation qu’à la faveur dont le. roi dé Danemarck
1 avoit comblée ; & D e tle v , fils de Chriftian ,
premier comte de ce. nom, touché de 1 recôn-
noiffance , ,par une difpofition de 16:69, que l’empereur
Léopold, confirma en 1671 , déclara que fi
lui ou fes defeendans mouroient fans jaiffer d’héritier
male , le comté de Ranzau 8c la feigneurie
de Breitenbourg échoiroient propriétâirement à
la famille roÿale'i' à condition néanmoins qu’il
conférveroit toujo'ürs fon nom dé Ranzau , &
que jamais il ne feroit incorporé à la feigneurie
de Pinneberg. La maifon dés'ducs ;dë 'Holfiein
’'GottropTe repentit enfuité dé l’aliénation qu’elle
avoit faite de l’ancien bailliage de Barmftedt;
elle voulut y rentrer en 1*706 , en payant'le prix
d’acquifition ; elle en prit effectivement poffeffion
de nouveau , mais l’empereur défapprouvant fa
conduite , elle fut obligée de s’en défifter & de
l’abandonner aü comte Chriftian Detlev de Ran-
lau. La difeorde jégnoit entre lui 3c Guillaume
R A T
Adolphe , fon frère cad et, qui le ro novembre
1721 le- fit affaffiner , & fe mit dès-l.ors en poffeffion
de ce comté ; Frédéric IV , roi de Dan-
nemarck , le fit arrêter à Pinneberg; fon crime
ayant été prouvé en juftice il fut condamné'à. une
prifon perpétuelle; &.on. le conduific en. Nor-
wège , où il termina fés malheureux jours. N i
l’un ni l’autre de ces comtes n’ayant alors un héritier
mâle , le cas prévu par la difpofition de
Detlev de 1.669 étoit arrivé > & le roi de Danemarck
fe mit en poffeffion du comté ; mais touché
de compaftion. fur le fort de Catherine Hed-
•wige, leur foeur unique , & femme du comte
de Caftellkudenhaufen , il lui abandonna la feigneurie
de Breitenbourg fous de certaines conditions.
Le comté de Rançau fut érigé en Etat du
cercle de la Baffe-Saxe, lors de i’àffemblée circulaire
tenue-à Lunebourg en 1662 ; mais nous
ignorons f i , à raifon de ce comté , les députés du
roi de Danemarck prennent féance aux diètes de
l ’empire dans le collège des comtes de Wê.ft-
phalie. Nous ignorons aufli quelle eft fa taxe
matriculaire ; il eft impofé à vingt-quatre rix-
dales foixante-feize & demie kr. pour l ’entretien de
la chambre.
Le roi régit ce comté par un adminiftrateur.
Les affaires contentieufes y font décidées à un
tribunal, q u i, ainfi que dans le duché de Holf-
tein, porte le nom de Ding und Recht. C e tribunal
eft compofé de vingt quatre juges pris parmi
les domiciliés des paroiffes. Celle d’Elmshorn
en fournit douze ; le refte eft choifi dans les deux
autres en général. Les appels vont au tribunal des
appellations , érigé dans l'hôtel de Ranzau en
1734 ; il eft compofé de l’adminiftrateiir , qui y
préfide , 8c de deux membres de la régence de
Gluckftadt. Suivant une ordonnance du roi , de
l ’année 17J4 , les affaires criminelles font portées
devant ces mêmes juges, auxquels deux autres
confeillers de la régence de Gluckftadt fervent
d’adjoints. Le comte de Ranyau a un confiftoire
particulier 4' compofé de l’adminiftrateur, qui y
fait les fondions de préfident, du prévôt 8c de
tous les prédicateurs des paroiffes. On peut ap-
peller de leurs jugemens au confiftoire fupérieur,
qui eft compofé des membres du tribunal des
appellations , & du prévôt eccléfiaftique.
Les revenus de ce comté font évalués à vingt
mille rixdales. Us font perças par .un directeur
général, qui eft tenu d’en rendre compte. Voyez les
articles Danemarck & Holstëin.
RA TIBO R , principauté d’Allemagne. Voyez
Silésie Prussienne.
R A T IS B O N N E , évêché d'Allemagne.
La ville impériale dç Ratisbonne eft le fiège de
cet évêché. 11 y a diverfes opinions fur fon arirat
3Î
gine. Selon la plus commune , il a été fondé par
faint Boniface , vers l’année 73 6 , du con-
fentement d’Ottilon , duc de Bavière ; Gaubauld
ou Garibauld en fut le premier évêque, & la
chapelle de faint Etienne lui fervoit originairement
de Cathédrale. Le fiège de l’évêché doit enfuite
avoir été placé par le même duc Cttilon , ou fon
fucceffeur Taflîion I I , au couvent de faint Emé-
ran , d’où Charlemagne , en lui affurant de rechef
tous fes biens 8c revenus , le transféra, après la
déposition de Taffdon, dans i’églife de faint Pierre
: les évêques furent encore, pendant quelque
tems abbés de faint Eméran. P. Hanfîtz , au
contraire, dit que cet évêché fut fondé en 697 ,
par Robert, évêque de Worms , que fon ancién-
neté égale celle du couvent de faint Eméran , que
les évêques y fiégèrent originairement, 8c que
choifis parmi les moines & élus alternativement,
ils en étoient en même-tems abbés. Le même auteur
croit que le fiège épifcopal fut transféré du
couvent à l’églifé de faint Pierre en 798 , & que
les évêques demeurèrent toutefois abbés du mo-
naftère jufqu’ en 780 , que faint Wolgang le fépara
de l’évêché , & fit entre celui-ci & les moines de
l’abbaye le partage des biens de ce couvent, qu’il
avoit acquis par des donations. Le diocèfe de l’évêché
eft peu confidérable, & le chapitre ne confère
la dignité épifcopale qu’à des perfonnes ri-
chés ou déjà revêtues d’autres évêchés.
L’évêque de Ratisbonne3 eft prince du faint-Em-
pire, il fiège dans le collège des princes & aux
affevnblées du cercle de Bavière, fur ie banc ec-
cléfiaftique, entre les évêques de Freyfingen &
de Paffau. Sa taxe matriculaire eft de huit cavaliers
& de trente fantaflins, ou de deux cents feize
florins. II paye à la chambre impériale un contingent
de foixante-quatorze rixdales trente-trois trois
quarts kr.
Les comtes de Torring, exercent l’office de
maréchal héréditaire de l’évêché; les barons de
Stingelhem , celui de chambellan héréditaire ;
les barons de Pfetten, celui d’échanfons, .& le
comte de Taufkijrchen, celui de fénéchaux héréditaires.
Les nouvelles cofmographiques de l’année 1748,
donnent à la page 60 & fuivantes , la defeription
de l’étendue du diocèfe. Il comprend deux collégiales
, vingt-huit abbayes & prélatures, vingt-
neuf doyennés ruraux, & treize cens quatre-vingt-
trois paroiffes , annexes & chapelles 3 & il s’étend
fur Holnberg, bailliage de Bavière dans le
haut-Palatinat, les paroiffes catholiques romaines
delà principauté de Soulzbach, le Landgraviat
de Leuchtenberg & fur le comté de Sternftein.
Le prince évêque a fon confiftoire, fon con-
feil auîique & de finances , & fes baillis.
Quoique fa cour foit à Ratisbonne, il n’y exerce
aucune jurifdiélion.
È 1.