
i SS S C H S E I
liages communs aux anciens cantons 3 4c même
qu’aux traités & alliances du cpi;ps .helvétique
avec les puiffances étrangères, r o y e i C orps
HELVETIQUE.
En général, le canton de Schwhz eft très-
montueux } il aboutit vers l’orient à des glaciers
ou de hautes Alpes ; la partie occidentale & fep-
tentrionale offre des diftrnfts plus fertiles. Le produit
des pâturages eft la renource la plus con-
fidérable des habitans , & à-peu-près le feul objet
d'exportation j le bétail y eft de la plus grande
taille , & la race en eft recherchée.
La population totale n’eft évaluée qu'à vingt-?
un mille âmes. Le tiers à-peu-près eft füjet; il peut
y avoir, en outre raille habitans étrangers.: Lë
nombre des mâles , qui ont droit d’aflifter à l’af-
femblée générale , eft d'environ quatre nulle.
Toute la milice eft partagée en quatre régimens.
Il n’y a pas une feule ville dans tout ce canton.
Le chef-lieu eft le bourg de Sckwit£ , agréablement
fitué , au pied des montagnes , & au fond
d’une plaine riante , qui par une pente douce fé
prolonge jufqu’ à une lieue du lac. Ç ’eft dans, ce
bourg que :réfideht les confeils. L’ajfemblée générale
fe tient à Ibach, à une demi-lieue de Sck-
w i t i , dans une prairie ornée d’arbres.
La religion catholique eft feule ' tolérée dans
le pays , le peuple paroît attaché aux opinions
de lès ancêtres , comme fi fa liberté même en de-
pendoit. C e t attachement l’a déterminé à des aéfces
d’une fé vérité exceffive envers les habitans , qui
avoient marqué quelque penchant pous les opL
nions' des ’réformateurs: C e miféràble motif Tut
une des caufes de la guerre entre les cantons en
1656.
Dès les premiers terns de la ligue des SuifTes ,
le peuple de Sçkwitç s’eft diftingué par la promptitude'
de fes rëfolutions, & par fon ardeur à
les ïoùtenir: les armes à la main. Cette intrépidité
âltièrè & quelquefois précipitée, accoutuma fes
ennemis & lès,nations vpifines , à donner le nom
de Süiftes à-tous les membres de la ligue.
Les trois Waldftædtt peuvent au befoin mettre
fur pied une armée de vingt mille hommes.
Voye% l’article général C orps helvétique , les
articles des douze autres cantons , & fur-tout
U nderwalhen & URI.
S C IR R A , foubabie de Scirra que pofledoit
Aider - A ly -C h an . Voye[ les articles A rcate ,
D ec an , Mais sour.
: SE CR É TA IR E D’AMBASSADE. Voye^ s
articles Ministres publics &. A mbassa-
BEURS. ’ 1 ' . J
S E C S É D
S É D IT IO N , émotion populaire , révolte
foulevemenc contre la puiflance légitime.
Les grands orages dans un Empire détruifent
la fubordination qui fait l’harmonie de la fociété3
& ramènent les chofes à cet état d ’égalité t antérieur
à l’ordre & à la police des peuples. Ils
s’anno'neent par des bruits fourds, par des dif-
cours fecrets , pat des écrits lîcentieux 8c faty-
riques contre le prince & le gouvernement. C ’eft
alors que les meilleurs entreprifes, qui en tout
autre teins eulfent été applaudies, ne rencontrent
que des obftacles infurmontables dans la prévention
du peuple & le diferédit du miniftère. Qn
commence par interpréter ou éluder les ordres
du prince ; l’autorité mollit , la défobéiffance
prend dés forces, chaque partie remue à fon tour,
& tout finit par une défection générale.
Les troubles commencent fur-tout. Iorfque la
misère elt générale & le mécontentement uni-
verfel. La ruine des grands entraîne la difette du
peuple j autant de partis pour la révolution que
de familles épuifées. Les citoyens font réduits à
defirer la guerre , comme une diverfion à leurs
maux. Les préventions fâcheufes , qui font dans
un état civil l'effet des humeurs malignes dans
le corps humain , préparent un levain de maladie
& coriduifent à l ’inflammation; jufteS ouinjuftes
le peuple eft toujours outré dans fes haines ;
quels que foient fes griefs, il ne connoît point de
mefure dans fes reffentimens, ni de frein dans fes
vengeances. Le mal a des remèdes, la crainte n’en
reçoit aucune ; & qu’un prince ne fe raffurepas fur
la légèreté des murmures , fous prétexte qu’ils
partent d’une inquiétude paffagère ; -un nuage
qui paffe en va groflîr d’autres qui crèvent enfin
tôt ou tard. Les innovations en matière de religion
, la pefanteur des impôts, le changement
des loix ou des coutumes, le mépris des privilèges
& des immunités particulières , le mauvais
choix des miniftres, la cherté des vivres, lés
réformes exceflîves dans lès tro u p e s la pluralité
dans lesfaélîons , font autant de caufes deƒ'éditions*
Les remèdes font d’écarter la difette par la facilité
du commerce , & l ’oifiveté par l’établiffe-
ment des manufactures ; de réprimer le luxe ou
de le régler par des loix fomptuaires, de faire
valoir les terres , en donnant du crédit à l’agriculture
, de ne point laiffer un prix arbitraire aux
marchandifes , & de modérer les fubfides.
L e nombre des citoyens doit toujours être ert
proportion avec les revenus de l'E ta t, cbrnmfe
les travaux avec le produit. C e ne font point les
têtes qu’ il faut compter , mais plutôt les bras.
Cent, mille hommes qui. gagnent .fans, dépenfer
beaucoup, ne chargent pas l’Etat , comme Font
cent farnilles de cès grands ,qui déperifent fans
travailler & fur-tout fans payeç l’induflrie-Trop
S É P
de nobleffe appauvrit l’Etat, un clergé nombreux
le fureharge ; ces deux corps dévorent la partie
effentielle de tout Empire , c’eft - à - dire , le
peuple qui veille & travaille , tandis que l ’autre
partie d or t, digère & vaque tout au plus à
la preffante affaire de fes plaifirs.
Un Etat peut être fort riche, & les citoyens
mourir de faim , fi l’argent ne circule pas. L’ufure,
les monopoles & les,, banqueroutes font plus^de
lavages que les brigands de la mer, & des forêts.
• Le peuple n’a que des bras & des pieds j les
grands nfont que la tête. C e s deux états fëparés
ne font pas à craindre. G ’eft aux rois de ménager
le peuple , afin de Toppofer aux grands ; Jupiter
appelle au fecours les cent mains de Briàréè,
pour confondre les dieux révoltés.
Laiffez courir le torrent dans les premiers inf-
tans j un torrent paffe vite y fi vous 1 arrêtez , au
lieu de ravager la furface il minera le fonds.. Don-
nez au reffentiment du peuple le tems de s’exhaler.
Réprimer les, plaintes & les bruits Jnjurieux qui
éventent fa malignité , c’eft l’ irriter davantage &
groflîr la tempête- Subftituez des efpérancés aux
moyens que vous enlever.' Les hommes'ne font
rien fans quelque raifon d’intérêt, apparente ou
folide î ainfî promettez des avantages quand vous
demandez des fubfides.
Les princes , quand ils s’ attachent à quelque
fa&ion , font pencher la barque d’ un côté j c’eft
bâter le naufrage. Ils y périffent les premiers.;,
Henri III ne fut-il pas trahi par cette même ligue
qu’il avoit foutenue ? C ’eft aux rois. à veiller fur
les ligues , elles n’ont le bras levé que pour ren.
verfer le trône. Ils doivent être la planette centrale
, qui entraîne tous les globes dans fon tour- :
billon. Ceux ci ont un mouvement particulier ,
mais toujours lent & fubordonné à la marche
uniforme & rapide du premier mobile.
. Laiffez aux hommes obfcürs , fans fortune &
fans reffources, celle de fuivre la partie dominante
; les princes & les grands lutteront contre
h force, & tiendront l ’équilibre.
La politique adroite-^ fouple fe gliffe au milieu
de ces cabales , fait bon vîfage à l’une fans
tourner le dos à l’autre, & va droit à fon but.
La neutralité n’eft pas toujours le parti de la
modération , mais plutôt de l’ambition qui, fans
participer aux troubles , en tire fön avantage :
"dans un homme fupérieur par fa condition , par
fes talens ou par fa vertu, ce ne peut être que
l ’effet de fa grandeur ou de fa fageffe.
Entre deux fa&ions la moins nombreufe eft
conftamm.ent la plus opiniâtre, & vient à bout de
l ’autre, puis fe divife ôc fe déchire elle-même ;
il faut les bakneer.
S Ê D 199
Dans tous les partis il y a des gens qui font du
bruit & du mal fans y rien gagner C e font des
volontaires qui harcèlent fans ceffe l ennemi,
le défespèrent par des efcarmouches.
Les innovations font toujours des difformitéè
dans', l’ordre politique. ,Un ufagé affermi par le
téms'0 utile ou, non , èft pourtant à fâ place dans
l’è’n'diaînêmerîÉ des chofès ; tout eft fi' b'iert lié ,
que la moindre nouveauté fubftituée aux abus
côurans , ne tiendra .jamais à la trfTure', comme
une partie ufée ; &.tel changement feroit bon en
lui-même, qui gâteroit. tout par la difficulté de
raffortir au refte. Si-le tems vouloit s’arrêter pour
l donner le loifir de remédier à; fes ravages.. . . .
| mais c’eft une roue qui tourne avec tant de ra-
i prdite ! Le moyen de réparer: un rayon: qui man-
i qad ou qui menace ! *. . Les révolutions que le
tems apporte dansde cours de la nature arrivent
pas à: pasejv,il faut; imiter cette lenteur dans les
innovations qu’on introduit.
On rifque beaucoup à innover 3 parce que celui
qui trouve fon avantage.dans'la révolution ,-l’ef*
péroit déjà comme un bienfait du -tems <,- & n’en
rend-, grâces qii’ à fa, bonne foxtpne .j. ..piais celui
qui perd, au changement attendoit je contraire ,
& s’en prend aux auteurs du prétendu dëfordre.
Quand il s’agit de guérir- les plaies d’un corps
politique, point d’appareil^extraordinaire. Toute
fihgulàrité eft au moins fufpëde & fouvent
odièufe: Mais comment faire ? tout remède pb-»*
Iitique eft une nouveauté ; & fans remède le mal
n’aura point de terme.- C ’eft- à la vigi'lancè de
lutter1 fans ceffe; contre les altérations înfehfibles
dii tems ; car le' bién ou la réformé qui arrive
dans là chaleur & la violence des' paflîons, a toute
fa force dans les commencemèris ; au lieu que le
mal qui fuit les progreffions du mouvement des
corps , croît &. s’augmente ’ par degrés ; l’eau
croupit, il n’y a qu’ a la remuer, &’ là pefte vole
de toutes pârts. -
Pour revenir aux /éditions , & indiquer plus
particulièrement leurs caufes & leurs, remèdes,
nous obferver.ons que les /éditions peuvent avoir
des caufes prochaines ou éloignées. Elles peuvent
naître de la rigueur du gouvernement ; des in-
juftices faites à des corps ou à des grands qui ont
la faveur du public ; du poids des impôts ; des
nouvelles entraves dont on veut gêner la’ liberté :
telles font les caufes les plus immédiates.
Les caufes éloignées font moins fenfibles. La
foibleffe des loix , la liberté foüfferte jufqu’à la
licence , l ’impunité des crimes & l ’oifiveté des
fujets , difpofent le peuple aux. émotions , il
prend pied" dèç qu’on l ’y excite. Mais la caufe
la plus générale eft l’efprit & l’habitude de la
guerre.
Lorfque les efprits-font -difpofés , l ’aétion eft