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de deflein. Les premiers Romains ne vouloient
point de rois, parce qu’ils n’en pouvoient fouffrir
la puifîance : les Romains d’afors ne vouloient
point de rois., pour n’en point fôufifrir les manières}
car, quoique C é far, les triumvirs, Au-
guftç, fu fient de véritables rois, ils avoient gardé
tout l'extérieur de Légalité, & leur vie privée
contenoit une efpècedoppofîtion avec lefafte des
rois d'alors : & quand ils ne vouloient point de
r o i , cela fignifioit qu'ils vouloient garder leurs
manières, & ne pas prendre celles d'Afrique &
«LOrieot.
Dion ( i ) nous dit que le peuple Romain étoit
indigné contre Augufte, à caufe de certaines loix
trop dures qu’ il avoit faites j mais que fi-tôt qu'il
eût fait revenir le comédien Pylade é\ut les factions
avaient chafle de la ville, le mécontentement
cefla. Ün peuple pareil fentoit j^lus vivement la
tyrannie Iorfqu'on chafloit un baladin, que lorf-
qu’on lui ôtoit toutes fes loix.
T Y R . Royaume de Tyr. Voye\ P h e n i c i e .
T Y R O L . Comté d’Allemagne qui appartient
à la maifon d’Autriche.
Le.comté princier du Tyrol eft borné au nord
par la Bavière, à l’eft par le pays de Salzbourg &
)a Carinthje, au fud par la république de Venife,
à l’oueft par cette meme république, le pays des
GrifonSj les feigneuries de Vorarlberg & Je cercle
de Suabe. Mais nous reftreignons ici la dénomination
du Tyrol, & nous en réparons le temporel'
des évêques de Trente & de Brixen , ainfi que les
pofieflions de l’ordre teutonique & des princes de
Dietrichftein, dont nous avons parlé dans des
articles particuliers.
Préezs de ïhiftoire -politique.
Le Tyro/.fàifoit jadis partie de laRhétîe; mais
au fixième lîécle la plupart de fes diftriéts tombèrent
au pouvoir des ducs de Bavière, & furent
enfuire compris dans la Norique, en même tems
que la partie méridionaloTubit la domination des
lombards.. Le domaine temporel des évêques de
Trente & de Brixen éroit autrefois plus grand
qu’il rie l’eft aujourd’hui } ce pays renfermoit de
plus, différens comtés & feigneuries. Les plus anciens
comtes & feigneurs' étoient les comtes de
Tyrol, G o e rz , Eppan , Uelten , & c . & les feigneurs
de Caftelbarco, & Arco ou Arch. Dans
les expéditions militaires , ou lorfque la sûreté
publique l’exigeoit, ils étoient fubordonnés aux
duc?, de Bavière,; au refte leurs terres étoient
des francs-fiefs de l’empire , ou des domaines li-
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bres & allodiaux. Les comtes bavarois d’Andechs,
depuis marquis d’Iftrie , poffedoient la ville
d’ ïnfpruck , & plusieurs autres terres dans les
montagnes & fur l’Adige du côté de la ville de
Mérau. L’empereur Frédéric I. leur ayant accorde
la qualité ducale après la mort de Conrad dernier,
duc de Dachau, quiportoit le'titre de diic de
Dalmatie, ils prirent celui de duc de Mérau,
quoique leurs terres fuflent pour la plupart dif-
perfées en Bavière, dans ce que nous appelions
aujourd’hui le Haut - Palatinat , en Franconie ,
en Vogtland & en Iftrie. Berthold III. fut le premier
qui fe qualifiante divc. Son petit-fils Otton II,
étant mort en 1248 fans poftérité mâle, & fes
domaines ayant été partagés, ceux qui étoient
fitués dans les montagnes échurent au comte
Albert de Tyrol. Il paroît qu’ il fortoit de la même
tige que les comtes de Goerz; mais leur généalogie
n’eft pas encore débrouillée. Le comte Albert
étant mort en 12.55, le Tyrol échut à fes
gefidres Ménard III , comte de Goerz , époux
d’Adélaïde , & Gebhard , comte de^ Hirfchfeld ,
époux d’EIifabeth} ce dernier, qui n’a jamais
pris le titre de comte de Tyrol, céda à l’autre
, en 1284 3 la partie de Ton héritage qui con-
finoit à la Bavière & à la Suabe , moyennant
quatre cens marcs d’argent. Ménard IV. & Albert
I I , fils de M é a a rd T lI , firent, en 12 7 1 , un
partage , qui donnoit au premier & à fa poftérité
tout le comté du Tyrol, & à l’ autre & à fes def-
cendans'celui de Goerz. En 1286, Ménard' IV .
fut créé prince par l’empereur Rodolphe I , qui
l’inveftit aufli de la Carinthie. Son fils Henri
tranfmit ce comté princier à fa fille Marguerite,
furnommée Maultarch, qui, après la mort de fon
fils Ménard, légua, ert 1363 , le Tyrol & fes
prétentions fur Goerz à fes trois oncles , Rodolphe
, Albert & Léopold, ducs d’Autriche} dif-
pofition que l’Empereur Charles IV. confirma en
1364* Les ducs de Bavière ne manquèrent pas
d’y former 'opposition } mais ce différend fut accommodé
en 1369, par un traité conclu à Schoer-
dinger, en vertu duquel la maifon de Bavière accepta
la fomme de cent feîze mille florins d’ o r , à
titre d’équivalent pour fes prétentions. Dans la
fuite le Tyrol z tu Souvent des princes particuliers
de la maifon d’Autriche} le dernier, nommé $ï-
gifmond François, étant mort en 166y 3 l’empereur
Léopold alla lui-même à Infpruck, pour s y
faire prêter hommage.
On ignore l’époque précife où les archiduc?
d’Autriche ont pris le titre de comtes princes du
Tyrol. Avant l’empereur Maximilien, on rencontre
rarement un autre titre que celui de comte
pour le Tyrol j mais cet empereur prit dans quel-
( 1 ) Livre l iv , page y y i.
.Foy.e% les articles A b so l u , D e s p o t ism e , M o n a r ch ie > te s .
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OUÏS diplômes la qualité de Comte-prince. Les
archiducs d’Auwiche fuivans, jufqu'à Charles VI.
èxelùfivetne'nr, fe font qualifies tantôt de comtes-
princes, tantôt de comtes du Tyrol.
Sol y productions.
Le Tyrol eft plein de montagnes, de gorges &
de défilés , & 011 pourroit, avec des pierres roulées
du haut des montagnes , repouSTer l’ennemi
qui s’aviferoit d’y entrer. Au refte la plupart des
montagnes du Tyrol font fertiles jufqu à leurs fom-
nrets glacés; on y trouve de belles forets abondantes
en gibier, & de vaftes champs couverts
d’épis. Celles qui fofit incultes renferment des
métaux ou .du très-beau marbre de toute couleur.
Le bled réuflit prefque par-tout. Le pied des collines
fournit toutes les efpèces de ces fruits délicieux
dont fe vante l’ Italie; on y trouve des c itrons,
des oranges ,^des limons, des grenades,
des pignohts, des" coings , des amendes , des .
azeroks, des forêts de maroniers & des vins ex-
cellens. Les mines offrent de l’argent, du cuivré,
du plomb, du mercure, du ter, du foufre de toutes
efpèces, 'du vitriol; de la calamine , d'el alun, &
des matières minérales qui donnent de tres-belles
couleurs. II y a àufli une mine d’or dans la vallee ,
de Z i II , près de Zell* mais elle n’eft pas riche. '
Le cuivre du Tyrol eft très-maniable; auffi trouve-
t-on par tout des fabriques de laiton , & beaucoup ;
d’ufmes. Les endroits les plus rudes prodûifen: de .
beau lin & du chanvre ; les mûriers & les vers-
,à-foie réuSfifient bien dans la partie méridionale
de cette province. On y fait du verre , beaucoup
(^’étoffes de laine, des tapis , & du cuir-;
Population 6? moyen de Jubftfiance. '
On compte dans ce pays douze villes & un
grand nombre de bourgs. La table ou carte du
Tyrol, publiée en 1629 par Mathias Burgklehuer,
& divirée en douze feuilles , indique cent quarante
deux feigneuries & jurifdi&ions particulières
, deux évêchés, dix-fe.pt villes-, onze bourgs
ou lieux qui ont droit de Ynarché & d& mairie,
cinq commanderies de l’ordre teutoniqtle avec la
provinciale, quarante-huit couvents, deux cens
fept paroiffes, douze cens trente églifes, trois
cens cinquante-cinq châteaux & fièg#s Seigneuriaux,
huit cens quatre-vingt-quatorze villages,
quinze rivières, vingt neuf vallées cultivées
habitées. Le peuple du Tyrol a dé foibles ref
lources pour gagner fa vie ; le travail dés, mines ,
celui des falines & le trafic des bois pour Venife
ne peuvent en nourrir qu'une petite partie ; aufli
les voit-on s’expatrier en foule pour chercher
leur fubfiftance dans l'étranger, p^r le commerce
& le travail des mains.
Adminijiration >• Etats,
La çonftitution dés Etats n'eft pas tctatrà-faîe
la même que celles des autfeS provinces Autrichiennes
; car en Tyrol les paySans forment aux
Etats un quatrième ordre. C e pays jouit, exclusivement
aux autres terres d’ Autriche, de plusieurs
anciens privilèges & immunités, dans la pofleflion
defquels il s’ eft toujours maintenu.- Le fouverain,
par exemple, n’y peut établir de nouveaux impôts
fans le confentement des Etats, & toutes les fois~
que ceux-ci en accordent, le prince donne des
reverSales par lefquelles il déclaré que c eft
fans préjudice aux privilèges de la province. Le
tribunal des Etats eft compofé du prefet , des
quatre députés de l’ordre des prélats , qui font les
prévôts de Griefs , de Neuftift & de Wiltan,
l’Abbé de Stambs & lés prévôts de Saint-Michel,
de S a i n t r George n b e r g & Marienberg ; des quatre
députés de l’ordre des feigneurs , de ceux des
villes de Mérau , Bozen , Infpruck , Hall &
Sterzing, & des députes des jurifdiélions, ainfi
que de l’ordre dés payfans de iix quartiers. Les
évêchés de Trente & de Brixen avec leurs chapitres
font affociés à la préfecture. Les Etats
ont aufli leur’ recette générale & leur chancellerie.
Régime eccléfiajtique.
Lés- habitons ptofeflent la religion romaine.
Les dicâfières archiducaux pour ce comté font
établis à Infpruck. Cette province .paye-annuellement
une fomme d’environ quatre-vingt mille florins
pour l’entretien de l’ armée autrichienne. En
vertu de fésprivilèges , on n’y met point de garni
fon , fi ce n'eft e» cas de nécefiïté. Dans les
dernières guerres de Bavière les Etats levèrent un
régiment d'infanterie réglée, pour la défenfe &
sûreté du pays ; il porte le nom de régiment provincial
du Tyrol y dont la moitié fait campagne
avec l’armée.
C e comté eft compofé de fix quartiers ou dif-
triéts.
Charges héréditaires.
La charge héréditaire de grand-maître de ce
pays appartient aux comtes de Xrapp ; celle de
grand-chambellan, depuis t ja s , aux barons de
Clefs ; celle de grand-maréchal aux princes de
Trautfon ; celles de grand-écuyer & d'écuyer
! tranchant à la famille des comtes de YVolkenllein;
j celle de grand-echanfon aux comtes de Spaur,
I celle âe grand - fénédtal aux comtes de Kinigl 5
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