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de la multiplication des troupeaux, fur-tout des
chevaux. Quelques cuir lires'fë font depuis établies
fur ce fol trop fablonneux.
Le terrein eft plus inégal dans le continent :
mais il devient plus uni & plus productif à mesure
qu’on approche des lacs & du Canada. Si
jamais les marais qui couvrent encore cette extrémité
de la colonie font defiechés , fi les rivières
qui l’ arrofent font un jour refferrées dans leur
l i t , cette contrée fera la plus fertile de la .colonie.
Les riches pelleteries que tiroient les habitans
des fauvages > & celles de leurs productions qu’ils
ne confommoient pas , étoient conduites au
marché général. C ’eft une ville importante , aujourd’
hui dêfignée, comme -la colonie entière ,
fous le titre de Nouvelle-Yorck. Elle fut autrefois !
bâtie par les hollandois, dans l’ifie de Manaha-
tan, longue de quatorze miiles, & d’un mille
dans fa plus grande largeur.' Les rues font fort irrégulières
, mais très-propres. Les maifons , bâties
de briques & couvertes de tuiles-, offrent plus
de commodité que d'élégance.* Les vivres font
abondans, d’excellente qualité & à bon marché.
L ’aifance eft univerfelie. La dernière clafle du peuple
a une reffource affinée dans les huîtres, dont
la pêche feule occupe deux ceuts bateaux.
La ville, placée à deux milles de l’embouchure
de la rivière d’Hudfbn, n’a proprement ni port ni
bafiin : mais elle n’en a pas befoin. Sa rade, ouverte
dans toutes les faifons, acceflible aux plus
grands vaiffeaux , à l’abri de tous les orages , doit
lui fuffire. D e - là fortent les nombreux navires
qu’on expédie pour différens parages. Les denrées
ou marchandifésqui furent expédiées en 17.69,
montèrent à quatre millions trois cents cinquante-
deux mille quatre cents quarante * fix-1. dix-fept f.
neufd, Depuis cette époque, les productions de
la colonie ont augmenté fenfiblement comme on
le verra tout-à-l’heure ; & elles doivent encore
beaucoup croître , puifque la moitié des terres
n’eft pas en valeur, & que celles qu’on a défri
chées ne font pas auffi-bien cultivées quelles le
feront Iorfque la population fera devenue plus
confidérablç.
Les hollandois, premiers .fondateurs de la colonie
, y établirent cet efprit d’ordre d’économie
, qui diftingue par tout leur nation. Comme
ils formèrent toujours le plus grand nombre des
habitans , même après le changement de domination
, l’exemple de leurs moeurs fit l’efprit génép
i des peuples qu£ la conquête leur afîoçja.
Population.
JnI.ôijs AV.Qïïp cjft .à l’article Ét a t s -U n i s , qiig
dans les états de population "préfentésau congrès
1775 j on comptoir deux cents mille habitants dans
les provinces de la Nouvelle Yorck 3 & qu’en
1763 on y comptoit le même nombre j-mais nous
àvons obfervé que dans les évaluations on ne*
comptoit cinq efclaves que pour trois hommes
libres, & que d’autres motifs donnent lieu de
croire que ces évaluations étoient trop foibles :
il paroît ainfi qu’ à la fin d é jà guerre,, l’ état de
la Nouvelle-Fore* avoir environ deux cent cinquante
mille habitants.
Lors de la révocation de Dédit de Nantes, un
très-grand nombre de familles françoifes trouvèrent
unafyle à la Nouvelle-Yorck : elles apportèrent
avec elles le Jgenie du commerce. Des flamands
malheureux dans leur patrie, occupèrent
la partie occidentale de l ’ifie de Naflau : d’autres
européens échappés à l ’incendie du Palatinat, allèrent
s’établir dans cette province d’amérique.
Sous le règne de la reine Anne, beaucoup d’allemands
victimes des défaftres de la guerre, s’y
réfugièrent.
Nous avons parlé à l ’article Ét a t s -Unis du
nombre des royalilles qui ont quitté l’état de la
NouvelIe-Fo/vfe | Iorfque l’armée Britannique a
évacué cette, province} nous y avons parlé aJiffi
du nombre qu’il avoit reçu en 1785 & nous y
renvoyons le leCteur.
Plufîeurs familles d’indiens font demeurées au
milieu des colons de la Nouvelle Fo/rfr.
L’ état leur donne des rations de viande & quelquefois
de farinej ils pofledent aufli quelques
terres où ils fement du maïs, & ils vont à la
chafie pour avoir des peaux, qu’ils troquent contre
du rhum. On les envoyé quelquefois à la guerre,
& on fe loue afiez de leur bravoure & de leur
fidélité. Quoiqu’ils foient fournis aux américains,
ils ont leurs chefs auxquels on s’adreffe pour
faire juitice, lorfqu’ un indien a commis quelques
crimes. On dit qu’ils fe foumettent aux punitions
qu’on leur inflige } maïs qu’ils ne peuvent comprendre
qu’on doive les punir de mort, même
pour homicide. Leur nombre eft à préfent de
trois cents cinquante.
Le Cultivateur Américain nous inftruit des
refîources fans nombre de cette province, & nous
y renvoyons le leCteur.
Cette province étoit une des plus, monarchiques
de toutes. Les anciennes familles ont trop
aifément obtenues des conceflîons immenfes de
terre, qu'elles ont eu PadrefTe de retenir par des
loix particulières : ces grandes pofieffions leur
ont donné un poids énorme , & ce poids n’ a
fervi^qu’à fomenter les divifions : cet abus a
entraîné des loix injuftes, & a renverfé les projets
les plus heureux. L ’efprit du gouvernement
républicain
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républicain , & le régime de la démocratie, rétablir
peu-à-peu l’équilibre.
Le ffil de cette province eft très-varié, & on
croit qu’en général il y en a plus de mauvais que
de bon- A la fin de la guerre, le meilleur canton,
n’étoit encore ni habit? ni défriché.
La terre eft très-fertile dans le comté de la
Ducbefie , ( Dutcheff-County ) dont Pokepfie
eft la capitale , & en général 3 dans l’état deNew
Yorck j mais on la laiffe repofer de deux bu trois
années l ’une , moins par néceflîté que parce
qu’on a toujours plus de terrein qu’on n’en peut
cultiver. On ne fème dans un acre de terre qu'un
boiffean de froment tout au plus, & la fëmence
rend vingt & vingt cinq pour un. Quelques fermiers
fèment de Favoine dans: les terres qui ont
porté du bled l’année précédente ; mais le pins
fou vent, cette efpèce de grain eft réfervé pour les
terres nouvellement défrichées. Le lin fait aufli un
objet Je culture afiez confidérab.’e : on laboure
avec des chevaux, & on en attèle trois ou quatie
à une charrue, quelquefois même un plus grand
nombre, lorfqu’il fout ouvrir une terre nouvelle,
ou. celle qui a long-tems repofé.
Les montagnes ne font pas inutiles : on a établi
dans leur fein des forges ^ où Fcrn fabrique de.
l ’excellent fe r , de l’acier , des ctfhons & des ap-
cres du poids de quarante quintaux- Le yoifinage
de la rivière du N o rd , ou de Ff udfon, vivifie
to u t, & procure aux établifiemens intérieurs ,
toutes fortes de facilités pour le trapfport. On.-
y arrive de toutes parts : plufieurs cantons
fie la-province de Maffochufett , de Con-
neCticut, & du nouveau Jerfey, qui en font
.plus pi^s qup de leurs villes, y portent leurs
.denrées- Le comté d’Albany eft fameux par lès
moulins à feie. On découvrit & on exploita il
y a quelques années , une mine d’argent afiez riche
, fur les bords de la rivière de H.u.dfon } on
a été obligé de l’abandonner depuis , parce que la
veine pafîoit fous la rivière.
La Nouvelle Yorck eft une des principales villes
de commerce de l’Amérique.
Cette province produit les plus beaux bleds du
continent.
Le voyageur Américain a donne L’état fuivant
des importions & des exportations de la Nouvelle
Ford: ; & cet état, a été adopté depuis par
l ’auteur des lettres du eufti-vateur Américain.
M trehandifes exportées de ht Grande-Bretagne pour
la Nouvelle- Yorck., \d,ans. Curpe des années qui
ont précédé la guerre.
" fe rs , àcief , cuivre, étain , plomb , bronze
QXcon, polit. 6’ diplomatique. Totn. IV .
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& fer-blanc travaillés , cordages , chanvres, toiles
à voile , agrès, couleurs, mercerie, quincaillerie
, bonneterie , chapeaux, étoffes, flanelles ,
vferges de Colchefier, foieries, galons d'or & d’argen
t, marchandifes de Manchefter, toiles étrangères
& d’Angleterre , poterie, meules à aigui-
fe r , coutellerie , bijouterie , fellerie, menuife-
rie , feinence , fromage, bierre fo r te , pipes-,
tabac , vins , liqueurs , drogues médicinales 5 articles
q u i, au prix moyen de trois années , ont
coûté; L. 5$ i,cpo-liy. fterl.
Marchandifes exportées de la
Nouvelle-Yptck pour V Angleterre
& autres marchés.
250.000 barils de farine &
bifcuif à 20 f . .......................2fOjOCô liv. ftetj.
70.000 quartes de froment
à 20 f. . . -, * . . „ , : , 70,000
Fèves , pois ^ avoine, bled
d’Inde & .autres grains J . . 40,000
Boeuf & p,orc falé-, jambon,
gibier. . . , . . , . . i8,coo
•30,000 liy. de ciré à 1 f. . . .1,500
Langues , heure fromage. 8,000
Pea^x de bêtes fauves & autres
3 5,oOo
. J 7,000 mefures de graine de
lin à 40 f . - - .• ; . . . I4jOôo
Chevaux & autres beftiaux. 17,00»
Bois de charpente , planches,
mâts , folives. . . ^ . • 2.5,0o©
7,000 mefures de potafie
à 40 f. '. r . r . . . . - . 14,000
ro vaiffeaux conftruits pour
vente à 700 1. 14,00®
Cuivre , métal & fer en
barre. . . # . . • » • 10,000
L e t o u t , a u p r i x m o y e n a u f i î
d e t r o i s a n s , » . - • • L . 5 2 6 ,0 0 0 l i v . f t e r l .
U n e p a r t i e d e l ’ a rm é e a n g lo i f e a y a n t o c c u p é
l a N o u v e l l e * Yorck p e n d a n t t o u t e l a g u e r r e , c e t t e
p r o v i n c e n ’ e f t p a s u n e d e c e l l e s q u i o n t d é v e l o p p
é l e p lu s d ’ é n e r g ie :. f e s c i t o y e n s h a b i tu d e s à u n
g o u v e r n e m e n t t r è s -m o n a r c h i q u e , & u n p e u d é p
r a v é s p a r l e c o m m e r c e , f e t r o u v o i e n t a f i e z p e u
d i f p o f é s a u x g o u v e r n e m e n s r é p u b l i c a i n s } a in f i
n o u s n e l e u r r e p r o c h e r o n s p a s l e u r c o n d u i t e *
j u f q u ’ à l ’ é p o q u e d e l a p a ix .
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