
coupé les terres dans l ’étendue d’un mille 8c demi,
on abandonna ce projet dans la fuppofition qu’il
ctoit impraticable. L’impératrice régnante Payant
repris, & ayant chargé le profefleur Lewitz de
fon exécution, on alloit commencer à y travailler,
lorfque cet infortuné fut malfacré inhumainement
par le rebelle Pugatschef. La diftance des deux
ruiffeaux n’étant que de cinq milles , la plus grande
difficulté feroit de creufer leur lit , & d’y conduire
affez d’eau pour les rendre navigables j mais
le Don étant peu éloigné du Volga , 8c les tranf-
ports par terre étant à très-bon marché & faciles
dans ce pays , on peut croire que les avantages
qu’on retireroit de ce canal dédommageaient
difficilement de la dépenfe.
S E C T I O N V I I I .
Des mines de Vempire de Ruffie.
La couronne pofsède toutes les mines d’or &
d’argent qui font en Rujjie , 8c un petit nombre
de mines de cuivre 8e de fer. ^ .
i ° . La plus ancienne mine d’or qu’il y ait en
“Ruße eft celle de Voetsk p rè?d ’01onetz , entre
le lac Onega & la mer Blanche. Son produit ne
dédommageant pas des frais de l’exploitation , elle
a été négligée pendant plufîeurs années > mais en
1772. on a recommencé à y travailler, & depuis
cette époque elle a fourni annuellement environ
deux cents cinquante pouds ( 1 ) de cuivre, &
deux ou trois livres de poudre d’or.
i ° . Les mines d’or découvertes après celle-là ,
font celles de Catharinenbourg , dont le produit
annuel n’a jamais furpafle deux cents livres d’o r ,
8c eft ordinairement beaucoup moindre.
3°. Les plus riches mines d’argent font celles
de Colivan entre l’O by & l’ Irtish , près des
montagnes qui forment les frontières de la Sibérie
, du côté du pays des Calmoucks chinois.
Ces mines furent découvertes en 1728 par Niki-
tich Demidof, 8c il les fît valoir pendant quelque
tems à fon profit comme des mines de cuivre.
On foupçonne qu’il en droit l’argent en fecret
jufques en 1774 , que craignant fans doute d’être
trahi, il communiqua cette découverte à l’impératrice
Elifabeth qui en mit la couronne en pof-
feffion. Ces mines font connues fous le nom général
de Colivan , du nom d’un village où l’on
fondoit autrefois la mine. Elles peuvent être app
e lle s avec juftice le Potofî de la Ruße. Elles
ont produit en effet de 1749 à.1762, de huit mille
à feize mille livres d’argent.Dei763 à 1769 vingt à
trente mille, 8c depuis cette année jufques à 1778,
quarante mille jufques à quarante-huit mille. C et
argent eft mêlé de trois fur cent de parties d’or,
dont on fait la féparation dans les fourneaux
de la forcereffe de Pétersbourg. L e produit total
de ces mines depuis leur découverte jufques en
17 71 » fe montoit à quatre cents mille livres d’argent
, 8c à douze mille fept cents vingt livres
d’o r j 8c depuis 1771 ont peut compter que leur
produit annuel va au-delà de quarante-quatre mille
livres d’argent, 8c d’environ douze cents livres
d’or.
Les mines 8c les fonderies de Colivan occupent
environ quarante mille ouvriers , outre les
payfans des diftriéts de Tomsk 8c de Kufnetz qui
au lieu de payer la capitation en argent , coupent
du bois , font du charbon, 8c portent la mine
dans les fonderies.
Les dépenfes de l’exploitation qui fe payoient
autrefois par la couronne , 8c qui diminuoient
beaucoup les profits ont été fupprimées en 1765 ,
& tout le produit des mines eft pur profit. La
même année on a établi une monnoie à Suzunsk
ou l’on frappe des efpèces avec le cuivre que
fourniffent les mines de Colivan , cuivre dont la
plus grande partie avoit été inutile jufques alors.
Les pièces qu’on y bat font d’un , deux, cinq
ou fix copecks, 8c fe montent annuellement à
une fomme de cinquante mille livres fterlings qui
eft fuffifante pour payer tous les frais. On fo»d
auffi l’argent fur les lieux, d ’où on l’envoie fur
de grands traîneaux à Pétersbourg , au commencement
& au milieu de l’hiver.
'4°. Les mines d’argent de Nershinsk ouvertes
en 1704, font fifuées dans la Daurie ou la province
fituée au fud-eft de la Sibérie, entre les
rivières Shilka & Argoun. Elles font en grand
nombre. Leur revenu annuel peut être eftimé de
feize mille livres pefant d’ argent. La mine étant
fort riche en plomb , 8c contenant très-peu d’argent
, ce dernier métal en eft aifément féparé.
Plufîeurs millions de pouds de plomb reftent
fur les lieux fans qu’on en faffe ufage , à la ré-
ferve d’environ quatorze ou dix-huit mille dont
on a befoin chaque année pour extraire l’argent
du cuivre dans les fonderies de Colivan. Il en
coûteroit trop pour voiturev ce plomb dans l’intérieur
de l’empire, & il eft défenda de le porter
à la Chine.
Ces mines 8c les fonderies occupent environ dix-
neuf cents ouvriers étrangers libres, entre mille
8c d ix -huit cents criminels, & onze mille payfans
ruffes dudiftriét de Nershinsk. La dépenfe
annuelle eft eftimée de quatorze mille huit cents
livres fterlings.
( 1 ) Le poud pcfe quarante liv . de R u lfie , ou mente liv . d ’Angleterre,
c*. On a découvert quelques mines qui donnent
de l’argent dans le diftriét de Krafnoyark ,
près de la Lena, entre les rivières de Yins 8c de
Yenifei.
L’or de Catharinenbourg coûte quarante gui-
nées par livre d’exploitation , 8c quand il eft
monnoyé , il produit 68 liv. fterl | j fchel. î en-
forte que le bénéfice n’eft pas confidérable. Celui
qu’on fait fur l’argent des mines de Nershinsk
l’eft beaucoup plus, 8c l’or & l’argent de celles
de Colivan eft pur profit , comme je l’ai ob-
fervé. La couronne ne pofsède à préfent que peu
de mines de cuivre 8c de fer.
Les forges du diftriét feptentrional d’Olpnetz
fourniffent annuellement entre huit à dix mille'
pouds de fer pour l’artillerie , 8c quinze mille
de fer en barres. Celles des monts Ural occupent
annuellement au-delà de dix - fept cents
ouvriers 8c de vingt-fix mille huit cents payfans.
Elles rendirent en 17 72 , quatre cents vingt-trois
mille neuf cents quatre-vingt fept pouds de fe r ,
deftiné principalement au fervice de terre 8c^ de
mer. Celles de Kamensk donnèrent la même
année quatre-vingt treize mille pouds de fer pour
l’artillerie , huit mille cent foixante - douze en
barres.
Quatre fonderies de cuivre à l’oueft des monts
U ra l, 8c trois dans la Permie ne produifirent en
1772 que treize mille huit cents foixante huit
pouds^de cuivre. La couronne' a une monnoie à
Catharinenbourg, où l’on bat des pièces courantes
en Ruffie avec le cuivre provenant des mines
de la couronne & des particuliers. Cette monnoie
eft tranfportée par eau à Mofcow , Pétersbourg
de ailleurs.
A l’égard des mines qui appartiennent à des
particuliers , elles font la plupart dans les monts
Ura l, 8c produifent une immenfe quantité de
cuivre 8c de fer.
Ces montagnes contiennent cent cinq fonderies,
dont cinquante-fix pour le fe r , trente - fept
pour le cuivre , 8c le refte pour l’un 8c l’autre de
ces métaux. Une partie des payfans appartient aux
propriétaires , une partie à la couronne. Le nom
bre employé aux mines eft de quatre-vingt quinze
mille. En 1772 elles rendoient cent trente mille
cent foixante - neuf pouds de cuivre , 8c quatre
millions cinq cents cinquante-huit mille fept cens
dix-huit de fer. On prend toujours cette année
pour faire cette eftimation, parce qu’elle a précédé
immédiatement la révolte de Pugatschef qui
détruifit une partie^des forges 8c des fonderies ÿ
8c il a fallu du tems pour les .rétablir.
Les propriétaires des mines payent quatre co-
peks à la couronne pour chaque poud de fer fondu
, outre cinq copeks pour les droits de fortie.
A l’égard dû cuivre , ils font obligés d’en vendr
la moitié à la couronnne au bas prix d’une liv. ft
2. f. le poud. Us vendent le refte à la couronne
ou fur les lieux , fur le pied d’ une livre fterl. 1 4 C
le poud, à MofcoW pour 2 liv. 2 fo ls , ou à Pétersbourg
pour 2 liv. 4 f*
On bat annuellement à Catharinenbourg de la
monnoie de cuivre pour la valeur de 400,000 1. ft.
Un poud de ce métal coûte à la couronne une liv.
fterl. 6 den. 8c il lui vaut en monnoie 3 liv* fterl.
4 fols.
Il réfulte de ces calculs, que le revenu annuel
de la couronne de Ruße fur les mines 8c les droits
1 fur le fe r , eft comme il fuit :
■ Profits fur la monnoie de Catharinenbourg
. . . liv. fterl. . 257,627 o
44,000 livres d’argent, 8c 1100 liv.
d’o r , qui font le. produit annuel
des mines de Colivan en monnoie
rendent................................... 282,164 4
16,320 liv. d’argent , 8c 160 d’or
des mines de Nershinsk. . . . 71 ,19 4 .8
Forges de la couronne. • • • • 32,529 16
Droits fur 4,558,718 pouds de fer
fondu..................................................36*469 5
liv. ft. 679,182 13
S E C T I O N IX.
Des lo ix , du code pénal, des tribunaux & des
colleges d‘ admïnif ration.
D ’après les anciennés loix,les criminels,auftî-bien
que les traîtres , étoient exécutés en public. Mais
par un édit de l'impératrice Elifabeth , certaines
peines corporelles furent fubftituées à la peine
de mort.
Selon les loix pénales qui font aujourd’hui
en vigueur, les criminels font punis comme il
fuit.
Ceux qui font convaincus de haute trahifon
font décapités , ou condamnés à une prifon pera
pétuelle.
Les criminels condamnés ci-devant à mort
font tenaillés aux narines , marqués au vifage, 8c
reçoivent le knout, après quoi ils travaillent le
refte de leur vie aux mines de Sibérie.
Ceux qui font coupables de moindres crimes
font, ou fouettés, ou tranfportés dans les colonies
de Sibérie, ou condamnés aux travaux publics
pour un certain tems. On envoie aufli aux colonies
de Sibérie les payfans que leurs feigneurs
peuvent bannir arbitrairement, en déclarant feulement
la nature de leur délit*