de parler, ou de la ville Breflau, perdirent leurs
églifes , à l’exception des trois nouvellement
accordées j & ils-effuyèrent peu après de nouvelles
vexations » qui portèrent un grand nombre
d’entr’eux à fe foumettre a 1 eglife romaine.
Les luthériens de la hautt-Siléfie etoient les plus
gênés , en ce qu’ils fe trouvoient contraints .de
faire de longs trajets pour arriver à l’églife la
plus voifine : ceux de Tefchen 8c de T ro p p a u ,.
par exemple, ne pouvoient affifter au culte de leur
religion, fans entreprendre un voyage de vingt
lieues d’Allemagne. L’interceffion de Charles XII
foulagea un peu les luthériens de la S défie. ; car
d’apres l’aCte d’exécution, ligné à Breflau en 1709,
ils obtinrent , moyennant une fomme de quatre
cents quatre - vingt - fept mille florins , donnée
partie à titre de p rê t, partie comme don gratuit,
divers privilèges eccléfîaftiques , 8c. entr autres la
petmiffion de conftruire fix nouveaux temples
qu’on nomme églifes précaires. Les temples des
principautés de Lignitz , de Brieg 8c de Wohlau,
de Munfterberg , d’CEls, & des environs de
Breflau au. nombre de cent dix hu it, leur Curent
pareillement rendus , ;dé forte qu alors ils.pof-
fédoient en tout trois .. cents vingt-cinq egHfes ,
auxquelles l’empereur Charles V I en ajouta une
de plus. Ils ont enfin obtenu la pleine liberté de
confcience fous Frédéric II.
S E C T I O N IV.
. Détails fu r Us manufactures 6* le commerce*
Les principales manufactures de la Silêfie font
des filatures ou des fabriques de toiles unies &
dam allées. Elles font fübfifter un nombre confi-
dérable d’habitans ^ il faut les chercher far tout
dans les montagnes à Landshut, Hirfchberg ,
Schmiedeberg, Greiffenberg , & dans d’autres
villes ou villages. On y trouve plufieurs imprimeries
de toiles peintes à l’eau 8c à l’huile, qui
font parvenues à ün degré de perfection qu’il eft
difficile de furpaffer. La ville de Reichenbach elt
connue par les bafins , iutaines 8t autres étoffes
de toute efpèce; qu’on y fait en lin 8c en coton.
On fabrique aufli en divers endroits du linon uni,
rayé & à fleurs. 11 y en a d’une qualité fi fine ,
que l’aune 4u~payxs fe paie jufqü’à quatre florins
& au-delà: La ville d’HirTchberg excelle dans
cette partie. On y. fait encore des dentelles’ d’ une
affez grande fineffe. Cette province eft abondante
en papereries. On y travaille aufli toutes
fortes d’étoffes de laine. Les métiers de Breflau,
de Brieg, Grunberg , Luben , Stinau, Goldberg,
Parchwitz , Stieelen , &c. fourniflênt, outre des
draps folides & d’une qualité affez fine , des bas
& des chapeaux de laine ; on y fabrique toutes
fortes d’étoffes mi-iaine, des ferges, des raz , du
droguet, des bouracans unis & façonnés, de la
panne de laine, des calemandres, fîamoifes, &c.
fans compter plufieurs efpèces de cotonnades. La
Siléfie a de plus de bonnes courroieries > les verreries
y font en affez grand nombre, & on y fond
un très-beau cryftal. Des maîtres habiles excellent
dans l’art de polir le verre & de le graver. Les
moulins à poudre, les forges 8c les ufincs font
communs.
La Siléfie exporte fur-tout de la gàrance, des
meules, des fils de l in , du fil à coudre, des
toiles , du linon , des laines crues & travaillées ,
8c du papier.' Les négocians font un grand commerce
en cire , miel, peaux , cuirs 8c parfums ,
qu’ils tirent de la Pologne , de la Hongrie & de
la Ruflie. Elle importe des bleds de la Pologne ,
des vins de la haute & baffe - Hongrie , ceux
d’Autriche , du Rhin 8c de France , des boeufs
de Pologne & de Hongrie, des chevaux, du
fel tiré des mines de Pologne & des fàlines de
Halle 8c de Schoenbeck, des épiceries & aromates
, enfin toutes fortes de marchandises , & c .
Le commerce de cette province a beaucoup augmenté
fous la domination pruflienne par les
fages réglemens qu’on y a fait fur cet objet.
. Si le leCteur defire quelques détails fur les exportations
8c les importations , voici quelques
notes tirées des journaux allemands, dont nous
ne garatttiffons pas l ’exaCtitude.
On dit que l’importation des marchandifes étrangères
dans la Si le fie y depuis 1780 jufqu’en 178 f ,
a monté à la fomme de trente-trois millions trois
cens trente huit mille fix cens quarante-fix dahlers,
8c l’ exportation des marchandifes de Siléfie à quarante
millions neuf cents quarante-trois mille fix
cents dix-huit.
On dit que dans l’une des années dernières on
a exporté, des magafins royaux de la Siléfie deux
mille quatre cents quatre-vingt-treize ballots de
toile , évalués à un million cinq cents feize mille
cinq cents, foixante-feize rixdalers ; qu’indépen-
demment de la toile on a exporté beaucoup de
linons , batifles , crêpes , draps , garance , bled ;
8c on évaluoit le total de ces divers articlés à fix
millions de rixdalers, dont quatre pour les toiles
8c linons.
Un autre journal dit que la garance eft cultivée
principalement dans le cercle de Breflau , & qu’on
eh vend chaque année pour environ trois cents
mille rixdalers. Qu’une feule maifon de Landshut
exporte par an environ quarante mille fchek de
Toile , 8c Waldenbourg 8c les villages qui l’environnent
plus de cent cinquante mille. Que Hirfç-
berg fait un commerce confîdérable de linon avec
l’Efpagne. Que la principale fabrique du bleu pour
la teinture eft à Querbach , 8c qu’elle en fournit
par an plus de mille quintaux.
SECTION
S E C T I O N V.
Détails fur Vadminifiration & les tribunaux.
On l’a vu dans la feCtion troifième ; Frédéric II
n’ a eu garde fous fon règne d’affembler les états
de la Siléfie : il a gouverné cette province d’une
manière à-peu-près abfolue : 8c il ne faut plus
y chercher que le régime d’une monarchie non
limitée.
Aux différens tribunaux qui fubfiftoient autrefois
dans les principautés immédiates , tel que le
grand bailliage de Breflau , envifagé comme tribunal
, les capitaineries 8c les tribunaux connus
fous les noms de Landeshauptenauneyen , Mann-
gerîcht, Zwoelfergericht, Zaudenrecht > Ritter-
recht, Hofgericht & , autres cours de juftice qui
fe tenoient.au nom du fouverain territorial, Frédéric
II a fubftitué pour la Siléfie pruflienne trois
régences ou confeils fouverairis, à Breflau , Glo-
gau 8c Oppelln. ( Cette dernière Fut transférée à
Brieg en 1756*0 La première a pour reflort les
principautés immédiates de Breflau , de Sch-
weidnitz , de Javer 8c de Brieg ; la fécondé
exerce fa jurifdiCtion fur Glogau , Wohlau 8c
Lignitz ; la troifième s’étend fur Oppelln & Ra-
tibor. Ces régences ont été chargées par forme de
fubdélégation de veiller à l’adminiftration de la
juftice dans les .principautés médiates , dans les
baronnies 8c dans la ville de Breflau , & files ha-
bitans de ces terres portent plainte fur un déni
de juftice , ou fur la lenteur de l’inftruCtion , les
juges font tenus de remettre les pièces aux premiers
préfidens des régences , qui prefcrivent
alors la forme 8c le. délai de la procédure. Les
tribunaux des principautés médiates 8c des baronnies
qui relèvent des diverfes régences royales,
font diftribués de la manière fuivante : la régence
de Breflau exerce fon infpeCtion fur les principautés
d’GEls &: de Munfterberg , la baronnie de
Wartenberg 8c la ville de Breflau. Celle de Glo-
gau a pour département les principautés de Sagan
, de Trachenberg 8c de Carolath , ainfî que
les baronnies de Militfch 8c de Gofchutz : enfin,
celle de Brieg veille fur la partie pruflienne des
principautés de Troppau de Joegerndorf & de
Neyfle , ainfî que fur les baronnies de Plefle &
de Beuthen. Chacune de ces régences royales eft
compofée d’un premier 8c fécond préfîdent,
( celle de Brieg n’en a qu’ un ) d’ un directeur, de
plufieurs confeillers référendaires , fecrétaires ,
régiftrateurs 8c officiers de chancellerie. Elles con-
noiflent de toutes les matières civiles, criminelles,
féodales 8c fifcales. Elles reçoivent les appellations
des tribunaux, des feigneuries , châtellenies
rovates , des magiftrats municipaux , 8c autres
j\vftices fubalternes. La dernière appellation eft
portée au grand tribunal rçyal de fe r lin , lorfsjue
la valeur conteftée excède la.fomme de cinq cents
(Econ. polit. & diplomatique foin. I f ,
■ écris d’Allemagne. Ces régences fervent aufli de
tribunaux de première inftance pour tous ceux qui
portoient autrefois leurs caufes devant les fouverain
s tribunaux des différentes principautés. Le
code Frédéric fert de règle principale, tant pour
la forme que pour le fond des procédures ; les
refcrits 8c ordonnances 'du r o i , les fanCtions pragmatiques
des empereurs, contenues dans le recueil
de Brachvogal, lui fervent de fupplément,
. de même que les ufages & coutumes de chaque
principauté , baronnie 8c ville. L ’ancien droit
faxon , en tant qu’ il eft applicable à notre fiècle,
dé même que le droit romain & le droit canon ,
fervent aufli de règle en Siléfie. Mais le droit
faxon n’eft guères connu dans les principautés de
Troppau 8c de Joegerndorf, où l’on fuit de préférence
l ’ordonnance de Moravie de 162.7. Les
grands confiftoires de Breflau , de Glogau & de
Brieg, connoiflent des affaires eccléfîaftiques de la
confeflîon d’Augsbourg , ainfî que des matières
relatives aux écoles 8c à ceux qui en font chargés.
| Les appellations vont au grand tribunal de Berlin.
; Les confiftoires font compofés des préfidents &
confeillers qui forment les régences royales : &
ils ont de plus-un confeiller-clerc. La principauté
d’GEIs 8c la ville de Breflau ont des confiftoires
particuliers. Les affaires eccléfîaftiques des catholiques
fe jugent à l’officialité de Breflau , d’où
elles paflent aufli au tribunal de Berlin.
Les princes, les barons - états & la ville de
Breflau, ont leurs régences & autres juftices particulières
, pour le civil ou le criminel, dont les
appels ne vont pas aux régences royales, mais directement
au tribunal de Berlin , lorfqu’il s’agit
de cent écus d’Allemagne. La cour fouveraine
des princes accordée en 1498 aux princes & états
par le roi Wiadiflas, 8c confirmée en 1518 par
l’empereur Ferdinand I , qui étendit fes lo ix , a
été confervée à quelques modifications près par
Frédéric II en 1741. C e monarque lui donna un
nouveau réglement, 8c nomma le prince de Carolath
fon préfîdent perpétue!. Voici les fonctions
de ce fîmulacrè des anciens états' de la province.
LeS député des princes 8c écats s’ affembîenc
deiix fois par an à Breflau, non pour confentir
aux impôts , 8c pour les repartir d’une manière
équitable, ou pour ordonner les établiflemens
utiles à la province, mais pour examiner & juger
les différends qui furviennent entre les princes ou
barons - états au fujet d’une principauté, d’ une
baronnie, ou d’une terre qui en fait partie. Le
préfîdent perpétuel , dont nous venons de parler ,
eft à la tète de ces afîembîées, qui fe trouvent
fous la direétion de la régence royale de Breflau ;
la partie qui fe croit lézée par les décifîons de ce
tribunal, peut en appeller au roi : ( avant la réunion
de la Siléfie à la couronne de PrufTe les arrêts
de la cour des princes étoient fans appel.) Les
aétions réelles ou perfonnelles des princes 8c états ,
qui ont rapport à des terres ou à des droits d’une
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