
diftrait qu'une partie relative ail contingent de
chacune, & que l'excédent feroit verfé dans fa
Caille particulière *, que les pèlerinages feraient
déformais aux frais des nations refpeéifcives * a
l'exception des fhjets de -France , dont il vouloir
bien fe charger. De-lâ , il eft arrivé .que les pèlerinages
& la plupart des dépenfes générales ref-
fertées ont repris un équilibré avec la recette , 8c
lion a pu commencer d'acquitter la dette dont
on étoit chargé > mais les religieux n ont pas
vu fans humeur le procureur devenir une puif-
Fance indépendante : ils ne lui pardonnent pas
d'être à lui feiil prefque auffi riche que 1 ordre
entier : en effet * il a touché depuis^ huit ans
quatre conduises ou contributions dEfpagne,
évaluées à huit cents mille piattres. L'argent qui
forme ces conduites, confiftant en piaftres d Ef-
pagne, fe charge ordinairement fur un vai'fieau françois
qui le tranfporte en Chypre , avec deux religieux
qui veillent à .fa garde. De Chypre , une
partie des piaftres fortes pafTe Conftantinople , '
où elles font vendues avec bénéfice , &c converties
en monnoie turque- L'autre partie va directement
par Yâfa à Jérufalem , dont les habitant
l'attendent , comme les efpagnols attendent
le galion. Le procureur en verfe une Comme dans
la caiffe générale , & le refte eft à fa dire&ion.
Les ufages qu'il en fait confiftent, r°. en une p.en-
fion de mille éçus au vicaire 'françois & à fon
difcret , q u i, à ce moyen , lui procurentdans le
confeil une majorité de fuffrages. 2°. En prélens
au gouverneur ,■ au mufti , auquadi, aunagib,
■ & autres.grands dont le crédit peut lui etre utiles
enfin, il fqutient la dignité de fa place > 8c cet
article n’eft pas une bagatelle : car il a fies interprètes
particuliers-comme un conful., fa table *
fies jarii fiai res : feul des francs , il monte a cheval
'dans Jérufalem, & marche efeorré par des cavaliers
j en un m o t, il eft apres le motfallam, la première
perfonne du pays , & il traite a égal à égal
avec les puiffances. Tant d'egards ne font pas
gratuits , comme l’on peut croire. ’Une feule
vifîte à Djezzar, pour l'églife de_ Nazareth, a
çouté mille pataquès ( i ^7iOOo l\v. -) 'Le:s mu-
fuïmans de Jérufalem qui défirent fon argent , recherchent
fon amitié* .Les chrétiens^ qui fçjlicL
tent fes aumônes , redoutent jufqu.a ion indifi*
férence* Heureufe la maifion q.u il affectionne , &
malheur à qui lui déplaît ! car fa haine peut avoir
des fuites directes, ou détournées, egalement redoutables
: un mot à l ’ouâli ^rtlçeroit le bâton
fans qu'on fut d'où il vient. Tant de pouvoir lui
a fait dédaigner la protection jaccoutumee de
l'ambaffadeur de France, & il a fallu une affaire
récente avec le pacha de Damas pour lui tap-
peller qu'elle feule .eft plus efficace que vingt
mille fequins. Ses agens fiers de fon crédit, en
gbufent comme tous les fubalterues, Les moines
efpagnols de Yâfa & de Ramlé traitent les chrétiens
qui dépendent d’eux ^ ayçc uue .rigueur qui
n'eft nullement évangélique : ils les excommunient
en pleine églife , en le s . apoftrophant par leur
nom ; ils menaçent les femmes dont il leur eft revenu
des propos j ils font faire des pénitences
publiques le cierge à la main ; ils livrent aux
turcs les indociles > & refufent tout fecours à
leurs familles : enfin ils choquent les ufages du
pays 8c la bienféance, en vifitant les femmes des
chrétiens , qui ne doivent voir- que leurs très-"\
proches parens , & en les entretenant fans témoins
dans leurs aopartemens , pour raifon de
confe filon. Les turcs ne peuvent concevoir tant
de liberté fans abus. Les chrétiens y dont l'efprit
eft le même à cet égard , en murmurent, mais ils
n'ofent éclater. L'expérience leur a appris que
l’indignation des RR. PP. a des fuites redoutables.
On dit tout bas qu'elle attira il y a fix à
fept ans un ordre du capitan-pacha pour couper
la tête à un habitant de Yâfa qui leur réfiftoit.
Heureufement, l'aga prit fur lui d'en différer
l'exécution 8c de défabufer l ’amiral > mais leur
animofité n'a ceffié de pourfuivre cet homme par .
des chicanes de toute efpèce. Récemment même
elle a follicité l’ambaffadeur d'Angleterre, fous la .
protection duquel il s’eft mis, de donner mainlevée
à une punition qui n'eft qu'une injufte vea*
geance.
De la Pâleftine,
La Pâleftine eft un diftrid indépendant de tout
pachalic. Quelquefois elle a eu des gouverneurs
propres , qui réfidoient à Gaze avec le titre de
pacha > mais dans l’ordre habituel, qui eft celui
de ce moment, elle fie divife en trois apanages ou
melkané y à favoir, Y â fa , Loùdd & Gaze. Le premier
eft au profit de Jafukane-oualdé ou mère.r
le capitan - pacha^a reçu les^deux autres en ré-
compenfe de fes fervices .& en paiement de la
•tête de Dâhcr. Ils les afferme à unaga qui ré.-
fide à -Ramjé , & qui lui en paie deux cents
quinze bourfes ; favoir, cent quatre-vingt pour
Gaze & Ramlé y 8c trente-cinq pour Loùdd,
Yâfa eft tenue par un autre aga , qui en rend
cent vingt bourfes ..à la fultane. Il a pour s in-
demnifer tous les.droits de miri & de capitation
de cette viile 8c -de quelques villages voifins*,
mais l'article priftejpal içtefon revenu eft 1-a douane],
qu’il perçoit fur les marchandifes qui entrent &
; .qui.fortent j.elle eft affez confidérable , parce que
c’eft à Y â fa .qu'abordent & le . riz que Damiettp
envoyé à Jérufalem , & les .marchandifes d'un
petit comptoir françois établi à Ramlé , les pé-
: lérins de Moré e, de Conftantinople, 8c les
denrées,de la côte de Syrie : c'eft auffi par cette
porte que Portent les cotons filés de toute la Pa-
leftine , & les denrées que ce pays exporte fu.r
la côte. Du refte , la puiffance de cet aga fe réduit
à une trentaine de fufiüers à pied & cheval ^
qui
S Y R
qui fuffifent à peine à garder deux mauvaifès De Vêt at militaire en
portes & à écarter les arabes.
Remarques fur les contributions de la Syrie.
D'après l'état des contributions de chaque
pachalic, il paroît que la fomme annuelle que la
Syrie verfe au kazné ou tréfor du fui tan y fé
monte à deux mille trois cents quarante - cinq
bourfes, favoir :
Pour A l e p .................................. 8oo bourfes.
Pour T ri poli. .......................750 N'
Pour Damas. , , . . . . 45
Pour Acre. . ,. . . . . . 750
Et pour la Pâleftine. . . . . o
Total. . . 2545 bourfes.
Qui font deux millions neuf cents trente - un
mille deux cents cinquante liv. de notre monnoie.
A cette fomme il faut joindre , i° . le cafuel
des fucceflions des pachas 8c des particuliers , que
Ion peut fuppofer de mille bourfes par an. 20. La
capitation des chrétiens , appellee karadj, qui
forme prefque par-tout une régie diftinéte , &
comptable direftemenc au kazné. Cette capitation
n'a point lieu pour les pays fous-affermés ,
tels que ceux des maronites 8c des druzes , mais
feulement pour les rayas ou fujets immédiats. Les
billets font de trois , de cinq & de onze piaftres
par tête. Il eft difficile d'en apprécier le produit
total , mais en admettant cent cinquante mille
contribuables au terme moyen de fix piaftres 5 l’on
a une fomme de deux millions deux cents cinquante
mille livres } 8c l'on doit fe rapprocher
beaucoup de la vérité y en portant à fept millions
& demi la totalité du revenu^ que le fultan
tire de la Syrie : ci , total 7,000,000. 0
Que fi l’on évalue ce que le pays rapporte aux
fermiers même , l’on aura :
Pour Alep. ; , . . . . 2doo bourfes.
Pour Tripoli. . . , . . 2000
Pour Damas. . . . . , , iqqqo
P olir Acre. . . . , * . iooco
Pour la Pâleftine. . . . . 600 ,
Total. . . . 24,600 bourfes.
Qui font trente millions fept cents cinquante
mille livres- On doit regarder cette fomme comme
le terme le plus foible du produit de la Syrie ,
attendu que les bénéfices des fous-fermes , telles
que le pays des druzes , celui des maronites,
ççlui des anfariés , &c. n'y font pas compris.
(S'cou* polit. 6* diplomatique, Tom. 1 K.
Syrie.
L'état-militaire n’a pas , à beaucoup près, la proportion
qu'un tel revenu fuppoferoit en Jiurope;
toutes les troupes des pachas réunies ne peuvent
fe porter à plus de cinq mille fept cents hommes,
tant cavaliers que piétons 5 fa voir :
C a v a l ie r s . Barbaresques.
Pour Alep. . . . . 660 . . . . & yoo
Pour Tripoli. . . . y00 . . . . 2.00
Pour Acre................1000 . . . . 900
Pour Damas. . . . . iooo . . . . 600
Pour la Pâleftine.'. . 300 . . . . 100
Total. . . . 3400 . . . . 2300
Les forces habituelles fe réduifenî donc â trois
mille quatre cents cavaliers , & deux mille trois
cents barbarefques. 11 eft vrai que dans les cas
extraordinaires , la milice des janiffaires s’ y vient
joindre , 8c que les pachas appellent de toutes
parts des vagabonds volontaires j ce qui forme
ces armées fubites que nous avons vu paroître
dans les guerres de Dâher & d’Alibek ; mais ce
qu’expofe M. Volney de la taétique de ces armées
, & de la difeipline de ces troupes , fait
juger que la Syrie eft un pays encore plus mal
gardé que l’Egypte. Il faut cependant louer dans
les foidats turcs deux qualicés précisufes 5 une
frugalité capable de les faire vivre dans J es pays
les plus ruinés , & une Tante qui réfifte aux plus
grandes fatigues. Elle eft le fruit de la vie dure
qu’ils mènent fans relâche : toujours à cheval, toujours
en campagne, couchant fur la terre & dormant
en plein air, ils n’éprouvent point cette alternative
de la molleffe des villes 8c de la fatigue
des camps, q u i, chez les peuples policés , eft
funefte au militaire.
De la population de la Syrie.
M. Volney juge que la population totale delà
Syrie peut s'évaluer à deux millions trois cents
cinquante mille, à favoir :
Pour le pachalic d’Alep..........................320,000
Pour celui de T r ip o li, compris le
Kefraouan............................. ..... 200,000
Pour le Kefraouan. ..................................n y ,o o o
Pour le pays des Druzes. . . . n o ,e o o
Pour le pachalic d’Acre. . . . . 300,000
Pour la Pâleftine.........................................yo,ooa
Pour le pachalic de Damas. . . . 1,200,000
Total. . * . 2,305,000
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