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comtes de Herberftein ; dé .grand-veneur, par îes
comtes de Paradeifer; de grand-argentier, parles
comtes de Thurn ; celle de grand-maître-d'hôtel,
par les comtes de Seilern, celle de grand-maflier,
par les comtes de Wels > celle dé grand-écuyer-
tranchant, par les comtes de Stiiigk ; celle de
grand-fauconnier, par’ les, barons de Halîerftein.
La Carinthie reffortit à la régence de l’Autriche
intérieure , établie à G ioetz en Stirie,
rnais elle a a C la n g en fu r t/a capitainerie particulière.
Ou la divife en trois éleêlions, dont
chacune a^ fon b ai le. Elle fournit annuellement
pour les dépenfes militaires d’Autriche, la fornme
, . >69S florins. Sa garnifon eft d’un régiment
d infanterie
C A R N IO L E . ( duché d e ) L ’article Carniole
que nous avons placé à la lettre C . eft trop peu
etendu 8c nous ajouterons ici les remarques
fuivantes. ' , -
La Carniole eft bornée au nord par la Carin-
thie & la Stirie ; au couchant par le F r iou l, le
comte de Goertz 8c une partie du golfe de Ve-
mfe , ou de la mer Adriatique ; au midi, par .l’If-
trie vénitienne 8c une partie de la mer Adriatique;
& au levant, par la Liburnie , la Dal-
®^5le ^ *a Croatie. Du tems du premier empire
cl Occident, ce pays réuniffoit les limites dédivers
peuples & provinces , favoir, de la Pannonie,
de 1 Ihyricum , ( en fuppofant que la Japidie/en
faiioit partie), du Noricum 8c de l’Italie. Le
nom de Cranja , en allemand Krain , vient fans
doute du mot Car nia, auquel.on a fubftitué celui
de Carruola , qu’on trouve dès le huitième flècle
dans l’hiftoire des Lombards par Paul Warne-
jJ liv- fi a. chap. yz. 8c qui dans les tems
pofterieurs a été changé en Camiola. Les habi-
tans donnent à leur pays , le, nom de Kreinska
dos Kela., Le diftri€l entre les rivières de Gurk,
C ulp^& Save , s’appelloit jadis la Marche-
Yenede ou Efclavonne , à caufe de fa pro-ximité
a la frontière de l’Efclavonie , 8c il fut incorporé
à la Carniole en 1374. Au relie, ce nom s’em-
ploye encore dans les chancelleries de la maifon
d Autriche , qui prend le titre de feigneur de la
Marche-Vene.de.
La plus grande étendue dé ce pays eft de trente
milles du levant au couchant, Sc de vingt-cinq
du nord au midi.
Cette province eft remplie de montagnes habitées
ou défertes , & boifées ou nues. Il y en
a quelques-unes , fur-tout dans la haute Carniole ,
dont les fommets font continuellement couverts
de neige. Mais il y a des vallées 8c des plaines
très-fertiles , qui non-feulement donnent un bon
pâturage , mais aufli une double récolte ; car après
la moiffon du froment, du feigle , de l’orge, des
- j b ÿ f c s ; des poids, des fèves, Scc. on feme"du
bled non ou farrafln ( que les habitans appellent
haden ) , & après la récolte du chanvre 8c du lin,
on feme du millet. Il y croît aufli de bons fruits
dont on fait du cidre. Les marrons 8c les noix y
font très-abôndans. Les oliviers viennent en grande
quantité fur le Karft au bord de la mer 8c dans
1 Italie, qui produit aufli des oranges, des citrons,
des limons, des grenades, des amendes , des
figues, Scc. C e pays produit d’ailleurs des vins
blancs 8c rouges d’une qualité fupérieure. Il y
a beaucoup de bêtes à cornes 8c des chevaux,
parmi lefquels ceux de Karft font eft réputation.
On y trouve aufli beaucoup de minéraux, fur-,
tout du fer 8c de l’acier, mais moins de plomb
8c de cuivre. Le marbre de Carniole eft beau. Les
habitans font obligés de tirer leur fel des greniers
du prince , qui ne renferment que du fel
marin.
La Carniole contient vingt-une villes, trente-cinq
bourgs, environ deux cents châteaux, 8c félon Val-
vafor, au-delà de quatre mille villages. Elle eft plus
peuplée qu’on ne le croit au premier abord. En général,
les habitans font forts 8i robuftes. Lé
menu peuple eft d’origine efclavonne, 8c la plus,
grande partie de la haute nobleffe eft allemande!
Les habitans de la haute Carniole font de vrais
.Cafriiens ; leur langage 8c leurs habillements lé
prouvent; ceux de Weiffenfels parlent Allemand ,
8c ceux de Bitina ou Fenchting ont un jargon mêle
d Allemand 8c d’Efclavon. Il y a parmi eiix beaucoup
de fommiers ou mefTagers appellés Samer
ou Saumer, qui exportent les marchandifes du
pays fur des chevaux de bâts. Les habitans de la
baffe Carnioiey appellés communément Dolenze y
font aufli de vrais Carniens ; ,8c parlent tous la
langue nationale , à quelques changemens près.
Leurs vêteinens ne font pas par-tout les mêmes.
Les payfans font pour îa plupart fommiers, roui-
hers 8c bateliers. La moyenne Carniole a quatre
efpèces d’habitans, qui diffèrent totalement en-
tre-eux, pour le langage, l’habillement & la manière
de vivre. Ceux des environs de Gottfchée,.
Poeland, 8cç. font appellés Gottfchéens , proprement
Hottfchevarie ou Cotfchevarie ,. 8c parlent
un allemand à peine intelligible pour les autres
Allemands , 8c incompréhenfible pour les
Carniens. U paroît qu’ils defcendent des Goths.
De tems immémorial, il fe font confervés le droit
de porter leurs marchandifes de maifon en maifon *
ufage qui eft défendu dans tous les Etats de l’Autriche
par le réglement de commerce de 1764.
Entre Rudolphfv/erth 8c M oettling, on trouve
Valaches , ou, comme ils fe nomment eux-
memes, des Vlahe ou Lahé, qui dans le quinzième
flècle ont abandonné le territoire Turc, 8c font ve-
nuss établir dans la Carniole. C ’eft ce qui leur a fait
donner en langue Carnrenne le nom d’Uskokes ,,
qui fîgnifie transfuges. Ils ont un idiome particulier
affez reffemblant à celui des Croatiens , un-
habillement qui leur eft propre, 8c ils vivent poüs
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la plupart de l’entretien des beftiaux. le s environs
de Moettling , Fréÿenthurn , Weinitz ,
Tfchernemble, 8cc. fur la rivière de Culp , font
habités par des Krabats, proprement Flervats
ou Chervats , dont la langue, eft le véritable
idiome Croate , peu différent du Carnien. Ils ont
de bonsvpâturages, 8c les meilleurs vignobles.
Les autres habitans font des Carniens proprement
dits, 8c reffemblent quant à l’habillement 8c à
la langue à ceux de la baffe Carniole. On trouve
dans la Carniole intérieure des Wipachs (Vipau-
ches) du côté de Wipach, Leytenberg 8c S t -
V i t , qui diffèrent fenfiblement des Carniens ; des
Karftiens ( Krashanzes ) où habitans du Mont-
Karft , qui parlent un diale&e Carnien très-riule ,
& qui ont un habillement particulier; des Tfchit-
fehens, qui demeurent entre Neuhans 8cSt-Serf, .
8c qui reffemblant aux Carnienspour le vêtement,
en diffèrent néanmoins pour le langage ; les Car-
niens indigènes, qui pour la plupart, font fom-
sniers, Sc les Poykers, vulgairement nommés Pinz-
chene : ceux-ci font établis près de Klan , Jabla-
nitz 8c dans les contrées voifîpes de la rivière
de Payk ; ils reffemblent à leurs voifîns par l’habillement
8e le langage. Il y a deux fortes d’habitans
dans la Carniole Jflrienne , i° . des Fiuiniers
ou Dalmates, 8c des Liburniens, qui parlent tous
la langue Dalmate; 8c 2°. les Iftriens proprement
dits, qui parlent la langue Dalmate ou un Italien
corrompu. En général, les habitans de ce
duché font fort laborieux.
1 Les deux langues dominantes de la Carniole,
font l’EfclavonneouVenede, 8c l’Aile mande.Cette
dernière eft la langue des bureaux 8c du commerce.
La doétririe chrétienne s’eft répandue dans la
Carniole dès le huitième fiècle. Le luthéranifme
y fit beaucoup de progrès dans le feizième, 8c fut
d’abord prêché en 1531 par un chanoine de
Jtaybach, appellé Priraus T ruber, mais il fut
extirpé dans la fuite , de forte que tous les habitans
fuivent aujourd’hui le culte romain , à
l’exception des Valaches ou Urkokes, qui ont
adopté le rit Grec , 8c qui fe difent ftaroverzi,
c’eft-à-dire , anciens croyans. La Carniole a trois
évêchés. Celui de Laybach , qui outre un grand
nombre de paroiffes dans la Carniole, en a vingt-une
en Stirie 8c feize dans la Carinthie. Celui de
Biben , dont dépendent deux villes 8c onze villag
e s , en tout quatorze paroiffes , 8c celui de
Triefte. On compte en général vingt-quatre ^couvents
, quatre commanderies 8c cent trente-qua-
tres cures.
En 1770, on comptoit dans ce duché fept
grandes fabriques, fix cents foix^nte-rdouze métiers
de tifferands, 8c cinquante-fix ufines , qui fouiv
nilfoient par an , vingt mille huit cents quatre-
vingt-dix-fept quintaux de fer.
On exporte de cette province , du fer a de
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l’acier > du mercure, des vins blancs 8c rouges ,
de l’huile d’olives , des marrons, des olives, des
oranges, des citrons , des limons , des figues,
des grenades, des feuilles de laurier, deux cfpè-
ces de tortues, des chevaux, des vipères 8c des
feorpions vivans, des beftiaux , des fromages de
brebis, du linge , de la mi-laine ou mefalane ,
qui fe fabrique en quantité prefque dans tous les
villages de la haute Carniole ; de la toile à voiles y
du maroquin qu'on prépare dans la haute Car-,
niole , des peaux de Bilich , du miel, qu’on recueille
en abondance dans la baffe Carniole, des
.bois de conftruétion pour les vaiffeaux 8c toutes
fortes de petits ouvrages de bois, comme boètes,
écuelles,afîiettes, cuillers, des cribles, Scc. des
noix 8c autres fruits, 8cc.
Précis de l'hifioire politique.
Les Efclavons, nuflî appellés Venedes j s ’éta**
Mirent dans la Carniole en 548 fans pouvoir abolir
l’ancien nom de cette contrée. Sous l’empereur
Charlemagne 8c fes defeendans , la Carniole étoit
gouvernée par les ducs du Frioul, enfuite par
ceux de Carinthie. Mais dès le ^ègne d’Otton I I ,
ce pays étoit un marquifat particulier , qui doit
fon origine à Otton I. Le marggrave avoir fa
réfidence àlCrainbourg. Dans te treizième fièclê ,
la plus grande partie de la Carniole avec la fei-
gnerie de Laybach, étoit foumife aux ducs de
Carinthie. Mais Léopold, duc d'Autriche 8c de
Stirie, de la race de Babenberg, acheta de le v ê -
que de Freylîngen quelques fiefs dans la Marche,
8c fon fils Frédéric-le-Belliqueux ayant étendu,
fes poffeflions en Carniole, prit en 1233 le tirre
de feigneur de Carniole : les ducs de Carinthie
' n’en étoient pas fatisfaits, 8c ils prirent auflî le titre
de feigneurs de Carniole. En attendant, l’empereur
Frédéric II » permit au duc Frédéric-le-Belliqueux
de pofféder cette feigneurie à titre de duché'; après
,fa mort, Rodolphe I , roi des Romains, eh prie
poffeflion comme d’ un fief vacant de l’empire >
ainfi que des autres domaines de Frédéric-le-Bel-,
liqueux, 8c il en inveftiten 1282 fon fils Albert,
après avoir vaincu 8c contraint Ottocar, roi de
Bohème, d’abandonner cette province. Cependant
Ménard , comte du T y r o î, en poffédoit la
plus grande partie , comme portion de la Carinthie,
ou à titre d’un engagement que lui avoitfait
l’empereur. Mais en 1335, la famille des comtes
du Tyrol étant éteinte j 8c Albert I V , comte de
Goertz, ayant en 1364 légué aux ducs d’Autriche
fes Etats, parmi lefquels fe trouvoient quelques
portions de la Carniole , elle fut totalement unie
à l’Autriche, de même que l’ Iftrie 8c Moettling,
qui furent incorporées à la Carniole après la mort
! d’Albert IV . Avant la conftru&ion de la forte-
reffe de Carlftadt en Croatie, la Carniole étoit
expofée aux incurfions 8c au pillage des Turcs :
les états du duché font tenus de fournir à l’entretien
de la garnifon 8ç des fortifications*'
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