
s U R
nations ,, & mime dans les, fpèculations des particuliers.
Leur argent a fur-tout feuvi à défricher en
Amérique quelques colonies étrangères , & les;
leurs principalement. Mais la précaution qu'ils
. »voient eiiq.de fe f^ite hypothéquer les plantations
de leurs débiteurs ? n’a ‘pas produit l’effet qu’ ils en
à'ttcndofent. On «ns leur a\plus rernbomfé les ca-1
pitaux , on ne-leur, a,même plus payé les intérêts,
ïoffque les"denrées de.ces étapliflemens .ont perdu
de leur ancien prix.. Les contrats-pa-fles avec des!
cultivateurs devehus, indigens , font tombés ciïi-’
.quante, foixante , quatre-vingt pour cencau-def-
fous-dé leur valeur primitive. . :
C ’eft un dçfôjrdré tout-à fait ruineux. Inutilement
on.: e^miripoit s’ il faup d’attribuer à l’avidité
des negqçians fixées à AndVerdam , ou à l’inertie,
aux folles dépenfes des,côlons tranfplantés au-delà
dès mers, Ces difc.uffi.ohs ne diminuer oient pas Je’
mal. Il faut Iailferabx oififs lès queftions oifeufes.
Q u’ils écrivent, qii’ils difputent. Cela n’eft pas
fort puifible! Mais cè ne font pas des difcours ,
ç e l l de l’affion qu’il, fa,ut dans un incendie. Tandis
qu’on p"erdroit fon tems à' èxanuner quelle, a été la
çaufe , quels ont ç.cëileç ravages , & quels font les
progrès du feu , l’ëtiiftqe feroit.védiiit en cendres.
Un foin predrant doit.qçciiper les Etats-généraux.
Qu’ils tirent là vafte contréeToumife a la Hollande,
depuis la rivière de Poumaron jufqu’ à celle de Ma-
ron y , de l ’inquiétude qui' 1-engourdit - * de la rai-'
sère qui l’accable, & qu’ils lèvent enfuitê'lés autres
obftacles qui s’oppofent fi opiniâùémèht à’ fes
progrès. •
Celui qui vient du climat paroît le plus difficile
à furmonter. Dans cette région , l’année eft parta- •
:gée entre des pluies continuelles 8c des chaleurs
exceflives. 11 faut difputer fans interruption à des
reptiles dégoûtant;, -des récoltes achetées par les ;
travaux les plus affidus. Oneftexpofé à péiirdans 1
les langueurs de l’hydropifie oit dans des'fièvres de ;
toute efpèbè. L’aùtorité n’a point' de forcé contre !
ces fléaux de h nature. Le remède V s’il y en a un,
fera l’ouvrage du tems ^ de ,1g population, des dé- (
friçhemens,’ ' T ' .. j ' ,. . à ... .
; C e que les loix peuvent, ce qu’ elles doivent,
■ ç*èâ de réunir an.corps dé là république des pof-
feftîons abandonnées comme au hàfard à des affo-
/ciations particulières qui’ s’occupent peu ou mal
de toutesdes parties deTadmiriiftration dans les
pays foumisà lear^monopolë. Lesçmpires fe font
tous convaincus un peu plu s-tô t, un peu plus
tard , de Tihcorcvénient der laiffer le provinces
qu’ ils ont envahies; dan^i’âutreîhérnifphère, à des
compagnies privilégiées, dont je$ intérêts s’accor-
doient rarement avec l’intérêt public. Ils ont enfin
compris qiiéta diftànce ne châiigepit point la nature
du paÔte exprès ou tacite. entre le,' miniftère
8c leS 'fujets, ; que qùand lés fujets ont dit , nous
| | éirons 9 nous IçVVirôns, nous contribuerons à 1
S U R
la formation & à l’entretien de la -force publique
, & que le miniftère a répondu, nous vous
protégerons au - dedans par la police & par des
loix , au - dehors par des négociations & par les
armes , ces conditions dévoient également s’accomplir
de part & d’autre., de la rive d’un
fleuve à la rive oppofée , du rivage d’une mec
a l autre rivage; que la prote&ion ftipulée venant
à c e fle r , l’obéiffance 8c les fecours. promis
étpient fufpendus de droit ; que fi les fecours
croient exigés, lorfque la protection ceflbit, l ’ad-
miniftration dégénéroit en brigandage.
Dans l’état aétuel des chôfes, Berbiche & Efie-
quebo repoufferoient à peine un corfaire entrepre7
na,nt, 8c feroient obligés de capituler à l’approche
de la plus foible efcadre. La partie orientale que
fon importance expofe davantage à l’invafîon , elt
mieux défendue. L’entrée de la riviere de Surinam
eft a fiez difficile à caufe de fes bancs de fable. C e pendant
les bâtimens qui ne tirent pas plus de
vingt pieds d’eau , peuvent y entrer lorfque la mer
eft haute. A deux lieues d e_ l’embouchure, le
Cominawine fe jette dans le Surinam. C ’eft à
cette jonCtion qiie lès holîandois ont établi leur
détente. Ils ont placé une batterie fur le Surinam ,
line autre batterie fur la rive droite du Commàwi-
ne, & une citadelle appellée Amfterdam , à la rive
gauche. Ces ouvrages forment un triangle , dont
les feux qui fe croifent.ont le double objet d’era.-
pêcher que les vaiffeaux n’aillent plus avant dans
l’ une des deux rivières & ne puiffent entrer dans
l’ autre. La forterefie , fituée au milieu d’un petit
marais , n’ eft abordable que par une chauffée
"étroite , où l ’artillerie écarte toute approche. Elle
n’a befoin que d’une garnifon ,de huit ou neuf
cents hommes. Flanquée de quatre baftions , entourée
d’ un rempart de terre , d’ un large fofie
plein d’eau i d’un bon chemin^ couvert ; elle n’a'
d’ailleurs , ni poudrière, ni magafin voû té , ni aucune
efpèce de eafenates. Trois lieues plus haut ,
on trouve fur le Surinam une batterie fermée , dëf-
tiriée à couvrir le port 8c la ville de Paramaribo.
On la nomme Zelandia. Une pareille batterie qu’on
appelle Sommefwelt, .couvre la Commawine à
une diftànce à-peu-près égale. La colonie a pour
défenfeurs fes milices, douze cents hommes de
troupes réglées 8c deux compagnies d’artillerie.
Réunifiez à çet établiflement les deux autres;
faites un enfémble de ces territoires divifés, 8c ils
fe prêteront mutellement quelqu’appui. La république
elle-même , accoutumée à porter un oeil
vigilant fur un domaine devenu plus fpécialement
le fieii, le couvrira de toute fa puiffancç. Ses forcés
de terre & de mer feront employées à le garantir
des dangers qui pourroient le menacer du
coté de l’Europe , à le délivrer des inquiétudes
qui, dans Te continent même, l'agitent fans cefie.
,Les holîandois exercent dans la Guyane contr«
les noirs tlps.. cruautés incoanues dans les iflçs. La
facilite
Facilité de la défertion fur, un pays immenfe a donné
lieu vraifemblablement à cet excès de barbarie.
Sur le plus léger foupçon, un maître fait mourir
fon efclave en préfence de tous les autres ; mais
avec la précaution d’écarter les blancs , qui feuls
pourroient dépofer en juftice contre cette ufurpa-
tion de l’autorité publique.
Ces atrocités ontpoufie fuçcefiivement dans les
forêts une multitude confidérable dé ces déplorables
victimes d’une,avarice i-nfame. On leur a fait
une guerre vive 8c fanglante.fans parvenir à les détruire.
Il a fallu enfin reconnoître leur indépendance
j & depuis ces traités remarquables, ils ont
formé plufieurs hameaux , où ils cultivent aflez
paisiblement les denrées de néceflité première fur
les derrières de la colonie.~-
^ D ’autres noirs ont quitté leurs attelicrs. Ces fugitifs
, toujours errans, tombent inopinément
tantôt fur une frontière 8c tantôt fur une autre,
pour piller des fubfiftances, pour ruiner les plantations
de leurs anciens tyrans. En vain les troupes
font dans une aélivité continuelle pour contenir j
ou pour furprendre un ennemi fi dangereux. Des 1
avis fecrets le mettent à l’abri de tous les pièges,, & !
dirigent fes incurfions vers les lieux fans défenfe. ;
On dit que les nègres-marons qui ont déferté la
colonie de Surinam 8c qui font établis dans legrand'
bois des environs, font au nombre de cinquante !
mille. Le gouvernement holîandois a avec eux une
forte de capitulation , & il leur paie des tributs
bien exactement. Ces cinquante mille nègres-marons
ne font, ajoute-t-on , qu’à cinquante lieues
de vingt mille autres qui ont abandonné la colonie
de Cayenne & qui menacent la Guyane - fran-
ç o ife , 8c il y auroit de l’indifcrétion à aflurer
que ces rebelles n’anéantiront pas un jour Ja colonie
de Surinam 8c celle de Cayenne. Nous ajouterons
que telle elt la nature humaine, & l’effet
inévitable dç la fervitüde des nègres , lorfque.
les nègres ne font pas enfermés dans une ifle.
La république préviendra la fubverfîon de fes
établiffemens, en donnant un frein falutaire aux
caprices 8c aux. fureurs de fes fujets. Elle prendra
aufli des mefures efficaces pour faire arriver dans
fes rades le fruit de leurs travaux q u i, jufqu’ à nos
jours , enra été trop fouvent détourné.
Les plus grands propriétaires de la Guyane hol-
Jandoife vivent en Europe. On ne voit güere dans
la colonie que des agens de ces hommes riches ,
ou des hommes que la médiocrité de leur fortune
écarte des affaires.
SYR IE , contrée de l’Afïe , au fond de la mer
méditerranée. C ’ell une des provinces de l'empire
Ottoman. Nous avons fait urtlong article fut cet
empire au mot O ttoman. Nous nouspropofons
de donner i c i , d’ après M. Volney , qui a publié ( à
OEoffn. polit. 6* diplomatique, Tom, IK,
fon retour de laSyrie en 1787) un voyage fi intéref-
fant où l'on trouve des détails fur l'adminiflration,
le gouvernement. les productions 8e le commerce
de la Syrie. Le lecteur fe formera une idée de l'ad-
miniftration & de l'état des autres provinces afia-
tiques de l'empire Ottoman, fur lefquels nous
n'avons pu nous procurer des renfeignemens.
Il verra 11 Montefquieu a exagéré Je tableau
du defpotifme, & ce qu'il faut penfer de ces écrivains
qui ont parlé avec éloge des gouvernemens
d'Alie. & qui ont répondu avec tant d'effronterie
8e d'ignorance fur des chofes qu'ils ne favoient
pas.
Le fultan Selim aprèsT.voir conquis la Syrie fur
les Mamlpuks, y établit, comme dans le relie de
l’empire, des vice-rois ou pachas, revêtus d’un pou-
voir illimité Sc abfolu. Pour s'aflurer de leur fou-
miffion ou faciliter la régie, il divifa le pays en
cinq gouvernemens ou paçhalics , qui fubfillent
encore. Ces pachalics font celui d'AIep , celui de
I r ip o ly , celui de Sayde, récemment transféré à
A c re , celui de Damas, & enfin , .celui de la Pa-
leftine, dont le liège a été tantôt à Gaze, & tantôt
à Jéiufalem.
Du patchalie d'AIep.
Dans la plupart des pachalics, le pacha eft, félon
la valeur de fon titre, viqe-roi & fermier -général
du paj^s. Le pacha d'AIep n’exerce pas ce fécond
emploi. LaPorte l'a confié à un mehafifel avec qui
elle compte immédiatement. Elle ne lui donne de
bail que pour l'année feulement. Le prixaétuelde
la ferme eft de huit cents bourfes , qui font un
miIliop.de notre monnoie; mais il faut y joindre
un prix de babouches ou pot-de-vin de quatre-
vingt à cent mille francs, dont on acheté la fa-
veiff du vifir 8c des gens en crédit. Moyennant
ces deux fommes, le fermier eft fubftitué à tous
les droits dp gouvernement, qui font i ° . les doua.-
pes,.ou droits d'entrée & de fortie fur les marchan-
difes venant de l'Europe , de l'Inde ou de Conf-
tantinople , & fur celles que le pays rend en
échange- 2°. Les droits de pafiage fur les troupeaux
que leTurkmans & lqs Lourdes amènent
chaque année de l'Arménie & du Diarbekr, pour
vendre en Syrie. 3». Le cinquième de la Saline de
Djeboul j enfin le miri, ou impôt établi fur les
terres. Ces objets réunis peuvent rendre quinze à
feize cents mille livres.
Le pacha privé de cette régie lucrative, reçoit
un traitement fixe de quatre - vingt mille piaftres ,
c’eft-à-dire, de deux cents mille liv. feulement.
L'on a.de tout tems reconnu ce fonds iiifuffifant
à fes dêpenfes; car outre les troupes qu'il doit entretenir,
& les réparations des chemins & des for-
terefles qui font à fa charge, il eft obligé de faire
de grands préfens aux miniftres, pour obtenir ou