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L'article 7 4e la conftitution actuelle établit
un gouverneur pour trois ans y & elle permet
de le réélire, lorfqu’il aura été hors de place
pendant quatre ans. M. Jefferfon propofe, avec
raifon, d'après une grande vue républicaine,
de le laifier cinq ans en charge, & de le déclarer
enluite inhabile à la place de gouverneur.
M . Jefferfon propofe de plus que le Confeil
d’état ne foit pas en activité par quatre chambres
, mais par cinq j & fur cet article peu important
j comme fur d’ autres articles eflêntiels ,
fes idées méritent d’être accueillies.
L ’article 14 de la conftiturion aéluelle permet,
ileft vrai, d’acculer en crime d'état le gouverneur
& les autres officiers de la république > mais il
renvoyé les caufes à la cour générale. M . Jefferfon
a une plus belle id é e , il propofe une
cour d’accufation , & au lieu de réferver à la
chambre des délégués , le droit de faire ces accu-
fations en crime d’état , il l'accorde au gouverneur,
au confeil & au fénat, ainfi qu’à la
chambre des délégués.
M . Jefferfon a montré dans Fefquiffe de la
conftitution qu’ il^ propofe , le talent d’ un habile
législateur & d’un républicain éclairé , qui
connoît les vices & les inconvéniens des loix
adoptées dans fon pays. Son projet d'établir un
confeil de révifion , eft très heureux & très-
convenable aux républiques américaines. C e confeil
fera compofé du gouverneur, de deux con- -
fei 11ers d’é ta t , d’un juge de chacune des deux
cours fupérieures de chancellerie, de loi commune,
& de l'amirauté, qui reviferoit tous les
bills paffés par les deux membres j il aurqit le
droit de remontrer Jes défauts du b ill, de le
faire examiner de nouveau} mais-c’elt-là que fe
bomeroit fon autorité} & il lors de ce nouvel
examen, les deux tiers (au lieu de la majorité)
perfiftoir, le bill deviendroit une loi. On trouve
dans Chacun des détails de la nouvelle conftitution,
la même profondeur & la même faga-
cité ; au lieu de faire les évaluations en argent,
on les fait en b oi fl eau de bled. Enfin fi l’on
compare la conftitution qu’il a rédigée, & celle
qui eft en vigueur en Virginie & dans les autres
républiques américaines, on la jugera bien fu-
périeu-re , & Ton y trouvera des idées, dont !
chaque état de Tunion devrait profiter.
S E C T I O N IV .
V e la population, des ne grès, des comtés, des
villes^, des fauvages, qui fe trouvent encore dans
la Virginie , des milices & de la marine.
Mous avons montré à l'article Eta t s -Unis
V I R
toutes les inexa&itudes des états de population
des di ver fes républiques américaines publiées
jufqu ici : ( voyez la feélion dixième ) nous avons
dit fur-tout quelesétass recueillisen 177j- & iy 3 j
croient cres-defeéhieux & trop foibles: cela eft aujourd’hui
bien prouvé. La population de la Virginie
n’y étoit évalué qu’à quatre cents mille habitans,
& cependant en 1782 le nombre des habitans
de cette république , en n’y comprenant pas les
huit comtes de Lincoln , Jefferfon , la Fayette,
Monogaiia , Yohogenia , Ohio , Nortampton
& Y o r k , étoit de cinq cents foixante-fept mille
fix cents quatorze : la population y a doublé
tous les vingt - fept ans & trois mois} & fi le
meme accroiflèment continuoit à y avoir lieu ,
cet état auroit fix a fept millions d’habitans en
cinquante-cinq ans. La Virginie fe trouvant aujour-
d hui bornee^par le méridien de l’embouchure de
la Grande-Kanhaway } c’eft-à-dire', réduite à
une efpace de foixante-quatre mille quatre cents
quatre-vingt-onze milles quarrés, il y auroit
alors cent habitans fur chaque mille quarré,
ce qui eft a-peu-près la pooulation des iiles
britanniques.
Parmi les cinq cents foixante - fept mille fix
cents quatorze personnes qui compofôient la
population de la Virginie en 1782 , on trouvoic
cinquante-trois mille deux cents quatre-vingt-neuf
mâles libres au-deflus de vingt-un ans-: & on y
comptoit deux cents onze mille fix cents quatre-
vingt-dix-huit efclaves de tout âge & de tout
fexe, inferits fur les rôles j mais d’après des
calculs que nous ne donnerons pas i c i , il y a
heu de croire que quarante-fept mille cinq cents
trente-deux efclaves ne furent pas inferits fur
les rôles , & qu’ainfi il y avoir en tout deux
cents .cinquante-neuf mille deux cents trente
efclaves. On a jugé d’après d’autres calculs qui
fe .trouvent dans l’on vrage intitulé Notes , on-the
fiate o f Virginia, qu’il y avoit alors:
55 , 289 mâles libres au-de/Tus de
vingt-un ans.
1 7 ,7 6 3 mâles libres entre feize & vingtun
ans.
7 1 , o fz mâles libres au-delfous de feize
ans.
142 , 104 femmes libres de tout âge.
184, 208 habitans libres de tout âge.
M9 * *3° efclaves de tout âge.
En tout J43 >43^ habitans non comprife la ’population
des huit comtés finies
à l’ou eft'.
Ces huit comtés avoient trois mille cent
foixante-un hommw de milice en 1379 & 178« :
| f p
ainfî dit M- Jefferfon, félon la proportion indiquée
par l’expérience, il y avoit alors :
3 ,1 6 1 mâles libres au-deflus de feize
ans./’
3 , 161 au-deffous de feize ans.
6 , 3 z 2 femmes libres.
Ou 1 2 ,6 4 4 habitans libres dans ces huit
comtés.
Le même écrivain évalue le nombre des efclaves
de ces huit comtés à onze mille cinq cents trente-
deux.
La.population de toutes les terres dépendantes
de la Virginie, étoit donc en 178a de
296,8^2 habitans libres.
Et de 2 7 0 ,7 6 i efclaves.
Ou de 5 6 7 ,6 1 4 habitans de tout âge , de
tout fexe & de toute con- i
dition.
Il faut obferver que M. Filfon , qui a décrit
la colonie de Kentucke en 1784, ou les trois
premiers des comtés fitués à l ’oueft, évalue la
population à trente mille âmes , mais il eft vrai-
femblable que cet accroiflement de population
de Kentucke s’eft fait après la guerre un peu
aux dépens des autres cantons de la Virginie.
On voit qu’en 1782 la proportion des habitans
libres aux efclaves étoit de onze à dix. Les efclaves
de la Virginie font traités 'avec douceur j
©n leur donne des nourritures groffières , mais
faines , & ils- multiplient autant ou plus que les
blancs. "
’ Nous ne devons pas omettre ici un fait très-
curieux. Lorfque la Virginie dépendoit encore
de la couronne d’Angleterre , elle obtint une
loi qui mettoit fur l’importation des nègres
des droits fi confidérables, qu’ils équivaloient à
ufte prohibition : une aflemblée de la colonie,
égarée par des vues de cupidité, abolit la lo i,
où plutôt déclara qu’on endemanderoit la révocation
au roi de la Grande-Bretagne. Le cabinet
de Saint-James approuva cette réfolution avec
pl ai fi r : les affembîées poftérieures s ’efforcèrent
prefque toujours de remettre des droits confin
e r ables fur l'importation des nègres 5 mais elles
imaginèrent en vain des combinaifons & des
expédiens , elles ne purent arracher le confen-
tement du roi. La première aflemblée du peuple
fous le gouvernement républicain a publié une-
lo i , qui défend à jamais d’importer des efclaves.
Ainfi elle a arrêté les progrès de la fervitude,
& cet état fe difpofe à l’émancipation de tous
Jes nègres, lorfque l’efpric des citoyens fera
j-njâr pour cette révolution.
L’efclavage 8c la fervitude d’une partie des
(OEcon. pal. & diplomatique. Tout* I V .
habitans du pays , ont une malheureufe influence
fur les moeurs 8e le cara&ère de toute la nation
: cette vérité morale n’a pas befoin d’être
prouvée i c i , 8e tout impofe la loi aux Etats-
Unis d’abolir à jamais la fervitude. On croit
remarquer dans les Etats-Unis, depuis le commencement
de la révolution , que la fécuiité 8e la
dureté des maîtres envers les efclaves diminuent,
que le fort des nègres s’adoucit, &
puiffent ces heureufes prémices aboutir à un
affranchiffement général ! Nous avons rappelle à
l’article Et a t s -U nis ( feétion dixième ) un beau
projet du congrès-, pour anéantir toute efpèce d’ef*
clavage 8e de fervitude involontaire dans le territoire
de Foueft , après l'année 1800. Nous
avons dit par quelle fatale combinaifon la voix
d’un feul député fit rejetter la loi : nous avons
expliqué au même article où en eft ce grand
ouvrage de l’affranchiifement général des efclaves
dans les républiques américaines, 8e quelles font
celles qui s ’y trouvent le moins difpofées.
Milice.
D ’après les états donnés en 1780 8e 178 r ,
h Virginie avoit quarante-neuf mille neuf cents
foixante-onze foldats de milice.
La Virginie a foixante - quatorze com tés ,
8e on fent qu’ ils doivent être peu étendus.
Chaque tenancier bien conftitué eft enrôlé dans
la milice, depuis feize jufqu'à cinquante ans:
les foldats de chaque comté forment des compagnies,
félon leur nombre tin ou piufieurs
bataillons. Ils font commandés par des colonels
ou d’autres officiers fubordonnes, comme dans
les troupes régulières. Il y a dans chaque comté,
un lieutenant de comté qui commande toute la
milice , mais il- n'a que le rang de colonel lorfqu’
il entre en campagne. On ne nomme des
officiers - généraux que lorfqu’il faut repomTer
une invafion ou appaifer une révolte, de leur
autorité finit avec les troubles.
Trente-cinq de ces foixaste-quatorze comtés
fe trouvent à portée du flux & du reflux de
la mer, & dans ce parallèle : il y en a deux cents
vingt-cinq dans Finréricur des terres, entre le
point ou s’arrête le flot de la mer & la chaîne
des montagnes Bleues, h.uit entre les montagnes
Bleues & les Alleghany , & huit à Foueft:
des Alleghany. Il y a des paroiftes qui forment
un comté.
On n’y trouve prefque point de villes. Une
multitude de rivières navigables découpant la
Virginie , 8c les routes du commerce fe trouvant
à portée de chaque établiflement de culture
c’eft vraifemblablement pour cela qu’on y voit fi
| peu de villes. Williamsbourg, qui a é'é le fiège
du gouvernement jufqu’en 1780 , n’a jamais contenu
plus de dix - huit cents habitans, & Norfolk
, qui eft la plus peuplée , n'en comptoit
que fix mille.
N a n n