
Les principales exportations de la Suède font
du cuivre , du f e r , de l'artillerie , des mâts, dès
planches , de la poix , du goudron , de.l’huile de
baleine ,• des harengs, de l'alun, de la potafle ,-du
faipetre , de la poudre à canon , du fe l, du poif-
fon falé , du favon , du vitriol. On y importe de
l ’étain , du plomb , du tabac , des vins , de la
quincaillerie des étoffes de foie & de la foie , du
papier , du thé & du café, du fucre, des épiceries',
des drogues, du f il, du chanvre 3 de la laine, &c.
Comme le fer de Suède eft d’une bonté particulière
, & qu’en même tems on l’achète à meilleur
prix que dans les autres pays , les fuédois
peuvent compter fur une exportation allurée à cet
égard : on peut dire la même chofe par rapport
aux forêts ; car le b ois , le goudron & la poix
du nord font de beaucoup préférables à ceux que
l’Amérique fournit.
En 1752. la pêche du hareng ne produifit que
mille barils. Le baril contient mille harengs.
En 17J5 . . ....................... . f 20,766
1754 • , . 52,828
W 7 • • • 74,791
1761 . . . I 1 7 ,2 I2 f
1761 . . . 141,091
1763 • . 7. l8 6 ,6 l4 f
1764 . , , 99,6165
17Ê8 . • ■ 151,48}
Qantzler , qui a fait un très-bon ouvrage intitulé
Mémoires fur les affaires politiques & economiques
de la Suède, obferve que la ville de Stockholm
fait les fept treizièmes du commerce d’exportation
de la Suède 3 Gothembourg les déux
treizièmes, & les autres villes les quatre treizièmes,
& que dans le commerce d’importation , Stockholm
eft pour la moitié , Gothembourg pour un
quart * & les autres villes pour le dernier quart.
* II y a en Suède plufieurs compagnies de commerce.
Celle des Indes orientales fit partir en
1746 trois vaiffeaux pour Surate, & trente - trois
pour Canton , dont un fit naufrage avec tous fes
fonds près du lieu de fa deftination. Le profit des
intéreffés fut de huit cents foixante - onze & un
quart pour cent, fur la durée de l’o&roi , ou de
quarante-trois chaque année. En 1753, les aflociés
renoncèrent à la liberté dont ils avoient toujours
joui , de retirer à volonté leurs capitaux , & fe
déterminèrent à former un corps permanent.
L'Etai les fit confentir à ce nouvel ordre de chofes,
en fe contentant d’un droit de vingt pour cent fur
toutes les marchandifes qui fe confommeroient
dans le royaume, au lieu de foixante-quipze mille
livres qu’il recevoit dépuis fept ans pour chaque
voyage. Ç e facrifiçe avoit pour but de mettre la
compagnie fuédoife en état de foutenir la concurrence
de la compagnie qui venoit de naître à
Embden j mais les befoins publics le firent rétracter
en 1765. On pouffa même l ’infidélité juf-
qu’à exiger tous les arrérages. ‘
Le monopole fut renouvellé, en 1766 3 pour
vingt ans encore. Il prêta à la nation un million
deux cent cinquante mille livres fans intérêt, &
une fomme double avec un intérêt de fix pour
cent. La fociétéqui faifoit ces avances , devait
être fucceflîvement rembourfée de la première,
par la retenue de quatre-vingt-treize« mille fept
cents cinquante livres qu’elle :s’engageoit à payer
pour chaque navire qui feroît expédié , & de la
féconde à quatre éooques convenues. Avant le
premier janvier 1778 , il étoit parti vingt-un vaiffeaux
, tous pour la Chine , dont quatre étoient
encore attendus. Les dix fept arrivés , fans avoir
éprouvé d’évçnement fâcheux, avoient rapporté
vingt-deux millions fix cents livres pefant de thé,
& quelques autres objets d’une importance beau*
coup moindre. On ne peut dire précifément
quel bénéfice ont produit ces expéditions : mais
on doit préfumer qu’il a été confidérable , puifque
lesaCtions ont gagné jufqu’ à quarante-deux pour
cent. C e qui efi généralement connu , c’eft que
le dividende fut de douze pour cent en 1770?»
qu’il a été de fix toutes les autres années , & que
la compagnie eft chargée des affurances depuis
17 5 b
C e corps a établi le fiège dé fes affaires 3 Go-
thenbourg , dont la pofition offroit ', pour l’éxpé-
dition des bâtimeiis , pour la vente des naarchan-
,difés, des facilités que refufoient les autres ports
du royaume. Une préférence fi utile a beaucoup
augmenté le mouvement de cette rade , .& le travail
de fon territoire.
Dans l’origine delà compagnie , fes fonds va-
rioient d’un voyage à l’autre, ils furent, dit-on ,
fixés à fix millions en 1753 , & à cinq feulement
à la dernière convention. Les gens les mieux infe
truits font réduits à de.fimples conjectures fur ce
point important. Jamais il ne fut mis fous les yeux du
public. Comme les fuédois avoient d’abord beaucoup
moins de part à ce capital qu'ils n’en ont
eu depuis , le gouvernement jugea convenable de.
l’envelopper d’un nuage épais. Pour y parvenir ,
il fut ftatué que tout directeur qui révéleroit le
nom. des affociés ou les fommes ■ qu’ils' au.oient
foufcrites, feroif fufpendu , dépofé même,
qu’il_perdroitf^ns retour tout large.it qu’il auroit
mis dans cette entreprife. C et efprit de myftère ,
inconcevable dans lin pays libre , continua trente-
cinq ans. Douze actionnaires dévoient, il eft vrai,
recevoir tous les quatre ans les comptes des ad-
miniftrateurs 5 mais c’ étoit l’adminiftration qui
no mm oit ces çenfeurs. Depuis 1767 , ce font les
intéreffés eux-mêmes qui choififiènt les commit
Paires
faires, qui écoutent leur rapport daus une af-
femblée générale. C e nouvel arrangement aura fans
doute diminué la corruption. Le fecret dans la
politique eft comme le menfonge : il peut fauver
pour un moment les Etats, & doit les perdre avec
le tems. L ’un '& l’autre ne font utiles qu’aux médians.
Le produit des ventes n’a pas été toujours le
même. On l’a vu plus ou moins confidérable,
félon le nombre & la grandeur des vaiffeaux employés
dans ce commerce , félon la cherté des
marchandifes au lieu de leur fabrication & leur
rareté en Europe. Cependant on peut affurer qu’ils
eft rarement reflé au-deffous de deux millions de
livres , & ne s’eft jamais élevé au-deffus de cinq.
Le thé a toujours formé plus des quatre cinquièmes
de ces valeurs.
•C’eft avec des piaftres achetées à Cadix que
ces opérations ont été conduites. Le peu qu’on y
a fait entrer d’ailleurs mérite à peine qu’on s’en
fou vienne.
■ Le capitaine du vaiffeau deftiné pour la Chine
relâche d’abord à C ad ix , où il emprunte , au nom
delà compagnie, cent mille piaftres à trente pour
cent d’intérêt 5 de-là il fait voile pour Canton où
il acheté du th é , de la porcelaine, & d’autres
marchandifes de la Chine qu’il revend à fon retour
avec beaucoup de profit. Le gain ordinaire,
tous frais faits , eft de foixante-dix pour cent,
& l ’intérêt déduit, de quarante pour cent.
Il exiftoit autrefois une compagnie du levant j j
mam elle fut révoquée en 1757 , & le commerce
du le vant fut permis à toutes les villes de commerce
& d’étape.
Le roi de Suède ayant obtenu dernièrement de la
cour de France, fille St.-Barthelemy, l’une des Antilles,
il l’a déclaré, en 1785, un territoire libre, où
routes les nations jouiront en tems de paix & de
guerre d’une liberté entière de commerce, & où
chacun pourra exercer le culte public de fa religion
5 & le trente-un octobre 1786 il a établi une
compagnie des Indes occidentales. Outre les directeurs
de cette compagnie , que fa mafefté choi-
fîra entre les perfonnes les plus diftinguées par
leurs connoiffances en fait de commerce , & par
leur intégrité, tous fes fujets pourront prendre
part à cette entreprife ; & en qualité d’intéreffés
ils jouiront de la liberté de navigation & de commerce
, non - feulement pour Lille de St.-Barthelemy
, cédée à la J.Suède par la France , mais aufli
pour toutes les ifles qui font cenfées faire partie
des Indes occidentales, pour l’Amérique feptçn-
trionale , ainfî que pour la côte d’Afrique, particulièrement
celle d’Angola. On établira pour ce
commerce , tant à St.-Barthelemy - qu’ en Suède
dEcon, poliu diplomatique, Tom, IV ,
même, des magafins publics , où l’on pourra dé-
pofer toutes fortes de matières crues & de marchandifes
des Indes occidentales. Le privilège
doit être de quinze années, à compter du premier
janvier 1787. Les navires de la compagnie
qu’elle pourra employer en tel nombre qu’elle
jugera à propos , Sortiront du po.rt de Stockholm
ou de celui de Gothembourg, où ils feront leurs
retours.
La Suède s’occupe des moyens de perfectionner
fa navigation intérieure : le.canal de Trolhætta
eft le plus grand ouvrage qu’elle ait entrepris fur
cet objet, & nous allons en parler avec quelques
détails.
C e canal fait partie d’un vafte plan formé depuis
long-rems, pour établir entre la mer Baltique
& l’Océan une navigation au travers des terres
qui0 en augmentant le commerce intérieur d’un
grand nombre de provinces , difpenferoit de faire
paffer par le Suiid une partie des marchandifes
de la Suède , & qui mettroit en tems de guerre ,
avec le Dannemarck , une partie du comrrierce
de la Suède à l'abri des corfaires danois, qui défendus
par les batteries de Cronenbourg , font
maîtres, du détroit du Sund , à moins que la
Suède n’y entretienne une flotte fupérieure.
Guftave-Vafa fut le premier roi de Suède qui
comprit l’utilité de cette navigation intérieure,
lorfqu’il fit de Lodèfé_,. aujourd’hui Gothem-
boùrg, un port & une ville de commerce , afin
que les vaiffeaux marchands ne fuffent pas toujours
.obligés de paffer Je détroit du Sund. II fe
flatta qu’un jour les marchandifes que la Suède
importe ou exporte, pourroient paffer par les lacs
Venner, Hielmer, & Mæler jufques à Stock-
! holm , fi l’on ïéufliffoit à rendre navigables les
rivières & les lacs qui les uniffent.
Eric X IV voulant exécuter le plan tracé par
fon père , donna ordre qu’on s’en occupât fé-
rieufement j mais les troubles de fon règne ne
permirent pas d’aller plus loin.
Plufieurs de fes fticceffeurs reprirent ce grand
projet j Charles IX fit dans cette vue creufer le
Canal de Calsgrav, & Charles XI celui d’Ar-
boga. On s’apperçut cependant bientôt des grandes
difficultés qu’on trouveroit dans fon exécution.
Guftave - Adolphe ne put trouver en Suède per-
fonne qui osât s’en charger, & Charles X I y
envoya des ingénieurs hollandois qui le jugèrent
impraticable. La Motraye qui raconte ces faits ,
ajoute que Charles X I I , loin de fe rebuter par
ces difficultés , envoya fur les lieux Polheim , ingénieur
célèbre, qui lui remit un plan pour rendre
navigables les cataractes de Trolhætta, & pour
ouvrir entre Gothembourg & Stockholm , &
même entre les lacs Venner & Vetter & la ville
JM n