
190. Columna. io ° . Viatska. n Q. Archangel. u®.
Uftjug. 2$v. Voronetz. 240. Irkutsk. 250. Pe-
reslaf. 26°. Coftroma. 27^. V.olodimir. 28°. Tam-
bof. 290. Olonetz. 30®. Siersk. 310. Kiof. 32°.
Tchernichef. 330. Pareaslaf.
La Ruffie contient aujourd'hui, dit M. C o x e ,
cent cinquante-neuf couvens d'hommes gouvernés
par cinquante-huit archimandrites & quatre-vingt-
dix-neuf igoumens , 8c foixante-fept couvens de
femmes, dirigés par des abeffes. On y compte
deux mille iîx cents foixante 8c dix-fept moines ,
8c mille deux cents quatre - vingt - dix - neuf reli-
gieufes. Les autres prêtres ou perfonnes ecclé-
fiaftiques appartenant aux couvens & aux cathédrales
font au nombre de quinze cent trente-
fepW(Ov
Les prêtres qui doivent être les membres les
plus utiles de la foçiété, font ordinairement en
m B ï plus méprifable partie du peuple. Il eft
vrai à la lettre que la plupart ne favent pas lire
dans leur propre langue l'évangile qu'ils font chargés
de prêcher. Ils récitent l’office de mémoire 5
c ’eit-à dire , un chapitre du nouveau teftament
ou un morceau d'homélie qu’ils répètent tous les
vendredis & les dimanches. Et il n'eft pas étonnant
qu'il y en ait de fi ignorans , quand on confï-
dère le peu de bénéfice qu'ils tirent de leurs
fonctions. Outre ce qui leur eft affigné pour leurs
furpiis 3 c'ell à-dire , quatre livres fterling dans
les plus petits bénéfices 8c vingt dans les meilleurs,
ils joui lient"“d'une maifon de bois qui ne vaut
guères mieux que celle de leurs plus chétifs pa-
roiffiens , & d’un peu de terrain qu'ils cultivent
ordinairement eux-mêmes. I a plus grande dignité
à laquelle ils puiffent parvenir auffi long-tems
qu’ ils font mariés, eft celle de premier prêtre d'une
cathédrale, dont le revenu ne paffe guères vingt
livres fterling par an. Si c’eft de l'ordre des prêtres
& dès curés que les connoiffances & les bonnes
moeurs doivent fortir 8c fe répandre dans le peuple
, quel doit être l'état de ce peuple qui n'a
que de pareils chefs pour le guider & pour l'éclairer
?
L’impératrice n’a peut-être rien fait de plus
efficace pour civilifer lès fujets, que de fonder
divers féminaires pour l'éducation des enfans des
prêtres. Elle a dans le même but encouragé par
Toute forte de moyens cet ordre à s'inftrüire
& à fortir de l'ignorance dans laquelle il étoit
plongé.
S E C T I O N VI.
D es manufactures & du commerce de la Ruffie.
L'induftrie de la Ruffie fe bornoit autrefois au I
labourage des terres , à l'entretien du b é t a i l à la I
chaffe j à la pêche , & à la préparation du roufîi, I
C autrement cuir de Rujfie, ). pour laquelle ils pof- I
sèdent un ancien fecret : ils ignoroient tout ce I
qui s'appelloit métier. Mais depuis que Pierre I
premier a attiré dans fes Etats beaucoup d’ouvriers I
& d'artiftes étrangers , on voit que les Ruffes ont I
de la capacité pour les arts & les métiers. Les I
manufadures en général y font encore dans un I
état médiocre. Celles pour la préparation des cuirs I
font les meilleures. On trouve des manufactures I
de foierie à Pétersbourg , Mofcow , Jaroflow , I
Aftracan , Jambourg-. On fabrique auffi en Ruffie I
des draps & autres étoffes de laine ; mais , outre I
que ces draps font d’une qualité bien inférieure , I
les manufactures n'en fourniffent pas affez pour I
les befoins de l’empire. Une des meilleures eft I
établie à Jambourg.
Il faut fur-tout remarquer la manufacture de I
tapifîèrie de St.-Pétersbourg, où l'on fabrique de I
belles pièces de haute-liffe. En 1762, il y avoit I
en Ruffie vingt-fix manufactures de foieries , ex- I
ploitées par environ deux mille deux cents ouvriers, I
8c parmi Jefquelles fix ou fept fourniffoient tou- I
tes efpèces d'étoffes de foie. Les foies vien- I
nent de la C h in e , de la Perfe 8c de l'Italie; I
lés dernières font les plus chères. On les teint I
aflèz bien. Dans les manufactures de laine on I
travaille des laines de Turquie, de Ruffie 8c de I
l'Ukraine. On n'y fabrique guèr.es que des draps I
groffiers pour l’ufage des domeftiques & de Par- I
mée. Le commiflariat de guerre en achçte annuel- I
lement, en vertu d'un traité fait avec quelques I
manufacturiers huit cents millearchines, à foixante I
copeckes l'archine. Une archine de doublure coûte I
quatorze & demi-copeckes. Les manufactures de I
toiles font les plus florifîantes ; elles fourniffent ' I
une grande quantité de toiles , tant pour la con- I
fommation intérieure que pour l'exportation : I
mais on ne fait que des toiles groffières , & l'on I
n'a pas encore appris à filer fin , ni le lin , ni le I
chanvre , à l’exception de la manufacture de Ja- I
roflow , où l’on tifle 8c blanchit de belles toiles
fines ; on a auffi fait à Mofcou , en 1761 , une
épreuve de toiles fines qui a très-bien réuffi. II
n'y avoit, en 17 5 2 , que deux fabriques de fil
( i ) Suivant une lifte imprimée dans le journal dé Pétersbourg en* 1776, il y a en Ruffie quatre cents foixante couvens & vingt
mille cinq cents trente-cinq églifes. Suivant Bufching , la Ruflie contient quatre cents foixante & dix -neu f couvens d ’hommes ,
êc foixante & d ix -neu f de femmes , fans compter plusieurs petits cloîtres qui dépendent des grands. Le nombre total des
moines peut monter à fept mille trois cents , & celui des religieufes à cinq mille trois cents. Peat-êrie les çhofes croient-
elles ainfi autrefois avant qu’ on eut fupprimé pluiîeurs couvens. On adopte ic i l ’eftimation de M. le Clerc > qui 11'ous
apprend qu’il la tient de l’impératrice elle-même, f o y e 1 l’hift. de Ruffie. j>ag. 16 1 .
A-or & d’argent, dont une eft à Pétersbourg;,.on
t travaille affez bien l'argent \ mais on n y reuflit
pas encore pour lés ouvrages en vermeil.
Indépendamment de ces fabriques, il exifte auffi
en Ruffie des verreries 8c des manufactures de glaces,
des raffineries de fucre , des falines, des fabriques
de favon , goudron , &c. 8c enfin des fabriques
- pour toutes les efpèces de métaux.
11 réfui te que les Ruffes n e fauroient, à préfent,
fe pafler des manufactures 8c des marchandifes
ï étrangères. 11 eft vrai que les ouvrages faits par les
ouvriers Ruffes ne coûtent que la moitié , & quel-
’ ouefois feulement le tiers des ouvrages que les ouvriers
étrangers fourniflent à Pétersbourg 8c a-Mo.l-
f cow; mais la qualité des ouvrages étrangers eft fu-
périeure. La cojiftruCbion des vaifleaux eft portée
à un grand point de perfection.
Les marchandifes d’exportation pour la Ruffie
font : anis, cire-, bougies, voilure , cheveux,
crins '-fer , kaviar, colle de p.oiffon, cuir , lin ,
chanvre , étoupes de lin 8c de chanvre , huile
| de l in , fa v o n , cuiv re, édredon , duv et,
fu if , chandelle , falpêtre , tabac de l’Ukraine,
"thé de C h in e , foies de cochon>, cuirs appelles
Yroujfis , planches, cornes 8c o s , pelleteries de
caftor , de zibelines , &c. peaux de renard, d ours
de lievre , de loup, nattés , toiles; & celles qu on
importe font : foieriés , draps, perfes, indiennes
, dentelles , quincaillerie, étain, plomb , porcelaine
, faïence, poterie , vins, eaux-de-vie ,
harengs , épicerie, papier, cartes à jouer , livres,
aiguilles & épingles , outils pour ouvriers , inftru-
mens de mufique 8c de chirurgie, acier, fromages,
tabac , citrons , oranges & d’autres fruits , verre ,
glaces , marchandifes de bois , ferrurerie , cuir
d’Angleterre, bierre angloife & autres.
des marchands de Mofcow & d'autres villes
de Ruffie , vont en Sibérie faire lin commerce
d’échange , ou bien fe fourniflent des marchandifes
On compte dans la partie Européenne de cet
Empire dix-fept ports*; favoir, Kola en Laponie,
Cherfon, Jenicale, Caffa & Batfchefari fur la mer
Noire , Archangel & Oneskoellftie près de la mer
Blanche, Cronltadt, Pétersbourg , Revel, Narva,
Wibourg , Fredericsham & Hapfal, dans le golfe
de Finlande, qui fait partie de la Baltique , Riga,
Kernau 8c Arensbourg fur la Baltique. Mais les
principales affaires de commerce fe font a Peters-
bourg 8c à Riga.
4 Le commerce de la RuJJîé eft divife en commerce
de terre 8c en commerce- maritime, ou bien
en commerce intérieur & commerce extérieur.
Le commere de Sibérie eft de la première claffè.
Dans toutes les grandes villes de Sibérie on trouve
de riches marchands Enfles , &^dans quelques-
unes des Bukariens , qui y ont fixé leur domicile ,
& qui amènent tous les ans des marchandifes a
.Mofcow S i en conduiront en Sibérie d autres,
fait du pays , foit étrangères. Souvent auffi
de Sibérie pour de l’argent, & traitent en
même tems avec les Chinois , les Mongahens, les
Calmoukes & lés Bukariens. L'avantage de ce
négoce eft d’autant plus confidérable , que tous
les vivres font à très-bas prix en biberie , & que
les marchandifes peuvent être tranfportees lur les
grands fleuves. Les frais de tranfport font peu de
chofe- Sous la dénomination de marchancliles de
Sibérie , omeomprend non-feulement celles que ce
pays produit, mais encore toutes celles qui viennent
de la C h in e , que les Chinois & les Monga-
liens apportent vers la frontière de la Rujfte , ou
que les Caravannes Ruffes vont chercher a la
Chine , & enfin celles que les Calmoukes & les
Bukariens fourniflent en paflant par la Siojrie.
Ainfi au commerce de Sibérie appartient 1 . le
commerce de Sibérie: on y conduit principalement
du rouffi| des draps gris communs QMggjJ >
des toiles & beaucoup d'autres marchandifes
ruffes, perfanes , allemandes , hollandoifes , an-
glôifes , françoifes & d’autres contrées de l ’Europe
; on en rapporte des pelleteries , du cafto-
reum , des bourfes de mofeus de Sibérie , des os
de'mamout, des dents de- Walros 8c du fer.
2°. Nous parlerons plus bas du commerce de la
Chine. .
; J)u commerce des Anglois en Ruffie. Des marchandifes
qu’ils y portent & fu ils en exportent.
I.e commerce de la Ruffie avec les pays du nord
fe fit d’abord en entier par les villes anfeauques ,
oui avoient déjà établi des factoreries en 12.76 à
Novoeorod & à Plefcof. Elles en jouirent pendant
long tems. La découverte fortuite du port
d’Archaogel en M53 le leur ôta en grande, par-
tie , & le fit paffer aux Anglois. Cette annee-la
trois vaifleaux, aux ordres du chevalier Hugues
Willougbby , furent envoyés pour reconnoîrre
les mers du nord. Deux de ces vaifleaux s’élevèrent
jufqu’au foixante- douzième degre fur la
côte du Spitzberg , & leurs équipages périrent
de froid dans la Laponie.
Chanceler qui commandoit le troifième, découvrit
le pays voifin de la mer blanche débarqua
à l’embouchure de la Dwina près nu port
il'Archangel. Ivan i l , informe de Ton arrivée,
le fit venir à Mofcow , le reçut avec beaucoup
d’empreffement & de marques dfaffection , auffi-
bien que la lettre qu’on lui préfenta de la part
d’Edouard V I , & permit aux Anglois d ouvrit
un commerce avec fes fujets. Chanceler étant ne
retour la reine Marie établit une compagnie
pour faire ce. commerce , & en i j ; f il retourna
i Mofcow avec plufieurs marchands qui dévoient
former cette focîété. Entr’autres privilèges confi-
K 1