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: Ces diflentions 8c l’abus que faifoient fôuvent
des particuliers pùiflans , de leur richefle & de
leur crédit , firent adopter un remède que la
juIbe défenfe du peuple & le défaut d’un pouvoir
public 8c tutélaire purent feul excufer dans fa
première origine. On plaçoit dans un lieu public
une image groflîèrement habillée , qui repréfen-
toit la patrie ; on lui adreffoit des queftions fur
fon appareil délabré : une perfonne répondoit
pour elle , expofoit fes griefs , 8c dénonçoit les'
coupables. Audi tôt on élevoit une grande maflue
de bois , tous les mécontens y plantoient chacun
un clou pour ligne de l’engagement qu’ ils pre-
noient d’exercer une vengeance publique. On
pcrtoit en foule cette maflue , devant la demeure
-du coupable défigné , qui ordinairement fe dé-
roboit au châtiment alors les conjurés vivoient
à difcrétion fur lesbiens du fugitif, 8c fouvent
on finiflbit par démolir fon habitation. Ces tumultes
8c ces "hoftilités devinrent fi fréquents &
li dangereux , qu’enfin fur les - représentations
des cantons fuiffes , cette efpèce d’oftracifme
fut entièrement aboli.
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L ’aflemblée générale des fept dizains, nommée
landfrath | eft ordinairement convoqué en mai 8c
en décembre , par le capitaine chef du pays
appelle Landshauptmann : l’évêque y préfide- Oti
y délibère fur les intérêts communs du pays ;
i-on y juge les caufes majeures en dernier reflbrt,
car fi des juftiçes inférieures , on peut apj5eller
devant l’évêque ou le capitaine du pays , on
peut auflî de leur jugement en appeller devant
le landfrath. On compte neuf voix dans ce confeil :
favoir, celle de l’évêque , celle du landshaupt*
mann, ou chef de la république , & celle des fept
dizains 5 tout fe décide à la pluralité des voix:
quoique chaque dizain n’ ait qu’ une voix , il en-*
voie à ce congrès autant de députés qu’il lui plaît:
le nombre de ces députés eft ordinairement de
quatre, un juge , un banneret , un capitaine 8c
un lieutenant. C ’eft par l’inftitution de ce confeil
fuprême que les diverfes parties du Valais forment
un feul corps politique ; elles font d’ailleurs
fi indépendantes, qu’anciennement un ou
plufieurs dizains faifoient des alliances féparées, ou
entreprenoient des guerres avec les Etats voifins.
Le bas Valais forme fept châtellenies, fujettes
aux hauts vallaifans , qui leur envoyent de deux
en deux ans-, à tour de rôle des fept dizains ,
des baillifs ou châtelains.
Le premier traité d’alliance ou de combour-
geoifie de l’évêque 8c du peuple du Valais , avec
la ville de Berne , eft de En 1475 tous
les dizains firent avec les quatre cantons forêtiers
ou les Nvaldftætt une confédération perpétuelle.
Ils étoient auflî vers ce teins-là alliés de Frjbo.urg
8c Soleure. C ’eft par ces divers liens que la. république
tient au corps helvétique, comme alliée
8c non comme anociée à la. ligue. Elle a une
confédération perpétuelle avec les ligues Grifes
depuis 1600 j elle eft auflî entrée dans l’aflTocia-
tion des cantons catholiques de iq8é , pour la
défenfe de l’cglile 8c de la foi. Ses premières
liaifons avec la France datent de 1 y00. ■
La milice de tout le Valais eft d’environ dix-
huit mille hommes , 8c la population d’environ
90000 âmes.
' V A L A N G IN . ( comté de ) Portion de la principauté
de Neufchâtel fur les frontières de la
France 8c de l’évêché de Balle ; il eft compofé
des mairies du Valangin, du Locle, de la Lafagne,
des Brenets 8c de la Chaux-de-fonds j il contient
plus de. douze mille habitans.
Privilèges , franchi fes , adminijlration , gouvernement
y SCC.
Le bourg de Valangin, compofé de deux à
trois cens habitans, eft le liège de la mairie qui
comprend prefque tout le Val-de-.Ruz , de la
juftice criminelle 8c du tribunal des trois Etats de
tout le pays de Valangin. ; il eft le rendez-vous
des
Les opinions des réformés s’étoient répandus
d ns le Valais. L’attention du clergé 8c l’autorité
de l’évêque , qui eft grande dans la conftitution
politique «de; ce petit éta t, arrêtèrent facilement
les premiers progrès de la nouvelle doctrine, chez
un peuple trop ignorant pour être curieux de
quefiions abftraites. Dans la fuite le zèle 8c la
prévention contre les »retendus hérétiques , excités
encore par quelques cantons catholiques de
la Suifle, perfécutèrent tous les proteftans qu’on
découvrit.
Conftitution politique & forme de gouvernement.
I..a république ou la confédération du Valais
eft compofée de fept grandes communautés ou
juftiçes, appellées dizains , en allemand zeknden.
Six de ces communautés ont un gouvernement
populaire 5 leurs chef-lieui font des bourgs ouverts
j chaque dizain compofé de diverfes paroi (Tes,
a une juftice particulière de douze juges ,.préfidés
par un maire ou châtelain , qui eft le premier
magiftrat. Les noms des fix dizains , en fuivant
l ’ordre de leur pofition, depuis les fources du
Rhône , font Goms , Bricg, Raren, Vifp, Leuk
& Siders. La ville de S ion , avec fa banlieue,
forme le feptièine dizain. Son gouvernement eft
ariftocratique ; la police eft adminiftrée par le
confeil des vingt quatre , dont le chef s’appelle
.hourguemaûre.
Lorfque le fiège de Sion vient à vaquer , le
capitaine du pays afîemble dans le château de
Valêria , le chapitre 8c l’aflemblée des députés
des dizains. Les chanoines propofefit quatre fujets,
8c les députés en choifîffent un, qui enfuite eft
proclamé évcque dans une aflemblée générale.
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des bourgeois du comté, qui s’y aflemblent tous
les trois ans pour l’éle&ion de leurs trois maître-
bourgeois 3c de leur bouriîer, qui eft en même-
tems leur fecrétaire, 8c tous les ans à diverfes
reprifes, par leurs confeillers, qui font au nombre
de trente-cinq, 8c qui vaquent fans celle avec
vigueur, 8c pour l ’ordinaire avec fuccès , aux
intérêts de la bourgeoifie.
Indépendamment des privilèges que la bourgeoifie
de Valangin partage avec tout le pays de
Neufchâtel, 8c de ce qu’elle poflede en commun
avec d’autres bourgeoifies, elle en a-plufieurs qui
lui font propres, entr’autres une appréciation des
cens dûs en grains 8c en vin, la plus'favorable
de toutes, 8c un abonnement très-avantageux pour
la dîme des grains qu’on recueille dans les montagnes.
Les terres du comté de Valangin font encore
aujourd’hui fujettes à une petite redevance
pour le droit du fceau, lorfqu’ il s’en fait des
tranfports qui ne font pas fujets'aux lods j le refte
de la principauté de Neufchâtel ^ft exempte de
ce droit.
Le prince feul peut admettre quelqu’un au
nombre des bourgeois de Valangin j mais lors
même qu’on a ainfi obtenu le droit de bourgeoifie
du prince, on fe fait recevoir dans le corps ou
corporation de la bourgeoifie j car les bourgeois
de Valangin ainfi incorporés peuvent feuls parvenir
aux emplois de la bourgeoifie, 8c réclamer
fa pro'te&ion 8c fon intervention dans les cas d’atteinte
aux droits réfultans de leur qualité de
bourgeois.
• La bourgeoifie de Valangin n’a pas, comme la
bourgeoifie de*Neufchâtel, le droit de port d’armes*.
Du refte, les troupes du comté de Valangin,
quoique divifées en deux départemens , l’un pour
le VaLde-Ruz , 8c l’autre pour les montagnes,
né fuivent qu’ une même bannière, 8c forment ainfi
un régiment particulier, auquel fe joignent auflî
les bourgeois de "Valangin , répandus en grand
nombre dans les jurifdi&ions de Boudeviliers, de
Rochefort 8c de la Btevine > 8c quoiqu’ils n’ayent
jamais parus bien jaloux de ce droit de port d’armes,
ils ont une alliance 8c une correfpondance
étroite avec-le canton de Berne, où ils jouifl’ent
de l ’exemption du péage d’Arberg. Voye^ à l ’article
N eufchâtel d’autres détails % r les privilèges
de ce comté.
Précis de ühiftoire politique.
Le pays de Valangin a fait de tout tems partie
de celui de Neufchâtel > l’empereur Conrad II le
comprit dans l’inféodation de celui-ci, qu’ il accorda
l’année 1055 au comte Ulric de Fenis ,
baron de Hafenbourg : mais alors ce n’étoit qu’un
diftriét inculte 8c défert, traverfé de quelques
routes peu fréquentées , fans agrément 8c fans
GEcon. polit. & diplomatique, Tom. 1V •
VAL 5S5
commodité pour le voyageur, 8c fans attraits
pour le cultivateur. L’année 1132. on en fit une
feigneurie fépàrée. Selon les intentions du comte
Ulric I I , fon père, le comté Rodolphe II. de
Neufchâtel, fe défaifit de Valangin 8c des terres
qui en dépendent, 8c il les remit en fief à Bei-
thoud , fon frère cadet, : c’eft ce Berthoud qui
bâtit le château du lieu , 8c qui probablement en
fonda , ou dix moins en aggrandit le bourg. Sa
poftérité s’éteignit au bout d ’un fiècle : Valangin
fut réuni au comté de Neufchâtel > mais ce ne
fut pas pour long-tems. En 1236 le comte Berthoud,
fils de Rodolphe I I I , le remit en fief à
fon oncle Ulric d’Arberg, dont la poftérité maf-
culine finit en i y i 7 , 8c fut remplacée par la
maifon piémöntöife de Challant, qui lui étoit al-
î liée, 8c q u i, l’année 1584, fe trouva tellement
obérée, qu’elle fut contrainte d’abandonner cette
feigneurie à Marie de Bourbon , princefle de
Neufchâtel. Il faut obferver que c ’eft à la fagefle
de la maifon d’Arberg que le pays de Valangin
a dû fes premiers dcfrichémens 8c fes premières
franchifes, 8c que c’eft aux bontés de la maifon
de Challant, de même qu’à celle de Marie de
Bourbon, qu’il a dû. la continuation des uns 8c
l’augmentation des autres, l i a été dans Theureufe
deftinée de ces peuples, d’avoir eu dans le sX IV ,
X V . 8c X V I . fîécles, malgré toutes les contrariétés
que leur préfentoient le fol 8c le climat 3
des feigneurs qui leur difoient : croiffez 8c muL
tipliez.
Depuis Marie de Bourbon, la feigneurie de
Valangin, reconnue pour comté en 1707, n’a
pas en d’autre gouvernement que celui de Neuf-
châtel. Les feuls officiers particuliers de Valanginy
font le procureur 8c les cinq maires du diftriét.
s Adminijl ration } gouvernement.
Le comté de Valangin y ainfi que la principauté
de Neufchâtel, a fes trois Etats qui jouiftent de
l’autorité fouveraine , pour ce qui concerne
la décifion des procès civils 8c matrimoniaux
portés en appel devant eux } mais non pas pour
ce qui concerne la fouyeraineté, C e tribunal eft
compofé des quatre plus anciens confeillers-d’état
ide Neufchâtel, qui forment le premier état 5 le
fécond état eft compofé des maires de Valangin ,
du Locle, de laSagne 8c des Brenets ou de la
Chaux-de-fond j ( cês deux derniers alternent
d’une année à l’autre 3 ) le tiers état eft repréfenté
par deux lieutenans de maire du comté de Valangin
> 8c deux officiers de Valangin y nommés
par le maire du lieu. Le gouverneur ou fon
lieutenant y préfide ; le chancelier 8c les procureurs
généraux de Neufchâtel 8c de Valangin y
affiftent 5 le premier pour fervir dans l’occafion
d’organe au gouverneur, à côté duquel il eft affis ,
8c pour veiller à l’enregiftrement 8c à l’expédition
' des fentences j 8c les derniers pour conferver l’or