
V y f c O U - T Ö
travailler'adx ^V i^ e^ ^ ub îic sj maïs à'mains quej
ïe vol ne fóit très-confiaérable , on ne les met pas ';
iep .DMÏpn1 ou ,aux. fers. , r -
ï\\ Mor.us fait;propofer par.un mauvais, plaifapt ap-
glois,, Xc',qft ainfi .qu’il Ie défigne ) , une loi pour1
A f t ribuec tops. les men^ians j$aja Jea mçiiaftères ;
4 i ëhpi}e$£kin§ toutjq jê s pauyres Fçmmes j
dans ceux de religieufçs. LeVoyageur parle des j
achoriens, nation qui habite les bords du fleuve j
'Eliron&con^ vk-âe.vjisij’iflè d'Utopie ejl,e, a c o n - j
<$iaiAt fon roiiid'Opter, entte fon, royal}ine & un
autre Etat qu’ il avoir conquis., & qufil4Yoit.au-
tant de .peine à çonlèrver qu’ il en ayoit eu à s'en.
jrçndre le 'maître i parce,Tjuë Té prince "partageant ;
:lçs fqîns. entre Içs' dèux royaumes , ne 'pouvoir*
bien gouverner ni ï’iin hjTaiitre. Il rapporté unfei
foi qu’il q u itte 5 ae'x^raprdijîâirê -, & pourtant de |
& , que fiiivent jç$‘ maPariens autre nation,
xjui^n’èft pfjs éloignée de VU copie: Le premier,
jour qué'Jeur prince'commencé à régner, on Fait ;
de grands facrifices , & le nouveau' roi s’oblige
: par le rment de p’avoir jamais dans fon épargne
fplus de mille livres d 'o r , fomna.e qui fuffit, loft,
au prince > s’il Turvient une guerre civile , .foit a
tout de royaume 1 .contre \irruption d’un ennemi:
etranger, mais qui me permet pas au foûverain dej
“sfeçnpàrer du bienideifes; fujets , ;&.qui ne peut],
;tmire à’ Ta- circufatidn. Notre voyageur décrit les;
-ttfoges deces.deux peuplades, qu’ il accompagne dei
réflexions. Morus lui témoigne le . défirv.de voir*
eftïployër au-gouvernement de -quelque -éçat , les
connoiffanees, qu’il a acquifes^ dans fes voyages
-par fes études & par Tes'réflexions. Raphaël s'en
tdéfend ^&uefTay.e jde prouves çqmbiep Tes ta-
lens feroient inutiles dans ün,e cour. 11 prend
pour, exemple Ie ^onfeil de France , & il en rdé-
cÿïtda?[çbÇruptibîrt j les vrtes d u r o iy lë s difpofl
’.tÎQnsdÿfes^inifRes y & lès moeurs qui fégn'oient
alors*0 II !dir que' la/philofophie n’a - point d’accès
’auprès dës 'pripcës , ïk il déplore les malhèürs des
peuples. Mortis lui repréTenté qire cette philofo-
phieV^üi croit que' tout vf| convenable par tout,
n’ëRviî’aucun ufage dans lès cabinets des fou-
^yéraiftS'j mais qu’ if eft‘ une autre philofophie' ci-
‘ Vîiè.Mjii ‘‘cSfeiilé' lès: différences''dès terris Sé des
’liéuir'', , q’ui peut être très'-utile, ; cette dîftinc-
‘"tiôn:nê pénaade pas notre voyageur': fa roideur
^nflexiblë ne |>eïiVt’sapbommodèr' dey vices qu’il
. Vo'ié régner' par- tout. I l ouvre forfcoeür à Morus,
& lui avoue qu’il eft prefque impoflible d’agir
ni équitablement, ni héüreufemeht dans une république
où la propriété particulière eft établie.
'C ’èft. cette opnrioiTfjtir amène enfin Thiftoiré &
Tl’^bgè de là république ut'ôpienne, où le fnierv
:M w tieii.ne font' pas établisic! ;r
58 La. defcription,; de cette, heureufe république!
-nfeft .que: lèTüjetdu fécond Jiyre- b ’ifle a 'Utopie'
contient _■ cinquante - ; quatre .villes » -OH la langue.,!
jg$ moeurs, les coutumes •& les loix font les
: ; TJ; T Oj i
niêmes. Troi.s- des citoyens de chacune de cei
villes s’afTemblertt tous les ans à1 Amaurote ^ qui
par Ta 'fituiit.ion au centré de TEtàt'ën eft comme
la capitale , & où l’on traite des affairés communes
a,l’ ifle entière. Chaque ville a un territoire
proportionné à l’éloignement où elle fe trouve
4 une autre ville. Chaque famille de la catripagne
obéit,à un père & à une mère de famille, & eft
compofée pour le moins dé quarante pérfbnnes.,
borpmès ou femmes de deux efclaves qui af-
pirçnt au.t droit-de' bÿürgèqifie.; car l’efciavage eft
introduit zn ' Utopie * mais on hz tombé »dans fa
fervitudé que par le crime. Un dire&eur eft éh'argë
du gouvernement de Trente familles. Vingt per-
fonries de chaque famille retournent à la ville y
après aVoxr’ fourni deux années de travail champêtre
, & font remplacées par :vingt aütrës qui
paffent de la ville à .la campagné, &; qui font
dreffées à: i’agricukure par ceux qùi, s’y livrent
depuis une année. L’année fuivante les derniers'
i.nltruit-s donnent des^ leçons aux derniers arrivés.
Lorfquè le rems de là'.récolté approche , les cü-
reéleurs', dû labourage demandent aux mâgiftrats
de la ville le nombre de travailleurs dont ils ont
befoin. Ce.nombre de travailleurs arrive au tems
, fixé, & fi le ciel eft ferein toute la récolte peut fe
flire, en un . jour.' Après cës détails , Raphaël
paffè à la défcription des v illes , & c’eft en fai-
Tànt celle d^Amaurote qu’il nous inftruit dé toutes,
fes autres car touteâ les villes dé éëtte terré font
ièmblables, & Amaurôte n’a que l’avantagé d’être
le fiègé des états-généraux , & de renfermer Te
fcnat dans fes murs. Ajpaurote eft fortifiée par
l'art & la nature. Les maifons, les jardins, lès
r u é s to u t y eft fain , propre, commode , & rien
ri’y èft fermé. T ou t eft commun chez les uto-
piens, & ils entrent à leur gré Jes uns che i les
autres. 11 y a plus-,.les Citoyens; changent tous
les dix ans de maifons , & c’eft Te fort qui‘ leur
aftighè celles qu’ils-doivent occuper. Chaque trentaine
de familles élit tous les . ans fon magiftrat
qu’on appelle philarque. Un officier nommé pro-
tophilarqué aT’infpeélion de chaque dixaine de
• philarque. Les philarques qui forment deux cents
magiftrats > aprç.s avoir promis .par. ferment de
c.hoifir le citoyen le plus digne , donnent leurs
fuflrages eh fécret, & proclament pour prince l’un
des quatre que le peuple propofe * car la ville elt
divifëe e^ quatre quartiers, & chaque quartier
recommande un fujet. L ’udème c’eft ainfi qu'on
nomme Je prince, refte toute fa vie dépofitaire
de l’autorité, à moins qu’il n’en abufe. Les pro-
tophilarques & tous les autres magiftrats font annuels.
Tous les trois jours, & même plus fouvent,
s’il le faut , le prince & les protôphrilarques tiennent
un confeil fur les affaires publiques & particulières
, en préfence de deux philarques qu’on
change à chaque confeil. Le législateur a craint
que le prince & les protophilatque.s ne voulufTerit
attenter â laliberté de la nation. De-Jà ^ une
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M M fous peine cte*la vie , de parler des affaires
communes hors du fénat & des comices.
De-là , la loi qui veut que les affaires importantes
foient renvoyées au tribunal des philarques ;
que ces magiftrats les communiquent aux. familles
de leurs diftri&s, & quaprès avoir délibéré entre
eux , ils portent leurs cqncldfiohs au fénat : de-là ,
enfin , l'obligation de prendre en certains cas
i’ivis de tous les infulaires. L'agriculture , comme
on l'a d it, elf un ait commun aux utopiens de
l'un & de l'autre fexe. Dès l'enfance , on leur
en donne des leçons ; & de là théorie'ils pafTent à
la pratique aufli-tôc qu'ils ont aifez de force pour
en fupporter la fatigue. Mais -chaque utopien apprend
un métier particulier, & les moins pénibles
font réfervés aux femmes. Les vêtemens font
.fimp'les .uniformes , mais on. reconnoit à des
•marques particulières.les hommes 8e les femmes,
je s perfonnes mariées bc celles qui vivent dans
le célibat. N i le fceptre , ni le diadème, ni la
couronne ne diftinguent le prince ; rien n'annonce
fon pouvoir, fi ce n’ eft une poignée d'épisi
de bled qù'H tient dans fa main , ïymbple de!
l'abondance qu'il eft obligé de procurer .aux citoyens.
La principale & prefque la.feule fonâion
des philarques, c'eft de profcrire l'oifivefé. Tous
les citoyens font obligés de travailler j . mais, le
travail auquel ils font deftinés eft modéré & bien
différent de celui des artifans & des laboureurs
du vieux monde , qui gémiffent fous un fardeau
continuel, & qui fembient ne.refpirer quelques
momens, que pour fentir combien ils font mifé-
'labiés. En Utopie, de vingt-quatre heures , fix
feulement font employées au travail ; le refte eft
donné au fommeil, aux repas, à des occupations
ou au moins à dus amufemens honnêtes. Tous
les jeux de hafard font inconnus dans l’ifle. Ceux
quon y joue reffemblent affez à nos échecs, &
font Une image du combat des vertus 8c des vices.
Dans les intervalles où le travail eft.fufpendu,
la plupart des utopiens fe livrent à l’étude des
lettres. Chaque jou r , avant le lever de l’aurore,
des collèges publics font ouverts pour l’inftruc-
tion des citoyens. Les perfonnes feules deftinées
aux fciences font obligées d’y aller prendre leçon;
mais le refte des infulaires, hommes 8c femmes,
y courent avec emprefifement. I c i , notre voyageur
•craint que fes deux auditeurs ne penfent ;que fix
heures de travail par jour font infuffifans aux div
e r s bcfoins de l’ifle , 8£ il leur apprend qu'elles
font plus que fufEfantes dans un pays où chacun
travail, au lieu qu’ en Europe les femmes , qui
font elles feules la moitié du genre humain, les mi-
niftres de la religion , les riches , ceux que le
vulgaire appelle du nom de nobles, -8c un monde
de domeftiques 8c de mendians, vivent dans l’oi-
fiveté. En Utopie y il n'y a que les philarques 8C
ceux q u i, par les fuffrages fecrets de ces magiftrats
, obtiennent du peuple la permiflion de vaquer:
toute leur vie à l'étude des fciences , qui
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fpient exempts des travaux mëchanîques. L ’homme
de lettres qui manque de génie eft rappelle à un
métier. L’ ârtifan qui a fait de grauds progrès en
cultivant fa raifort , eft tiré de fon métier & placé
•dans la clafle des lettres. C'eft dans cette clafle
qu’on choifit lès ambafladeurs , les prêtres , les
protophilarques, & le prince lui-même. Comme
chaque ville n’eft compofée que d’ un certain
nombre de familles , elles tiennent prefque toutes
les unes aux autres par les liens du fang. Le mariage
eft un engagement que la mort feule peut
diuoudre j mais l'adultère, les mauvaifes moeurs,
& un contentement réciproque peuvent en brifer
le lien. C e qui paroîtra peut décent, les perfonnes
à marier ne s’engagent qu’ après avoir été expo-
fées toutes nues aux regards curieux l’une de
l’autre. Les filles qu’on marié vont ;paflër leur vie
avec les maris qu’on leur donne j mais les garçons,
quoiqu’ils fe marient, demeurent dans la maifon
paternelle. Le plus âgé préfide dans la famille ,
les femmes fervent les maris , ’les enfans font fous
leur autorité, & enfin les plus jeunes font fournis à
la domination des plus vieux. Une maifon ne peut
avoir ni moins ni plus de feize jeunes gens. Chaque
ville ne contient que fix mille familles outre les
magiftrats. On ne fixe pas le nombre des enfans
qui n’ont pas encore atteint l’âge de puberté. C e
qu'il y a de furnuméraire dans une famille fert ù
remplir le vuide des autres. Une ville -qui a trop
d'habitans en fournit à celles qui en manquent.
L’ifle entière fe débarrafle par des colonies du
trop grand nombre de fes citoyens. Ils s’éta-
bliflent fur le continent le plus proche où
ils trouvent des terres à cultiver* Si les naturels
du pays veulent fe joindre à eux , ils vivent tous
enfemble à l’utopienne. S’ ils le refufent, on les
chaffe de l’efpace que les nouveaux venus veulent
occuper. Les utopiens ont pour principe qu’il eft
permis de faire la guerre à un peuple q u i, laif-
iant fes terres en friche & n’en retirant aucune
utilité, ne veut pas néanmoins en céder la poT-
feflion à ceux q u i, fuivant l’ordre de la nature ,
cherchent à vivre de leur travail. Chaque quartier
de la ville a des marchés , que la vigilance des citoyens
pourvoit de toutes les chofes néceffaires
à la vie. Les chefs de familles y vont prendre tour
ce qu’ils jugent à propos, fans donner d’argent
& fans marquer de reconnoiffance. Il y a aufli
dans chaque rue , à djftance égale, de grandes
falles , où trente familles vont prendre leurs repas.
Ceux des habitans de la campagne , qui font
trop éloignés les uns des autres , ont la liberté
de manger chez eux. Quatre hôpitaux fîtués hors
de la ville font deftinés à recevoir les malades.-
Les mères nourrirent elles-mêmes leurs enfans,
& fi la mort ou la maladie les empêchent de leur
donner cette marque de tendrefle , les enfans la
reçoivent d’ une autre nourrice j 8c alors la
lo i , par une difpofition remarquable , déclare
que l'enfant appartieildra à la femme qui l’a