
d'obteriir j'ùftîce ou fatisfa&ion de l'amirauté d* Angleterre
, patte qu'on n’avoit point de forcés navales
pour fe la faire rendre. L'Angleterre exerce
fur la mer un empire chimérique , qui eft fou-
tènu par des forces réelles. Des attentats pareils
de la part de la Grande-Bretagne ne fauroient cimenter
une bonne harmonie. Lnfuite le roi d’Angleterre
eft en même-tems électeur de Hanovre ;
l'éle&eur de Hanovre ne fauroit voir de bon oeil.
Taggrandiffemcnt.de l'életfeuf de Brandebourg,
& le miniftère Anglois eft obligé de fuivre les
vues du r o i, pour le maintien de fes Etats en
Allemagne. Toutes ces considérations ne cèdent-
elles pas aujourd'hui à l'alliance qui unit les mai- ]
fons d'Autriche & de Bourbon ? Et, par la même
raifon , la. cour de Berlin ne doit - elle pas avoir
pour celle de Londres toutes les attentions &
tous les égards‘convenables, 8c tâcher fur-tout
4e détourner ce qui pourroit faire éclater une
inimitié ouverte entre deux grands princes, unis
par les liens du fang les plus étroites ? L'alliance
qu ils contractèrent au commencement de 1756,
pourroit bien avoir eu pourobjetde contrebalancer
celle qu'on fa voit fe négocier alors entre lés deux
autresjmiftànces. Si le roi de Prujfe n'eut pas
lieu d’être fort content de la paix de 1763 , la
politique eft faite pour adoucir , pour calmer ,
pour diflîper les ombrages, & conduire les choies
à leurs fins par les voies les plus douces.
La Hollande a fuivi long - tems les impulfîons
de l'Angleterre dans les mefures politiques qu'elle
prenoit ; elle adoptoit le même fyftême pour les
affaires générales de l’Europe , 8c elle, avoir les
mêmes intérêts de commerce, le même defîr de
s'enrichir aux dépens des autres nations. Elle
vient de recueillir le fruit de fa complailance.,
Sr cette^première confidération devient nulle, depuis
qu'elle a rompu fon traité d'alliance avec la
Grande Bretagne, 8c quelle en .a fait un autre
avec la France. Jufqu'ici elle a donc adopté les
fentimens de l'Angleterre pour la Prujfe.; mais en
les réglant d'après fes conventions particulières,
le roi de Prujfe eft un voifin trop proche & trop
formidable ; il touche aux Provinces-Unies par le ,
duché de Gueldres 8c celui de Clèves ; il pof-
lède même plufieurs feigneuries 8c domaines de
la fucceflîon d’Orange , qui font enclavés dans
leur territoire , & qui peuvent occafionner des
difputes » & il a diverfes prétentions de fommes
confidérables, qu’il pourroit demander un jour
aux Provinces - Unies. Mais ce qui pourroit devenir
fur-tout la pomme de difcorde entre la
PjjwÊ & les Hollandois, c'eft le' duché d'Ooft-
Frife. La compagnie d’Embden a pu exciter quelque
tems la jaloufie d'une nation commerçante.
Au refte, il fubfifte depuis plus d'un fiècle, entre
les princes de Brandebourg & la République ,
une bonne intelligence, que les intérêts du ftathouder
ne peuvent rompre 5 c'eft ufi grand trait de
jfageffe de la~part du cabinet de Berlin de facri-
;fier en ce moment à l’amour de la paix les liens
du fang ( 1 ).
Le roi de Prujfe n’a guères d'autres relations
» avec les treize - cantons Suiffes , que celles qui
; refultent de la combourgeoifie, établie entre le
; corps helvétique & le comté de Neuf-châtel &
| Valengin ; mais ces paétes d'affociation deviennent
fort utiles au roi de Prujfe , parce que le pays
de Neuf-châtel fe trouvant éloigné du refte de
fes Etats * il ne pourroit jamais le protéger contre
quelque entreprife voifîne , fans le fecours
des Cantons. La qualité de combourgeois donne
plufieurs prérogatives dans toute la Suiffe au
r o i, & beaucoup de diftinélions à celui qu'il
! nomme.gouverneur de Neuf-châtel. Enfin la cour
de Berlin ménage foigneufement l'amitié de la
république helvétique , pour obtenir de tems en
tems la permiflîon de faire chez elle des recrues.
Autrefois la cour de Berlin n'avoit aucune liar-
fôn avec les princes d'Italie. Depuis l'acquifition
de la Siléfie, elle a quelquefois de petits intérêts
à difcuter avec le pape, par rapport à l'évêché
de Breflau , 8c aux affaires de la religion catholique
romaine. Elle a auflî quelques rapports avec
le grand-maître de l'ordre de Malthe, pour les
commanderies qui font dans la Siléfie. Mais tous
ces intérêts font peu'importans. La Prujfe n’a
point de relations avec les autres princes ou républiques
de l’Italie , fi ce n’eft celles qui naiffent
des affaires générales de l’Europe. D ’ailleurs,
nous avons vu paffer depuis un certain tems les
pins belles provinces d’Italie , tantôt entre les
mains de la maifon d'Autriche , tantôt entre celles
des Bourbons, tantôt enfin à quelque prince
particulier ; 8c le moyen d’établir un fyftême politique
pour de fi fréquentes révolutions ? Le cabinet
de Berlin ne peut fe décider à l’égard des
princes d’Italie , que d’après chaque circonftancé
particulière. Mais né feroit-il pas utile d’établir
un traité de commerce entre le-roi de Prujfe 8c
le roi de Naples, p’oùr le débit des toiles &
d’autres ouvrages des manufactures Pruflîennes , &
pour l’achat de plufieursjnarchandifes du Levant ?
Le roi de Prujfe a beaucoup d’influence dans le
corps Germanique, & dans toute l ’Allemagne ;
comme électeur de Brandebourg, il fiège au collège
électoral, 8c il jouit dans le degré le plus
éminent^ de toutes les prérogatives attachées à la
dignité électorale. Il a d’ailleurs cinq voix au collège
des princes 8c à la diète de l’Empire ; favoir ,
comme duc de Magdebourg , prince de Halberf-
tad , duc de la Poméranie citérieure , prince de
Minden 8c prince de Camin j 8c les décifions de
l’affemblée des princes donnent un grand poids
aux réfolutions générales de la diète. Dans le
>(i) Le Ie&eur obferyera qu’on a écrit ceci avant la dernière révolution de Hollande.
cercle de la Baffe-Saxe, le roi de Prujfe exerce
alternativement avec la maifon de Brunfwick-
Lunebourg la charge de directeur. Dans le cercle
de Weftphalie , la maifon de Brandebourg jouit
auflî de la jurifdi&ion du cercle , conjointement
avec l’évêque de Munfter & la maifon de Neu-
bourg , en vertu du traité fait en 166$. Enfin
le roi de Prujfe eft le plus ferme appui dû corps
évangélique établi dans l’empire. Tant de prérogatives
, tant de droits doivent donner au monar
que Pruflien un très-grand crédit ; fur-tout fi
l ’on confidère que ce prince poffède un Feptieme
de l’Allemagne , fans compter même la Siléfie j
qu’ il entretient une formidable armée , & que les
maifons de Bareuth 8c d’Anfpach , qui figurent
avec éclat dans le cercle de Franconie, tiennent
encore à la maifon de Brandebourg, dont ils font
iffus. Quoique la qualité de membre de 1 Empire
fuppofe une certaine dépendance du corps ger--
maniqué en général, qu’elle affujettiffe a certains
devoirs ; qu’elle impofe certaines contributions,
certains contingens, 8cc il paroîtque le roi de Prujfe ,
feroit moins grand 8c moins puiffant, fi tous fes .
Etats étoient détachés de la Germanie, fi ce prince
les poffédoit fans aucunes liaifons avec la diète 5 car .
il retire des avantages fans nombre de fa qualité;
de membre de l’Empire , 8c il n eft affujetti ;
aux inconvéniens qui en réfultent qu autant qu il
le veut. En effet, fuppofé qu’ il y eût un decret
prononcé contre lui , quel eu le prince ou
l ’élefteur qui voudroit fe charger de l’exécution
contre un roi de Prujfe ? Et lorfqu’il fut mis au
ban de l’Empire dans la guerre de 1756 3
puiffances 8c des armées formidables y ne fongè-
rent à exécuter le décret qu’après l’ avoir battu
par-tout; 8c les victoires de Frédéric II. firent;
annuller le décret. Le roi de Prujfe îe forme un
parti confidérable dans l’Empire. Les maifons
Palatines, de Wurtemberg, de Heffe , de Meck-
lénbourg & autres, s’attachent à lui ; & il doit
de fon côté leur fournir de juftes raifons dej
continuer le même fyfteme. Cela ne fauroit fe<
faire que par les bons procédés.qu’il aura pour
elles , par le zèle avec lequel il époufera leurs;
intérêts , & tes protégera , 8c par l’amitié qu’ ii
leur témoignera. Au refte , le roi de Prujfe| eft
intéreffé au maintien du fyftême général de l’em-,
p ire , de fes tribunaux , fur-tout de la chambre
impériale , & de tous ces bons établiffemens qui
y exiftent ; car on ne le chicanera plus guères1.
fur la Siléfie , que lui affurent plufieurs traités.
La Pologne exigeoit une fort grande attention
de la cour de Berlin C e pays vafte , peuplé d’une,
nation belliqueufe, touchpit d’un côté à la Prujfe J
de l’autre, à la Nouvelle-Marche 8c à la Sihfie
Si le Tyftême , ou la forme du gouvernement
Polonois eut changé , & fi cette nation eut, com-i
mencé à. fentir fes forces , elle auroit pu devenir]une voifine formidable 8c dangereufe de la mo--
narchie Pruffienne. Auflî les fouverains des Etats
de la Prujfe tâchèrent-ils d’entretenir, autant qu’ils
le purent, les Polonois dans cette indolence 8c
dans ce déclin de forces néceffaire pour que
lent gouvernement ne fe corrigeât pas. T ou t ce
qui pouvoit affoiblir la nation Polonoife étoit
utile à la Prujfe. Elle étoit intéreffée à ce _que
l’efpric guerrier des anciens Sarmates s’éteignît
chez les Polonois modernes; que les rois fuf-
fenc élus félon fes vues; qu’ils n acquiffent jamais
une grande autorité fur le peuple ; que les
diètes fuffent rompues ; que l’armée de la couronne
tombât de plus en plus en décadence, & c .
Le partage de la Pologne, dont nous parlons en
détail à l’article Pologne , ne laiffe plus au cabinet
de Berlin d’inquiétudes de ce côté ; il n’eft plus
occupé, que des moyens de maintenir les dernièrs
arrangeinens faits avec l’Autriche & la Ruflie.
Le Danemarck a peu de liaifons avec la Prujfe ;
leurs Etats ne font point contigus , fi ce n’eft
par un très - petit efpace, où le duché d ’Qoft-
Frife confiné au duché d’Oldenbourg. Le commerce
eft .foible ,entre les deux nations ; en un
f m o t, elles ne peuvent guères avoir que des rapports
indirects, & réfultant.du fyflème politique
de l’Europe en général. La Prujfe eft intéreffée
toutefois à ménager la cour de Copenhague, parce
que le Danemarck tient la cle f du Sund 8c d e là
mer Baltique , fur laquelle tous les petits ports
Prufliens font litués. Tous les navires qui paffent
par ce détroit.font obligés d’y payer.des droits
de péage , qui ne laiffent.pas d’augmenter le prix
des marehandifes , & qui gênent le commerce.
Autrefois la ville de Stettin étoit exempte de cct
impôt, & fes bâtimens paffoient librement ; mais
Jorique cette ville tomba au roi de Prujfe , les
miniftres de Danemarck eurent Tadreffe d’inférer
dans le traité , que les habitans de Stettin refte-
roient fur le même pied que les fujets du roi de
-Danemarck, relativement au péage du .Sund.
On reconnut enfuire. que ceux-ci font obligés de
payer les droits ; & le miniftère de Prujfe s’ap-
. perçut qu’on l’avoit dupé. Le roi de Danemarck
peut encore, être utile à la Prujfe , lorfqu’il s'agit
de maintenir l'équilibre dans le Nord.
Autrefois la Suède vivoit dans une méfintelli-
gence prefqu.e perpétuelle avec le Brandebourg 5
8c le grand.électeur eut prefque toujours les armes
à la main contre*elle. La bataille de Fehrbçllin^
& les fuites qu’elle e u t , délivrèrent le Brande,-
.bourg des Suédois; & la paix de Weffphalie
calma tout. Le roi Frédéric Guillaume fit de
nouveau la guerre à la S uèd e, 8c lui enleva
Stettin avec une bonne partie de la Poméranie.
-Cette province étoit la pomme de difeorde en-
tre ces deux puiffances, Aujourd’hui les chofes
;
ont bien; changé de face. La Suède n'eft plus re-
doutable à la Prujfe ,* elle ne . fauroit fonger à
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