Eh 13 18 , trois ans après fa défaite près de
Morgarten, voye1 l'article Schwitz / Léopold,
duc d'Autriche, attaqua la ville de So/eure. La rivière
de l’Aar , qui la baigne , groffie par des
pluies abondantes , entraîna le p on t, que le duc
avoit eu l'imprudence de charger de foldats 3 les
afïiégés en fauvèrent un grand nombre , & Léopold
, touché de cette générofité , fe retira avec
le refte de fes troupes.
En 1331 , celles du comte de Berthoud, de la
maifon de Kibourg , tuèrent beaucoup de bourgeois
dans une embufcade. Les comtes de K iv
bourg voulurent en 1382 furprendre la v ille ,
par la trahifon d'un chanoine , mais le complot
fut découvert un moment avant l’exécution.
Depuis cette époque, la ville de Soleure prit
paît à toutes les guerres des cantons confédérés.
Elle s’allia, en 1393, avec les cinq cantons, de
Zuric , Berne , Lucerne , Zug & Glaris. Elle
acheta diverfes terres du voilinage, ce qui étendit
fon territoire.-Enfin, en 1481, elle fut reçue
dans la ligué des cantons , en même tems que la
ville dç Fribourg*
i # ime ecclçjiajltque.
A l’époque de la réformation , la doctrine de
Zwinglê fut annoncée à Sàleure par Haller , le
réformateur de Berne, & reçue par un affez grand
nombre de citoyens. La ville a cependant adopté la
religion romaine ; mais ce ne fut qu’ âprès une crife
violente. Les deux partis vivoient en paix forfque
les cantons catholiques , après la victoire remportée
fur les vantons proteftans en 1531 , fom-
mèrentla ville de Soleure , de leur, payer une forte
contribution pour les frais dé la guerre , en punition
des fecours fournis au# bernois. Cette
prétention excita une fédition 5 les deux partis
prirent les armes. Nicolas de Wenguen , avoyer,
prévint le carnage, en fe [plaçant à la bouche
d'un canon pointé contre lés bourgeois réformés.
C e u x - c i plus foibles fe retirèrent d e là
ville : ils furent en partie remplacés par des émi-
grans catholiques des villes oq la réforme çtpit
adoptée*
Gouvernement'
Le gouvernement du canton de Soleure eft arif-
tocratique j- les citoyens feuls de la capitale peuvent
entrer dans les confeils de régence & obtenir
les charges publiques ; mais il a quelque
chofe de démocratique , car la bourgeoifie a part
aux élections, & confirme les confeillers. Le grand-
confeil eft compofé de cent & une perfonnes.
C e nombre comprend le petit - confeil, où l'on
trouve deux ayoye'rs , un ancien & deux jeunes
confeillers , altrath &: jungrath de chacune des
omze tribus ou abbayes 5 en tout trente-cinq. Les
foîxante 8c fix autres membres du grand-confeil
font tirés à portion égale de chaque tribu. Les
familles nobles ne font point ici attachées à une
tribu particulière.
L'éleêlion des deux avoyers & du banneret fe
fait chaque année le vingt - quatre juin par la bourgeoifie
alfemblee dans Tégiife des francifcains s
& lorsqu'un de ces officiers meurt, dans une af-
femblée convoquée à l'extraordinaire : communément
les avoyers relient en charge toute leur
v ie, en alternant, dans les fonctions de préfident
des confeils d'une année à l'autre 5 mais l'élection
fe renouvelle chaque année. Les onze anciens
confeillers , après avoir été grabelés par les
vingt-deux jeunes confeillers , font alors préfen-
tés à la bourgeoifie, qui donne ou refufe fon
fuffrage. 11 en ell de m,ême du tribun f gemein-
menn ) que les jeunes confeillers choififfent chaque
année dans leur propre corps ; c'ell le fur-
veillantdes loix conftitutionnelles & des privilèges
du bourgeois ; il eft encore chargé de l’inlpeiftion
fur les vivres, les marchés , les poids & me-
fures ,_&rc. Tous les magiftrats dont Téleétion ou
la confirmation dépend du corps de la bourgeoifie,
prêtent un ferment public- Si un des anciens con-
feillers fort de charge il eft remplacé par un des
nouveaux confeillers, celui-çi par un membre du
grand confeil s & dans toutes ces élections fuc-
cefliues on s'attache à.une même tribu. La charge
du .tréforier , qui avec le banneretadminiftre
les revenus publics , eft la feule qui fe donne dans
le grand confeil ; tous les autres emplois font à la
difpofition du petit confeil : une loi nouvelle de
1764 a établi l'ufàge du ferutin.
Le fénat ou petit confeil eft juge civil 8c criminel
en dernier reflbrt. Les divers départemens
de I'adminiftration publique , les' reffoits de juf-
tiçe ou de polices fubalternes , les commiffipns où
fe préparent le délibérations., font diftribuées de
la rnêroç manière à-peu-près , que dans les autres
: gouvernemens ariftocratiques de la Suilfe.
Nous avons déjà remarqué l’heureux naturel
des habitans : & l'efprit de jujlice & de modération
qui dirigent ces gouvernemens atténuent les
vices du régime politique.
Le canton de Soleure , renfermé entre le canton
de Berne , le canton & l'évêché de Bâle , eft cü-
vifé en, onze bailliages , dont quatre font gouvernés
par'des membres du petit confeil, & les
fept autres par des membres du grand confeil qpi
doivent réfider fur les lieux. Ces préfeélures fe
donnent pour fix ans-
Les environ de Soleure 8c le pays qui borde la
rivière de l'A a r , offrent un fol fertile en grains
& en fruits de toute.efpèce ; de même que les
alentours de Dornach , au-deflus de Bâle. Tout
le jefte à-.peu-près du canton, forme un pays
montueux
montueux , fitué dans le Jura; les pâturages 8c
les forêts en font la principale richeffe. Les bras
manquent à la culture ; enfin , le terrein eft fi
fertile qu'on peut exporter annuellement le tiers
des bleds qu'elle produit. Le commerce de la ville
& du canton doivent être comptés pour rien;
mais quelques fabriques d'alfez nouvelle date promettent
des fuccès. La population de tout ce canton
eft eftimée à quarante-cinq mille âmes, &
fon étendue n'eft que de douze milles de long fur
-fept dans fa plus grande largeur. La milice forme
unrégimentde dragons & fixrégimens d'infanterie.
Les revenus de l'Etat & gages de fes magiftrats
:ne font point du tout modiques , vu la nature des
républiques Suiffes , & les principales familles de
Soleure doivent la meilleure partie de leur aifancé
aux emplois qu'elles pofsèdent.
L'Etat de Soleure eft alfocié à la co-régence
des quatre bailliages Suiffes, fur les confins du
Milanès ; il partage aufli avec les .huit anciens
cantons 8c celui de Eribourg, la jutifdiêlion criminelle
dans la Thurgoviè. Dans l'ordre des treize
cantons , Soleure eft l’onzième.
C'eft à Soleure que réfide Tambalfadeur de
France auprès du corps helvétique.
De [alliance du roi de France ' avec les Suiffes , &
des Juifides que leur paye ce monarque.
L ’ambaffadeur de France diftribue à Soleure
des pendons ou fubfides que le roi Ion maître a
■ promis de payer aux cantons catholiques , & qui
montent à environ fix cents mille livres tournois.
Louis X I eft le premier roi de France qui ait eu
des troupes .Suilies à fon fervice , & qui ait payé
des fubfides à ces républicains. Ces rétributions
ont beaucoup augmentées fous fes fuccefleurs.
Le traité d'alliance que François premier conclut
avec les cantons, immédiatement après la bataille,
de Marignan , eft regardé comme la bafe de tous
les traités qui ont eu lieu depuis entre les deux
puilfances. L’ infanterie Suifle nous a rendus dé
grands fervices : elle à aidée Henri IV à monter
fur le trône de fes ancêtres ; elle a été fort
utile à Louis XIII & Louis X I V , & on ne con-
noît pas de troupes plus fidelles, plus braves , &
mieux difcipHnées.
En 1665, on ligna un nouveau traité entre la
France & la confédération helvétique. Cette alliance
devoit fubfifter durant la vie un monarque,
celle de fon fils & huit ans au-Üelà ; mais vers la
fin de fon règne, Louis X L V , qui avoit perdu le
Dauphiné , propofa aux cantons de renouveller
l'alliance en fon nom & celui de fon fucceffeur ;
les états protellans s’y reful'èrent, & le nouveau
traité n'eut lieu qu’avec les états catholiques &
la république de Valais.
Cette alliance différoit des alliances antérieures
, QXcon, polie, diplomatique. Terni J F .
en quelques points effentiels : on y ftipuloit par
exemple , que fi le royaume de France étoit attaqué
j les républiques Suiffes permettroient de tirer
de la Suiffe une nouvelle levée- de foldats, qui
n'excéderoit pas feize cens hommes , mais que fi
le corps helvétique, ou un des cantons en particulier
, étoit attaqué par une puiffance étrangère,
le roi feroit obligé de fournir le nombre de troupes
qu'on jugeroit néceffaire ; enfin que s'il fur-
venoit iin démêlé entre les cantons , le r o i , à la
réquifition de la partie léfée , pourroit effayer les
moyens de pacification 5 & que s'ils demeu-
roient fans effets , le r o i , en fon nom & celui de
fon fucceffeur , s'obligeroit à forcer l’aggreffeur ,
à fe conformer aux traités fubfiftans entre les cantons
& leurs co-alliés. C e dernier article fembloit
autorifer, en quelque forte, l’immiffion du roi
de France, dans le régime intérieur de la Suiffe,
& il parut à plufieurs de ces républicains , dangereux
&c incompatible avec l'indépendance ab-
folue, que leur patrie avoit jufqu alors mife au*
deffus de tous les avantages.
On a effayé après la mort de Louis X V de
réunir les treize cantons par un traité général, 8c
en effet l'alliance a été conclue à Soleure au mois
de mai 1777 entre le roi de France d'une part, &
de l'autre les treize cantons 8c tous leurs alliés.
C e traité doit fubfifter cinquante ans.. On y fti-
pule que fi le royaume de France eft attaqué ,
les Suiffes lui devront un fecours extraordinaire
de fix mille hommes j & que fi les cantons ou
leurs alliés font attaqués , le r o i, dès qu’ il en fera
requis, leur enverra à fes frais tous les fecours
qui feront jugés néceffaires. On a fagement
omis l ’article relatif à la médiation de la France ,
compris dans le traité figné en i7 i y avec les
états catholiques. Avant l'alliance de 1777 aucun
des états proteftans ne recevait de pen-
fions de la France, mais le feizième article de
celle-ci, ftipule les argents de paix & d’alliance .
en faveur des proteftans de Glaris, d'Appeu-
z e l , & de la ville de Bieene.
Voye\ l'artiçle général C orps h e l v é ï ’q jue ,
Sr les articles particuliers des douze autres cantons.
SOLMS. ( comté de ) C 'eft le nom qu’on
donne en Allemagne aux terres de la maifon de
Solms.
Ces terres font fituées en général dans la Wet-
téravie.
Précis de Chiftoire politique.
Les comtes de Solms defcendênt, dit-on , de
ceux de Naffau, & tirent probablement Jeur ori-
gine d'Ottôn , frère du roi Conrad I , qui avoit
fes terres héréditaires à Weilbourg .& dans les
environs. Leur maifon , qui eft ainfi très - an