
du mépris j ils feront en outre deftitués de leurs
emplois. —— Les cas extraordinaires & très-graves
leront portés par le tribunal au trône. Nous
ignorons fi ce tribunal a été établi.
Les principales fources des revenus du roi de
Prujfe font : les biens du domaine, royal , qu’on
afferme ordinairement pour fix ans fie s contributions
ordinaires & fixes des biens nobles & de
ceux de Kolm 5 l’accife & les gabelles établies
dans les villes > les revenus des biens domaniaux
des villes j le produit des forêts, & ce qui y a
rapport j les droits qui fe perçoivent furie fel de
halle 5 les péages établis , tant fur terre que fur
les eaux , & le produit des poftes. Le produit de
ces diverfes contributions eft verfé dans la caiffe
générale des impôts & des revenus provinciaux,
établie à Königsberg & à Gumbinnen, dans la
calife du fel & dans la caifle des accifes. Les
revenus des poftes, les amendes & l’argent des
recrues font envoyés à Berlin. Nous donnerons
plus bas une évaluation des revenus annuels de
la Prujfe en particulier. Comme les impôts
font forts 3 il faut que les bourgeois, auffi-bien
que le payfan , foient aéfcifs & induftrieux. C ’eft i
en effet ce qui arrive j aufîi le commerce eft-il
en vigueur en Prüfe.
Le roi entretenoit régulièrement dans la Prujfe3
avant la guerre de 17 56 , onze bataillons de troupes
de campagne, fix bataillons de foldats de gar-
aifon 3 trente efcadrons de dragons 3 & vingt
efcadrons de huffards. Chaque régiment a fon
diftriét ou canton .».dans lequel on enrôle les jeu:
nés gens deftinés au fervice. Nous parlerons plus
en détail dans la feétion fui vante de ce qui regarde
l'état militaire.
De Vancienne compagnie des Indes d'Embden.
Frédéric II. s ’occupoit du foin d’ enrichir fes
États 3 lorfque des évènemens heureux le mirent
en poffeflion de l’Ooft-Frife en 1744.
Embden 3 capitale de cette petite province, paf-
fo it , il y a deux fiècles ; pour un des meilleurs
ports de l’Europe. Les Anglois 3 forcés de quitter
Anvers , en firent le centre de leurs liaifons avec
le continen.t. Les Hollandois, après avoir afpiré
long-tems & inutilement à fe l’approprier, en
étoient devenus jaloux , jufqu’ à travailler à le
combler. Tout indiquoit que c’étoit un lieu propre
à devenir l’entrepôt d’un grand commerce.
L ’éloignement où étoit ce foible pays de la mafle
des forces Prufliennes , pouvoit expofer à quelques
inconvéniens j mais Frédéric efpéra que la
terreur de fon nom contiendroit la jaloufie des
puiflances maritimes. Dans cette perfuafion , il
voulut qu’en 1751, une compagnie pour les Indes
orientales fût établie à Embden.
Le fonds de la- nouvelle fociété, divifée en
deux mille actions , étoit de 3,956,000 livres.
Il fut principalement formé par les Anglois & les
Hollandois, malgré la févérité des loix portées
par leurs gouvernemens pour l’empêcher. On étoic
encouragé à ces fpéculations par la liberté indéfinie
dont on devoit jo u ir , en payant au fouverain
trois pour cent de toutes les ventes qui feroient
faites. L ’évènement ne répondit pas aux efpéran-
ces. Six vaifleaux, partis fucceflivement pour la
C h in e , ne rendirent aux intérefles que leur capital
, & un bénéfice de demi pour cent chaque
année. Une autre compagnie, qui fe forma peu de
tems après dans le même lieu pour le Bengale,fut
encore plus malheureufe. Un procès ».dont vrai-,
femblabîement on ne verra jamais la fin , eft tout
ce qui lui refte des deux feules expéditions qu’elle
ait tentées. Les premières hoftilités de 1756 fuf-
pendirent les opérations de l’ un & l’autre corps >
mais leur diflblution ne fut prononcée qu’en 1763.
C ’eft le feul échec qu’ait elfuyé la grandeur de
Frédéric II.
S E C T I O N I V .
De la population 3 des revenus , & de Vétat militaire
de la monarchie Prujfenne.
Un ouvrage imprimé à Berlin , en Allemand ,
fous le titre de Coup-d‘oeil Jladtifque fur les principaux
états d*Allemagne , &c. d’après les meilleures
autorités , c’eft-à-dire , celles de M M. de Hert%-
b erg 3 Bufching 3 Hernit% 3 Bork , Winterfeld , Hau-
fen , &c. préfentè le tableau fuivant de la population
, des revenus, & de l’armée du roi de Prujfe.
P O P U L A T I O N .
Etats Prufliens en général . • • 6,000,000
En particulier•
I. Les États indépendans.
Le royaume de Prujfe. . . . 1 ,y00,000
Le duché de Siléfie &lecomtéd eG latz 1,582,000
Les principautés de Neufchâtel & de
Valengin . . . « . . 40,000
Total . . . . . 3,122,500
II. Les États qui font partie de l’empire
Germanique.
La Marche de Brandebourg . 1,057,090
Le duché de Poméranie . 465,000
Le duché de Magdebourg . . 28o,OOQ
La principauté d’Halberftadt . 132,000
Les pays Veftphaliens. . 590,000
. 2, 524,000
Total général ( en 1784 ) . 5*646,500
(E n i jSf ). •. , . . 5*735>°°o
D ’après le mémoire du comte de
Hertzberg....................................... 6,000,000
L ’excédent des haifiances fur les morts dans
l’état civ il, depuis 17 74 , jufques & compris 1785,
étoit d’après Bufching de 498,883.
Accroijfement^ de, population.
Population des ancieiHP'États en
1740. . • . . . 2,240,000.
Açcroiflement de population dans
çes États jufqu’ en 1784 . . . 1,760,000
Population de la Siléfie, d’Ooft-Frife
& de la Prujfe occidentale. . . 2,000,000
Total général................................6,000,000
R E V E N U S .
22,000,000 rixdalers, d’après Bufching.
D ’autres écrivains les portent plus haut, & les
évaluent ainfi qu’il fuit :
millions.
Marche de Brandebourg..................................... 6 \
Prujfe . . . . . . . . . . . . 4 |
Poméranie; . ...................................................2
Magdebourg & Halberftadt............................2
Veftphalie.............................................................. 2
S i lé f i e ............................ 6
Productions du règne minéral 779,000 rixd.
Point de dettes d’Etat.
. La fomme pour les améliorations dans les
provinces a monté de 1784 à 8 y , à 2,236,156
Et celle de 1785 à 8 6 ...................... 2,236,756
Les bienfaits diftribués par le feu roi dans fes
États, depuis 1763 , jufqii’en 1784, étoient les
fui vans j
S A v o 1 R :
rixdalers.
A la Marche Electorale. . . . . 2,674,000
A la nouvelle M a r c h e ............. 3,001,000.
A la P om é r a n ie .........................4*828,000
A la Siléfie..................................... 6,200,000.
A la Prujfe occidentale..............3,000,000
É T A T M I L I T A I R E .
J92*777 hommes en 1785.
Le complet, S a v o i r :
I N F. CAVAL.
A r t i l le r ie - . ....................... ..... 11,582 . . .
Pontonniers . . . . . . 2,900 . . .
Dans la Marche.......'3 9 ,18 4 4,930
Dans la Prujfe .X . . . g 29,414 11,370
Dans la Poméranie. . . . 10,582 7,669
Dans le Magdebourg . . . 14,707 2.436
Dans la Veftphalie. . . . 11,909 . . .
Dans la Siléfie . . . . . 35,322 12,343
T o t a l .............. *42*399 39*548
En toutfoixante-dix regimens d’infanterie, com-
pofés de cent quatre-vingt-huit bataillons ou de neut
cents cinquante-huit compagnies , & en outre quatre
bataillons particuliers. La cavalerie eft compo-
fée de trente - cinq régimens , ou de deux cents
trente-trois efcadrons & d’un corps de chaffeurs.
Il s’ eft élevé à Paris , dit M . Hertzberg, une
conteftation fingulière fur la population des États
Prufliens. Un auteur ayant avancé , d’après une
de mes diflertations académiques , que la population
des; Etats Prujjiens avoit prefque doublé fous
le régne de Frédéric I I 3 un autre a foutenu
qu’elle avoit a peine augmenté d’un tiers , en
faifant le calcul, que la population Pruflienne
ayant été en 1740 de deux millions deux cents
quarante mille , & n’ayant été en 1785 que de cinq
millions demi, il falloit en déduire pour les
nouveaux États deux milliçns & demi, qu’alors
la population des anciens États ne reftoit que de
trois millions. Mais on commet deux erreurs , en
. ne^donnant en 1785 à tous les États Prufliens
qu’une population de cinq millions & demi, pen-
dant qu’ elle eft de fix millions, y compris le militaire
, & en décomptant deux millions & demi
pour les nouveaux États, qui ne donnent que
deux millions. En pofant en fait, comme on peut
le faire avec fondement, & félon Je dénombrement,
que la population totale des Étars Prufliens
n’étoit en 1740 que de deux millions deux cents
quarante mille, qu’elle étoit en 1785 de fix millions
î qu’on ne peut en déduire ponr les nouveaux
États que deux millions ; alors la population
des anciens États a effectivement augmenté
depuis 1740 jufqu’à 1785 d’un million fix cents
foixante mille têtes , & par conféquent on peut
dire avec raifon qu’elle a prefque doublé.
Nous reviendrons fur cette matière dans la fec-
tion fuivante.
S E C T I O N V .
Remarques fur la monarchie, Prujfienne en général
fur fa puijfance & f s progrès fous Frédéric I I .
Les papes ont refufé long - tems d’accorder le
titre de roi à fa majefté Pruflienne. Clément X I ,
par un bref de 1701, écrivit au roi de France & autres
princes catholiques, que le marquis de Brandebourg
, proteftant, ne pouvoit prendre la dignité
royale, fans l’autorité du faint-fiège. La
cour de Prujfe traita cette prétention avec indifférence.^
Cependant le publicifte L u dw ig , pro-
fefleur à Halle, la réfuta. Frédéric I. & Frédéric
Guillaume, n’ayant rien à difeuter avec la cour de
Rome, s’inquiétèrent peu de fes prétentions &
de fon opiniâtre réfiftancç 3 mais les relations avec
le faint fiège changèrent fous Frédéric I I , lorf-
qu’il eut acquis la Siléfie & la Prujfe occidentale ,
où fe trouvent un très-grand nombre de fujets catholiques
, les trois évêques de Breflau , d’Er-
meland & de C u lm , & une multitude de cou